Une taverne dans les faubourgs.

C'est ainsi que ses pas l'amenèrent jusqu'à cette établissement de bouseux, moins "chic" que l'autre taverne qui se situait au coeur de la ville. Ymerej avait en tête une idée qui lui permettrait peut être de boire gratuitement et aussi de tester sa force de sorceleur face à un adulte "normal". La confiance qu'il avait en lui n'avait rien à avoir avec ce qu'il était quand il était arrivé, ses capacités lui donnaient un certain sentiment de puissance. Il balaya du regard la salle et s'exprima à voix haute.

- Messieurs est-ce que l'un d'entre vous serait motivé par un bras de fer ? Celui qui perd paye une boisson à l'autre.

Certes ses musculeux muscles étaient dingues mais sa voix restait celle d'un enfant de son âge. Pour ne pas prendre trop de risque pour commencer Ymerej s'installa à la table d'un maigrelet ou à une table de maigrelets si il y en avait pas de seul.

- Bonsoir Monsieur ! Que diriez vous d'un duel au bras de fer ? Le vainqueur gagne une consommation payé par l'autre.

Il essaya de jouer l'enfant innocent.

- Mon papa m'a dit que j'étais déjà très fort pour mon âge, je veux vérifier !

C'était deux hommes, la quarantaine, frêles apparemment, le regard livide, les cheveux grisonnants et les dents pourries. En voyant le gosse arriver et poser son petit défi, les deux bonhommes se marrent.

- Hé, prouve donc que t'as d'quoi payer pour commencer mon p'tit !

Lui lance-t-il plutôt amicalement, malgré sa voix nasillarde qui donnait un peu un côté malicieux.

Sans se démonter Ymerej sortit fièrement ses trois couronnes qu'il leur montra dans le creux de sa main avant de ranger son incroyable fortune. Les deux personnes semblaient malades et faibles, c'était des personnes parfaites pour son plan.

- Plus aucune raison de refuser ! Qui dois-je battre à cette table alors ?

Malades, peut-être pas, faibles, sans doute, mais un adulte faible comparé aux adultes forts, restait un homme plus fort qu'un enfant, en général du moins...

L'homme qui faisait face à Ymerej eut un léger sourire en voyant les pièces, puis il sortit trois couronnes aussi, et les posa sur la table.

- Pose ton argent à côté fiston, les petits arnaqueurs ça court les rues, faut savoir être prudent quand on vit dans ces coins, héhé.

Il jeta un regard à son collègue bien silencieux.

- Pas vrai mon ami ?

Puis il se tourna vers le skelliger, et se montra lui même du pouce, tout en retroussant doucement la manche de sa chemise - qui était plus haillon qu'autre chose -.

- J'irais pas trop fort.

Jouer de l'argent en plus de tester sa force ajouté une petite excitation à tout ça. Il posa son argent sur la table, à portée de main, justement ne voulant pas non plus se faire avoir. Par exemple en laissant les couronnes à proximité du compère silencieux.

- Moi non plus alors.

Un sourire amusé et Ymerej se mit en place, apposant sa main sur celle de l'adulte qui lui faisait face, prêt à y mettre toute sa force.

Son vis-à-vis grimaça, pour une quelconque raison, et finalement posa sa main contre celle d'Ymerej. L'avant bras était beaucoup plus long que celui du Skelliger, alors il se plaça de façon plus adéquate. Et commença à pousser, et à prendre tranquillement l'avantage sur le gamin de douze ans, sans même vraiment forcer.

Apparemment, il n'aurait même pas besoin de voler cet argent. Le garçon était bien aussi faible qu'il en avait l'air.

- Héhé, eh ben, faut qu'tu dises à ta fiotte de père qu'il arrête de te mentir mon p'tit brave !

Le sentiment de domination lorsque concrétisait, donnait cette fâcheuse envie de se relâcher, et l'homme en face d'Ymerej avait joué le gentil vieux bien trop longtemps déjà, c'est donc tout malicieux qu'il était vraiment qu'il se permettait de parler aussi dégueulassement au garçon.

Une résistance commençait à naître, et ce n'était pas pour plaire au "bouseux", qui fronça les sourcils, et frappa d'un coup sec la main d'Ymerej sur la table. Il sourit ensuite avec béatitude, l'impact avait fait voler les pièces, et son compère commença à les récupérer au sol.

- Ehehe...

Il semblait bien amusé, sans ajouter mot : il but dans sa choppe en bois, et regarda d'un air malsain le jeune skelliger.

C'était décevant, sans doute avait il surestimé sa force physique au vu des quelques exploits contre certains monstres. Mais au moins il avait pu mesurer sa force, c'était l'objectif principal. Cependant il ne voulait pas e nrester là, il voulait essayer d'autres choses.

- Bon il faut la revanche, comme on a dit on y allait pas trop fort.

Une petite provocation pour avoir un nouveau duel, faisant fis ds regards étranges de l'homme.

- Et pourquoi faire, j'ai tes couronnes, maintenant tu dégages.

Très clairement : c'était de la méchanceté gratuite. Surtout qu'ils lui avaient pris ses trois pièces, trois fois plus que l'enjeu du pari...

- A moins qu'une boisson ne coûte trois couronnes vous n'avez pas le droit. L'enjeu n'était pas trois couronnes.

Bien que la colère montait il essaya de paraître serein.

- Tu as peur que je puisse te battre ?

Le vouvoiement était maintenant laissé de côté.

- Ah bon, t'as pourtant posé trois couronnes ?

Tous les deux se marrent, sans sembler être atteints par la provocation du garçon. Et puis, le gars qu'il a en face de lui sort un petit canif, et pose sa main sur la table.

- Tu crois que tu vas manquer à quelqu'un mon ptit ?

- Rend moi deux couronnes ou je te mets les trois dans le cul.

Pour obliger le valeureux homme à s'exécuter Ymerej forma le signe d'Axii sous la table. L'obligé à faire ce qu'il veut et qu'il le fasse lui donnerait sûrement une leçon d'humilité face aux autres. Si ça ne marchait pas le combat serait inévitable mais dans tous les cas ça serait fort intéressant. Et dans tous les cas il regretterait de s'être adressé à lui ainsi.

Encore une esquive facile pour le natif de Hindarsfjall, qui parvient à se saisir du canif et le planter dans cette épaule droite si grassement offerte. La douleur est fulgurante, même si rien de grave ne résultera de ce coup : l'os avait bloqué la pénétration et par conséquent la lame ne s'était pas logée bi en loin. La posture de son adversaire qui lui était désormais de profil ne facilitait clairement pas le coup de pied voulu, mais Ymerej parvint néanmoins grâce à sa petite taille et sa frêle corpulence à se hisser du bon côté, et donner un coup pour le moins douloureux. Le bonhomme ne savait où donner de la tête. Dos tourné au premier gaillard qu'il avait blessé, il sentit un autre coup arriver lorsqu'en se retournant pour réagir : il put voir qu'un gros type, bien plus costaud que ces deux là, venait de maîtriser l'enflure.

- Mon con, t'vois pas qu'c'est un ptit sorceleur ?! Il va t'd'couper en deux s't'arrêtes pas abruti !

L'éméché jurait de toutes les sortes alors qu'il était traîné en arrière. La plupart des hommes restaient en retrait, en observation. Ymerej et le compère du premier, à genoux, étaient au milieu de ce cercle. Le brouhaha n'avait pas cessé, mais un bonhomme barbu lança :

- Qu'est-c'que vous voulez à ces pauv' types m'sieur le sorceleur ?

Maintenant que son adversaire était à genoux Ymerej se retourna pour se préparer à esquiver le prochain coup à venir de son compère mais ce fut avec surprise qu'il vit l'enflure se faire maîtriser par un homme un peu plus balaise que les autres. Aussi surpris qu'amusé il le vit faire son éloge ou plutôt lui indiquer que l'orphelin pouvait lui être dangereux.

- Tu ferais mieux d'écouter le monsieur, j'ai autre chose qu'un canif dans le dos.

Puis ses yeux allèrent sur le gentil barbu, souriant.

- Excusez moi pour la gêne occasionnée, je n'aime pas me faire voler.

Ensuite le skelliger se retourna vers l'homme à genoux. Il retira le petit couteau d l'épaule avant de la mettre sous la gorge pour le tenir en respect. Avec son autre main le garçon fouilla dans les poches du voleur pour récupérer les six couronnes.

Certainement une leçon d'humilité qu'il venait d'apprendre à ces deux hommes qui maintenant se méfierait de n'importe qui, ils n'apprendraient jamais le respect mais la peut ça oui. Pendant que ses mains fouillaient dans la poche Ymerej sentit une bonne poignée de couronnes dans sa main. Malgré tout il n'en ressortit que trois, ce n'était pas un voleur comme ces hommes. Tandis qu'il avait ses trois pièces il en garda une dans la main, avant de ranger les deux autres, et l'envoya négligemment sur le torse de l'homme à genoux.

- Tiens, puisque tu as "gagné". Il accentua particulièrement le mot "gagné" pour souligner l'ironie de cette victoire. Je ne suis pas comme toi.

Après ça Ymerej adressa un hochement de tête à l'imposant monsieur barbu qui était intervenu avant de quitter la taverne sans ne rien ajouter, fière de lui.