L'entrée Nord-Ouest

Arrivant ici sur son cheval, il aura un soupir soulagé: il était, enfin, délesté de toute responsabilité... Enfin, c’est ce qu’il croyait, avant de se rappeler d’un détail: ouvrir les portes, ou non? Sa face se décomposa, tandis qu’il se laissait tomber sur son cheval, à moitié alongé dessus. Il ne pouvait pas prendre une telle décision, sa conscience préférait encore être spectatrice que responsable de plusieurs morts. Il ne pipera donc pas mot: cette terrible décision ne serait pas de son ressort.

Il tâchera de s’éloigner de la porte, à cheval, faisant confiance à ce dernier: si jamais elles restaient ouvertes, il ne voudrait pas se trouver juste devant.

Après cette course effrénée les apprentis sorceleurs durent faire un triste constat, seulement une misérable moitié d'entre eux avaient réussit à rejoindre les portes sans encombre. Le reste était vraisemblablement retardé par les Haakis. Il fallait dorénavant agir et vite ; freinant brusquement la course de son cheval Jude se tourna en direction des soldats qui tenaient la porte ouverte, s'apprêtant à donner une consigne, le cœur tambourinant jusqu’à ses propres entrailles. Il observa ses camarades sorceleurs qui avaient pu rejoindre l'endroit avec lui, certains d'entre eux étaient plus ou moins blessés gravement. Kantz le premier, il fallait donc qu'il se mette à l'abri. C'est donc de vive voix qu'il s'énonça, à destination des sorceleurs et des gardes.

- Nous avons un blessé avec nous, que quelqu'un s'occupe de lui avant que sa blessure s'aggrave. Les ennemis seront bientôt à notre porte.

La fin de sa phrase se vit ponctuer d'un hennissement du fidèle destrier qui commençait seulement à s'agiter, sentant le danger roder dans cette ambiance pour le moins pesante. Ils étaient tous empêtrés dans ce gigantesque fumier qu'était l'invasion Haakis, ensilé à la stratégie peu préventive de Lander van Decken. Malgré ça, son choix fût acté. Il ne laisserait pu personne derrière lui pour prendre ses jambes à son cou sans se battre. Bien trop de regrets pourraient être engendrés de cette manière, et le natif de Benkelham ne le savait que trop bien. Resserrant les longues lanières souples en cuir attachées au mors métallique inséré dans la bouche de l'équidé, il fronça les sourcils et s'avança en direction de la porte pour s'y tenir à son seuil, s'exprimant cette fois ci seulement aux sorceleurs.

- Puisse l'effarement de la crainte ne pas vous obstruer dans vos choix. Le mien est pour ma part déjà fait.

Sur ses brèves mots, il frappa avec hardeur de ses talons encrés dans l'étrier les cottes du cheval pour lui donner l'ordre de retourner sur le champ de bataille. Ce qu'il fit sans sommer, laissant derrière lui une traînée de poussière virevoltante. Un sentiment de résilience traversa de toute part Jude, et c'est après quelques mètres parcouru, laissant le temps aux autres de prendre une décision qu'il criera à l'attention des gardes postés.

- Fermez les portes !

Condamnant peut être les siens et lui même dans cette offensive mineure. Où alors retardant l'inévitable, à savoir le siège de Seig afin de laisser quelques secondes, minutes à peine perceptibles tant le temps en cet instant était figé pour les personnes se trouvant à l'intérieur comme à l'extérieur.. Seul les Dieux qui se délectent du spectacle terrestre, obombrant le ciel d'une fumée noire incendiée avaient l'immense luxe de connaître l'issue de ce choix.

C'est la bride abattue, tenant avec difficulté sur son cheval, son physique ingrat et ses cuisses épaisses ne facilitant pas la montée de monture aussi grande et puissante que les cheval de guerres qui lui avaient été fournis, que le jeune homme arrivera sur l'entrée Nord. N'accordant que peu d'attentions aux propos de ces camarades si ce n'est un agacement à peine refreiné devant l'impérialisme du petit nouveau jude qui se pensait apparemment plus important que tout le monde. Enfin sur le fond il n'avait rien à redire, et il ne reprendra l'impétueux néophite. De toute façon il y avait fort à parier que les gardes n'entendent que ses ordres qui leur promettant tant de sécurité.
Il accostera un garde sans plus de ménagement et lui demandera d'un air revêche:  

- On a besoin de nous où maintenant ?

Simple question, à laquelle il espérait une simple réponse. Il n'aimait pas spécialement se battre contre des hommes, mais l'adrénaline de la bataille était toujours très fortement présente en lui. Il n'était pas né avec l'esprit rocobanlesque, son passé lui avait même apprit que s'écraser était parfois la meilleure option. Mais il n'était plus un gamin des égouts, il se sentait comme un homme, inarrêtable, détenant une force que nul ne pouvait égaler, un sorceleur. En vérité, il était sans doute plus proche de l'adolescent puérile incapable de reconnaître ses limites. En ce jour, malgré le chaos environnant, libéré par ce léger moment de calme factice qui commençait cependant à faire pointer certaines appréhensions, il se sentait prêt à taillader dans la chaire et les os, massacrant sans avoir à ce poser plus de questions que comment survivre en tuant le plus de monstres possibles, qu'importe si ces monstres avaient un visage humain.

En entendant la demande Jude, et en constatant du jeune sorceleur blessé, un des soldats cria :

- Emmenez le à la place principale, l'herboriste s'occupe de tous les blessés, aucun sorceleur ne doit mourir !!

Ils aidèrent ensuite au transport du concerné à la place indiquée. Et une réponse vint aussi à demi-nain.

- Le siège n'est pas finit, les ordres sont d'avoir tous ceux aptes au combat aux portes Nord-Est ! Par conséquent toutes les sentinelles des murailles Nord ont déjà été déplacés là-bas, ordre du commandant !

Ils pouvaient deviner que la situation était peut-être critique là-bas, pour que le commandant change le déroulé de sa stratégie. Ou peut-être s'était-il simplement permit de négliger leurs vies ? Ou alors, plus probable, le commandant n'était pas aussi médiocre qu'ils pouvaient le penser, et adaptait la défense aussi bien que se peut.

Quoi qu'il en soit, pour ceux décidant de suivre les ordres, ils devraient passer par la place principale, et ensuite rejoindre le haut des murs au Nord-Est. Là-bas, ils pourront constater des camps de réfugiés faits. Sans aucun doute les familles déplacées depuis les faubourgs, et entassées ici le temps que cette bataille soit gagnée. Des regards de peurs parfois, d'admiration aussi, surtout d'incompréhension, pourront être saisis par ceux traversant les lieux pour se rendre aux portes, - et aussi pour déposer Kantz -. La victoire n'était pas encore de leur côté, mais cela avait presque l'air d'un défilé de soldats héroïques...

https://continentem.forumactif.com/t227-le-camp-de-la-place-principale

De son côté, aussi charismatique qu'il fut, Jude n'était qu'un enfant de treize ou quatorze enfants, fonçant seul dans les flammes. Les six soldats avec eux, n'étaient ni assez téméraires, ni assez fantaisistes, ni prêts à aller contre les ordres pour lui, ou pour quiconque d'autre à vrai dire. D'autant plus qu'aucun des jeunes sorceleurs ne décidaient de suivre le garçon, il y irait donc seul. En outre, comme une décharge électrique de très faible intensité, comme un frisson, avait parcouru les nuques de tous les hommes présents lorsque Jude s'élança en héros, mais cela ne changea pas l'issue.

Ainsi, il verrait bientôt Eskel s'échapper quelque peu des nuages noirs, seul sur son destrier, à bien cent-cinquante mètres de lui si ce n'était plus, les portes s'étaient fermées derrière lui.

https://continentem.forumactif.com/t229p50-les-rues-et-les-champs-du-faubourg#9547

Il suivra les ordres, pour l’instant...

Revoir ses camarades pourrais lui faire plaisir si la majorité de ceux ci n'était pas mal en point si ce n'est à l'agonie. Ne pouvant descendre du destrier et encore moins se tenir sur ses pieds le basané se contente d'observer en silence, un silence bientôt brisé par le rugissement du monstre ailé faisant lever instinctivement le regard avant qu'il ne revienne sur la blonde, la néophyte étant elle mener par Jude au personnel soignant.

Ils ont fait ce que l'ont attendait d'eux du haut de leurs quelques années et sans aucunes expériences martiales, si aucunes médailles ne leurs es décerné, le Ciel sait l'étendue de leurs dévotion. Maajidyn se tourne ensuite en direction de l'ours:

-Que fait on à présent?

- Direction les tours, nous soignerons les blessés au mieux.

Il était trop tard pour qu'ils puissent faire quelque chose d'ici, il fallait s'occuper des blessés et espérer...

L'adrénaline passée Ymerej se rappela qu'il avait effectivement une blessure qui lui parcourait une partie du dos mais ne décida pas de prendre de Potion Hirondelle pour le moment, ses camarades gravement blessés pourraient peut être en avoir besoin. Alors que le jeune adolescent portait Caseï il l'observa quand elle ouvrit les yeux, d'abord surpris de la voir sourire avant de le lui rendre. Une fois arrivé à destination il posa délicatement la blonde au sol et regarda dans quel état se trouvait la troupe. Et ce n'était pas fameux. Il alla d'abord voir Maajidyn, une grimace sur le visage.

- Ca va aller toi ?

Après s'être informer sur la santé de son ami le skelliger alla voir Eskel voir en savoir un peu plus sur la suite des réjouissances, impatient d'aller aider ses camarades.

- Eskel quelqu'un a besoin d'une Hirondelle ? Et on fait quoi maintenant ?

Effectif Maajidyn était déjà à dos de cheval, c'était une prise commune de champignon qui avait amené à une perception de la réalité bien différente. Tout du moins le groupe arriva enfin jusqu'à la porte Nord Ouest où on pouvait déjà voir une énorme pile de corps brûlés ensemble avant que d'autre ne les rejoignent. Ymerej désigna un endroit à côté, un peu plus loin.

- On va faire ça là-bas.

Puis le jeune adolescent se mit en quête de trouver du petit bois et de la paille pour faire une sorte de "lit" où il pourraient allongés les corps des parents pour les brûler incinérer ensuite.

Rapidement un tas satisfaisant fut dressé, l'autel des parents du garçon en quelque sorte. La mine grave Ymerej alla chercher les corps un à un pour les placer côte à côte le plus délicatement possible, faisant fis du sang qui lui coulait dessus encore si il en restait. Il se frotta le front et se tourna vers Alban.

- Tu veux dire quelques mots ou qu'on te laisse seul avant de les brûler ?

Il regarde ses deux parents posés ainsi sur un tas de bois sec. Il ne sait pas trop quoi dire, il ne pensait pas se retrouver dans cette situation avant une bonne trentaine d'année, il n'a jamais pensé à un discours pour cet événement. Tant pis, pas de discours. C'est bien mieux que d'en improviser un. Il regarde le visage paisible de ses parents morts. Il larme perle sur sa joue. Ce soir, c'est la dernière fois qu'il les verrait. Il grave cette image dans sa mémoire du mieux qu'il peut. Il faut qu'il puisse y repenser le jour où il décapitera la famille de ces enfoirés de cavaliers.

-Au revoir.

Il écrase la larme d'un geste du revers de la main et se tourne vers les deux jeunes hommes qui l'accompagnent.

-C'est tout ce que j'avais à dire ... pas besoin de me laisser seul. Si on est destinés à devenir camarades, il vaut mieux que je vive tout ce moment avec vous.

Le basané observe la cérémonie improvisée, attristé de ne pas l’être, se demandant comment sa sensibilité ai pus se volatilisé si vite, à quoi peut penser Alban..

Il s'approche à quelques mètres du bûcher, dépose un baiser sur son fétiche dans un geste à l'apparence religieuse, puis Igni est lancer.

-...

Incapable de trouver les mots adéquats il fais faire un demi tour à sa monture pour se positionner plus loin afin que celle ci ne soit pas effrayer par les flammes.