Le Grand Palais

C'était présentement dans la Haute-Ville, où se situaient les quartiers militaires de Seig Lyn, mais aussi et surtout la résidence des dirigeants de la ville. Le Grand Palais comme il s'appelait, était une grande bâtisse de pierres blanches bâtie dans un style impérial: des piliers soutenant un fronton, on entrait par de grands escaliers pour arriver à côté des colonnes. De là, on avait accès au Grand Hall, une grande pièce pourvue en son centre d'un tapis rouge et menant à l'escalier principal qui n'était pas moins impressionnant que le reste de la bâtisse qui semblait à la fois pure mais aussi oppressante par sa noblesse.

Ce grand escalier qui portait définitivement bien son nom menait comme on pouvait s'y attendre aux différents étages du palais. C'était au premier que nos sorceleurs - mais pas que - étaient présentement conviés, dans la salle de réception: une vaste salle, sûrement plus grande que le réfectoire de Kaer Morhen, le centre était dégagé et baignait dans la lumière d'un grand vitrail en ogive, étendu dans le fond d'une alcôve, et donnant une vue quasiment imprenable sur la cité. Sur le coté se trouvaient d'imposantes colonnes, des portes menant vers d'autres salons étaient présentes aussi, par-ci et par-là, dans les recoins de la salle. Mais évidemment, la plupart des accès étaient condamnés pour cette particulière journée.

Pour l'occasion, la salle avait été préparée: tapis rouges et tables de banquets meublaient l'espace que l'on pensait infini du lieu... Et au milieu, un long passage était offert jusqu'au siège du seigneur de la ville, et de l'intendant se tenant à ses côtés. Le premier, était un homme d'une cinquante d'années, robuste, cheveux grisonnants taillés court, pas des plus aimables en apparence, et ne parlant pas, laissant son intendant faire. Ce dernier, un peu plus vieux seulement, des cheveux plus longs, mais le crâne dégarni des golfes au sommet, habillé d'une sorte de veste matelassée grise-noir, longue, arrivant juste au-dessus de ses genoux. Cet homme, avait d'ailleurs déjà été aperçu par Lucius et Maajidyn, lorsqu'ils vinrent aux orées du palais, pour récupérer les florins, contre la tête de la vouivre...

Dans la coutume martiale, les cérémonies de récompenses et de décorations, se faisaient naturellement après de grandes campagnes guerrières. Mais exception fut faite, comme fête morbide pour jouir de la fin concrète des temps de paix. Ainsi, ce jour-ci, cinq soleils et cinq lunes après la bataille, avaient été convoqués tous les sorceleurs ayant combattus à Seig Lyn (même les blessés qui allaient désormais relativement mieux, à l'exception faite de Maajidyn, toujours pas capable de marcher, et donc aidé en soutien par ses camarades - qui se désigneraient ou non - ), les fils aînés de Lander van Decken, Valaar Morvid, Fiora et Elia Sfiezar. Il y avait aussi, évidemment, bien d'autres personnes de la cour, mais eux étaient des conviés naturels, et non pas des convoqués.

Lorsque tous furent installés à leurs tables, l'intendant s'avança un peu, et sprtit un parchemin long comme un bras, qu'il ne lisait pas encore.

- Soyez tous le bienvenue au Grand Palais, invités prestigieux du seigneur Rahin van Haaren.

Désignant évidemment l'homme derrière lui à sa droite.

- Notre seigneur, au nom de l'Empereur Alduin var Emreis, vous remercie chaudement pour votre bravoure, et comme aucuns efforts ne viennent sans les grâces qu'ils incombent, nous allons commencer tout de suite la cérémonie.

Un regard long, et vague se posa sur l'audience quelque peu silencieuse, puis, l'intendant leva le parchemin, et commença donc à le lire.

- Je nomme, en premier, Valaar Morvid. Alors que ce dernier s'avança hors de son siège, pour aller en face de l'intendant et du seigneur - avant de courber le dos en salut -, sous les applaudissements de la salle, l'intendant reprit. Selon les estimations, vous avez à vous seul vaincu le plus grand nombre de nos ennemis, et terrassé en une pierre, un slyzard et un sorcier du camp adverse, tout en ayant tenu les portes du Sud-Est, en n'essuyant pratiquement aucune perte. Le seigneur, au nom de l'Empereur, vous octroie deux rangs en noblesse, ainsi que 3000 florins et les cadavres du sorcier et de la créature vaincue.

Les applaudissements redoublent d'intensité après cela, et Valaar put rejoindre son siège après un sobre remerciement fait d'un hochement de tête.

- Je nomme en second, Lander van Decken, et appelle son fils aîné, Aren. Les mêmes applaudissements succèdent, et sans doute que les jeunes sorceleurs étrangers à ces choses suivent eux aussi cette fois. Pour son courage et son dévouement jusqu'à la fin, le commandant défunt et sa descendance, se voit offrir deux rangs en noblesse, ainsi que 3000 florins, au nom de l'Empereur.

Il pouvait partir aussi sous les applaudissements.

- Je nomme en troisième, Maajidyn, désormais Maajidyn de Seig Lyn. Qu'on l'aide à se lever. Ajouta-t-il en désignant le garçon, assit parmi les autres, et où accoururent deux jeunes hommes pour le soutenir jusqu'à sa marche devant le seigneur et l'intendant. Un inconnu au bataillon venait d'être nommé sous la surprise de tous, et même offert du noble nom de Seig Lyn ? Il y avait de quoi bouleverser le concerné... Et si un certain silence s'imprégna des lieux au départ, les applaudissements reprirent (sans doute aidés par l'enthousiasme des camarades sorceleurs). Beaucoup notèrent sa couleur de peau, trop ressemblante à celle des ennemis tout juste affrontés... Mais personne ne dit rien à ce sujet, évidemment, la cour était ce qu'elle était. Puis, lorsqu'il fut devant le seigneur de la ville : Pour votre sens du sacrifice héroïque, et pour avoir porté le seul coup fatal au géant, - les rumeurs et les autopsies étant claires à ce sujet, c'est l'explosion brûlant les organes de l'ogroïde, qui causa sa mort -, empêchant par cela le saque de la ville, et donnant le temps à sieur Morvid d'agir, le seigneur, au nom de l'Empereur, vous octroie un rang en noblesse, ainsi que 1000 florins.

Les applaudissements suivirent comme le tonnerre, si tout cela était vrai, il devenait très sérieusement un héros de cette bataille, et cette idée commença à s'ancrer dans les esprits des témoins... On l'aida à retourner à son siège, et l'intendant enchaîna.

- Je nomme en quatrième, Poddrick, désormais Poddrick de Seig Lyn. La même chose ? Les réactions furent comparables, bien que cette fois, l'apparence moins... "intéressante" du demi-nain, n'eut pas le même effet sur la noblesse présente, du moins, pas sur les jeunes femmes. Pour avoir vaillamment bravé la peur lors du moment où beaucoup abandonnèrent, pour avoir combattu jusqu'au bout bien qu'esseulé, et avoir été aux côtés de sieur Morvid, le dernier rempart face à l'envahisseur, le seigneur, au nom de l'Empereur, vous octroie un rang en noblesse, ainsi que 1000 florins.

Des questionnements similaires à ceux qui suivirent le passage de Maajidyn opérèrent. Cet étrange personnage, était aussi un héros de la ville ?

- Je nomme en cinquième, Fiora Sfiezar. Une femme ? Voilà qui avait de quoi étonner davantage encore... Beaucoup la reconnurent, c'était la vieille herboriste... Pour avoir offert de votre chair, et de votre sueur pour sauver bien des hommes, vous et votre fille Elia, êtres octroyés d'un rang en noblesse, et de 1000 florins, au nom de l'Empereur.

Tous savaient le rôle majeur que ces deux femmes avaient joué dans l'effort de guerre. Les applaudissements éclatèrent encore, et lorsqu'elle regagna sa place, l'intendant ne releva pas son parchemin.

- Tous les autres combattants présents, se verront offerts 100 florins en récompense pour les sacrifices de leurs corps. L'or vous sera distribué avant votre départ, je vous remercie donc une fois de plus pour votre présence, et entonne le début du banquet.

Il claqua fortement des deux mains après avoir donné son parchemin à un serviteur, et certaines portes commencèrent à s'ouvrir, et les repas et les boissons à arriver. Nul des jeunes enfants ici, n'avaient jamais aussi bien mangés qu'ils ne mangeraient ce soir là. Le crépuscule arrivait, et la fête battrait son plein d'ici peu. Des musiciens arrivaient, des champs suivirent, et la cérémonie passée à banquet, devint bal... Au grand dam peut-être des trop blessés; mais en dehors de cela, tous finiraient par se laisser aller - ou non - à la joyeuseté, mettant de côté leurs peut-être frustrations, ou autres sentiments négatifs.

Ainsi s'achevait la terrible bataille...

Remise a peu près de ses blessures, même si son épaule est assez sensible qu'auparavant, elle est donc présente. Regardant un peu partout dans la salle, c'est la première fois de sa vie qu'elle est convié à une grande fête comme celle-ci. Assez impressionnée, elle est sans voix. Est-ce ce que vivent les nobles tout les jours ? Portant une des plus belle robe qu'elle n'a jamais porter, soignée de ses cheveux d'un maquillage sommaire et d'une belle fragrance d'un senteur de lilas, elle se sentait bien plus féminine et plus belle ainsi. Elle est bien contente que cette fête sois présente.

Puis elle assiste à la remise de "prix" à ceux dont l'empereur remercie, à ceux qui ont participer dans guerre et à qui sans eux, ils n'auront pas gagner. Casei s'attendais qu'on l'appelle, un sourire aux lèvre d’appréhension.

Qui fut troquer par une moue quand elle entendit Valaar appelé en premier. Elle ne l'applaudira pas, de toute façon ce n'est surement pas nécessaire pour lui.

Ensuite viens le nom du général, mais étant décédé elle applaudira chaudement son fils. Mais on regard ce fit sur l'un des cadet. Elle le trouva bien plus mignon que son frère, elle le fixera tout le long de l'attribution de la récompense. 

Et ensuite surprenant, elle entend le nom de son ami Maaj. Elle l'applaudira de tout son coeur. Il s'était bien battu tout le long. Elle aurait bien voulu l'aider à le porter, mais son épaule lui faisant toujours souffrir, il ne valait mieux pas y forcer. Elle fut si fière de son ami, la blonde imagine qu'il doit trépigner d'excitation.

Mais ensuite elle fut sous le choc, que son ami, celui qui fut le plus pécore de tous, fut attribué d'un titre de noblesse. C'est incroyable ! Surtout que son ami doit surement pas en vouloir, mais soit. Casei est très heureuse pour lui, surtout pour son sac d'or.

Puis après ce fut l'herboriste qui reçoit son paquet d'or, elle l'applaudira mais plus raisonnablement. Elle la remercie de l'avoir soigné, mais elle ne la connait pas vraiment. Et c'est surtout par jalousie  qu'elle n'en fait pas plus.

Puis enfin viennent tout ceux qui on combattu pour la ville, comme elle. Ceux qui ont donné leur corps, comme elle...Elle ne reçoit donc que 100 florins . Elle fait la gueule quand elle a apprit qu'elle ne reçoit peu par rapport à Poddrick. C'est injuste ! Elle aurait bien voulu elle aussi gagner autant. 

Faisant la moue, son regard s'éclaircit en voyant les plats du banquet arriver. Salivant d'impatience, elle huma la bonne odeur de ses plats puis elle s'offre une coupe de vin. Elle trinquera avec ses voisins et autres participants du banquet. Avant qu'elle ne boit, elle regarde comment font les nobles, dont elle copiea la façon de faire, comme elle le fera pour manger.

La musique la rendant de bonne humeur, après avoir déguster ses bons plats, elle se sentira prête pour danser au bal. Habillée d'une belle robe fais de velour rouge et de biais dorée, jamais de se vie elle crut qu'elle porterait cela. Si on lui aurait dit qu'elle porterai une robe qui vaut plus d'un mois de nourriture pour sa famille, elle n'aurait jamais crus. 

Le cadet du feu commandant lui fait de l'oeil, surtout pour ses nouvelle richesses et du nouveaux titre de noblesse, mais aussi par sa virilité. Même si il n'égale pas l'empereur en niveau de charisme et de beauté, il a quelque chose d'attirant. S'épongeant la bouche gracieusement avec une serviette, elle se lève.

Ses pas se rendant vers le cadet, qui est peut-être entourée lui aussi des plus belles dames, elle fait donc une place près de ce jeune hommes et lui sourit. Elle imagine que cela ne se fait pas d'inviter un homme à danser, il faut que les femmes se fassent inviter n'est-ce pas ? Enfin elle le croit. 

Faisant la révérence qu'elle a appris lors de la visite de l'empereur, elle adressera ses mots, essayant de corriger son accent qui s'efface au fil des mois.

-Bonjour, toute mes condoléance pour votre père sir. Dit-elle une voix fluette.

En présentant son plus beau sourire, elle espère bien se faire inviter à danser par ce jeune homme.

Aroy avait fait vœu de présence, pour au moins honorer la mémoire de son père aux côtés du reste de la famille. La noble famille van Decken était réunie ce soir, et le cadet des fils, le seul pas marié encore, était effectivement là, physiquement du moins... En vérité, le jeune capitaine était tout à fait ailleurs, l'esprit embrumé, incapable de faire son deuil, regrettant du plus profond de son être, avoir été au Sud de la ville, loin de son père, trop loin pour pouvoir lui porter un quelconque secours. Peut-être était-ce immature, mais Aroy ne pouvait s'empêcher de penser qu'il aurait pu y faire quelque chose, quoi que ce fut... Bien sûr, il avait tort, il n'était parmi les Hommes, qu'un homme comme un autre, et il n'avait guère du pouvoir face aux gigantesques créatures.

Pas entouré, car tous ayant décidé de le laisser noyer seul son chagrin, ou parce que celles qui essayèrent partirent aussi vite, Aroy tenait une coupe de vin sans boire, dans un coin relativement isolé de la salle. Le visage absent, une barbe de trois jours, et les yeux perdus sur son reflet ondulé dans le liquide cramoisi, il entendit cette voix briser sa carapace, et le sortir de sa léthargie.

- Ha ?

Fit-il par réflexe alors qu'il se tournait en urgence vers la jeune fille qui lui faisait en vérité quasiment face.

- Pardonnez... Ajouta-t-il, avant de rendre d'un mouvement de la tête, la révérence à Caseï. Merci mademoiselle.

Durant un instant, plutôt long et qui parut marteler brutalement le silence dans la pièce - bien que les chants, les violons, et les rires ne s'estompèrent nullement en vérité -, Aroy observa le visage de la blonde d'un regard vide. Quelque part au fond de lui, il se disait qu'elle avait ce quelque chose de charmant, mais cette pensée s'évapora, brûlée par le chagrin accablant.

Puis, son regard revint sur le vin, et il fit danser subtilement son poignet, créant de subreptice vagues dans la coupe. Nullement gêné par le blanc, mais se forçant à tenir les manières aussi bien que se peut, il ramena son regard bleu ciel sur sa vis-à-vis du moment.

- Je suis Aroy, comment puis-je vous appeler mademoiselle ?

Lui offrant un sourire réconfortant, elle comprend la peine de cet homme. Elle aussi a deja goûter la perte de ses proches. Cette expérience n'est pas ce qu'elle recommande le plus. Mais elle se rappelle qu'a cet instant la, et toujours en ce moment, elle ne voulait pas la pitié des autres, elle avait juste envie de penser à autre chose, de changer d'air, d'aller de l'avant.

Ainsi les yeux fixant ceux du jeune homme qui sont habillé de chagrin, elle ne dira rien, se demandant si démarrer la discutions ne serait pas un truc des dames...Ce genre de choses. Il faut vraiment qu'elle apprend l'étiquette des nobles.

Revenant sur terre par la question du noble, elle lui répond donc doucement.

-Appelez moi Caseï, je vous pris. 

Puis arrive donc un silence, un peu plus gênant pour le jeune fille. Réfléchissant à ce qu'elle peut dire, elle regarde le sol et reprend, remettant son regard sur le plus jeune fils

-Voulez vous prendre l'air, dehors ? Propose t-elle maladroitement. Prendre l'air doux de l'extérieur lui fera surement un bien fou à ce jeune noble. Et puis si ils veulent continuer à parler, ils pourront mieux s’écouter. La musique et les chants sont trop bruyant pour une discutions au calme.

Après l'effort, le réconfort comme on dit. Un réconfort sous le signe des récompenses et des applaudissements du public. Ce même auditoire n'est ici que grâce à eux, si les sorceleurs n'avaient pas osé croiser le fer et mettre leurs vies en périls, et tout se qu'on leur donne comme gratitude : du pain et des jeux. Le regard semblant caresser l'étendue des lieux et les figurants de cette scène, un regard ocre et perçant. Habillée d'une robe qu'elle avait choisi après plusieurs heures de délibération avec son cerveau, l'heureuse élue n'était autre qu'un apparats rouge bordeaux voir sombre, avec quelques filaments dorés au niveau du bas de ses manches. Une tenue sobre pour des festivités pareilles, mais qui réussissait déjà à plonger Carmia dans un bain de malaise ; elle détestait les robes et accoutrements de ce type. Ses cheveux avaient été rapidement peignés et son visage n'avait pas été touché, il avait laissé la fraîcheur et le naturel l'embarquer.

Dans son coin, le faciès figé dans une impassibilité remarquable, la fausse rousse était tout de même dans le même périmètre que ses camarades sorceleurs. Ceux-ci semblaient si gaie d'être conviés à cette réception, la Pianienne à en juger son minois n'était pas de cet avis. Ce genre de représentation public la m'était mal à l'aise, elle ne profanait pas de terribles avis à leurs sujets, elle était simplement réticente à l'idée de se montrer en spectacle pour se fondre dans la masse.

Dès que la remise des récompenses fût engagée, la natif de Piana se devra inconsciemment de féliciter ses camarades lorsque ceux-ci purent entendre leurs prénoms sonner dans toute la salle. Ses mains se rejoignaient frénétiquement sans qu'elle n'y ajoute une quelconque passion, elle se contentait comme depuis le début de l'événement de faire acte de présence. Elle ne l'avouera jamais, mais un sentiment bien singulier avait souhaité s'inviter dans son cœur au creux des remises des prix, un terrible mot provoquant moultes moqueries lorsque quelqu'un est touché par cette espèce de malédiction sentimentale, la jalousie... Carmia était jalouse du basané et du nain, si la situation ne l'obligeait pas elle aurait déjà sorti de nombreuses phrases parlant de la peau pigmentée du garçon ou de la taille microscopique de l'autre pour simplement rejeter sa frustration, mais elle se retint. Et cette interdiction qu'elle s'imposait à elle-même ne pouvait que la faire sombrer encore plus dans une colère mouvementée, un véritable et délectable cycle interminable, elle l'avait vu venir, mais lorsque l'on est coincé dans ses rouages il est impossible d'en sortir. Impuissante, la fillette admire ce trajet que prend son destin et son quotidien tout en restant plate et stoïque physiquement, mais à l'intérieur de sa tête rien ne va et s'est à peine si sa conscience s'est s'y aventurer. Ce changement psychique l'affecte en premier elle, mais ses relations également. Elle n'avait pas un cercle d'amis épanoui lorsqu'elle fût néophyte, mais elle pouvait les voir et compter sur eux lorsque les mauvais jours étaient aperçus au alentours. Là, elle n'avait personne, elle demeurait solitaire à son plus grand désarroi, attachée dans son mauvais caractère et son venin oratoire. De temps à autre l'apprentie sorceleuse se rassure, se souffle au creux de l'oreille qu'elle doit avancer pour une bonne cause, qu'elle doit se battre dans tout les sens pour parvenir à ses fins, à son objectif qu'on lui a imposé. Mais cette bataille, cette affrontement, ce duel, cet échange de regard lui a refroidi grandement ses ardeurs. Pensant pouvoir progresser en suant jour et nuit à s'accoutumer aux entraînements, la sorceleuse s'attendait à de meilleurs résultats, à de nombreuses réussites, il n'en était rien.

Les prunelles de cette hyène abominable, de ce monstre humain posé sur elle comme une vulgaire proie, sans défense, faible. Cette vision la dégoûtait, cette impression de n'être qu'une incapable tout juste bonne qu'à ramper au sol pendant que les autres s'élèvent, que ses compagnons de guerre partent vers de nouveaux horizons tandis qu'elle ne reste bloquée dans le passé, dans le poids de ses erreurs. Le souvenir de ce duel l'avait tant fait souffrir intérieurement, certes elle n'en montrait rien, mais cette aisément dont il avait fait preuve pour lui prouver son infériorité au combat la terrorisait longuement, et chaque élément extérieur à sa tête semblait vouloir la lui faire rappeler.

Le déroulement du combat l'intriguait également, qu'il soit péjoratif ou non. Si Yemerej et Herewen n'était pas intervenus, où serait-elle à en ce moment ? La gueule dans la terre souillée de son sang ? Ailleurs ? Personne ne sait, elle également, et cet état de fait ne cesse de la faire chuter dans ce lac de pensées enivrantes et toxiques. Se mêlant à ses veines, il l'emprisonne lentement dans cette descente aux enfers qui dans ce cas prend la forme de sa solitude et de son mal-être.

Pivotant sa tête de temps en temps pour tapisser les danseurs du poids de ses iris, la mutante atterrira après un long décorticage dû tableau panoramique sur le xanthe. Toujours marginal, terré dans l'ombre tout en se mélangeant avec elle, il n'avait pas changé. Étrangement et durant un instant, une pensée bien morbide viendra s'inviter dans des méninges. Elle n'osait même pas y penser tant elle en devenait ridicule. Peut-être que cette idée bien saugrenue était présente dans sa caboche pour justifier son manque d'ami ou son manque de savoir-faire pour s'en procurer. Peut-être qu'inconsciemment Herewen l'avait indirectement influencé pour que celle-ci se retrouve seule et désœuvrée. Mais après tout cette hypothèse était...

-"Tout simplement débile, cherche pas d'excuses Carmia et va le remercier."

En revoyant le visage de l'ermite la jeune fille avait instantanément pensée à son aide qu'il lui avait fourni durant son affrontement avec l'haaki, la moindre des politesses serait de lui offrir de plat et calme remerciements. Emprisonnée dans sa robe qui l'a gênait derechef et crescendo, la fausse rousse se dirigeait à petit pas vers le jeune homme blond faufilé dans sa prison du silence. Cherchant quelques paroles pour lancer la discussion, le temps que ses idées et propositions se remettent en place dans son crâne qu'elle était déjà devant lui :

-"Salut la bibliothécaire."

Malgré le sarcasme découlant de ses paroles, aucune agressivité ni joie ne voguait sur son ton de voix.

Les bras croisés dans le dos, Herewen avait troqué son armure contre des vêtements qui seyaient mieux à ce genre d’événements, à savoir un pantalon en toile surmontés de bottes de cuir et une simple chemise. Sa cape qu'il portait presque toujours et lui tenait compagnie dans la froide bibliothèque, lieu ou là encore son armure n'était pas sur ses épaules, était en ce jour absence, trop marginale, trop peu noble et bien d'autres choses encore.

Si il y avait bien quelque chose de déroutant chez le xanthe, c'était sûrement son impassibilité, sa rigueur faciale quasi martiale: à quoi pouvait il bien penser en ce moment? impossible de le dire, bien fou serait celui qui tenterait de voir au travers de cet être opaque à tour regard. Se plaisait il même ici? Qui le savait? Il était seul mais n'avait pas l'air tourmenté, ennuyé ou gêné pour autant, il était simplement et toujours seul.

- Bonjour.

Son regard se tourna vers celle à qui il n'avait plus parlé depuis ce jour au laboratoire, un jour qui, quoi qu'on en dise, avait porté chance à Herewen pour une certaine raison. Le cadeau que Carmia avait refusé avait été vital au xanthe durant la bataille...

- Que tires tu de cette cérémonie Carmia? Cent florins, ou la fierté d'avoir vaillamment défendu l'Empire?

A l'instar de sa cadette, aucune sonorité dans le ton de l’aîné ne pouvait laisser deviner si cela était sarcastique ou si le premier degré était de mise.

Ce même plat, cette même froideur, cette même impression de statut de cire, cette même vue d'un être vivant dépourvu de vie, dont les émotions avaient été arrachées de son faciès voir de sa caboche pour être refourguées on ne sait où. Comme une scène déjà vue, la fausse rousse avait l'intime conviction d'avoir déjà vécu cette événement des millions de fois, mais il n'en était rien, il s'agissait simplement d'un petit tour vile que lui lançait son cerveau en manque de divertissement. Le cœur produisant ses impulsions effrénées et de plus en plus rapide, celui-ci lui conseillait peut-être de s'en aller, que ce fameux drame s'étant déroulé dans le laboratoire allait récidiver et celà devant tout le monde, aux yeux de tous. L'humiliation et tristesse qu'elle avait subit ce jour-là l'avait déjà bien endommagé psychologiquement, si cela devait se reproduire en public elle n'était pas certaine de pouvoir garder son calme olympien qu'elle sortait lors des grandes occasions où elle ne pouvait se permettre de faire un faux pas.

Ses mains jointent devant elle et les pupilles vacillant du xanthe jusqu'à la foule en mouvement pour revenir vers Herewen, Carmia laissera un tragique mais nécessaire blanc ponctuer la phrase du marginal. Ses iris étaient en pleines ébullition, elle tremblaient pour prouver leur inconfort dû à l'agitation constante et répétée, elle devait trouver un endroit paisible où les poser en toute tranquillité, et c'est sur la pénombre dans lequel s'était nappé la bibliothécaire que la fausse rousse élira pour ses prunelles logis.

L'interrogation du garçon était sans doute enrobée de sarcasme et moquerie dans lequel il espérait que l'aspirante tombe, mais la jeune fille se concentrait plus sur la réponse qu'elle devait lui fournir pour que celle-ci paraisse adéquate et à la hauteur de ses espérances pour qu'il ne coupe pas la discussion avant qu'elle n'en arrive aux remerciements tant attendus. Finalement au bout d'une longue attente la Pianienne reprendra la parole pour lui répondre platement, un petit sourire en coin :

-Vaillamment ? J'ai même pas été capable de tuer un haaki quand il le fallait, alors non je n'ai pas vaillamment combattue pour l'Empire. Je dirai donc...

Cherchant dans sa mémoire la précédente proposition, elle continuera en s'exclamant modérément :

-Les cents florins.

- Chacun voit midi à sa porte.

Avait répondu l’acariâtre Herewen à la conclusion de sa cadette, tournant sur lui même d'un mouvement du bassin entraînant les genoux puis le reste, faisant désormais face à la presque rousse. Toujours cet air impassible collé sur le visage.

- Et qui suis je pour décider de l'heure qu'il est?

Carmia comprendrait par là ce qu'elle voudrait, mais sûrement voulait il dire par là qu'il n'y avait pas de "bonne" réponse, ou tout du moins qu'il se moquait de l'estime que chacun avait bien pu tirer de cette affaire.

- A-t-on besoin d'un titre de noblesse afin de prouver notre allégeance à sa Majesté Alduin? Il m'est certain qu'il aurait apprécié notre participation, à tous.

La lueur dans son regard avait à ce moment là vacillé, comme doté soudain d'une certaine vivacité, avant qu'il ne reprenne.

- Préfères tu le calme relatif ou les soirées mondaines?

Son regard balaya la salle étrangement bruyante contrairement au coin là ou ils se trouvaient.

Un sourire de façade est présenté à la jeune fille, et sur un ton quelque peu fatigué, Aroy enchaîna.

- Enchanté de faire votre connaissance, Caseï.

Sans avoir l'habitude de côtoyer les sorceleurs, le jeune capitaine en avait assez vu pour ne pas être particulièrement impressionné, ou ne voir que cette essence la chez la personne. Ici, il avait juste une demoiselle devant lui, rien d'autre. Le silence qui suivit ne l'inquiéta guère, la discussion ne l'avait pas entièrement sorti de sa torpeur, et l'ambiance festive et la musique enjôleuse avait de quoi lui laisser se morfondre dans ses pensées profondes. Enfin, ceci fut réellement rompu lorsque la mutante eut l'audace de lui proposer une telle chose... Ce n'était clairement pas dans les coutumes, et puis pie encore : s'il acceptait de la suivre elle, et s'isolait avec elle, bien d'affres sociaux pouvaient suivre. Enfin, à une certaine échelle seulement, il restait un homme, et par conséquent mille fois plus libre que la gente inverse... Toutefois, ce ne fut pas la raison de son acceptation, car il accepta effectivement. Aroy n'en n'avait cure des bonnes façons, et peut-être cette extravagante proposition pouvait le sauver de ses démons. Cela dit, Caseï put souffrir de l'angoisse du refus pendant plusieurs longues secondes durant lesquelles Aroy, le visage absent et songeur, se perdait dans le fond du liquide rougeâtre. Un soupir inaudible lui échappa, et il but sa coupe de vin d'une traite et puis inspira.

- J'accepte volontiers.

Sa main gauche, paume vers le ciel, se tendit assez basse vers elle. Cela avait allure d'invitation de danse, mais bien sûr, c'était pour garder un minimum de séance, et d'être celui qui l'invite au dehors. Caseï, si elle la lui prenait, sentirait une main remarquablement lourde et pas si douce pour un "noble". Preuve que les clichés avait la peau dure, et que même les doux aisés de ce monde, pouvaient parfois chercher leurs biens dans l'effort. La main la dirigera ensuite, vers les Grands Escaliers pour descendre, et il posera son verre sur la première table du chemin. Fausser compagnie à la fête sur un coup de tête, et direction les jardins du palais.

En voyant le faux sourire du nobliaux, elle se retient de lâcher un long soupire. Elle prendra un sourire poli quand il répondra a la présentation. Elle enchaîne vite avec un:

-De même pour moi.

Puis revient le silence pesant. Caseï se repince ses lèvres et se retiens de souffler bruyament ou autre signe d'agacement de cette situation. Pourquoi doit-il réfléchir pour simplement sortir, mais surtout réfléchir longtemps ?
Pendant ses longues secondes elle sert le poing, lui grattant un peu trop, elle va sûrement se déchaîner sur lui si il répond négativement. Il lui aura fait perde des "précieuse" minutes de sa vie pour rien si il dit non. Alors qu'elle garde en elle une colère grandisante avec les secondes passantes, elle obtiens une réponse qui la satisfait. Ses mauvais sentiments disparaissant avec sa réponse affirmative, elle reprend un petit sourire.

-Bien.

Elle lui donne sa petite main de sorceleuse. Une main elle aussi dure et rêche mais surtout chaude. On met sentir sur la main des duretés sur les phalanges et sur les metacarpes. Des sorte de peu dure, de durillons qui démontre une grande pratique de l'escrime en voyant la disposition de ces callositée. Le nobliaux sait-il ce qui sera sa voie ? Son métier plus tard ?

Quand est-elle de ses mains à Aroy, démontre t-elle aussi par leur dureté qu'elle sont les mains d'un escrimeur ?

Continuant de lever les bout de ses lèvres, la blonde se laisse guider par l'orphelin sans paternel.  

Son Génialissime Plan était parfait, malheureusement le jeune mutant avait oublié une variable importante dans cette équation: les sens des Sorceleurs étaient bien trop puissant pour qu'il puisse s'échapper de la sorte. Ses pieds s'apprêtaient à fouler la sortie qu'il sentit une force le retenir et l'attraper pour le maintenir en ces lieux. Son visage essaya d'identifier le coupable et ses deux yeux anthracites tombèrent sur Jorah.

-Pourquoi faites vous cela ?

Une voix presque hésitante bien qu'il comprenait les raisons qui motivaient son tuteur.

Maintenant que les lourds bras du Sorceleur l'entouraient, il comprit qu'il n'y aurait plus d'échappatoire: il allait devoir participer à cette soirée. Mal à l'aise, il se remit à applaudir machinalement dès que Maajidyn reçu ses récompenses.

-Je suis sur et certain qu'il doit bien se moquer de savoir que je suis ici à l'applaudir.

Une réponse égoïste mais teinté d'une certaine vérité, est ce que cela empêcherait le basané de reçevoir les honneurs qu'il mérite de connaître la présence ou non du niflgaardien. Des autres aussi d'ailleurs ?

Jorah garda ses yeux rivés sur la scène, et répondit à Kantz sans le regarder.

- Si on décidait de tous penser comme toi, nous ne fêterions plus rien...

Il tourna finalement à nouveau son visage vers le garçon, juste après que Maajidyn ait reçu ses "récompenses".

- Et ce n'est pas une question d'applaudir, c'est une question d'être témoin !

Il y avait certes une vérité aux mots de l'Apprenti, mais la vérité n'était pas toujours synonyme de... réalité. Une pensée quelque peu azimutée, mais Jorah pensait que la vérité pouvait être occultée au profit de certaines "façons de vivre". La "fête" par exemple, ne valait pas d'être sacrifiée pour les raions évoquées par le blondinet.

5 lunes et 5 soleils s’étaient écoulés avant la grande cérémonie, le temps pour le jeune homme de faire un peu le point, que ce soit sur les évènements récents que sur lui-même. On ne pouvait pas dire qu’il ait parlé à beaucoup de personne depuis cette fameuse bataille, à l’instar d’un animal ce qui était passé était passé, il n’avait pas été blessé, aucun complot n’avait été spécifiquement contre lui et la seule rancœur qu’il gardait était contre ces hommes à la peau math et aux yeux brulants qui fricotaient avec les monstres et avaient attentés à de multiples reprises à sa vie. Au moins avait il emporté un petit cadeau de cette bataille, un poignard qui lui avait fournit beaucoup de plaisir lors des quelques séances de lancers de couteaux qu’il s’était offert dans les rues dévastés de ce qui fut jadis une ville fleurissante, même si comme toute elle était gangrénée par le fléau de la pauvreté. Malgré son manque d’apathie flagrant la vue de ces maisons éventrées au bois calcinée ne pouvait qu’évoquer en lui une certaine colère et en même temps un dégoût pour ces envahisseurs. Au moins les monstres ne détruisaient uniquement par instinct, ils étaient haïssables au possible mais jamais l’un d’eux ne pourrait planifier un tel carnage. Au final les deux étaient de la vermine, une était simplement plus nombreuse et plus intelligence que l’autre, il n’était finalement pas si étonnant qu’on ait demandé à des sorceleurs de les massacrer. Après tout ils avaient donné leur vie à l’empire, ce qui était loin de lui plaire, mais qu’il combatte des envahisseurs sanguinaires dont on douterait presque qu’ils soient capable d’humanité ou des monstres isolés qu’elle était la différence ? Un détail était marquant dans l’apparence de rebuts de l’humanité, ils étaient tous plutôt maigre, comme galeux, renforçant leur allure de charognard et de monstres insatiables, en perpétuelle quête de sang pour les abreuver. Peut être souffrait il dans leur contré natal ? Toujours est il que cette dernière pensée ne lui effleurait que superficiellement l’esprit, l’ennemis restait l’ennemis, et les raisons de ce carnage aveugle ne pouvait en aucun cas être excusé. Ils avaient tenté de le tuer et c’est tout ce qui comptait pour le jeune humanoïde à l’esprit si étroit.

Il avait aussi conservé une lance plutôt rudimentaire de fer, trouvé sur les remparts. On ne pouvait pas dire que son maniement ait été des plus aisé, lui qui avait tendance de s’en servir comme d’un bâton, mais la sensation de celle-ci s’envolant vers le ciel et mordant le bois à plusieurs dizaines de mètres était incomparable. Cependant il ne la portait pas sur lui en ce jour, la porter lui était encore inconfortable et il ne tenait pas à frapper des personnes de sa hampe, quoi que ça pourrait faire les pieds d’un ou deux de ces nobliaux qui venaient applaudir à tout rompre alors que l’on venait de sauver leur minable vie. Eux qui se seraient moins bien battut que n’importe quel paysan si ils avaient du faire face aux envahisseurs se permettait de nouveau de regarder avec un mélange de hauteur et de reconnaissance factice, uniquement dut à leur propre survit, les individus jadis méprisé qui se tenaient devant eux. Enfin il ne devrait peut être pas généralisé, après tout l’empereur et sa femme semblait bien différents, mais cette accoutrement de nobliaux était si proche de l’idée qu’il s’en faisait, toujours si maniéré et avec une perpétuelle retenue si insultante, qu’il ne pouvait s’empêcher de les détester sans même avoir à leur adresser la parole. Il profitera par ailleurs de sa venue en ces lieux pour écraser le pieds de deux trois de ces nobles de moindre importance, prétextant revêchement une maladresse, il n’y avait guère que maintenant qu’il pouvait se permettre de tels gamineries. En retour de son attitude si froide, il ne reçut que des regards en coins et nul ne lui adressera la parole, ce qui lui convenait parfaitement
Pendant sa longue déambulation dans la grande salle, évitant soigneusement toute conversation, le jeune homme ne put qu’être impressionné par la décoration, une décoration qui manquait siiii cruellement de goût. Certes elle était magnifique, les tapis rouges dorénavant crotté par les nouveaux arrivant et quelques taches de graisses étaient fins et la pierre était finement ciselée, accompagnée de dorures du plus bel effet. Mais tout empestait la richesse, le besoin de se montrer supérieur et de se faire voir. Rien de cette pierre opaline ne pouvait égaler la beauté brute de kaer Morenn, massive, sobre et impressionnante. L’unique attractivité de ce lieu était la vue qu’il offrait sur la ville qui l’hébergeait en son sein, une ville en proie à la désolation. Il se demandait combien de nobles avaient put regarder ce spectacle de la fenêtre, regardant lentement les envahisseurs pénétrer leur ville et la réduire en cendre. Il eut un léger rictus à cette pensée avant de finalement se désintéresser de ce spectacle.
Enfin, après une interminable attente le temps que tous les convives arrivent, certains prenant un malin plaisir à arriver en retard pour décaler la cérémonie et faire savoir leur importance, la cérémonie débutera. La ligne de vus de Poddrick, quelque peu obstruée par les convives bien plus grand que lui, ne permettait que d’apercevoir le maigre intendant. Il se déplacera légèrement vers l’avant, bousculant la petite noblesse scandalisée afin de pouvoir regarder avec un intérêt tout relatif la remise des décorations. Peut-être en aura-t-il une ? Ce ne serait que juste rétribution… Enfin ça ne l’étonnerait pas que l’on décide de « l’oublier », un demi-homme aussi grossier de lui n’avait pas vraiment la carrure pour devenir un héros de guerre et son allure si peu gracieuse pourrait rebuter bien du beau monde si irréprochable présent en ces lieux. La première personne appelée du Valaar, sans grande surprise, et c’est sans aucun applaudissement malgré son admiration pour la puissance démontrée de cet homme, admiration qu’il aurait préféré ne jamais laisser poindre, qu’il laissera passer cette annonce. Malgré tout son pouvoir il restait un sombre connard, et un applaudissement de moins ne lui fera aucun mal.
Puis vint le tour du fils du général, rien de bien étonnant, le jeune homme n’avait absolument rien fait mais tous les honneurs de son père rejaillissaient sur lui, c’était bien digne de la petite noblesse de s’auto congratuler avec tant de ferveur… Deux rangs de noblesses… Enfin ce n’était pas ces affaires et il dissimulera son manque d’intérêt et ne claquera pas une seule fois des mains à cette nomination.
Un sorceleur de Kaer fut enfin mis à l’honneur. C’était…. Maaj ? Le Maaj ? Ce connard était nommé comme représentant des sorceleurs durant cette bataille ? Il devait rêve, ce n’était pas possible…. Il faillit s’étrangler aux commentaires rarement insultant, parfois admiratifs et même légèrement grivois qui s’échappaient des lèvres de certaines courtisanes. Pouvait il vraiment espérer une plus grande humiliation que se faire doubler par ce sorceleur du désert ? Il tempéra légèrement sa colère alors que son visage tournait lentement au rouge, sous l’effet de la colère. Son rang de noblesse promettait de nouveau sourire, de nouvelles attitudes et surtout des nouvelles piques qui, il ne doutait pas, iraient à la perfection avec le tempérament caustique de Maaj. Enfin il aura toujours l’air moins noble avec quelques dents en moins si il décidait de trop le chercher. Au final peu de choses changés entre eux deux.
Il allait détourner son attention des paroles pompeuse et ternes de l’intendant quand son nom fut prononcé. Il se retournera lentement vers l’escalier royale, fronçant les sourcils comme si il avait mal entendus, et devant le regard pesant de certains de ses camarades il finit par se mettre en marche avec une certaine défiance rehausser d’orgueil. Le jeune homme avait retenu la leçon qu’il avait obtenus lors de la dernière visite officielle d’un grand seigneur, et c’était habillé correctement. Rien d’exceptionnel, il était toujours vêtus d’une chemise et d’un pantalon en toile et sa barbe et ses cheveux d’un bruns mêlé de gris peu courant pour son jeune âge n’étaient que légèrement plus ordonnées qu’à son habitude, mais au moins étaient ils portés correctement et le petit homme avait fait l’effort de prendre un bain, épargnant à ses comparses le fumé désagréable de son musc mêlé aux fringances de la basses ville. Comme attendus il n’y eut que des regards étonnés, quelques bavardages et les applaudissements frauduleux qui s’en suivaient pour l’accueillir jusqu’en au des marches, rien d’étonnant pour l’adolescent d’un mètre cinquante-cinq à la joue droite zébrée d’une cicatrice et aux proportions si difformes. Ses cuisses ainsi que ses bras étaient étonnement épais et la cicatrice s’étendant de sa joue à sa gorge était loin d’évoquer la bonhommie au haut peuple. Avoir été cité après l’apollon du désert lui était toujours difficile, d’autant plus quand on comparait les différentes réactions, mais cette amertume était quelque peu dissipée par le moment présent, et s’envolait progressivement au fur et à mesure qu’il s’approchait du trône, jusqu’à ce qu’il entendu la particule… de Sieg Lyn… de Sieg Lyn ? Ce simple nom raisonnait dans sa tête comme une terrible insulte. Ils s’amusaient à le dépouiller de son nom et à en faire ce qu’il souhaitait sans le consulter ? D’où s’abrogeait-il ce droit ? Il faillit faire demi-tour alors que son visage reprenait lentement sa pigmentation rouge mais le bon sens le lui interdit. Après tout, il y avait surement moult florin à la clef. Quitte à se faire humilier publiquement autant en tirer un certain bénéfice. Mais il était loin d’être au bout de ses surprises, il accepta le souffle cour les remerciements en y prenant un plaisir que très relatif, gâché par l’insulte qui lui avait été faite. Ainsi lui avait était offert milles florins et un rang de noblesse. Un rang de noblesse. Un rang de noblesse. Mais pour qui le prenaient ils ? que cherchaient-ils avec de telles promesses, ils pensaient vraiment qu’il voulait de leur prétendus noblesse et bienséance ? Ils cherchaient à l’incorporer de force dans ce qu’il détestait tant, voilà ce qu’il avait gagné pour avoir défendus le cul de toute cette masse insipide de courtisan. Il partit sans rien dire de plus, revenant vers la foule d’un pas sec non sans quelques murmures scandalisés provenant de celle-ci devant ce manque de respect.

Il n’écoutera même pas le reste de la cérémonie et quand les plats arrivèrent, il put enfin entamer son repas dans la grande salle. Il n’avait même pas pris la peine de manger mieux qu’à kaer, heureux de marquer par toutes les gamineries possible la frontière qui le séparait de cette foule si bien vêtus et aux manoirs si courtois. Il prenait des bouchés gargantuesques contrastant tant avec sa petite taille, rotait quelques fois et suçait la moelle des os des différentes viandes qui lui étaient présentées, renforçant leur mépris pour cet homme si singulier et renforçant le cercle vicieux de la défiance mutuelle. Bien sur il se permettra de s’humidifier un peu le gosier, optant pour quelques alcools bien plus raffinés que ceux dont il pouvait avoir l’habitude, mais qui malheureusement étaient présent dans chaque coupe en si petit quantité qu’elle ne pouvait laisser qu’un sentiment de frustration alors qu’il la vidait, ce qui lui faisait arriver à une simple conclusion : rien ne valait une bonne choppe de bierre, peu importe ce qu’en disait les dictateurs de la bien pensance de la haute société. Aucun de ces vins avait l’amertume caractéristique de la bierre ayant légèrement tournée, ni cette écume si agréable qui humidifiait sa barbe, ni la fumée qui envahissait son nez lorsqu’il le plongeait dans sa brune, nez encore marqué par sa blessure d’enfance malgré les réparations des sorcières de Kaer. Barbare lésé dans cette cérémonie, Poddrick de Sieg Lyn attaquera le buffet seul, attendant l’heure de recevoir sa paye et de partir loin de cet attroupement qui faisait naître une légère nausée, à moins que ce ne soit les effets pernicieux de l’alcool qui se faisaient ressentir.

Ses yeux gris anthracites observaient devant lui, regardait-il la scène comme les autres ou était-il perdu dans ses pensées ? Difficile à dire en l'état, pourtant le petit mutant répondait toujours à son tuteur ce qui indiquait une première réponse.

-Témoin de l'honneur des braves ? Nous en avons déjà été témoin ... nul besoin d'en faire ... une cérémonie.

Un de ses bras essaya tant bien que mal de se faufiler jusqu'à sa gorge cicatrisé, qu'il gratta nerveusement . Il n'était pas à sa place ici, il ne le serait jamais et malgré toute la nécessité de bienséance et de politesse qui devaient s'appliquer en de telles situations, il ne pouvait réduire ce sentiment de mal être.

-Que va t-il se passer après ?

Jorah l'avait déjà attrapé une première fois, l'idée de lui fausser compagnie en ce moment ne lui était pas pour lui déplaire mais c'était impossible alors il se contentait toujours d'observer droit devant lui la fierté de l'école du loup Maajidyn et maintenant Poddrick ... Kaer Morhen était décidément très honoré ce soir.

-Je n'ai pas envie d'être empereur de toute façon !

La réponse du petit apprenti contrastait sur le fond: au contraire de son tuteur Kantz était sérieux comme si la possibilité tout à fait utopique de pouvoir l'être le révulsait. L'immaturité ou l'innocence à cet âge là contre le second degrés.

-Bah après ça, on fait quoi ? Et puis pourquoi tout le monde est bien habillé ?

C'était une autre question qui lui taraudait l'esprit, on lui avait prié de bien s'habiller ce qu'il avait vainement tenter de faire.

Pour que Carmia interprète cette phrase il faudrait déjà qu'elle en comprenne le sens, sauf que dans ce cas-là elle n'arrive pas à capter la signification de cette expression. Elle aurait tellement voulu lui demander une explication méritée, mais elle était sûr que suivie de cela un commentaire sur son esprit étroit et fermé à tout apprentissage théorique allait se présenter. Ce genre de comportement lui ressemblait bien et il était peu probable qu'elle se trompe sur son analyse. Les bras désormais entortillés derrière elle et le visage scotché à une expression stoïque, Carmia hésitait grandement avant d'enclencher une nouvelle réponse, l'attitude du garçon la rendait passablement perplexe et dubitative, pour plusieurs points qui involontairement se superposaient.

Pourquoi lui parlait-il de cette manière, pourquoi demeurait-il imperturbable et calme tout en ne révélant aucun marque d'agressivité ? Après se qu'il s'était passé dans le laboratoire son amabilité envers elle était pour le moins troublante et envahissait l'esprit de l'aspirante de millions d'hypothèses. Elle se demandait aussi s'il ne souhaitait pas qu'elle reproduise la même erreur, qu'elle rechute dans sa folie et agressivité pour l'inculper d'accusations justifiées. Ces différentes probabilitées réussiront malgré sa retenue exemplaire à tordre le minois de la Pianienne dans une grimace aussitôt effacée par la fausse quiétude que Carmia dissimulait sur son faciès à longueur de journée. Plus qu'un exercice, une épreuve qu'elle se devait de réussir au risque d'être prise pour une folle ou une faible bronchant à chaque remarques.

Inspirer, expirer, c'était ça le secret de sa réussite. Durant ces cours instants de panique où elle perdait le contrôle d'elle-même la fausse rousse se remémorait cette enseignement appris il y a de cela bien des années... Lorsque le monologue du xanthe sera achevé, la sorceleuse reproduira cette fameuse technique puis enchaînera par une simple réponse, brève mais directe.

-Aucun des deux ne me dérange, c'est l'agitation qui me perturbe.

Jorah ne put s'empêcher de rire grassement, aussi silencieux que se peut à cette réponse. Et pour y répondre lui même, portera sa grande main sur le haut du crâne du blondinet, et lui ébouriffera un peu les cheveux, tout en agitant sa tête de gauche à droite.

- Tsss, je ne vais pas te gâcher la surprise voyons, et puis, ça ne devrait pas durer très longtemps !

Déjà était appelée l'herboriste, qui devenait désormais plus qu'une simple citoyenne, elle et sa fille. Jorah applaudit aussi, c'était des personnes qu'il connaissait très bien, naturellement, comme la plupart des sorceleurs à vrai dire. Ainsi, il enchaîna sa réponse tant que les bruits d'applaudissements le permettait :

- On s'habille un minimum, pour être assez beaux et belles, pour séduire ! Hein, t'en dis quoi, y a plein de jolies jeunes filles !

Il approcha son visage du garçonnet, et lui fit un subtil clin d’œil.

Evidemment, Herewen ne savait rien des doutes et des pensées qui assaillaient l'esprit de Carmia en ces instants, tout comme elle ne pouvait le faire pour lui, et c'était sûrement mieux comme cela. Seules les quelques grimaces et changements d'expression pouvant être remarquées par le xanthe sans qu'il n'en dise rien comme toujours. Impossible même de savoir si il avait su les interpréter.

Ses yeux bruns parcoururent la salle avant de revenir sur Carmia lorsqu'elle eut terminé son constat somme toute véridique.

- Nous sommes à l'orée d'un potentiel conflit de grande ampleur, les gens sont heureux, dansent, chantent et font la fête, quoi de plus normal?

Une véritable bombe qui venait d'être lancée sur un ton désespérément neutre qui ne faisait que souligner si elle avait besoin de l'être l'ironie flagrante dans les propos de blond, peut être même avait il été... drôle?

- Sortons?

Le mot sonnait comme une question, en attendant il ne bougeait pas d'un cil, son regard restant néanmoins plongé dans celui de la Pianienne