Le bordel des mille plaisirs

L'apprenti opine bien que peu rassuré par les explication données, en effet la petite semblais très sérieuse sur ses intentions. Les deux comparses s'en vont donc en direction de l'entrée de la ville pour rejoindre les aînés. Le zerrikanien ajoute seulement :

-Enchanté.

Lorsque Jude rentrera dans le dîtes bordel, il pourra apercevoir moultes personnes apparaître dans son champ de vision, toutes plus laides les unes que les autres. Une silhouette se détachait de cet amas de brigands, non pas par sa beauté qui laissait certes à désirer, mais plutôt par sa taille, en effet Carmia était assez petite. Son regard ocre divaguait de table en table pour finir par croiser les prunelles du garçon qu'elle avait entrevue quelques semaines plutôt :

-Qu'est-ce que tu fous ici ?

Lui lancera-t-elle.

- Tiens, la mort personnifiée.

Jettera Jude en guise de saluement à Carmia. Observant l'ambiance de chair régnante dans le bordel. L'alcool effluvant à travers les choppes et les bouches. Il lancera un regard désintéressé à la concernée pour lui répondre.

- Je te retourne la question, t'es dans un bordel.

Soufflant des narines à l'ouverture de l'échange oral, Carmia finira par occulter ce point pour ne pas retomber dans une graveleuse agression sur son cadet. Elle se contentera simplement de rétorquer sans la moindre agressivité dans l'écho de sa voix :

-Tu veux que je te refasse le portrait p'tit con ?

Après ce petit surnom attribué, la gamine pivotera sa tête de table en table, toujours à la recherche du dîtes comptoir.

-Et alors, c'est un bar tout simplement.

- Ne prend pas ton insolente chance comme un acquis, elle pourrait vite tourner.

Jude resta debout, les deux jeunes semblaient se faire dévisager par les membres du bordel. Un bar ? La pauvre, elle ne savait pas l'origine du lieu. Assez amusé par le quiproquo, il ne dit rien. Affichant un sourire larcin sur son visage.

- Oh un bar, dans ce cas commandons ? T'es plutôt blonde ou brune ?

Fier de son jeu de mot, il se mit à la recherche à son tour du comptoir.

Ne s'occupant même pas de la deuxième provocation du garçon, la jeune fille complimentera cette remarque d'un regard hautain et méprisant, prouvant qu'à la sortie de cette petite beuverie il n'allait pas en sortir indemne. Néanmoins la deuxième phrase du garçon changera la donne, peut-être qu'après deux trois verres l'apprentie aurait oublié leurs différents et pourrait en quelques sortes le pardonner.

-Brune.

Ne captant même pas sa blague sous ce brouhaha ambiant, ils partiront tout deux à la recherche du zinc.

Les deux enfants se font donc sortir du bordel à coup de pied au cul. Jude s'étira, n'ayant pas encore l'âge d'entrer dans un bordel il le savait mais était curieux de savoir ce que Carmia allait y faire.

- La brune ça sera pour un autre jour.

Comme-ci ces derniers jours n'étaient pas assez pénible, on l'a virait d'un bar comme une malpropre alors qu'elle ne faisait que chercher le zinc. Les prunelles dorées de Carmia s'illuminèrent avec la même hargne qu'il l'animait le dernier jour aux écuries, et après avoir tout bonnement ignoré la remarque de Jude, l'apprentie tentera d'envoyer son tibia valser sur les côtes de l'homme qui l'avait jeté dehors :

-Depuis quand on vire des clients ?! Laisse nous boire un truc salaud.

Peut-être qu'en temps normal la gamine n'aurait pas réagi avec tant de violence, mais l'agacement accumulé durant ces temps-ci l'avait profondément marqué et mise en rogne, c'est en quelques sortes la goutte d'eau qui fait déborder le vase...

- Put...

Le chauve n’aura pas le temps de finir sa phrase, ou son exclamation plutôt, le coup de pied de la jeune Sorceleuse partant déjà. Un coup de pied envoyé avec force et précision, mais qui sera bloqué sans trop de problème par le cerbère: il sentira tout de même la puissance du coup sur son bras droit qui l’avait sûrement protégé de plus grandes douleurs aux côtes. Mais rien qui ne ferait broncher un gaillard comme lui, il encaissait le coup aisément.

De sa voix grave, il mettra alors en garde l’imprudente, sur un ton courroucé.

- Tu es peut-être une Sorceleuse, mais tu n’es pas au dessus de la loi! Foutez-moi l’camp!

Il n’était pas sans dire que le bougre avait une lame à la ceinture, bien visible, et qu’il avait sûrement deux fois plus de force que la frêle Pianniene. À l’intérieur du ”bar”, les clients ne semblaient pas s'accommoder du grabuge: cela devait être monnaie courante ici.

Et, pour l’instant, aucun signe d’un autre garde? Était-il le seul ou est-ce que les autres étaient simplement ailleurs? Ni Carmia ni Jude n’en ont connaissance, les deux n’étant pas des habitués des lieux.

Devant bien tant de zèle de la part de la jeune fille, Jude légèrement surprit s'avança au niveau des deux protagonistes. Un peu dérouté par l'action rendue de Carmia, il voulut mettre en oeuvre quelque chose qu'il n'avait que très peu l'occasion de faire à Kaer Morhen. User de son talent d'orateur et de persuasion. C'est donc le regard ancré sur celui de l'homme qu'il s'exclama d'une voix claire, nette et précise. Se concentrant sur les mots et sur la volonté impliqué dans ce qu'il prononce.

- Vous seriez bien aimable si vous nous laisseriez entrer pour boire quelques verres sans discuter.

Son action avait encore failli, mais était-ce vraiment une surprise ? Depuis plusieurs mois déjà les échecs collaient à sa peau telles des sangsues pour la vider de tout espoir, et il semblerait que cela fonctionne parfaitement. Puisqu'au lieu de récidiver et d'envoyer son genou cogner les côtes du bougre, Carmia fera pour l'instant pâle figure, ne détachant pas son regard noyé sous la haine du patron du bordel.

-Oui écoute le et laisse nous rentrer, on veut juste boire un verre et tu nous flanque dehors bouffon.

Une bien piètre utilisation de ses capacités: le chauve sent à peine une tentative d’intrusion. Heureusement pour Jude, cette tentative ridicule ne lui vaudra au moins aucune fatigue. Néanmoins, le chauve avait bien senti cette lamentable attaque mentale. Se tournant alors, vers Carmia, il la pointa du doigt, courroucé.

- TU SAIS QUE C’QUE T’AS FAIT EST INTERDIT PETITE CONNE?

Et, la bonne fortune semblait profiter au natif de Benkalham, car, au vu des évènements, le gorille n’avait pas remarqué le ton plus qu’insolent de Jude: donner des ordres à un adulte... dans quel monde vit-on?

Il mis alors sa main sur le pommeau de son épée, prêt à la dégainer.

- Casses-toi d’ici, et t’as peut-être une chance que je prévienne pas la garde, menaça-t-il de sa voix grave: il semblait plus que sérieux, et, ce genre d’homme n’envoyait sûrement pas de menaces en l’air.

Carmia elle devait sûrement ne pas comprendre la colère du chauve, mais, Jude, lui, s’il faisait le lien, pourrait deviner que le chauve accusait Carmia de ce que lui avait essayé de faire, et, il le savait: l’utilisation de la magie dans ses circonstances là était interdite, et, s’ils passaient devant la justice, le chauve serait approuvé et les deux Sorceleurs tués ou enfermés... et, Jude connaissant la nature emportée de son ”amie” devrait sûrement bien penser à ce qu’il ferait.

Quant aux accolytes du garde - s’il en avait -, ils avaient bien entendus entendu les cris du cerbère, et quelques têtes commençait à se tourner et à fixer l’affrontement. En tout cas, si des renforts arrivent ou non, Carmia et Jude ne pouvaient le savoir.

Le chauve, main sur la garde de son épée à moitié dégainée, était prêt à parer un possible coup.

- On s'en va, on s'en va mon bon monsieur.

Abdiquera Jude inclinant légèrement la tête avec un sourire niais sur le visage. Il se laisse tenter à l'humour cherchant à détendre quelques peu l'atmosphère déjà bien palpable et tendue. Disant au grand chauve.

- En espérant que quand j'aurais l'âge elles seront toujours aussi bonnes.

Il fixera Carmia, craignant le pire pour eux. C'est donc une deuxième tentative forcée qui sera alors mise à exécution à l'encontre de la Pianienne. Forçant sur sa volonté une nouvelle fois et sur ce certain timbre de voix qui cet fois ci sera plus prompt et sérieux.

- On s'en va boire ailleurs, excuse toi et on y va.

Si celle ci s’exécute alors il marchera en direction d'une autre rue, sinon, il constatera de la suite et s'en ira d'ici avec ou sans Carmia.

Attendant patiemment la réponse du plouc, la jeune fille sera prise au dépourvu de ses accusations mal visées. Ne pouvant que plaider innocente, la gamine positionnera ses mains parallèlement à la dégaine du patron de bordel, lui demandant grâce à son langage des signes de se calmer :

-Oh oh j'ai juste voulu rentrer dans ton putain d'bar d'où c'est interdit ?

Il pouvait néanmoins remarquer que son coup de pression avait légèrement fait effet sur la petite. Se tenant malgré tout droite du haut de son mètre cinquante face au colosse, la Pianienne finira par abandonner l'idée de vider un verre cul sec. Peut-être que le destin jouait avec son moral tout comme avec son self-control ou comme Jude avec ses tours farfelus de magie. Ignorant la demande du néophyte, la fausse rousse remettra sa capuche de cape pour se diriger vers son destrier.

-Nan c'est bon j'en ai assez vu les fils de catin.

Si personne ne l'en empêche, l'apprentie filera de la scène pour se fondre dans le décor, au loin.

Les paroles de Jude résonnent dans la tête de Carmia qui ressent la tentative d’intrusion, mais pas assez pour la faire obéir... Et pour couronner le tout, Jude est alors assailli par un mal de tête supportable mais très gênant.

Mais, Carmia semblait s’être levée du bon pied, et, si elle voulait quitter les lieux, personne ne l’en empêcherait, et, elle chérirait sûrement sa décision en voyant deux hommes débouler: moins imposants que le chauve, mais eux-aussi armés.

Une fois les mômes partis, le désormais trio rangera les armes et retournera dans l’enceinte de l’établissement: la nuit serait tourmentée...

Thorvir arrive ici, accompagné ou non. Il n'y avait rien de tout cela à Skellige, du moins il n'avait jamais vu de ses propres yeux.

- Waaah c'est rempli de gourgandines peu farouches.

Rhadamanthe arrive ici, souriant, les mains sur les hanches.

- Ah ! Les bordels, quel endroit merveilleux.

Il fait un coup de coude à Thorvir, et continue, emporté dans une envolée lyrique.

- Admire ce palace vieux frère ! Le quartier des plaisirs ! Demeure de l'amour, des nuits agités et des alcools renversés ! Si tu savais le nombre de guerre qui ont commencé, et ont pris fin dans ces chaumières si particulières. C'est à ses bordels qu'on reconnaît la grandeur d'une ville.

- L'odeur est surtout infecte, ça pue le parfum, l'alcool, le sexe...

Il fronce les sourcils. Malgré tout, cet endroit lui plaisait bien. En tant que sorceleur il fallait bien coucher avec la première gueuse venue, les femmes civilisées ne devaient pas vraiment les apprécier.

- J'espère qu'on y fait de bonnes bagarres aussi.

- Je suis déjà venu on m'avait viré.

Réplique Jude.

- L'amour en somme. Il ne manque plus que le doux fumets des vignobles. Quant aux bagarres, ça arrive. Mais tu verras rarement les courtisanes y prendre part elles même.

Réponds Rhadamanthe, amusé. Avant de se tourner vers Jude.

- Ah bon ? Tu étais peut être trop petit. Avec un peu de chance, ils nous laisseront la voie libre cette fois.

- Hé ben, c'était un autre temps.

Il semble avoir retrouvé sa bonne humeur, peut-être que le danger le mettait tellement en alerte qu'il en devenait agressif avec tout le monde.

- J'essaye de chercher la plus belle des yeux, c'est laquelle selon vous ?

Les garçons sont accueillis par une ambiance festive et des rires de débauche, on entend par-ci par-là les gens en manque d'inhibition s'adonner aux plaisirs charnels derrières les chambres, du moins pour eux. Etre sorceleur est quelque chose d'étrange pour le commun des mortels et leur oreilles, leur odorat ne sont pas ménagé par l'odeur de l'alcool et de l'encens qui sert de cache misère pour couvrir la véritable odeur des lieux. On y est un peu comme dans une taverne, sauf que les gens parlent plus forts et qu'il y a beaucoup plus de monde. Un videur arrive vers le groupe et les interpellent. Il est particulièrement costaud et porte du tissus épais, il a un regard accueillant mais un sourire qui semble presque fourbe.

-Vous, là, le groupe de garçon. Dites moi, vous avez bien de l'argent sur vous hein ? Si vous voulez rester je vais devoir vous demander de commander de l'alcool avant. Bien sûr, de la compagnie arrivera si vos bourses sont pleines. Dit-il en terminant avec un rire gras. Les bourses, pleines ? Bref.

- Aucune idée, d'ailleurs Elia me manque un peu.

Il repense à elle, songeur les bras croisés. Il accueil le "videur" d'un regard peu approbateur, regardant partout sauf dans sa direction. Il sortira simplement une bourse deux fois plus pleine que celle de ces camarades avant d'aller s'installer à une table de trois pour lui et les autres.

- Venez.

- C'est qui Elia ?

Il lèvera les yeux vers le videur, étant le plus costaud du groupe, sa simple taille était un défi à ses yeux. Cependant il ne voulait pas déclencher une bagarre si tôt et suivit Jude, préférant s'amuser avant de frapper. Bien que ces deux mots allaient souvent de pair.

- Moi je vais me prendre un bon hydromel de skellige.

- Une blonde.

Demande Rhadamanthe, craignant que le vin servi ici ne soit pas suffisamment raffiné pour son palais originaire de Toussaint. Il regarde autour de lui, évaluant les femmes à leur disposition, à quoi ressemblaient ces courtisanes.

- Aaah, cet endroit me rappelle Beauclair !

L'homme les regardent perplexe et ajoute:

-Je suis pas serveur, attendez elle arrive.