Auberge de Visingsö

Brashen arriva le premier sur la place du pittoresque village et il se rendit logiquement à l'auberge avec la ferme intention de festoyer jusqu'à l'aube.
Il entra dans les lieux, en poussant virilement la porte de l'établissement, et observa attentivement la salle : quelques tables, peu de clients, pas le fumet synonyme d'un copieux repas et surtout pas de femmes, si ce n'est cette baleine à bosse qui devait être la tenancière de ce tripot.
Il se dirigea vers la patronne et la héla sans ménagement.

-Bonsoir m'dame, c'est vous qu'êtes la patronne de ce palace? Vous avez bien là  quelques princesses que j'pourrai honorer non ? Et cette douce odeur qui taquine mes narines, ce serait pas celle d'une tourte ?

Brashen arrivera naturellement avant Roddin, ce premier s’étant plus pressé que le dernier. Son entrée quelque peu fracassante lui vaudra des regards mauvais de la part des six hommes, autour d’une table, en train de jouer à un quelconque jeu de cartes. La tenancière accueilla le jeune gabier en haussant un sourcil, avant de s’exprimer dans la langue de l’étranger, sa diction matraquée d’un fort accent rendant chaque syllabe difficilement intelligible.

- Qu’é tveux là hein? Y’a pas dfilles ici, nous on a lrespect!

Elle hausa ensuite les épaules, indifférente.

- Faut payer por avoir à manger et à boire.

Quelques secondes plus tard, un groupe d’une dizaine d’autres étrangers faisait son apparition: qu’était-ce que tout ceci? Au moins, s’ils ne causaient pas une bagarre, les recettes seraient bonnes. Roddin et ses camarades savaient que d’autres, certains plus bienvenus que d’autres allaient encore arriver.

- Bosoir mézieurs voudraient quelque chose?

- DLA BIERE DSKELLIGE!!!

- J’AI FAIM!!! Y’A QUOI À BECQUETER ICI?

Certains hommes s’installèrent à table, et, tous gueulaient comme des sauvages leurs commandes: pauvre femme...

Il reluqua la rondelette femme de la tête aux pieds...pas terrible mais ça ferait l'affaire, après tout sa queue n'avait pas d’œil et pour ce qui était de sa surcharge pondérale n'était-il pas coutume de dire " Plus de rembourrage, pour le bourrage".

Le gabier choisit de discutailler un ton plus bas, son choix fut bien évidemment guidé par l’œil sombre et la mine patibulaire de certains autochtones.

-Il n'y a peut être pas de filles ici mais il y a pourtant bien une sirène, lui répondit-il en accompagnant ses propos d'un clin d’œil qui en disait long sur ses intentions. Je vais déjà commencer par une pinte de mousse fraîche et un repas chaud, pour la suite des festivités ce sera à vous de voir !

Brashen s'installera à une table vide, accordant son violon le temps que sa pitance soit servie.

”L’artiste” se fera copieusement ignoré, n’obtenant de la femme que ce qu’il avait commandé, comme tous ici, même un des marins le plus ”beau” du groupe: un homme assez grand, aux épaules larges et, étonamment, épargné par la calvitie, un véritable miracle. Le bougre fit une moue déprimée, se tournant vers son repas.

- BWABWABABAHAHAHA SOIS PAS TRISTE WILAM!

L’homme s’enfila une choppe de bière, avant de se prendra le crâne dans les mains.

- Pourtant chui bon avec les gonzesses...

Les mercenaires semblaient assez joyeux, amusés, mais, quelques minutes plus tard, se furent les marins de la hourque qui firent leur apparition, évitant soigneusement les ”barbares” comme avait pu entendre Roddin au milieu de toute cette cacophonie, et, Brashen aux grandes oreilles visiblement, captera une phrase, sans pour autant pouvoir donner une tête à cette voix... ”Ces barbares de mercenaires... Pourquoi on a engagé ça bordel? Je suis prêt à parier qu’ils vont nous trahir, cette histoire de réputation là... J’y crois pas un mot si tu veux mon avis!”

Quelques regards noirs furent échangés, et les marins prirent leur précaution pour s’installer bien loin des mercenaires, et, visiblement, mieux disciplinés, ils ne comptaient pas finir étalés sur le pavé, ivres morts.

Son instrument enfin accordé, une somptueuse mélodie se fit entendre, accompagnée par la voix de ténor de l'Albatros :

Dans une pittoresque auberge
J'ai rencontré une belle sirène
Une sublime vierge
Je ferais de toi ma reine

Pour une seule nuit avec toi
Je serai prêt à quitter ma bourgeoise
Puis-je devenir ton roi ?
Oh terrible guerrière Skelligeoise

Puis-tu accepter ma requête
Contre monts et merveilles
Je me fais pour toi poète
N'ai crainte je n'ai pas mon pareil

La la la la la la la la la la la
La la la la la la la la la la la
Dum dum dum dum dum dum dum dum dum dum dum
Dum dum dum dum dum dum dum dum dum dum dum

Dans une pittoresque auberge
J'ai rencontré une belle sirène
Oh sublime vierge
Je ferais de toi ma reine

Pour une seule nuit avec toi
Je serai prêt à quitter ma bourgeoise
Puis-je devenir ton roi ?
Oh terrible guerrière Skelligeoise

Puis-tu accepter ma requête
Contre monts et merveilles
Je me fais pour toi poète
N'ai crainte je n'ai pas mon pareil

Roddin accompagner Lynos avec un grand sourire, frappant la table du plat de sa main en rythme. Quand la musique prit fin il hurlera en levant sa choppe :

- POUR BRASHEN LE KRAKEN !!!

Avant de s'enfiler sa bière tout en ne quittant pas le petit animal de cirque des yeux.

Si Roddin était enthousiaste, les autres mercenaires étaient littéralement fous, chantant avec Brashen, et hurlant la maxime bien trouvée de Roddin, donnant au lieu une ferveur nouvelle, la chaleur était survoltée, le sol et les murs tremblaient, et les tympans agonisaient avec plaisir.

- POUR BRASHEN LE KRAKEN!!! POUR BRASHEN LE KRAKEN!!! POUR BRASHEN LE KRAKEN!!!

Plusieurs pintes furent enfilées, les mercenaires se levant et ramenant la grosse femme devant Brashen, lui forçant un peu la main, puis firent un cercle autour des deux tourtereaux, et se mirent à courir et danser en cercle et à grimper sur les tables, totalement arrachés.

- WOHÉ WOHÉ WOHÉ, LE PTIT BRASHEN IL VA RAMONER!!! WOHÉ WOHÉ WOHÉ, LE PTIT BRASHEN IL VA RAMONER!!!!

- EH TU PARTAGES BRASHEN? gueula un des moussaillons perché sur une chaise hissée sur une table, avant de s’effondrer sur la foule et se faire porter par celle-ci en hurlant de rire, enivré par la bière Skelligeoise.

Tout ça se passait sous les yeux de la demi douzaine de locaux sceptiques, qui observaient la scène d’un très mauvais œil, et de marins de la hourque, semblant fort importunés.

La grosse blonde déglutit, quelque peu gênée, ne sachant pas où regarder, entourée d’hommes bourrés, face à face à un godelureau fort impertinent, osant tout.

Le jeune homme balaya l'un de ses grossiers camarades avant de balancer une torgnole à un autre.

-Un peu de respect les gars quand on parle à une dame ! Le prochain qui ose mettre ma sirène mal à l'aise il va pouvoir jouer aux osselets avec ses dents, compris ? les menaça-t-il.

Il se retourna vers l'aubergiste, aussitôt sa leçon de morale terminée, attrapa délicatement la grossière poigne de la tenancière et lui fit un baisemain des plus galants.

-Douce Skelligeoise veuillez pardonner l'offense que vous ont faite ces barbares, comment pourrais-je me faire pardonner ?

Un vacarme assourdissant, ne rien entendre par les bruits couvraient les pensées de Kamile qui n'avait pas encore trouvé d'arme adéquat. Le nuage passa l'œil concentré sur les marins bourrés pour trouver une cible armée. Le mousse hissé sur sa chaise et sur sa table là, n'avait-il pas d'arsenal reluisant et passe partout ?
C'était pas de la manière dont Brashen occupait l'espace avec ses manières spéciales de remercier ses partisans !

Le bleu se pencha vers les importunés l'air complice avec eux, Son œil brillait mais pas de la fièvre de l'ivresse. Et l'autre surveilla Brashen.

- Et psst, le Brashen offre une tournée générale pour que vous entriez en jeu un peu, il est un peu tendu le pauvre, ça ce voit.. Vous qui êtes locaux, ça influencerez bien la dame dans son choix..

Solide, sans alcool, Kamile se leva de sa place en passant entre les hivrognes pour se pencher vers le bar et remplir sa flasque.

Son camarade n'ayant pas accepté la correction, il essaya maladroitement de lui rendre la pareille. Ne cherchant pas à blesser un membre de l''équipage, Brashen esquiva l'assaut avec adresse et fit une clef de bras à l'idiot.

-Ecoute-moi attentivement, je t'aime bien mais essaye de ne bouger même qu'un seul cil et ton surnom ce sera Jo le manchot, c'est compris ? Tu es cent fois trop gras et lent pour te mesurer à moi, pour cette fois je laisse passer ton manque de bonnes manières car je veux juste m'amuser avec vous les gars. Par contre la prochaine fois tu répondras de ton insolence devant le captaine t'en pense quoi l'ami ? Maintenant vous allez retourner vous amuser en respectant nos hôtes, la prochaine tournée et pour moi les gars !

Roddin se délectera de ce magnifique spectacle, mais il ne perdait pas pour autant le sens des priorités, il se penchera vers la serveuse et lui susurrera, sur que celle-ci allait apprécier sa nouvelle :

- C'est bien sa tournée, servez moi votre meilleurs bière, par meilleur j'entends bien naturellement la plus chère, c'est sur son ardoise.

Terminera t'il avec un sourire enjôleur avant de se retourner vers Brashen entrain de démontrer sa "supériorité" au pirate... un jolie spectacle. Il se mettra à crier en lançant un sort de boule disco (lumnis revisité à sa façon pour impressionner ses anciens amis, un sort pour briller en société et surtout pour illuminer une taverne puisque celui ci constituait à envoyer une boule de lumière changeant perpétuellement de couleur et lançant des rayons lumineux autour d'elle au fur et à mesure des rotations :

- VOUS AVEZ ENTENDU ! C'EST LA TOURNEE DE BRAAAAAAAAAASSSSSSHEN NOTRE KRAKEN !!! PROFITEZ-EN MES AMIS !

Brashen esquiva aisément l’attaque maladroite du bougre, mais ce dernier était lui aussi assez agile, et, après avoir esquivé l’attaque de Brashen, l’arraché se lance sur Brashen pour le plaquer contre la table avant de le rouer de coups.

- ALLER JO TU VAS GAGNER!!!

- ALLER BRASHEN DÉMONTE LE!!!

Quant à Kamilė, il pensa peut-être trop tard qu’il ne parlait sûrement pas le dialecte local, et, ses paroles virent pour seule réponse une choppe de bière s’éclater sur son front, lui arrachant un cri aïgu, du sang commençant à troubler sa vision. Les mercenaires commencèrent à huer les locaux, certains tirant leurs armes, hurlant.

- OH TAFQUOI LÀ???

- T’EXCUSES HEIN!!!

Insultes incomprises par les locaux, qui, cependant comprenaient bien l’énervement. Les six hommes se levèrent, et s’armèrent de chaises, alors que face à tout ce bordel, l’autre groupe de marins prit la décision de décamper, sans même finir leur repas. La tenancière, paniquée, se mit à hurler, étonamment assez fort pour se faire entendre.

- Z’ARRÊTEZ DVOS BATTRE OU ON VBOTTE LE CUL!!!!

Elle s’adressera ensuite à ses compatriotes dans une langue incompréhensible.

Brashen commençait à en avoir plein le cul, d'abord Lisa qui le manipulait puis montait Askeladd contre lui, puis le Doc qui lui volait le fruit de son labeur, et maintenant des petits marins de rien du tout qui lui cherchaient des noises ? C'était trop pour lui et il entra en mode Berserker, rouant de coups le mercenaire qui osait lui tenir tête, en oubliant complètement qu'il ne souhaitait pas le blesser.

Il mettra en oeuvre toute son expérience du combat ainsi que son habileté légendaire pour esquiver, parer, puis frapper avec force et précision les points vitaux de l'effronté, sans pour autant chercher à le tuer..

Bordel de Brashen !!! En réponse à ses paroles qui n'étaient même pas sur un ton injurieux, le sang coulait de son front et la choppe se trouva à ses pieds ! Les mains sur le visage, Kamilė accouru derrière le bar en pissant le sang !!!

La surprise et la douleur fut tel qu'aucun son ne sortit de sa bouche ormi ce cris aigu. Avec une main tremblante, Kamilė chercha un tissus à l'arrière du comptoir pour s'essuyer le front. Quand bien même ce serait celui imbibé d'alcool pour nettoyer, ça cicatriserait un peu au moins et ça absorberait !

Voyait maintenant trouble comme après une bonne cuite, l'élégant fit tout pour préserver mieux ses cheveux aussi, les dégageant de son visage en essuyant le sang avec sa manche si rien ne venait.

Puis, si sa vue lui permettait de repérer le doc après, avec sa voix et son retrait peut être proche, Kamilė se dirigera vers lui en mettant en évidence le sang, nauséeux.

Brashen, habile, maîtrisait son adversaire: une esquive, et un gros uppercut en plein menton envoya valser le bougre. À genoux, il se releva en se saisissant d’une chaise, afin de l’éclater sur la gueule de Brashen et aussi s’en servir comme d’un bouclier.

Les ordres de la tenancières, prononcés d’une voix royale et impétueuse, furent, sans exception, hormis les deux bagarreurs, respectés, et l’odre revint dans l’auberge: cette femme avait du caractère!

- OH CQUOI ÇA HEIN? PAS DBAGARRE OU C’EST DEHORS BANDE DE SALOPARDS!!!

Remontée, elle se dirigea vers Brashen et son rival, prête à leur botter le cul.

Kamilė pourra trouver une sorte de tablier derrière le comptoir, et remarquera aux entrées de la cuisine une paire d’yeux observant la bagarre. Il pourra rejoindre le mage s’il le souhaite.

Voyant son adversaire saisir une chaise, le gabier fit un bond en arrière et, suite aux cris de la sirène il préféra mettre un terme à l'altercation.

-Bon mon gars moi aussi j'ai bien envie de continuer à en découdre mais je crois qu'on fait pas le poids contre la propriétaire. Ça te dirait de remettre ça à plus tard ? Cette fois-ci un vrai duel à mort sous l'autorité d'Askeladd ? lui proposa-t-il.

-Vraiment désolé m'dame, vous savez comment c'est les gars, des fois faut se cogner un peu pour que tout rentre dans l'ordre ! Une ptite chansonnette pour nous faire pardonner ? Jvous laisse choisir le thème.

Une esquive habile, et, alors que le bourré s’apprêtait à repartir à l’assaut, il s’arrêta, hébété. La tenancière fulmina, avant de hurler à la gueule de Brashen, l’aspergeant de postillons.

- TU TFOUS DMÔ GUEULE? DÉGAGEZ OU JVOUS BOTTE LE CUL!!! ET CE SRA 20 FLORINS, MSIEUR C’EST MA TOURNÉE!!

Les mercenaires se mirent à rire, se moquant ouvertement des deux combattants, bégayant face à une simple femme.

- Ahahahaha bah alors Brashen, on aime bien se la prendre par les femmes ahah...

Le bougre se tut en voyant le regard noir de la grosse se poser sur lui. Le petit chauve avec lequel Brashen se battait se mit à sauter sur place, bavant comme un chien fou.

- Viens dhors si t’es un homme! Jvais tbotter le cul! Le premier pr terre il doit donner sa paye à l’autre! Tu m’suis?

- Quelle femme grossière, se vexa Brashen, vous ne saisissez, décidément, rien à l'art ! Je quitte votre misérable tripot sur-le-champ.

Il quitta l'établissement sans un mot et sans un regard pour ses camarades qui riaient à gorge déployée à ses dépens.

Il n'eut pas à patienter bien longtemps avant que l'horrible chauve ne sorte à son tour.

-Toi le nain avant que t'ouvres ta gueule je te préviens tout de suite que notre duel devra attendre le consentement du capitaine. Si je t'égorge là, comme une truie, le patron va me faire passer un sale quart d'heure. A moins que l'idée de te faire humilier devant tout l'équipage te fasse trembler des genoux ? le provoqua le jeune homme.

Kamilė ne s'abaissa finalement pas à demander conseil au doc, avide de calme et d'une toilette. 

Le tablier sanglant fut roulé en boule et caché derrière le comptoir oú le blessé finira de remplir la pense animale du nectar de vie pour se redonner du jus, en toute discrétion pendant les vociférations des uns et des autres.

Ce ventre de Visingsö avait la voix aussi ronde que ces pièces trop alléchante pour les carnivores et répugnant pour le végétarien que le sanglant pouvait percevoir, après avoir perdu son sang. C'est avec cette vision d'effroi que le bonhomme se dirigera vers la sortie, et non vers les paires d'yeux car la gourde du liquide froid sur le front faisait office de calmant. 

Mais passant près du Doc sans doute, de sa voix de sifflet s'extorqua des mots houleux:

- Tu me dois une rapière ou une autre paire pour ta bière.. 

Roddin se tournera vers Karmile avec un grand sourire, soulevant sa choppe au niveau de sa tête :

- Non, je ne te dois rien, mais merci quand même pour la bière. Par contre tu pourras passer dans ma cabine si tu veux que je te soigne ça.

Répondra t'il en tapant sa tête de son index, désignant sa blessure, et plus qui sait ?

Plus de choppe, plus maintenant. Son visage se tourna à l'opposé, la choppe levé provoquant.

- Un p'tit soin ça paye pas de mine pour toi, pour moi si.. J'ai la gerbe comme ce que c'que je t'avais dit olé.. Je sais pas laquelle c'est de cabine. Je vais me retrouver devant le capitaine je veux pas risquer de.. Trop d'appuis sur sa bouillote s'echauffant, une grosse grimace. Woh, tu m'accompagnes l'ami ? 

Ça y est, ça parlait-y pas comme un marin dès fois chez le blanc et rosé au bec ?

Roddin se penchera sur la tête de Karmilé, écartant ses mèches blanches. Sa main chaude et légèrement humide parcourue désagréablement sa plaid alors que ses yeux la fixait, brillant comme si on venait de lui présenter un nouveau jouet Il triturera cette blessure, ne faisant pas vraiment cas de la douleur occasionnée chez l'homme aux cheveux neige avant de finalement placer sa pomme dessus et lancer un sort de soin. Mais il serait dommage de s'arrêter en si bon chemin, continuant d'admirer le visage légèrement efféminé du jeune homme il détruira l'eumélanine et la phéomélanine contenue dans les follicules pileux de ses cheveux situées autour de la blessure, offrant ainsi à son patient du jour la teinte qu'il cultivait au quotidien avant tant de difficulté. Bien sur il ne dira pas un mot de cela à ce dernier, il pourra faire ses propres suppositions, après tout il était commun que des cheveux poussent blancs autour d'une blessure. Il fera craquer ses os avant de répondre d'un ton entre le paternaliste et le comique :

- Et voilà plus de petit bobo pour Kamile. Tu as vu je suis un bon docteur. Allez vas y file, moi je reste là j'ai envie de profiter de chaque seconde que peu m'offrir cette douce terre ferme.

Kamile croyait avoir bien indiqué l'extérieur de la taverne et surtout le port où la Siffleuse mais dans les choux, rien n'était moins sûr. Lorsque la main désagréablement bourrue toucha sa blessure, la gourde alcoolisée fut pressée contre son estomac où un peu de l'eau de vie de l'endroit fut projeté hors et son manteau où son nez capta l'arôme de trop parmi ceux que son corps portait, d'une nausée très forte.

- Eh là, 'comptez pas m'assommer avec votre..

La magie soignante rentra dans sa tête comme la douleur assourdissante de la choppe. Végétant, ses yeux étaient las et fixèrent un instant un bouton sur l'habit du médecin. Le temps que tout s'apaise, les craquement osseux levèrent le charme et la recrue se redressa tout en posant une main sur son front afin d'y essuyer la sueur éminante du roux mêlé au peu de son liquide grenat et aussi pour vérifier que sa tête n'avaient plus rien. La fin de ce chemin fut ses cheveux. Inconsciemment, ils furent encore gominés à l'arrière. Apporté par le gant, la chevelure blanchâtre fut légèrement alcoolisée où les résidus de son sang soluble et crasseux retintait le tout.

- Si fait.

Le jeune homme se détourna du médecin sans plus de cérémonie en buvant l'alcool de sa gourde oppressée, empestant bien comme les autres l'emprunte des tavernes et surtout celle de l'auberge Visingsö.