Re: Les tribulations de Carmia en Maecht

Elle avait manqué sa chance, peut-être cela aurait été la dernière... Venant jurer dans sa barbe, elle maudira la réactivité du faquin qui s'était calfeutré dans ses appartements. Et cela lui causa un dilemme ; si elle restait ici à attendre pour leur tendre une embuscade, alors il y avait un risque qu'ils prennent la fuite, alertent le village, et que ces derniers lui tombent dessus, ou bien lui empêche d'assouvir sa vengeance. Néanmoins, si elle plongeait tête baissée dans la maison, elle risquait d'y laisser la peau, car elle n'avait pas un aperçu sur la situation à l'intérieur ; peut-être eux-aussi souhaitaient lui tendre une embuscade... Rien n'était moins sûr, si ce n'est que le temps passait et qu'elle le perdait de manière considérable... Alors, comptant encore sur la fuite de sa conscience et plutôt sur le mécanisme saccadé qui dictait son cerveau, la sorceleuse entrera sans sommation dans la baraque, pointant son arbalète vers la première personne qu'elle apercevait, et se couvrant d'un quen si une attaque furtive se dirigeait vers elle. Carmia comptait énormément sur le fait qu'ils se préparaient tout juste physiquement et psychologiquement à l'affronter pour prendre le dessus par l'effet de surprise.

Carmia surgira dans la pièce comme une diablesse, surprenant son adversaire qui s'apprêtait à courir vers cette même porte et le cueillant au torse. L'impact fut violent et l'homme reculera d'un pas en arrière, son visage crispé par la douleur et ses mains tenant avec peine son épée. Il laissera échapper difficilement entre ses lèvres :

- Sale g... garce.

De l'autre côté de la pièce, l'autre homme, le bavard qu'elle avait put entendre quelques secondes auparavant, se retournera pour voir son camarade plié en deux sous la douleur.

- Putain, Bernard !

S'écriera t'il avec effroi alors que son visage se relevait et que ses yeux brillant de colère croisèrent ceux de Carmia.

La seule chose que pouvait contempler les malfrats, c'était une femme à l'allure singulière, atypique, et au regard intangible, insensible, inflexible. Ses prunelles sépias n'émettaient plus aucune empathie ni émotion, elles servaient simplement à distinguer ses proies et les achever. Après avoir bien handicapé le premier brigand pour de bon, elle s'attaquera au second, celui qui la fusillait du regard et qui se trouvait à une distance trop réduite d'elle ; elle lui tirera un carreau. Elle fera attention à n'importe qu'elle offensive venant vers elle. Si une parvient à elle, la sorceleuse l'esquivera.

La Pianienne lèvera de nouveau son arbalète, ses yeux croisant celui de l'homme qui se jetait maintenant sur elle, désireux de venger son amis. Quelques dizaines de secondes s'écoulèrent, transportées par le temps, où les deux êtres purent sentir au plus profond d'eux leur haines respectives. Quelques secondes d'une étrange communion qui fut brisé par le sifflement d'un carreau, suivit de prêt par le bruit de la chaire qui se déchire et d'un corps qui choie. Une fin brève et sans gloire à un combat déséquilibré. L'homme qui se tenait devant elle courbée, un carreau dans le ventre, titubera légèrement, tentant de raffermir sa prise sur sa lâme avant de se diriger vers Carmia. Dans son état, il ne semblait pas représenter la moindre menace.

Finalement, malgré la facilité déconcertante qu'elle avait eu à mettre hors d'état de nuire deux hommes, la sorceleuse ne baissera pas sa garde ni la cadence qu'elle avait acquise. Elle exécutera les deux survivants d'un carreau dans la gueule. La sorceleuse se tournera ensuite vers un passage qui pouvait mener à des escaliers, s'efforçant de ne pas reprendre ses esprits pour ne pas perdre une miette de son temps qui lui était compté. Carmia se souvenant qu'un maraud était terré en haut, elle tentera de le débusquer et sera alerte quant à se qui se déroulait autour d'elle.

Deux survivants pour deux carreaux, aucun risque n'était pris, et c'est laissant deux hommes se déverser de leur sang sur le sol que Carmia se lancera à la poursuite de celui qu'il avait aperçu par la fenêtre quelques secondes plus tôt. La sorceleuse se ruera en hâte vers les escaliers les montant quatre à quatre pour tomber au détour de l'escalier nez à nez avec un homme vêtu d'une armure de cuire et armé d'une épée en fer. Une fraction de seconde, voilà ce qui séparait un sorceleur d'un être humain dans ces situations, une fraction de seconde pendant laquelle Carmia pouvait prendre l'ascendant avant que l'homme ne puisse réagir.

L'armure, c'est le premier élément qu'elle dicernera à travers son champ de vision, le seul défaut qui subsistait, la seule imperfection qui pouvait la conduire à sa perte. Car, si celui-ci était bien protégé, un carreau n'y ferait pas grand chose. L'homme pensait peut-être que la Pianienne allait être décontenancée face à cette situation périlleuse, mais cette dernière avait un atout dans son sac ; son manque d'honneur. Tous les coups bas étaient bons, s'ils pouvaient lui donner l'ascendance c'était encore mieux. Alors, levant son arbalète vers le malotru, elle décochera un carreau droit dans sa gueule, afin de l'aveugler et pourquoi pas le tuer sur le coup.

Cette fraction de seconde était tout ce dont Carmia avait besoin, l'arbalète se redressera et le carreau filera, pénétrant la gorge de l'homme, remontant jusqu'à son cerveau, lui offrant une mort rapide et indolore alors que son corps s'effondrera lourdement au sol.

Elle s'en était sortie encore mieux que ce qu'elle espérait ; cela était inespéré ! Néanmoins, il y avait un risque que l'un d'entre eux s'était caché avant son entrée fracassante. Ça n'était pas improbable, surtout que l'ambiance sépulcrale de la ville invitaient les habitants à se terrer constamment. Ne baissant pas sa garde, elle commencera à fouiller tout l'étage, dans les recoins qu'elle pouvait imaginer, ou n'importe. Elle plongera aussi dans ses souvenirs récents ; avait-elle entrevue le visage de celui qui avait planté sa mère par le passé ?

Alors qu'elle se replongeait dans ses souvenir, elle ne verra aucun visage concordant de près ou de loin à celui de l'assassin de ses parents. Le seul visage familier était celui de sa première victime, le père de famille, ressemblant surprenant à son propre père. Les portes claquèrent à chaque passage de la piannienne qui traquait avec rage sa proie. Elle passera dans un chambre, rien sous le lit, rien dans le lit, rien dans l'armoire. une deuxième chambre, mêmes vérifications rapides et méthodiques, rien de marquant. Troisième porte, troisième chambre, et une fenêtre grande ouverte et un homme courant vers la sortie de la grange, boitant manifestement, n'osant pas affronter le regard de la faucheuse qui ne tardera sans aucun doute pas à la rattraper.

Son coeur vrombant aussi fort que sa haine pour le couard qui demeurait introuvable, elle cherchera sans relâche une trace de ce fieffé maraud, qui n'osait guère assumer ses actes et son existence même. Soudain, après avoir inspecté rapidement mais méticuleusement une énième chambre, la sorceleuse percevra en dehors de la masure une silhouette boiteuse, semblant aux abois, et facile d'accès. Toujours contrôlée par son instinct, il lui dictera de parvenir le plus rapidement possible auprès de cette personne, sans qu'elle n'ait de moyen pour s'échapper. Lui tirant un carreau, qu'importe l'endroit, tant qu'elle le touchait l'endroit importait peu, Carmia sautera ensuite de la fenêtre, assurant son atterrissage au mieux.

Le carreau fusera dans les cieux, fauchant net l'homme qui s'effondra au sol non sans pousser un hurlement de douleur avant de se figer, laissant derrière lui un silence seulement rompue par le travail acharné du pivert qui avait que peu faire des exactions de ses bruyants voisins.

S'étant déjà défénestrée, la sorceleuse s'approchera à taton de l'homme s'étant fait cueillir il y a peu. Arrivée à hauteur de ce dernier, elle le retournera en s'agenouillant afin de distinguer son faciès, et voir s'il appartenait à son passé, voir si son visage lui était familier et l'écoeurait.

Carmia restera un moment près du mourant, tentant de projeter les traits de son visage dans ceux de l'homme qui avait détruit sa famille. Le résultat fut concluant il s'agissait bien du gisant, mais pourtant, ce visage ne ressemblait pas à celui qui avait longtemps hanté ses cauchemars. Il n'avait pas ce sourire torve, ni cette colère qui habitait chacun de ses traits. Son visage était fin et émacié et de lourdes cernes entouraient ses yeux fatigués et emprunt d'une terreur rare. L'homme respirait d'ailleurs très faiblement, une respiration roque et difficile. En pleine douleur, il réagira à peine à l'examen de Carmia, s'appliquant à seulement survivre, lutant contre la douleur et la perde de sang qui l'affaiblissait de secondes en secondes.

Voilà l'achèvement de sa mission, celle qu'elle avait choyé dans son coeur pendant des années, celle sur laquelle elle avait fantasmé pendant des nuits, celle qu'elle avait nourri au gré de son apprentissage. Tant d'efforts et de sacrifices dans sa nouvelle vie, tant de choses perdues dans son ancienne, tout cela pour se confronter à une loque pas capable de se défendre. L'homme qui d'un revers de main, et d'un jet de lame avait bousillé sa famille et son quotidien, c'était ce ramassis étendu sur le sol et pas capable de la confronter ? Non, cela ne la satisfaisait pas dans ses attentes, la sorceleuse souhaitait des retrouvailles mémorables et dantesques, mais pas brèves et miteuses... Alors, contre les conseils de son frère, elle transgressa l'une des règles du carnage, et lui adressa la parole - elle prit donc son temps - :

- " Alors, tu t'souviens d'moi grosse merde ? C'est moi, celle que t'as pour aucune putain d'raison détruit. Et t'sais quoi ? Moi, sans AUCUNE PUTAIN D'RAISON "

Elle sortit sa lame argentée.

- " J'sors du passé et j'viens te détruire "

L'homme lèvera un regard ou se confondait peur et douleur sans pour autant répondre, semblant trop hagard pour prendre contact avec la réalité. Cependant après quelques secondes il arrivera finalement à prononcer avec difficulté dans ce qui n'était guerre plus qu'un murmure étouffé :

- T'es... ptain... t'es la soe...ur de l'autre... il t'envoie me tuer... jte jure... jvoulais pas...

Sa brève déclaration se terminera par une toux accompagnée par un liquide rouge épais et poisseux qui coulera de la commissure de ses lèvres. Son corps sera saisie d'un spasme alors qu'il reprit difficilement sa respiration, lutant dans ce qui n'était pas la démonstration d'un acte de courage, mais la manifestation d'un simple instinct de survit, contre la douleur qui envahissait son corps.

Son visage, qui durant la traque avait perdu de sa contenance et de ses émotions, fut soudainement ranimé, par quoi ? Par une haine insatiable. Il ne voulait guère tuer sa mère, et cela n'était que le fruit d'un gros quiproquo ? La belle affaire !

- " Tu t'fous d'ma gueule putain ? "

Saisissant d'une poigne ferme le pommeau de son épée, il en placera la pointe au niveau du coeur de sa proie. Ses mains viendront s'appuyer à l'extrémité du manche.

- " T'as pas fait exprès ? MENS PAS PUTAIN ! Le sourire que t'avais, il était sincère et dégueulasse bordel, t'es qu'une grosse merde qui en voulait qu'à notre fric ! T'as.. "

Ses lèvres retroussées, ses sourcils froncés, ses yeux s'humidifiait, la rancune s'y lisait.

- " T'as buté ma mère pour du fric grosse merde "

Sa respiration s'accéléra alors que la lame de la sorceleuse s'approchera de son coeur, ne faisant que rapprocher l'inéluctable. Trouvant un courage insoupçonné qui ne pouvait être issu que des derniers délires d'un condamné à mort , l'homme la regardera droit dans les yeux avant de lui répondre avec une lassitude extrême :

- Elle, devait pas, pas être là... phobos... L'avait pris ltisonnier... elle... elle... vlait gueuler... jvoulais qu'elle la ferme, juste...

Répondra t'il péniblement alors que carmia déchainait son courroux sur sa carcasse. Au loin, elle pourra entendre grâce à ses sens de sorceleuse une sorte d'agitation, plusieurs homme visiblement, un grand groupe de dirigeant vers la ferme. Le cri de douleur du mourant les avaient ils avertis ? Cela avait suffit ?
Le voleur, l'assassin, le monstre perdu dans son océan de douleur gisait toujours à ses côtés, attendant que Carmia lui accorde l'extrême onction. Il n'y avait que quelques centimètres à faire, quelques centimètres à parcourir pour que son poignard finisse de pénétrer le corps de l'homme jusqu'à son coeur et débarrasse à jamais le monde de ce monstre.

La Pianienne avait laissé le jeune condamné réciter sa complainte, était-ce une bonne idée ? Non, mais il était dorénavant trop tard. A vrai dire elle se fichait totalement des premiers dires du tueur, elle ne voyait en elles que des balivernes crachées par un homme aliéné par la peur. Cependant, cela n'empêcha pas l'une d'entre elle d'être tranchante, et de lui provoquer la même douleur qu'endurait le pauvre homme. C'est à l'instant où sera émise la dernière partie de sa phrase que Carmia plantera la pointe de sa lame dans le coeur du scélérat qui ne méritait nullement une mort aussi douce.

- " Ta gueule "

"qu'elle la ferme" suscitera en elle un reflux du passé. Serrant les dents pour retenir ses larmes qu'elle se devait de contenir, quelques unes réussiront à s'extraire de ses paupières, et à dévaler ses joues. Sa mère, qui avait été bonne et loyale toute sa vie, était morte pour des raisons obscures ? Par un fou ne souhaitant pas s'exprimer sur cela ? Par un "heureux" hasard ? Elle ne voulait guère le montrer, mais cela la dévastait. Pour passer ses nerfs, elle aurait bien voulu se déchainer sur le cadavre encore chaud et lui faire subir mille sévices, mais une chose l'en empêcha. Un bruit, perceptible et reconnaissable, dissuada la sorceleuse de traîner plus longtemps dans les parages. Sa volonté était accomplie, même si insatisfaisante dans son dénouement, elle n'avait plus rien à faire ici. Gardant son glaive en main, elle partira dans la direction opposée aux bruits.

Le couteau s'abattra, terminant d'hotter la vie du meurtrier, Carmia parachevant par la même sa vengeance par un ultime râle d'agonie. Carmia était maintenant libérée, libérée de ses terreurs d'enfance, de l'image impitoyable de l'homme qui s'était introduit chez lui pour détruire sa famille et sa vie. Cependant, de nouveaux visages habiteront maintenant ses cauchemars, issus de ses propres crimes. Qu'ils se présentent sous les traits d'un homme à l'agonie ou d'un père de famille, elle allait devoir assumer les pleines conséquences de ses actes et payer pour ces derniers. En disparaissant dans la forêt, elle pourra remarquer la fuite du picvert dont le travail assourdissant avait laissé place aux bruits des bottes frappant le chemin vers la grande, avec à la tête du groupe un visage bien connu. Phobos s'approchera en courant du macchabé jusqu'à arriver à son niveau avant tout le reste de la bande qui devait bien être composé de huit bandits. Il bougera légèrement le cadavre avant de faire courir sa main dans le long de son corps pour... en sortir un petit objet, manœuvre qui ne sera trahit que par l'éclat inopiné du soleil sur l'objet du larcin. Carmia pourra presque deviner un sourire se dessiner sur ses lèvres alors que son regard portait au loin, semblant comme la saluer à travers les bosquets qui la cachait. Il se relèvera alors avant de déclarer avec insouciance de sa voix de ténor :

- Et bien ! Il semblerait que quelqu'un ait été plus rapide que moi ! Ce fils de Necker est bel et bien crevé vous pouvez vérifier.

La scénette se déroulant au delà du bosquet l'intriguait tellement qu'elle fit halte à sa fuite. La scrutant avec un grand intérêt, son attention s'accroîtra à l'apparition d'un personnage qui de base ne devait en aucune façon faire partie de ce décor. A la recherche d'informations comme un vagabond le serait pour des miettes de pain, la sorceleuse sera presque hypnotisée par la babiole inconnue qu'il venait de saisir. En vérité, cela n'étonnait guère Carmia que son aîné ait voulu lui refiler le sale boulot pour ne pas se salir les mains. Ayant toujours été maniéré, Carmia avait été celle portant la culotte, ça n'était pas demain la veille que cela changerait.
Pour autant, malgré le désespoir résignant qu'apportait ce dernier constat, elle ne pouvait s'ôter la curiosité de la tête. Qu'était-ce que cette chose singulière que tenait dans sa main son frère ? S'il s'agissait de richesse pour sûr elle allait les réclamer dans une lettre, mais pour cela il fallait savoir de quoi il s'agissait. Cherchant du regard un endroit camouflant - tronc, buisson, hautes herbes, etc... - Carmia s'y cachera pour observer à avec plus d'attention la chose. Elle sera EXTRÊMEMENT prudente lors de son déplacement, pour ne pas se faire repérer.

La chose en question avait très vite disparue dans les vêtements de Phobos, elle n'aura donc aucune occasion de l'observer, même en s'approchant de son frère. Cette démarche n'était donc pas des plus judicieuse, elle pouvait cependant la tenter.
De son côté, Phobos se fera interpeler par un homme de grande taille, Carmia pourra reconnaître une vieille connaissance, le patron du bar, qui vociféra d'une voix grâve où pointait une certaine suspicion alors que ses sbires commenceront à se retourner vers le sorceleur, leur mains s'approchant de la garde de leurs lames :

- ça arrive aujourd'hui, aujourd'hui ? le jour où une inconnue fout le bordel et menace de trucider des notre. Phobos, phobos... Tu te foutrais pas un peu de notre gueule ? On sait tous ici que t'as toujours voulu niquer cet enfoiré, qu'il te devait du fric ou je sais quoi. Je t'avais avertis que si tu levais la mains sur lui tu le paieras. Tu t'en souviens j'espère.

Phobos quant à lui se contentera de sourire, passant nonchalamment sa main sur sa nuque avant de répondre :

- Voyons voyons, t'as bien vu comment j'ai amoché la damoiselle et puis si c'était une collègue elle aurait eu le bon sens de ne pas se faire remarquer plutôt que de se montrer avec moi. Et j'étais entrain de boire une bonne binouze dans ton magnifique bar quand tout ça s'est passé, j'ai bien tenu ma promesse de ne pas toucher à UN cheveux de Florirck. Tes accusations sont franchement blessantes.

Terminera t'il sans même prendre la peine de réagir à l'hostilité des hommes qui l'accompagnaient, parfaitement dans son élément.

La Pianienne pestera intérieurement, elle souhaitait plus que tout savoir de quoi il s'agissait, cette petite bagatelle, mais elle était dans l'incapacité de le savoir. Néanmoins, cette frustration sera de courte durée, puisqu'un autre aléa arrivera et se faufilera durant la scénette. Bien évidemment, l'élément déclencheur ne lui était pas inconnu, et son visage le montrait terriblement bien. Celui-ci retranscrivait à l'instar d'une révulsion, une terrible incompréhension. Pensant que Phobos était très persuasif, elle ne s'était pas doutée une seconde que la supercherie ne passerait pas, et que les bandits voient anguille sous roche. L'appréhension quant à la progression des événements grimpait crescendo, mais n'était pas à son paroxysme. Elle renforcera cependant sa prise sur son épée.

Le grand homme froncera les sourcils, visiblement tendu, sa main passant dans sa barbe fournie alors que ses yeux bleues aciers oscillaient entre les corps et le visage enfantin de Phobos :

- Tu joues vraiment au con... Fais attention à toi, un jour quelqu'un en aura marre de tes bouffonneries. Apprends où sont les limites gamins.

Terminera t'il avant de se frayer un passage vers la maison, ses sbires ouvrant la marche.

Si Carmia d'où elle se trouvait ne pouvait voir le visage de Phobos, elle pourra remarquer que la voix de ce dernier s'étant tendue qui rendait son ton badin d'autant plus mordant. Il était doué pour jouer la comédie, cependant il était bien plus mauvais quand il s'agissait de tenir son rôle quand les évènements prenaient une tournure qui lui déplaisait.

- Et n'oublie pas ce dont je suis capable. Toi qui est attaché au respect, j'ai toujours respecté ton autorité chez toi, tu ferais bien de m'en montrer en retour et de me lâcher un peu pépère.

Terminera t'il avant de suivre la troupe à vers la cahute.

Sa prise sur son pommeau, en même temps que les paroles se déliaient en face d'elle, s'ameunuisera peu à peu, laissant le soulagement la submerger. Elle aurait aimé adresser à son frère des adieux et surtout des conseils pour ne pas se faire faucher trop rapidement, mais elle n'avait plus la tête à cela. Elle n'espérait qu'une chose, c'était de partir de cette bourgade et compter son exploit à sa nourrice et à son père. Se redressant donc, Carmia rangera sa badelaire dans son fourreau. Elle commencera ensuite à entamer une marche vers la sortie de la forêt, elle était légère et décontractée, signe d'une accalmie.

Sa marche calme vers la sortie de la forêt fut ponctué par le bruit d'une explosion et de cris de surprise, puis de douleur alors que la complainte infernale d'un bois mis au supplice par le gel se fera entendre. Les cris se multiplièrent, trop diffus et nombreux pour que Carmia malgré ses sens puissent les saisir même si elle pouvait deviner leurs contenus avec aisance.

C'était peut-être trop idyllique pour être éternel, mais surtout vrai. Alors que pendant une milliseconde la sorceleuse cru à un battement léger de son coeur, elle comprit bien vite que ça n'était pas le cas. Ne comprenant pas la gravité de l'explosion, son diamètre, sa cause, ses dégâts ; toutes les plus grandes inquiétudes se confondront dans sa caboche. Puis, ses mémorielles lui firent voir son erreur ; elle avait oublié de retirer le piège qu'elle avait elle-même placé. Si par malheur son frère était touché par sa propre faute, sa culpabilité serait grande, si bien qu'elle ne souhaitait même pas émettre cette hypothèse dans sa tête.

- " Putain j'suis conne ! PHOB ?!"

Rebroussant chemin, elle rejoindra le plus rapidement possible la masure.

La jeune fille pourra constater à la masure la présence de Phobos, bel et bien en vie malgré un bras qui semblait atteint par le gel, au milieu des cris des hommes commençaient à s'organiser. ça parlait de battut, de pièges, et elle pourra remarquer un homme blessé entrain d'être évacué. Difficile de savoir si la bombe qui avait été posée par le paranoïaque résident des lieux ou par l'intruse, mais une chose était sure, il ne faisait pas bon rester dans le coin.