Re: Le Grand Palais

Suite à sa toute nouvelle coiffure, Kantz replaça le fin morceau de tissu qu'il portait habituellement dans sa touffe de cheveux, laissant uniquement quelques mèches rebelles dépasser par dessus. Le rire de son tuteur l'avait en premier lieu irrité: il détestait les surprises, mais les deux gestes suivants calmèrent quelque peu le petit mutant.

-grmbl.

En réalité Kantz n'avait pas dit ça, mais plutôt baragouiner quelques paroles que même lui ne comprenait pas la teneur. Il n'eut pas le temps d'ajouter autre chose que l'herboriste et sa fille s'avancèrent à leur tour, cette fois-ci il applaudit avec un peu plus de volonté que les précédentes fois, car après tout ces deux femmes lui avaient sauvé la vie avec certains de ses camarades.

-Jolie jeunes filles ?

Juste après ce clin d’œil complice, le petit garçon encore plus mal à l'aise promena son regard dans l'assemblée à la recherche de ces fameuses "jolie jeunes filles". Mais il était peut être un peu trop tôt pour lui de participer à ce jeu de séduction si florissant en de pareils endroits.

-Il y en a c'est vrai ... comme partout de toute façon.

Cinq jours s'étaient écoulés depuis la bataille, et si elle n'était aujourd'hui pas moins traumatisée que le jour-là, c'était bien pour la seule et unique raison qu'elle ne vit rien de cette guerre, si ce n'était ces cavaliers en bas des murs, qui osaient à peine approcher face à l'impressionnante magie du grand mage qui faisait peur. Enfin, on n'en voyait pas grand chose, ça avait été comme une sorte de verre mou, en forme de mains, et balayant les ennemis. Les ennemis qui avaient le drôle de malheur de ressembler un peu trop à ces hommes que Banya voyait dans ses cauchemars... Ce pourquoi, sans connaître leurs intentions, elle ne se questionna pas face à leur triste sort, dont ses yeux ne témoignèrent toutes les façons pas trop longtemps, car elle détournait le regard aussi vite que se peut, lorsque leurs corps, et ceux de leurs chevaux, partaient pour être broyés...

Enfin, elle avait porté son arbalète, et avait essayé de tirer par moment, se forçant un peu, ne sachant pas trop quoi faire, et n'ayant malgré son apprentissage de la langue, pas comprit grand chose de la situation. Elle ne toucha ce soir là personne, et enfouit toute la laideur de la bataille dans une boîte fermée de son esprit, et c'est pour quoi, elle put être relativement sereine ce soir là, cinq jours après les combats, et ni plus ni moins affectée.

Ce n'était pas non plus tout à fait vrai, en fait, la sauvageonne était bien mal à l'aise dans cette situation. Peut-être pas tout de suite, pas au tout départ lorsque la cérémonie commença, qu'il y avait du mouvement assez "naturel" pour elle - c'est à dire la simple marche plus ou moins ordonnée -. Mais lorsqu'ils durent s'aligner, applaudir... c'était une autre pair de manche. Elle suivit bien sûr comme elle le pouvait les mouvements des gens, essayant de s'adapter, et tout et tout, mais lorsque tout se termina, et qu'elle n'avait plus en tête ses mauvais sentiments pour notamment Maajidyn le récompensé, et que la "fête" commença vraiment...

Merdouille, c'était la merdouille ! Avant même qu'elle ne le comprenne, elle se retrouvait au milieu d'un bal, de gens qui dansent, qui chantent, qui boivent et qui crient, mais surtout : qui regardent, et les regards étaient notamment trop insistants sur elle, une jolie jeune fille aux oreilles pointues, ce n'était décidément pas commun, même cent années après Cirilla... Il y avait des garçons beaux, de moins beaux, de moins intéressants et... de toujours moins intéressants. La sauvageonne s'en fichait bien de tous ceux-là, avec leurs airs de cons, se serait dit Banya, si elle n'était pas trop innocente pour penser ce genre de mal des autres. En outre, elle n'était pas même vraiment gênée. En fait, le seul soucis était sa maladresse de mal élevée, et de cela, pas même une année à Kaer Morhen ne suffirait à s'en débarrasser. Surtout pas, lorsque l'on était entouré là-bas, de plus de fous mal-habiles, et bien pie que la sauvage elle même ! Bref, elle vagabondait, la bouche béate, cherchant à se déplacer Alzur savait où dans ce labyrinthe d'hommes, de femmes, de robes et autres jolis habits. Jolis habits dont elle était elle même vêtue, et pas tout à fait à l'aise dedans. Elle avait aimé le petit côté princesse lorsqu'on la fit se vêtir ainsi, mais passé le moment devant le miroir, elle avait déjà oublié qu'elle était belle !

En bref, ce qu'elle avait en tête désormais : c'était de rejoindre les tables de banquets, et se noyer dans toutes ces jolies nourritures !

- Hhhh, hhaaa...

Râlait-elle, passant difficilement entre les personnes, marchant parfois sur les pieds de certains, ne s'excusant pas même, puisqu'elle ne s'en rendait pas tout à fait compte, trop focalisée sur l'idée de s'extirper de ce bourbier. Il faisait d'ailleurs trop chaud, c'est l'idée qui lui vient, alors qu'elle arrivait enfin sur le côté d'un table !

- Fiou, enfin !

Lâchait-elle, avant de se rendre compte, dépitée, qu'elle venait d'arriver sur le côté d'une table vidée de ses mets... Son visage se renfrogna, et tourna lentement vers le dramatique. Allait-elle vraiment devoir repasser dans cet enfer ? En y songeant, elle secoua frénétiquement la tête pour dire non au monde entier.

- Hors de question !

S'exclame-t-elle, voyant qu'elle ne pourrait jamais passer outre tous ces gros sacs se gavant à sa gauche et sa droite, et pour atteindre les jolis bouts de viande qu'elle voyait au loin, elle ne pourrait faire qu'une chose : prendre un raccourci. Le raccourci des quadrupèdes.

- Hhhrr...

Lui revient, une façon de s'exprimer qu'elle avait finit par perdre, mais qui lui revint, les astres la forçant à revenir au sol comme une sauvage (quand on disait que le dramatique gagnait la fillette)... Ne jetant pas plus de deux regards sur les côtés, elle se jeta au sol pour s'accroupir, et comme un habile furet, se faufila sous la longue table, et fonça toujours comme un de ces rapides rongeurs, vers la direction où se trouvait son trésor : la gauche. Des jambes et des pieds à foison, servaient pour elle de murs, et elle ne devrait normalement pas être repérée. Réalisant à quel point son idée était géniale, Banya eut un rire satisfait pour elle même; et naturellement, ses yeux de prédateurs s'éveillèrent, elle était comme un tigre dans les hautes herbes, se faufilant discrètement, pour pouvoir se jeter sans pitié sur la pauvre proie qui l'attendait !

- Hhihihii...

Ainsi donc après des jours à errer sans but dans le village de Seig Lyn vint enfin le moment de la cérémonie, ce n'était pas un évènement qui le rendait vraiment jouasse, il n'y avait absolument rien à célébrer. La façon dont on avait amené ses camarades à se battre, en les prévenant au dernier moment, lui restait en travers de la gorge, c'était un miracle qu'aucun apprenti sorceleur ne soit mort ce jour là. Plus par obligation qu'autre chose Ymerej avait fait l'effort de mettre une tenue en adéquation avec la soirée, se contentant cependant du strict minimum, de toute façon il n'était pas très à l'aise dans ce milieu là. C'était donc pour eux que des enfants s'étaient battus ? Dégoûté par les personnes autour de lui il eut bien du mal à rester neutre. Et encore le discours n'avait pas encore été prononcé.

Quand celui-ci vint il resta stupéfait, ne comprenant pas pourquoi certains avaient le droit aux honneurs plus que d'autres. Il applaudit tout de même quand ce fut ses camarades qu furent appelé. Ainsi donc ce qu'il avait fait valait moins que les actions des autres ? Tout ça car il n'avait pas fuit comme un lâche à l'avant pour s'occuper de ses camarades qui seraient sûrement morts sans lui. Au fond de lui c'était sûrement un problème d'égo, de reconnaissance mais ce n'était pas que cela : ces idiots autour de lui qui vivaient comme des rois se permettaient de décider comment disposer de sa vie et de si il l'avait bien fait. Tout ça pour quelques florins. Ce n'était pas ce qu'il voulait en "signant" pour devenir sorceleur, pas comme ça, pas pour eux. Mais bientôt il serait assez fort pour disposer de sa propre vie comme il l'entendait. L'adolescent bouillonnait de l'intérieur, une colère dont il ne comprenait pas totalement la provenance mais qui restait ancré au fond de lui, après tout ce genre de chose de le touchait pas autant d'habitude. La mine grave Ymerej alla s'adosser contre un mur dans un coin isolé, son regard observant les gens qui profitaient des festivités.

L'ambiance festive, la fête battant son plein dans une tentative d'effacer la gravité des dégâts de la bataille dont les bâtiments en ruine à l’extérieur de ces murs n'épargne pas les simple citoyens de se souvenir douloureux, tout cela permet à l'apprenti d’effacer le sourire qui lui colle au visage pour sauver les apparence et de ce concentrer sur les gens présent avec lui autour de la table. Son regard noisette se pose sur le demi nain, morfale et indélicat comme à son habitue mais cela ajoute une touche bienvenue de réel au tableau. Ornant son faciès brun d'un fin sourire qu'il souhaite chaleureux Maajidyn adresse la parole à l'ancien sauvage:

-Toutes mes félicitations Poddrick, te voila porteur d'un bien beau nom. Tu compte areter la ou seigneur est ton objectif?

C'est alors qu'il était entrain de siroter sans vergogne une énième coupe d'un rouge plutôt âpre que le jeune homme se fera interpeler par une voix qu'il n'identifiera pas immédiatement, l'entendant dépourvu de l'inflexion habituelle qu'il mettait dans ses sarcasmes bien que les paroles auraient put tout à fait l'être. Après s'être retourné, il tombera nez à nez avec Maaj, le fameux tueur de géant et chérie de ses dames. Oui en fait c'était très surement du sarcasme… Il avait affublé de force de ce nom encombrant et de cette soi disant bourgeoisie et voilà que le héros des sorceleurs venaient le lui rappeler, accompagnant le tout par un sourire, oui maaj souriait tout le temps après tout. Poddrick lui avait l'air de tirer la gueule, et c'est d'une voix grave quelque peu libéré par le nectar rouge qu'il répondra à son comparse :

- Jcompte plus jamais en 'tendre parler… Toi j'imagine qutu prend tpieds non ?

Un petit rire nasal secoue un instant le torse du zerrikanien quand celui ci vois le visage de son camarade, exprimant un mécontentement que les restes de nourriture empilé contredisent. C'est sans surprise que le garçon déclare son manque d’intérêt à tout cela, peut être même son mépris.

-C'est une forme de reconnaissance pour tes actions, tu n'en as peut être pas l'envie mais ces gens la exprime leurs gratitudes de cette manière. Tu es un héro.

Un second rire est audible pour les gens les entourant.

-Le simple fait que l'empereur ais eu vent de mes actes me comble de bonheur, un titre ou de l'argent ne saurais en faire plus.

Poddrick foudroiera le Zeckarien du regard devant son rire dont il avait peine à imaginer la cause, avait il tellement l'air d'un bouffon ou n'avait il simplement pas saisit le comic qui se trouvait dans cette situation. Rester dans l'ignorance de cette réponse ne lui plaisait guère et c'est toujours aussi revêchement qu'il répondra en allant chercher un petite coupe d'un liquide blanc non loin de Maaj.

- L'mille florins et une ptite balade et mnom dans livre d'stoire aurais été assez, jveux pas dleur soit disante noblesse… Ils croient quça fait dmoi un aute gars et qu'autement j'aurais pas mérité d'êtes noble alors que pesque aucun d'eux nl'a mérité. Pas 'vie dleur mger dans l'main alors quyzont changé mnom sans rien mdemander… Sprennent pour qui ?

Et pour ce qui était de l'empereur… Et bien il n'en avait que fier même si une partie inavouable de lui appréciait le fait qu'il pourrait peut être contrebalancer la mauvaise impression qu'il avait faîte. Mais pour lui il était claire que le chemin de l'empereur et du jeune sorceleur n'étaient pas fait pour se croiser à nouveaux.

Il est vrai qu'une crainte se glisse dans l'esprit du basané quand son interlocuteur lui jette ce regard meurtrier. Oserait il s'en prendre à lui ici, en pleine réception dans le bâtiment le plus important de la ville? D'autant pus que les jambes de l'enfant du desert sont loin d’être en état de fonctionner. Heureusement le rustre n'en fait rien, se contentant de répondre une déclaration fidèle à ses principes. Maajidyn répond d'une voix calme, cherchant à apaiser son pair:

-Il ne s'agit pas la de la même noblesse mon ami. Tu as raison, ces gens ne mérite pas d’être considérer comme supérieur à la masse par la simple raison de leur sang mais toi, par ta vaillance et ton efficacité tu as décrocher les honneurs, des honneurs dont tu ne veux pas qui plus ai. Rassure toi, tu es bien plus noble qu'ils ne le seront jamais et crois moi qu'ils en sont pleinement conscience. Je pense même que nous anoblir leurs permet de nous faire croire que nous sommes pareil à eux pour qu'en cas d'une hypothétique révolte nous pensions être dans leurs camps.

Le jeune homme croque dans un fruit qui traîne par la avant d'ajouter, la bouche pleine:

-Ne te prend pas la tete pour des formalité.

Le jeune homme quelque peu apaisé par la teneur des propos de Maaj répondra avec suspicion, l'enrobage restant encore trop beau. Ce ne serait pas mentir que de dire qu'il avait du mal à conceptualiser que celui ci puisse être sympathique avec lui, surtout avec le crasses qu'ils avaient put se faire mutuellement et le ressentiment unilatéral que le jeune Poddrick avait face au Zeckarien si caustique. Mon amis, le seul fait qu'il puisse dire ça sonnait affreusement faux à ses oreilles :

- Ouai enfin dtoute façon je toucherais jamais à leur mede. Peuvent garder pour eux leur piquette dluxe et leur zolie titre la. Comment t'fracassé l'géant toi ?

Enfin un sujet intéressant, et surtout moins nébuleux que la complexe analyse de Maaj. Il y avait même une pointe de doute qui se mêlait à l'intérêt sensible de Poddrick pour cette histoire, il allait sans dire qu'il ne croyait las vraiment Maaj capable de tuer un géant. Il reposera son verre de blanc en attendant l'histoire du jeune homme avec impatience.

Le premier degrés de Poddric fausse surement sa compréhension du jeu auquel Maajidyn s'adonne depuis des années au château. Ce dernier ne porte pas l'ancien mendiant dans son cœur sans pour autant le détesté, d'ailleurs si le petit colosse s'informais il se rendrais vite compte qu'il n'est pas la cible exclusive du sorceleur à la peau brune, simplement que ses réactions à lui, en plus d’être excessives, amuse grandement l'escroc. Celui ci hausse les épaules ensuite:

-A ta guise, rien ne t'oblige à quoi que ce soit.

Le fruit est terminer d’être englouti en quelques bouchées, après quoi Maajidyn reprend:

-Tu te souviens le tour du caillou? La même chose avec une bombe, rien de bien compliquer en sois. Qu'as tu fais toi?

L’habit du même acabit que l’homme, Lucius était habillé sombrement sobrement d’une simple chemise noire et d’un pantalon propre aux Sorceleurs, des bottes synonymes de cette même profession aux pieds: si l’image qu’il donnait montrait son intérêt pour l’évènement annoncé, il était alors nul, et si les yeux étaient les miroirs de l’âme, il semblait même lassé, presque mécontent.

Traînant des pieds, il fermait la marche, franchissant les portes de ce palais à l’opulence déplacée le dernier, un regard bêcheur se posant sur l’architecture complexe du lieu. Entrant alors, à son grand désarroi, dans la salle de réception parée pour la venue des invités, son regard se posa sur le seigneur de la cité et l’intendant: le dernier lui inspirant un peu plus de respect que l’autre car lui ayant payé son travail, mais, malgré cela, cet homme n’évoquait chez lui pas grand chose de positif.

S’installant alors à sa place, il fera déjà tâche s’isolant le plus possible, un regard terne semblant fixer un point loin dans l’horizon inaccessible pour la matière mais visible grâce au vitrail qui inondait ces lieux de la lumière d’Hélios. Qu’aurait-il aimé être là-bas, dehors, loin, libre, libre de toutes ces contraintes, des responsabilités, de la culpabilité, et, dans l’immédiat de cette cérémonie barbante. Mais, l’on disait que la solitude était le ciment de la détestation de soi, et Lucius pouvait le confirmer: même entouré il se sentait seul, mais, au moins, seul, il s’épargnerait tout ces faux-semblants et toute cette tristesse qui était due au lien le liant à l’Autre, pacte non respecté par l’insolente lâcheté de l’Aspirant: ce dernier se demandait si tout ces malheurs étaient un coup du sort.

La formule de bienvenue énoncée par l’intendant fut à peine écoutée, même ignorée pour l’œil avisé d’un Œil omniscient: entité qui n’était, supposément, pas présente ici. Perdu dans ses pensées, il n’émergea qu’à la mention du nom de Valaar Morvid: il empochait le gros lot, mais, ne gagnait-il déjà pas assez en tant qu’un des seuls dirigeants de l’école du Loup? Fut ensuite mentionné les proches du feu Capitaine Van Decken: son fils était récompensé et attribué -tout comme Valaar- deux rangs de noblesse et trois milliers de florins pour la tactique obsolète de son père? De l’argent gâché, tout comme celui donné à Valaar, et, si une personne ici ne pleurerait pas la mort du feu Capitaine, ce serait sûrement Lucius. Cependant, pour masquer son acrimonie, le jeune homme insufflera tout de même à ses mains l’énergie d’applaudir, un applaudissement bien modéré: mais qui l’entendrait ou le remarquerait dans tout ce brouhaha?

Furent ensuite annoncés les noms de Maajidyn et Poddrick, qui tout deux avaient eus de la chance de s’en sortir, qui tout deux avaient agis avec bravoure, qui tout deux n’avaient pas pensé aux conséquences et avaient sauvé des vies, qui tout deux avaient assumé leur responsabilité, et qui tout deux étaient sûrement fiers de ce qu’ils avaient accompli. Des satisfecit mérités, mais qui cachaient beaucoup de choses: toutes ces récompenses faisaient bouche-trous, donnant l’illusion à ses camarades qu’ils importaient aux yeux de l’Empire, alors qu’ils n’étaient que de vulgaire pions carcan au coup depuis leurs mutations. Et, il semblait aux yeux attristés du jeune homme, que seul lui se rendait compte de la réalité de la situation, ses camarades docilisés comme des bêtes: des bêtes c’est ce qu’ils étaient, et ils devaient se lever contre leurs Maîtres... Mais si Lucius ne pouvait rien changer seul, il pouvait au moins fuir: et, pour les autres, ignorants, il ne pourrait rien...

Nonobstant, d’une salve d’applaudissement plutôt énergique se virent accueillir Poddrick et Maajidyn de la part du natif de Brokilone: si à l’intérieur il était brisé par la rancœur, la haine et la honte, il se devait de tenir les apparences, ici esseulé dans la tanière du loup. Et pourtant, c’était lui le loup: cet animal au cou, solitaire et tenace comme lui, mais, s’il ne pouvait se targuer un honneur tel que celui d’être un loup, c’est parce qu’il était avant tout un lâche... Après ses applaudissements, il se passera une main devant le visage: un geste tout naturel aux yeux du monde extérieur, mais un geste qui masquait son abominable personne de la vue des autres, et qui le protégeait de leurs regards caustiques.

Il les enviait un peu d’ailleurs ses deux camarades au fond: ils avaient la conscience tranquille, assurément. Mais qu’aurait-il pu faire lui? Entre les Haakis qui tuaient sans scrupule, et l’Empire à la bannière parée de mensonges: un Soleil, mais, l’Empire ne brillait pas d’une lumière éclatante et immaculée. À y regarder de plus près cependant, ce soleil était noir, noir comme leurs intentions: ils cachaient leurs réels desseins derrière moult simulacres, mais la vérité était visible à un œil attentif.

Il se serait sûrement bien vite éclipser s’il n’avait pas été précisé que l’argent que tout le reste recevrait serait distribué avant le départ de chacun: et Lucius en supposait ainsi qu’il devrait rester jusqu’à la fin, à regarder ces sybarites se remplir la panse pendant que d’autres mourraient de faim, que d’autres avaient perdu leurs maisons et des proches, qu’ils souffraient des affres de la pauvreté. Cette opulence le dégoûtait, et, il était bien peu scrupuleux de vouloir de ces 100 florins, mais, s’ils n’allaient pas dans ses poches, il resterait chez ceux qui font le mal. Et, même s’il était tenter de voler de la becquetance pour la distribuer aux plus démunis, il n’aura encore une fois pas osé par lâcheté, mais, droit dans ses bottes et croyant en ses idéaux, il ne touchera pas à une seule miette de pain ou ne se laissera tenter par aucun bout de viande. Il boira simplement dans sa grande présence d’esprit, de l’eau uniquement, et seulement quand la soif se fera ressentir.

Posant alors ses coudes sur la table, les mains jointes sous son nez et ses longues jambes étendues sous la table, le jeune homme observait d’un regard les sybarites s’amuser, danser et chanter pendant que d’autres pleuraient et mouraient. Dormant éveillé, quelle ne fût sa surprise lorsqu’il entendit un rire provenir de... sous la table? Boh, il avait juste du rêver: des rires, il y en avait partout dans cette salle. Mais, ensuite, il sentit quelque chose cogner contre son genou. Intrigué, il fronça les sourcils et jeta un coup d’œil sous la table pour découvrir, il le savait, une Sorceleuse, mais une qu’il ne connaissait que de vue. Elle n’avait apparemment pas réussi à éviter les longues jambes du jeune homme.

S’il avait été de meilleure humeur, sûrement aurait-il pris ça avec plus de légèreté, voir même avec amusement. Mais c’est sous le masque de l’intrigue qu’il apparaîtra aux yeux de Banya: après tout, elle ne semblait pas bien vieille, et, à sa connaissance, n’avait rien fait de mal; pourquoi s’énerver contre elle? Lucius avait sûrement beaucoup de haine n’ayant pas lieu d’être, mais il savait à peu près discerner ceux la méritant de ceux qui ne la mérite pas. Les sourcils froncés, il chuchotera à l’adresse de l’elfe.

- Euh... Tu fais quoi là?

Un jeu unilatérale, car le seul jeu auquel aurait voulu jouer le jeune Poddrick était de lui déchausser les dents, mais il avait joué de malchances lors de ces dernières rencontrent et les situations n'étaient que peux propice à une règlement de compte en bonne et dut forme. Enfin la conversation était jusque là correcte et à l'instinct de l'animal, il était méfiant envers celui qu'il considérait mal mais ne lui sautera pas à la gorge à moins d'une provocation délibéré de celui ci. Il répondra alors poursuivant son "interrogatoire", le tour du cailloux ne lui disant absolument rien.

- Ltour du cailloux ? Qu'est squtu veux dire ?

Puis il reprendra avec une fausse négligeance, l'alcool n'aidant manifestement pas son élocution alors que la discussion s'allongeait :

- Moi j'ai blqué une issus 'vec une roche et dgommé un groupe dsoldat 'vec une ruche quand yavait p'rsonne au rpart… j'en ai xplosé genre 15.

Si règlement de compte il y as cela serais contre l'avis du basané qui aujourd’hui as bien changer contrairement à son homologue, si affrontement il y as celui ci serais sans doute meurtrier car à présent que Maajidyn possède un but, une raison de vivre, il se battras bec et ongles pour sauvegarder son intégrité physique.

-Le soir ou tu as perdu ton face à face contre le mannequin de bois tu te souviens? Non? Tant pis.

Une moue admirative peut être lue sur son visage. Si tout les sorceleur présent s'étais engagé avec autant de hargne que le sauvage, nul doute que l'issue de la bataille se serais faite bien moins dramatique.

-Tu t'étonne pourtant que ces gens veuillent t'exprimer leurs reconnaissance.

Il s'en souvenait, bien sur qu'il se souvenait d'à quel point il s'était foutu de sa gueule, enfin pour ce qui était du cailloux, avec un effort de mémorisation il se souviendra que Maaj ce l'était approprié, allez savoir comment… Il répondra alors sèchement devant l'évocation de ce souvenir quelque peu humiliant :

- Ouai jme souviens, si jt'vais tché tu t'en srais svenue 'core mieux et tu aurais fnit moin beau qule manequin… tfaisais ça cment ?

Puis il répondra à la pseudo admiration de Maaj avec seulement un mépris à peine dissimulé :

- Tmétonnes, si juste trois d'ente eux 'vaient l'vé leur cul pour dfendre lcité zauraient pu lfaire 'ssi… 'fin tu mdiras spour ça qu'on est là…

Manifestement même son égo passait au second plan devant son mépris sans borne face aux convives qui avaient choisis de ripailler insouciamment et à leur faux semblant.

Kantz Regenhalt a écrit:Suite à sa toute nouvelle coiffure, Kantz replaça le fin morceau de tissu qu'il portait habituellement dans sa touffe de cheveux, laissant uniquement quelques mèches rebelles dépasser par dessus. Le rire de son tuteur l'avait en premier lieu irrité: il détestait les surprises, mais les deux gestes suivants calmèrent quelque peu le petit mutant.

-grmbl.

En réalité Kantz n'avait pas dit ça, mais plutôt baragouiner quelques paroles que même lui ne comprenait pas la teneur. Il n'eut pas le temps d'ajouter autre chose que l'herboriste et sa fille s'avancèrent à leur tour, cette fois-ci il applaudit avec un peu plus de volonté que les précédentes fois, car après tout ces deux femmes lui avaient sauvé la vie avec certains de ses camarades.

-Jolie jeunes filles ?

Juste après ce clin d’œil complice, le petit garçon encore plus mal à l'aise promena son regard dans l'assemblée à la recherche de ces fameuses "jolie jeunes filles". Mais il était peut être un peu trop tôt pour lui de participer à ce jeu de séduction si florissant en de pareils endroits.

-Il y en a c'est vrai ... comme partout de toute façon.

Et la cérémonie prenait doucement fin, Jorah laissa une mine réjouie se dessiner sur son visage de grand barbu.

- Maintenant, c'est pas aux vieux garçons comme moi de te dire quoi faire, et j'peux pas t'empêcher de fuir maintenant que la cérémonie est finie, mais pas de bêtise hin ? En premier toutefois, je te conseille de bien manger, on ne voit pas ce genre de repas tous les jours !

Il lui tapota doucement la tête, et partit rejoindre les aînés van Decken, avec qui il s'était "battu" au Sud-Est. Manger, boire, et s'amuser, la soirée partait pour cela, Jorah n'ayant pas pu surveiller tous ses petits protégés dans cette foule... Et puis, il fallait qu'ils se fassent un peu leurs propres idées du monde, il ne pouvait pas leur servir de maman poule !

Ymerej De Hindarsfjall a écrit:Ainsi donc après des jours à errer sans but dans le village de Seig Lyn vint enfin le moment de la cérémonie, ce n'était pas un évènement qui le rendait vraiment jouasse, il n'y avait absolument rien à célébrer. La façon dont on avait amené ses camarades à se battre, en les prévenant au dernier moment, lui restait en travers de la gorge, c'était un miracle qu'aucun apprenti sorceleur ne soit mort ce jour là. Plus par obligation qu'autre chose Ymerej avait fait l'effort de mettre une tenue en adéquation avec la soirée, se contentant cependant du strict minimum, de toute façon il n'était pas très à l'aise dans ce milieu là. C'était donc pour eux que des enfants s'étaient battus ? Dégoûté par les personnes autour de lui il eut bien du mal à rester neutre. Et encore le discours n'avait pas encore été prononcé.

Quand celui-ci vint il resta stupéfait, ne comprenant pas pourquoi certains avaient le droit aux honneurs plus que d'autres. Il applaudit tout de même quand ce fut ses camarades qu furent appelé. Ainsi donc ce qu'il avait fait valait moins que les actions des autres ? Tout ça car il n'avait pas fuit comme un lâche à l'avant pour s'occuper de ses camarades qui seraient sûrement morts sans lui. Au fond de lui c'était sûrement un problème d'égo, de reconnaissance mais ce n'était pas que cela : ces idiots autour de lui qui vivaient comme des rois se permettaient de décider comment disposer de sa vie et de si il l'avait bien fait. Tout ça pour quelques florins. Ce n'était pas ce qu'il voulait en "signant" pour devenir sorceleur, pas comme ça, pas pour eux. Mais bientôt il serait assez fort pour disposer de sa propre vie comme il l'entendait. L'adolescent bouillonnait de l'intérieur, une colère dont il ne comprenait pas totalement la provenance mais qui restait ancré au fond de lui, après tout ce genre de chose de le touchait pas autant d'habitude. La mine grave Ymerej alla s'adosser contre un mur dans un coin isolé, son regard observant les gens qui profitaient des festivités.

Voyant le jeune sorceleur qu'elle avait soigné, être esseulé, la mine semblant quelque peu renfrognée, et en outre pas très heureux de la situation, Elia décida de l'approcher. Après tout, elle n'avait que faire de tous les nobliaux, et de ce monde là. Alors avant de partir, autant parler un peu avec des personnes ayant une vraie histoire. Ce sont les mains embrassées devant, que l'apprentie herboriste arrive devant le natif de Hindarsfjall.

- Bonsoir petit Ymerej, t'as pas l'air très heureux, la fête ne t'enchante pas ?

Lui demande-t-elle de sa voix cristalline, la tête légèrement penchée sur le côté, démontrant sa curiosité à l'égard du balafré.

Les goûts étant aussi variés qu'il y avait d'humains sur terre, ce n'était pas au narrateur de deviner ce que Kantz trouvait joli ou non...

Aucune réponse n'est donnée à Poddrick, car bien que le basané use de sa capacité sans se cacher, il n'ai pas bavard à ce sujet pour autant. Il se contente de répondre avec un grand sourire plein des dents que le sauvage rêve de déchaussées:

-Mais tu n'as pas pu le faire car Maajidyn est plus doué que toi, il serait temps de te mettre ça dans le crane, je suis certain qu'il y as largement la place.

La risette disparaît pour laisser entrevoir un regard las à l'encontre du demi nain, tandis qu'une main viens emplir une coupe d'eau claire alors que le zerrikanien répond tout en portant son attention sur un couple de danseur:.

-Si ces gens étaient capable de se défendre seuls nous ne servirions à rien, notre existence même serait inutile.

Le regard hypnotisé par un gros monsieur qui mangeait plutôt salement, comme fasciné par ce qu'il voyait, Ymerej ne repéra pas la silhouette qui vint à sa rencontre, c'est seulement à l'entente de sa voix que le garçon la remarqua. Il reconnu sans mal une des seules personnes, extérieurs à Kaer Morhen, qu'il respectait et appréciait, au delà de ses propres blessures elle avait pu sauver les blessures potentiellement mortelles de ses amis avec sa mère. Et aussi la seule à avoir eu, encore une fois avec son parent, un titre de noblesse pour avoir sauvé des vies et non pour en avoir massacré. Le skelliger sourit poliment à Elia et lui répondit.

- Bonsoir mademoiselle, vous m'honorez de votre visite. Je tiens vous remercier encore pour les vies que vous avez sauvé chez mes compagnons.

D'autant qu'il s'était embêté à pas les laisser mourir, ça aurait été particulièrement frustrant.

- Je ne vais pas vous mentir je ne suis pas très à l'aise ici. Je n'arrive pas à comprendre ce que l'on doit célébré, je ne vois rien de bon dans ce qui s'est passé. Surtout que tout cela sera loin d'être fini j'imagine.

Un main derrière la nuque accompagné d'un sourire gêné et il reprit.

- Excusez moi, loin de moi l'idée de gâcher votre soirée avec ce genre de chose.

Et voilà que revenait le délicieux sarcasme de frère Maaj, le petit singe à la langue affutée reprenait manifestement confiance devant la bonhomie de leur échange et recommençait à le bombarder de piques acérées, au grand damn de Poddrick qui n'appréciait que très peu ces manières. Il n'était pas l'amis du Zeckarien, il ne l'appréciait pas, et il avait le droit à plus de respect que ces piques incessantes, quand est ce que celui ci ce fourrera ce simple fait dans le crane ? Apparemment pas aujourd'hui, et ce n'est pas ces multiples démonstrations quand à son rejet des manières du bazané qui suffiront à lui faire ravaler sa langue. Il répondra alors par l'agression, comme à son habitude sans prendre une seule seconde en compte l'invalidité de son adversaire :

- Et ben sbattra quand tveux, à lpée où au poing comtveux, verra si Maaj est si doué quça...

Alors que le jeune homme repartira dans sa complaintes nihiliste Poddrick l'arrêtera tout net, stoppant ses réflexions pour une réponse terriblement terre à terre :

- Sisvait sdéfende tsrais pas là stout… tu frais tpropre vit stou… tu sers à rien… tu prféres servir des connard qu'servir que toi ? fin si tsais pas vive par toi mêm ben tpis prtoi…

Les yeux du jeune homme se plissent à l'image de la commissure de ses lèvres dans une expression non pas mesquine ou fourbe comme cela peut arriver au visage du basané, mais clairement machiavélique voir malsaine.

-Ne dis pas de choses que tu regretteras sans doute. Un combat à l'épée...

Un rire sans joie mais respirant presque l'agressivité s'échappe de ses lèvres finement étirées avant qu'il ne se penche légèrement en avant pour poursuivre à voix basse:

-Je n'ai pas de temps à perdre avec un sous homme de ton espèce, à peine capable de s'exprimer correctement. Cependant si tu tien réellement à me mettre au défi tu devras sans cesse regarder par dessus ton épaule, vérifié ta nourriture, dormir avec une lame sous ton oreiller car si c'est vraiment l'affrontement que tu cherche, tu vas devoir l'assumer jusqu'au bout.

Les sourcils du zerrikanien se hausse sur son front.

-Répéter mes propos en guise de réponse n'en ai pas une, encore moins si le but est de me vexer. De plus tu possède des capacités supérieur au commun des mortels pour les protéger et uniquement dans ce but, sans cela tu ne serais qu'un sauvage illettré, surement déjà mort à l'heure qu'il est. Tu crache dans la soupe en pensant que cela fait de toi un homme mais au contraire, cela prouve ton immaturité ou la grandeur de ta bêtise. Quelle tristesse de voir un abruti comme toi bénéficier d'une telle chance sans en comprendre la mesure..

Elle ne put s'empêcher d'être amusée par les formalités que le jeune homme mettait à sa façon de s'exprimer, elle le montra, sans que cela soit même un chouïa sardonique : par un léger rire, toujours cristallin et doux, sa voix restant sa voix en toutes circonstance.

- Je ne suis pas devenue une des leurs, avec ces histoires de noblesse, et même si ce fut le cas, garde-toi de me vouvoyer ! Ça me fait me sentir vieille, et y a rien de plus horrible pour une fille, tu sais ?

Lui dit-elle, sans sembler être gênée d'une moindre mesure. Si Ymerej n'avait pas eu le temps de saisir même un peu du caractère d'Elia - ce qui était normal, puisque ses soins furent rapidement expédiés -, il commencerait désormais à en avoir un aperçu.

- Concernant ce qu'il y a à célébrer... Et bien, si les Hommes se battaient seulement pour protéger les siens, nous serions tous morts, tu ne penses pas ? Je veux dire, toutes ces choses, ce sont l'essence, des choses qui font avancer le commun des Hommes. Tu es peut-être au dessus de cela, peut-être pas, mais ni toi, ni moi, ni quiconque ici, n'est assez fort pour changer la nature humaine, n'est-ce pas ?

Cela ne répondait pas directement à la question, elle bifurquait sur autre chose, ce qu'elle considérait être le plus pertinent derrière les interrogations du jeune sorceleur. Puis, sans répondre à ses excuses, qu'elle ne considérait pas nécessaire, elle enchaîna par une autre question, creusant un peu l'esprit du skelliger.

- Qu'est-ce qui te tracasse vraiment, dans tout cela ? Tu peux me parler franchement, je ne suis pas l'ami des seigneurs ni de l'empereur !

Lui dit-elle avec un clin d’œil.

Lucius a écrit:L’habit du même acabit que l’homme, Lucius était habillé sombrement sobrement d’une simple chemise noire et d’un pantalon propre aux Sorceleurs, des bottes synonymes de cette même profession aux pieds: si l’image qu’il donnait montrait son intérêt pour l’évènement annoncé, il était alors nul, et si les yeux étaient les miroirs de l’âme, il semblait même lassé, presque mécontent.

Traînant des pieds, il fermait la marche, franchissant les portes de ce palais à l’opulence déplacée le dernier, un regard bêcheur se posant sur l’architecture complexe du lieu. Entrant alors, à son grand désarroi, dans la salle de réception parée pour la venue des invités, son regard se posa sur le seigneur de la cité et l’intendant: le dernier lui inspirant un peu plus de respect que l’autre car lui ayant payé son travail, mais, malgré cela, cet homme n’évoquait chez lui pas grand chose de positif.

S’installant alors à sa place, il fera déjà tâche s’isolant le plus possible, un regard terne semblant fixer un point loin dans l’horizon inaccessible pour la matière mais visible grâce au vitrail qui inondait ces lieux de la lumière d’Hélios. Qu’aurait-il aimé être là-bas, dehors, loin, libre, libre de toutes ces contraintes, des responsabilités, de la culpabilité, et, dans l’immédiat de cette cérémonie barbante. Mais, l’on disait que la solitude était le ciment de la détestation de soi, et Lucius pouvait le confirmer: même entouré il se sentait seul, mais, au moins, seul, il s’épargnerait tout ces faux-semblants et toute cette tristesse qui était due au lien le liant à l’Autre, pacte non respecté par l’insolente lâcheté de l’Aspirant: ce dernier se demandait si tout ces malheurs étaient un coup du sort.

La formule de bienvenue énoncée par l’intendant fut à peine écoutée, même ignorée pour l’œil avisé d’un Œil omniscient: entité qui n’était, supposément, pas présente ici. Perdu dans ses pensées, il n’émergea qu’à la mention du nom de Valaar Morvid: il empochait le gros lot, mais, ne gagnait-il déjà pas assez en tant qu’un des seuls dirigeants de l’école du Loup? Fut ensuite mentionné les proches du feu Capitaine Van Decken: son fils était récompensé et attribué -tout comme Valaar- deux rangs de noblesse et trois milliers de florins pour la tactique obsolète de son père? De l’argent gâché, tout comme celui donné à Valaar, et, si une personne ici ne pleurerait pas la mort du feu Capitaine, ce serait sûrement Lucius. Cependant, pour masquer son acrimonie, le jeune homme insufflera tout de même à ses mains l’énergie d’applaudir, un applaudissement bien modéré: mais qui l’entendrait ou le remarquerait dans tout ce brouhaha?

Furent ensuite annoncés les noms de Maajidyn et Poddrick, qui tout deux avaient eus de la chance de s’en sortir, qui tout deux avaient agis avec bravoure, qui tout deux n’avaient pas pensé aux conséquences et avaient sauvé des vies, qui tout deux avaient assumé leur responsabilité, et qui tout deux étaient sûrement fiers de ce qu’ils avaient accompli. Des satisfecit mérités, mais qui cachaient beaucoup de choses: toutes ces récompenses faisaient bouche-trous, donnant l’illusion à ses camarades qu’ils importaient aux yeux de l’Empire, alors qu’ils n’étaient que de vulgaire pions carcan au coup depuis leurs mutations. Et, il semblait aux yeux attristés du jeune homme, que seul lui se rendait compte de la réalité de la situation, ses camarades docilisés comme des bêtes: des bêtes c’est ce qu’ils étaient, et ils devaient se lever contre leurs Maîtres... Mais si Lucius ne pouvait rien changer seul, il pouvait au moins fuir: et, pour les autres, ignorants, il ne pourrait rien...

Nonobstant, d’une salve d’applaudissement plutôt énergique se virent accueillir Poddrick et Maajidyn de la part du natif de Brokilone: si à l’intérieur il était brisé par la rancœur, la haine et la honte, il se devait de tenir les apparences, ici esseulé dans la tanière du loup. Et pourtant, c’était lui le loup: cet animal au cou, solitaire et tenace comme lui, mais, s’il ne pouvait se targuer un honneur tel que celui d’être un loup, c’est parce qu’il était avant tout un lâche... Après ses applaudissements, il se passera une main devant le visage: un geste tout naturel aux yeux du monde extérieur, mais un geste qui masquait son abominable personne de la vue des autres, et qui le protégeait de leurs regards caustiques.

Il les enviait un peu d’ailleurs ses deux camarades au fond: ils avaient la conscience tranquille, assurément. Mais qu’aurait-il pu faire lui? Entre les Haakis qui tuaient sans scrupule, et l’Empire à la bannière parée de mensonges: un Soleil, mais, l’Empire ne brillait pas d’une lumière éclatante et immaculée. À y regarder de plus près cependant, ce soleil était noir, noir comme leurs intentions: ils cachaient leurs réels desseins derrière moult simulacres, mais la vérité était visible à un œil attentif.

Il se serait sûrement bien vite éclipser s’il n’avait pas été précisé que l’argent que tout le reste recevrait serait distribué avant le départ de chacun: et Lucius en supposait ainsi qu’il devrait rester jusqu’à la fin, à regarder ces sybarites se remplir la panse pendant que d’autres mourraient de faim, que d’autres avaient perdu leurs maisons et des proches, qu’ils souffraient des affres de la pauvreté. Cette opulence le dégoûtait, et, il était bien peu scrupuleux de vouloir de ces 100 florins, mais, s’ils n’allaient pas dans ses poches, il resterait chez ceux qui font le mal. Et, même s’il était tenter de voler de la becquetance pour la distribuer aux plus démunis, il n’aura encore une fois pas osé par lâcheté, mais, droit dans ses bottes et croyant en ses idéaux, il ne touchera pas à une seule miette de pain ou ne se laissera tenter par aucun bout de viande. Il boira simplement dans sa grande présence d’esprit, de l’eau uniquement, et seulement quand la soif se fera ressentir.

Posant alors ses coudes sur la table, les mains jointes sous son nez et ses longues jambes étendues sous la table, le jeune homme observait d’un regard les sybarites s’amuser, danser et chanter pendant que d’autres pleuraient et mouraient. Dormant éveillé, quelle ne fût sa surprise lorsqu’il entendit un rire provenir de... sous la table? Boh, il avait juste du rêver: des rires, il y en avait partout dans cette salle. Mais, ensuite, il sentit quelque chose cogner contre son genou. Intrigué, il fronça les sourcils et jeta un coup d’œil sous la table pour découvrir, il le savait, une Sorceleuse, mais une qu’il ne connaissait que de vue. Elle n’avait apparemment pas réussi à éviter les longues jambes du jeune homme.

S’il avait été de meilleure humeur, sûrement aurait-il pris ça avec plus de légèreté, voir même avec amusement. Mais c’est sous le masque de l’intrigue qu’il apparaîtra aux yeux de Banya: après tout, elle ne semblait pas bien vieille, et, à sa connaissance, n’avait rien fait de mal; pourquoi s’énerver contre elle? Lucius avait sûrement beaucoup de haine n’ayant pas lieu d’être, mais il savait à peu près discerner ceux la méritant de ceux qui ne la mérite pas. Les sourcils froncés, il chuchotera à l’adresse de l’elfe.

- Euh... Tu fais quoi là?

- Aïe !!

Fit-elle, alors qu'elle se prenait le solide genou d'un quelconque quelqu'un, juste au moment où elle tournait le visage à nouveau devant. Le nez endolori et rougit, elle se le tint en grimaçant, une main sur le pif, l'autre sur la bouche pour essayer de ne pas faire plus de bruits que ça, et retenir ses grognements.

- Hhh, shhh...

Faisait-elle les sourcils froncés, et espérant que le con portant ces trop longues jambes, ne penserait pas qu'une elfe bizarre se carapatait sous la table... Mais trop tard, le mouvement se fit sentir, et un visage lui apparu. Si Lucius avait le masque de l'intrigue, il verrait que Banya n'avait pas de masque du tout, ni aucun filtre, ses yeux de félins déployés, observaient avec étonnement d'abord, puis évidente rancune le jeune sorceleur qu'elle reconnut, l'école étant petite, elle n'avait pas pu jamais le voir avant. Elle continua à se masser son petit nez, et dans sa barbe lui répondit :

- Pourquoi t'es grand comme ça ?!

Une question complètement stupide et à côté de la plaque de toute évidence. Mais que pouvait-on à cela, c'était de Banya qu'il était question... Elle ferma avec force ses yeux, et agita doucement la tête, avant de se décider à répondre à la question du garçon. Contrairement à lui, elle ne chuchotait nullement, ayant déjà oublié qu'elle était censée être discrète :

- Ben j'prenais le raccourci vers la belle viande !

D'une voix criant à quel point cette réponse était évidente. Pourtant, elle ne l'était aucunement, n'est-ce pas ?

Si de l’acrimonie restait chez lui, elle se dissipa le temps d’un instant, ayant peur que Banya se soit faite mal.

- Woooh... Euh... ça va, t’as pas mal?

Demanda-t-il en oubliant de chuchoter, puis, bien vite, il repris son expression terne, n’ayant nul besoin de plus se tracasser.

- Je suis pas si grand, dit-il en haussant les épaules.

Il fronça ensuite les sourcils: cette fille avait un problème?

- Hein? Mais... ça aurait pas été plus simple de faire le... tour?

Si l’on pouvait lire les pensées, on trouverait bien étrange qu’il chuchote ici alors qu’il ne respectait aucun de ces nobliaux... Ou alors cherchait-il juste à préserver la discrétion de Banya? Mais elle ne semblait pas y vouer grande importance...

- Bah... assieds-toi maintenant, tu vas pas rester par terre... Et t’es juste à côté de ce que tu cherchais... Ou en dessous plutôt...

Pas d’animosité dans son ton, ni d’extrême lassitude, il parlait simplement, sans excès de quelconque émotion: si Lucius savait bien faire une chose, c’était garder ses secrets...

Ce fut évident de voir que la jeune femme n'était pas du même monde que la plupart de ceux qui étaient là, ce qui ne pouvait qu'être une bonne chose à ses yeux. Cela finit de le détendre un peu plus, un sourire amusé se dessina à sa remarque.

- Je retiens cette petite leçon alors, je n'ai pas forcément l'occasion de parler à beaucoup de fille en dehors de mes camarades. Ou de leur professeur de magie mais ça s'arrêtait là. Je remercie votre grandeur de m'apprendre à être un gentleman.

Ce fut suivit d'une courbette sans aucune élégance avant de ricaner. Un peu plus à l'aise il se permit ce trait d'humour. Il réfléchit ensuite à la réflexion de Elia, intéressante bien qu'il ait eu un peu de mal à comprendre au début.

- Tu veux dire que les guerres font partie de l'Homme et qu'elles sont nécessaires à notre avancée ?

Ce n'était pas le genre de choses que l'on s'attendait à entendre de la part d'une personne qui vouait sa vie à soigner plutôt qu'à combattre. Mais pourrait il nier ? Lui-même était la preuve qu'il y avait quelque chose de violent en l'Homme, de bestial même. Qu'est-ce qui le tracassait vraiment ? C'était finalement dur d'y répondre, du moins totalement.

- J'ai faillis voir mes camarades et amis se faire tuer. Quand je vois pour qui ça me met en colère.. Son regard se porta sur les nobles en train de se complaire dans leurs privilèges. Alors je sais que c'était pas que pour eux qu'on s'est battu mais c'est frustrant de se retrouver ici. Surtout qu'on nous a prévenu qu'on allait faire la guerre quelques heures à peine avant qu'elle commence, ce n'est pas acceptable. Nous sommes peut être juste des mutants aux yeux de certains mais nous méritons du respect.

Ymerej tapota nerveusement du pied en disant cela, la tête baissée.

Jorah de Beauclair a écrit:
Et la cérémonie prenait doucement fin, Jorah laissa une mine réjouie se dessiner sur son visage de grand barbu.

- Maintenant, c'est pas aux vieux garçons comme moi de te dire quoi faire, et j'peux pas t'empêcher de fuir maintenant que la cérémonie est finie, mais pas de bêtise hin ? En premier toutefois, je te conseille de bien manger, on ne voit pas ce genre de repas tous les jours !

Il lui tapota doucement la tête, et partit rejoindre les aînés van Decken, avec qui il s'était "battu" au Sud-Est. Manger, boire, et s'amuser, la soirée partait pour cela, Jorah n'ayant pas pu surveiller tous ses petits protégés dans cette foule... Et puis, il fallait qu'ils se fassent un peu leurs propres idées du monde, il ne pouvait pas leur servir de maman poule !

Enfin, pour la première fois de la soirée peut être Kantz ne put s'empêcher de sourire lui aussi: cette maudite cérémonie était enfin terminée et il allait pouvoir s'en aller de maudit palais: ce qu'il s'apprêtait d'ailleurs à faire juste avant que les dernières paroles de son tuteur ne lui arrivent aux oreilles ... Stoppant net sa marche vers la sortie et sa vie morne mais calme, le petit mutant réfléchit un instant. Et si ... c'était le bon moment pour changer ... enfin pas réellement changer mais essayer. Oui essayer était le mot juste: essayer de profiter de la soirée pour ... pourquoi pas tenter quelques approches sociales ...

Ainsi alors que Jorah se dirigeait on ne sait où, le petit mutant se décida alors de retourner sur ses pas pour aller vers la table afin de sustenter et d'observer un peu la salle, des personnes de son âge devant probablement s'y trouver.

Des personnes de l'âge de Kantz à proprement parler, il n'y en avait pas beaucoup, il trouverait cependant des jeunes hommes et femmes de 16 17 ou 18 ans. Bien habillés et semblant se fondre à merveille dans ce genre d'endroits, sûrement les fils et les filles de gens importants.

Poddrick restera un instant estomaqué devant la violence de la réponse du Zeckarien, d'habitude tellement placide et faussement souriant. Cependant en ce jour il n'était rien et c'est un homme tout différent qui se tenait devant lui, crachant son poison sans aucune gêne alors qu'il le menaçait de milles et une vilaineries, bien au delà de la simple divergence d'opinion. Cependant Poddrick ne se soumettra pas à cette agressivité, si il se soumettais maintenant il devra à jamais se soumettre, et il le savait il n'avait plus besoin de le faire dorénavant, il était plus fort que n'importe qui ici, et si certains le menaçait en ces lieux il devait le faire savoir. Sinon il se ferait bouffer, comme il l'avait souvent été avant Kaer Morenn. Il se penchera alors de même vers l'estropié, son haleine encore frétillante des différents alcool que le jeune homme avait put ingurgiter pour répondre en épeulant soigneusement chaque mots avec brutalité :

- Et qu'est ce qui m'empêcherait de te casser l'gueule dès que la cérémonie sra terminé l'éclopé dis moi ? ou plus peut être ? Tu tcrois malin à me menacer comme ça et à m'sulter ? Jtai proposé un combat à l'épée car squi me semble le plus "civilisé" chez les sorceleurs non ? mais si tveux qu'on s'étripe comme dans la rue dit lmoi tout de suite on peut s'arranger… Tu vois moi j'ai pas besoin d'trouver un sens à ma vie, j'en profite juste mais stu préfères t'enorgueillir Il lui avait fallut un petit effort pour retrouver ce mot mais c'est sans difficulté apparente qu'il le replacera dans la conversation. que ta vis à un sens seulement dans en s'rvant un autre tu fais comme tu veux. Jpas besoin de ça moi.
Si j'avais pas eu lchance d'aller à kaer Morren j'aurais surment eu une vie dmerde et jsaurais peut être un "sauvage illétré", comme plein dgens... et alors ? J'aurais put prfiter autrement de ma vie peut être ?... En tout cas jsuis bien content d'êtes un sorceleur. J'ai pas décidé dlêtre, jle suis peut être devenus parce que d'autre vlaient que je les serve, mais j'ai eu cette "chance" et je compte bien en prfiter comme jle sens, et pas en étant un esclave de l'empereur, ni de ces nobliaux de mes deux.

Oui sa résurrection en temps que sorceleur avait été conçut pour protéger les autres, pour devenir un sorceleur, une machine de guerre au service de l'empereur. Mais il rejetait aussi fort ce qu'on cherchait d'obtenir de lui, cette dévotion sans faille pour l'empire qu'on tenait de lui imposer. Si il avait tué des monstres, c'était pour l'argent gagner son logit et le frisson du combat, si il avait participé à cette guerre jusqu'au bout, c'était pour ne pas trouver la mort sous la charge de la cavalerie qui menaçait d'assaillir le château. Et si plus tard il devra continuer à tuer des monstres, il le fera uniquement pour l'argent qu'il lui apporteront qui lui permettront de vivre paisiblement. Il ne voulait pas de cette vie insipide, au pieds de l'empereur, à devoir l'accompagner partout et accomplir le moindre de ces désiratats. Il aspirait seulement pour la première fois de sa vie une liberté totale, surement une douce illusion, et si il ne pouvait pas l'obtenir il grappillera de par la force que ses maître lui avait inconsciemment fournie chaque parcelle de liberté qu'il pourra tirer jusqu'à obtenir la vie qu'il souhaitait, et pas celle qu'on cherchait à lui imposer où à lui vendre comme l'idéal que doit rechercher tout sorceleur.

Le discours tranchait avec son empressement habituel avec lequel il avait l'habitude de parler, il avait toujours su s'exprimer bien mieux pour les personnes qu'ils estimaient, Jorah, Griffith, le scribe, mais ne s'était jamais donné la peine de faire le moindre effort pour les autres. Aujourd'hui l'alcool brouillait quelque peu ces sens, ne lui permettant pas d'effectuer la plus belle des restitutions dont il aurait put gratifier Maaj, mais qui saurait sans aucun doute trancher avec le parler rapide et embrouillé typique des ruelles qu'il utilisait habituellement par habitude et négligence, le jeune homme déjà bien peu bavard ne se donnant pas la peine de faire des efforts pour ces camarades, ce qui expliquait son absence de progrès apparent et son incapacité à parler sans accent la langue Nifghardienne malgré les efforts.
Mais vu la teneur de ces propos, il y avait fort peu à parier que le jeune Maaj ne prenne en compte de tel détail, et il était bien plus probable qu'une provocation finisse par avoir lieu, envers et contre tout. Poddrick n'était plus vraiment un adepte de ce genre de conflit masqué, lui qui s'était trouvé un véritable talent à des combats plus classiques avait finit très vite rechigner à Kaer Morenn à se montrer plus patient et tempéré devant l'effacement quasi systématique de ses adversaires et la tranquillité relative que lui offrait on air revêche et son attitude agressive. Mais il semblait que ce ne soit pas le cas de Maaj qui brisait sans aucune vergogne les fondations de se tranquillité toute relative pour un conflit de longue durée.

Il ne pensait plus avoir à subir de telles menaces et c'est les yeux flambant de colère, et peut être d'une légère crainte qu'il toisera maaj, le dominant légèrement grâce à sa position debout, et ce malgré sa petite taille, l'ensemble de ses muscles contractés comme déjà prêt à frapper et son coeur tambourinant furieusement contre sa cage thoracique, ce qui n'échappera sans doute pas à l'ouie fine de Maaj et ce malgré le vacarme ambiant.

Bien habillé, il pensait l'être enfin bien moins que la majorité des personnes présentes ici bien entendu mais il n'en restait pas moins qu'il ne ressemblait pas à un paysan. Il venait de finir de se sustenter et se décida enfin à s'essayer aux sociabilités et autres choses dans le genre. Il s'approcha donc d'un groupe pas trop nombreux, en espérant ne pas se faire ignorer.

- ...et devinez ce que frère ose dire à père alors qu'il n'a ramené que deux faisans de la chasse? "Je suis le meilleur chasseur de Seig Lyn".

Le petit groupe duquel s'était approché Kantz partit dans un rire contrôlé, le genre de rire que l'on savait en partie faux, ou du moins fortement méprisant, si tant est que l'on ai entendu un vrai rire un jour. Il était composé de deux jeunes hommes et du même nombre de jeunes filles, tous avaient la quinzaine, un peu plus peut être, mais il n'étaient pas beaucoup plus âgés. Tous étaient bien habillés et surtout maniérés, le genre de personnes que son collègue de bibliothèque ne manquerait pas d'honorer à sa façon.

- Vous dési...

Kantz ne maîtrisant pas encore les arcanes de la magie d'Illusion, il avait effectivement été vu, et l'un des deux jeunes hommes, celui qui avait conté l'histoire sur la chasse, s'était tourné vers lui.

- Mais Reyner, c'est un des jeunes sorceleurs? Le coupa une des jeunes filles. Vous êtes sorceleur n'est il pas?

Le groupe entier se tourna vers le petit sorceleur, interloqué, comme pendu à ses lèvres. Il fallait le dire: les envoyés de Kaer Morhen n'étaient pas nécessairement discrets, arrivés tous en même temps, restés dans le même groupe durant la cérémonie, et leurs habits ne trompaient pas. Kantz si il était bien habillé n'égalait pas le gratin de cette petite réunion mondaine.