Une parcelle au bord de rivière, au Nord-Ouest de Seig Lyn

Morphée l’expulsera sauvagement de son coma, convulsant son corps de souffrance. Les cailloux au sol s’enfonceront sans pitié dans son dos. Les yeux qui ne rêvaient que de s’ouvrir se refermeront pour éviter la triste réalité, mais son corps parlait pour lui. Il avait un mal de chien, que son torse entier se rebellant contre les mauvais traitements subis, ses jambes étaient lourdes et ses épaules s’évertuaient à prohiber toute utilisation abusive de ses bras, mais plus important, l’implacable vérité subsistait. Il avait perdu. Son combat, ses convictions, sa dignité, sa divinité. Il s’était fait écraser lamentablement, il n’avait pas même réussi à faire fléchir celui qui s’était tenus devant lui. Ce pédéraste aux inclinaisons contre-nature. Beaucoup disait que la vie était un cycle, qu’on n’échappait pas à ce qu’on était, et pour la première fois depuis bien longtemps il était revenu à ce qu’il avait été. Un gosse battut, privé de tout bien, abandonné au bord d’une rivière. Non c’était encore pire, on l’avait même dépouillé de son médaillon, une babiole en cuivre sans valeur et pourtant la seule trace de ce qu’il avait pu être et de son passé, la seule preuve tangible de l’existence d’une réelle génitrice et que quelqu’un qui avait pu l’aimer existait. Il avait été dépouillé de tout, et tout ça pour rien. Les larmes enfin lui revinrent, il n’y avait plus personne pour le regarder alors que la catharsis prenait place, plongeant le jeune homme dans un désespoir réparateur.

Ses pensées tournaient en boucle dans un chaos assourdissant alors qu’il essayait brusquement de reprendre le contrôle de son corps, lui infligeant d’inutiles sévices dans cette entreprise. Enfin debout, tentant de trouver le nouveau le nouvel équilibre qui régissait son corps, il prit enfin conscience de là où il se trouvait, une rivière, et au loin une immense ville, sa destination évidente, il ne voulait pas rester une seconde de plus ici malgré la beauté du lieu, il voulait partir loin de cette maudite rivière. La lente marche s’engagera, titubante, hésitante, privée de toute la confiance qui l’animait auparavant, et les pensées continuaient de tournoyer. Mais lentement elle se scindaient, formant plusieurs courant, allant de la tempête au courant d’air, pénétrant plus ou moins brutalement sa conscience alors que son long chemin de croix débutait.

La colère et la répulsion était bien évidemment la plus puissante de tous, moteur incontestable de son avancé, balayant par moment de sa fureur toute tentative de réflexion. Cette raclure était en vie, il ferait souffrir encore bien des gens, il continuera de torturer des êtres juvéniles dépourvus de tout espoir par simple plaisir de se sentir un court moment impunissable en bravant encore un interdit. Il n’avait rien put obtenir sur Caseï, rien qu’il ne puisse le guider, elle était surement déjà morte. Il l’avait tabassé à mort, et lui avait offert la vie, il avait été le joujou d’un homme. Ces pensées étaient impossibles à hiérarchiser, lancinantes, s’abattant sauvagement sur son être.

Mais parfois de léger courant s’introduisaient, construisant lentement des réflexions ne cessant de voler en éclat sous la sévère tempête, pour mieux se reconstruire, faisant naître milles et une conclusions, parfois sévère, parfois rassurantes, parfois constructives et ultimement fantaisistes. Il réfléchissait enfin sous un nouveau prisme, lui qui se coupait si souvent de certaines réalités, ne discutant que très peu avec ses paires, se vautrant dans milles et une futilités saupoudrées de quelques dangers pour avoir sa dose d’adrénaline lorsqu’il pénétrait en ville voyait son esprit imperméable à tout changement. Mais la sévère correction qu’avait orchestré le monstre avait brisée ces barrières, y gravant pour des années ses quelques paroles. Et de ces paroles forgées au fer rouge découlait d’inévitables réflexions.

La condition des sorceleurs, les toutous de l’empire, une vérité tellement évidente, il n’en avait jamais douté au vu du nombres de fidèles serviteurs prêts à donner leur vie pour celui-ci, rêvant de rejoindre sa garde personnelle, mais maintenant il venait à se demander pourquoi, pourquoi tant d’efforts ? Pourquoi une telle ferveur ? Pourquoi tant de sorceleurs se plaignaient ils de leurs conditions ? Pourquoi se sentaient ils investi de ce pouvoir sacré ? Pourquoi avait-il été choisi comme sorceleur si ce n’est à cause de sa faiblesse ? Comment a-t-il pu en venir à mériter tous ces droits ? A les juger comme allant de soi ? Il passait son temps à s’empiffrer sans jamais se demander quel était le prix de cette opulence. Il n’était qu’un outil. Il pouvait peut-être devenir autre chose ? Était-il vraiment différent ? Il devait l’être, comment le contraire était-il seulement possible ? Jusqu’où s’arrêtait la volonté destructrice du rouge dans ses sinistres paroles et où commençait la vérité ? Lui qui pouvait se montrer si fragile quel était vraiment sa place dans ce monde ? Qu’avait-il vraiment le droit de faire ?

Ces questionnements affluant erratiquement dans son esprit, refluant à chaque vive douleur ou manifestation excessive de colère, l’accompagnèrent pendant les deux longues heures que prendront son long chemin de croix jusqu’aux chevaux qui l’escorteront jusqu’à Kaer Morren. Il sera fait mention d’ivrogne, de bagarre entre ivrognes ayant mal tourné, le tout encadrés par quelques grognements dissuasifs accompagnés de grimaces de douleur. Rien sur LeRouge dont le visage et les paroles obsèderont Poddrick.

Thorvir et Rhadamanthe arrivent ici.

- Y'a rien de fou pour l'instant.

Les deux garçons cavalèrent jusqu'au lieu dit, étant donné qu'ils n'avaient guère de questions à poser à leur employeur. Le lieu était indiqué, la paye aussi, et ils savaient à priori ce à quoi ils avaient affaire. D'un geste, Rhadamanthe intima à sa monture de s'arrêter, avant de descendre, et de faire quelque pas. Ses pieds foulant un lit de feuillage, il observa quelque instants la forêt, tendant l'oreille, avant de se tourner vers son camarade.

- Ouais... De nous deux, c'est toi qui a connaît ces créatures, comment sont-elles exactement, et surtout...

Il posa un genou au sol, scrutant la terre.

- Quelle genre de marque laissent-ils ?

- Des traces de pas humaines, et des sortes de marques comme des fouets. Ils ont des tentacules.

Dit-il en cherchant la même chose.

- Faudrait les chopper un par un ou en groupe réduit, cinq ça peut être chaud.

Dit-il en remontant les traces.

- Oui. Ils attaquent comment exactement ? Avec leurs tentacules ? Ils ont une bouche et des dents pointues ?

Il se tourne vers Thorvir, et précise où il veut en venir.

- Je veux dire par là : ils sont carnivores j'imagine, non ?

- Bonne question, j'ai jamais vu de bouche. Ils ont juste plein d'yeux partout et des tentacules aussi.

Dit-il sans se laisser déconcentrer.

Casei et Ymerej arrive ici en courant.

-Je crois qu'il ne sont pas loin. Dit-elle en continuant d'activer ses sens.

Les deux garnement sont-ils pas loin ?

- Ah !

Ymerej avait donc suivit Caseï jusqu'ici. Il essaya de trouver des traces d'enfant.

- Tu sais ce qu'ils sont venus foutre ici ?

Rhadamanthe fronça soudain les sourcils, se relevant.

- T'entends ? Des bruits de pas ?

- Bah ouais les autres nous ont suivit on dirait.

Dit-il en leur faisant signe.

-Hum..

Elle se gratte le menton en continuant de marcher


Elle vit enfin les deux jeunes garçon. Elle accélère le pas vers eux.

-Hey désolé du retard ! Vous avez vu quelque chose?

- Tiens oui.

Rhadamanthe pose les mains sur sa taille, attendant l'arrivée du duo, une fois que celui-ci sera à leur niveau, il leur dira.

- Il y a cinq monstres. On mettait en place un stratagème mais... Si l'on est aussi nombreux on peut probablement s'en passer.

- C'est... des sortes de longs membres souple. C'est assez dur à décrire en fait.

Il fut assez surprit de voir que Casei ne savait pas ce que c'était mais il était finalement presque normal qu'elle n'en ait jamais vu. L'autre groupe repéré il les rejoignit en compagnie de la blonde.

- Salut les gars ! Ca chasse quoi ? C'est quoi ces monstres ? Je vais les défoncer, je suis chaud.

Le skelliger avait des fourmis dans les doigts.

- On a vu des traces pour les machins, vous voulez qu'on les remonte ?

En fait, il s'y mettait déjà.

Elle se gratte la tête à la réponse du skelliger.

-Hu...Etrange....

Elle croise les bras aux paroles de Rhadamanthe et montre son interet 

-D'accord, mais vous savez si c'est fort ou pas ? On devrait peut-être en piéger un pour voir son niveau de puissance...Quoique sauter dans le tas me va aussi, héhé.

En accord avec les paroles de Ymerej elle continue:

-Moi aussi je suis chaude !

Aux paroles de Thorvir, elle hoche la tête.

-Très bien faisons ça. Elle suit donc le garçon à la foudre.

- Thorvir et Jude avaient réussi à en massacrer un sans grande difficulté.

Réplique Rhadamanthe avec un sourire vers Caseï, il commence à suivre les traces lui aussi.

- Enfin, jouons la prudent malgré tout, restons groupé et protégeons nous les uns les autres, autant profité de notre nombre.

- J'aimerais bien savoir ce qui nous attend quand même. Ces trucs ont des tentacules ?

Ca ne lui disait absolument rien comme type de monstres. L'épée déjà à la main Ymerej ferma la marche.

Aux paroles de Rhadamanthe, elle répond par un petit sourire. Comment vont-ils depuis la mort de Jude ? Elle espère qu'ils tiennent le coups.  

-Je vois. Et-...

Elle fut soudainement prise par suprise. N'ayant pas entendu de pas ou de bruit et n'ayant remarquer que dalle, une voix se fait dans leur dos. Keske ?!

Se pliant donc à la demande -ou plutôt à l'ordre-, elle met son épée qui est dans son fourreau à terre et lève les main pour se montrer conciliante. Elle essaye de bouger légèrement la tête pour voir qui ou quoi lui adresse la parole.

- ?

Thorvir se retourne pour voir qui leur parle par réflexe, comment avait-on pu les surprendre ainsi ?

Rhadamanthe s'apprêtait à agir différemment, mais en voyant la décision de Caseï, décida, à regret, de s'aligner sur la sienne. Son combat face au monstre lors de l'expédition dans les mines de Dimetrium le lui avait apprit, aller contre l'opinion du groupe, même si l'on pense avoir raison, peut être dommageable. Il se saisit donc de son fourreau, et commença à lentement, très lentement se baisser vers le sol, comme pour la poser, mais la gardant encore en main.

- A qui ais-je l'honneur ?

Demande t'il, sans se retourner.

Thorvir peut donc voir des reptiles humanoïdes de très grande taille. Malheureusement celui-ci s'est retourné et une flèche est décrochée vers son épaule pour leur faire comprendre qu'ils ne plaisantaient pas du tout.

- Le reste, éloignez-vous de vos armes.

- ...

Il dépose finalement son épée, faisant quelque pas pour s'en éloigner.