Auberge de Visingsö

Kamilë tournera en rond en buvant encore un peu pour faire passer un certain malaise. Ses doigts récupéraient des particules blanchâtres qu'il oubliait bien vite. D'une démarche assez digne, son corps se rendra au bar après un temps, où Roddin prenait de l'alcool. C'était l'endroit le plus sûr de la taverne, si près des cuisines bien que l'odeur l'écoeurait. Mais maintenant, il ne sentait plus rien que la liqueur qui coulait contre sa trachée et une invention germant dans sa tête raffistolée.

- Une plume pour l'Albatros ! Siffla le penseur en tâtant ses poches,s'y perdant sous tant de couches de laine de chaleur alcoolisante.

Un bout de craie sortit de son sein et un calpin au papier terne et ambré.

- Hé, tes boutons là, c'est de l'orfèvre, tu peux te tourner doc que je le marque ? Manda le jeune en glissant à ses côtés.

Il commença à faire un sorte de rectangle en y mettant des striures comme du bois. Au bout, commençait à se former un rond, comme les boutons.

L'homme qui était entrain de s'enfiler son shooter d'alcool, de quoi le rendre plus guilleret quand il devra reprendre la mer. Il fut interrompu dans la contemplation de son verre qui était déjà vide par une requête assez inhabituelle, elle ressemblait un peu à celle d'un voleur de bas étages voulant voler les boutons en or d'une petite bourgeoise que ce que pouvait demander un mercenaire mais ainsi soit il. Il se retournera et demandera en tapant son verre dorénavant vide sur le comptoir, son foie devait être dans un sale état, à moins qu'il est découvert le secret de la lutte contre la gueule de bois et de la lutte pour une bonne digestion de l'alcool ? Ses vomis récurant semblaient pourtant indiquer le contraire :

- Tu veux faire quoi à mes boutons toi ?

Pendant qu'il se tournait, Kamile remplit le verre vide du doc avec son baril portatif dans un geste de camaraderie complice. L'élancé souria et leva sa main en signe d'arrêt. Parfait, son portrait était en face, prêt à se faire immortaliser. Enfin, surtout ses boutons dorés.

- Leur beautés pour ma propre futur rapière que je vais moi même construire. Il me faut un motif qui fouette comme l'alcool.

Alors, de sa craie grossièrement taillée au verre, Kamile dessina le motif et ne s'approcha pas, comme si ses yeux étaient ceux d'un sorceleur. C'était pourtant dur avec l'alcool, et sa tête se pencha légèrement vers la manchette du doc.

Peut être un peu pompette, sa main pouvait difficilement tracer avec précision si son regard ne suivait pas. En effet, à tordre son cou en avant, il exposait celui ci et pourrait tomber de son escabeai par mégarde ? Ben plus fin, il se redresse et fini de graver avec la craie le motif, en amenant négligemment une mèche a la racine pure et blanche derrière son oreille et plaqué comme les autres.

Par la suite, il finira de tracer ce qui semblait être un manche puis commencera à faire une courbe vers l'arrière pour épouser à quelques centimètres la base, le bois. Non satisfait de l'aspect courbé, sa langue humecta son index qui effaça la craie tout juste déposée comme faire ce peu.

- Vos boutons de manchettes viennent des suites d'une affaire bien menée ? 


Histoire de parler pendant le dessin, ce sera juste une lame droite qui sera représentée. Un couteau avec au bout du manche un bouton. Ça n'alla pas plus loin et pourtant son cerveau se promettait déjà, gardant le projet secret.

- Pourquoi avez vous choisi une rapiere alors que le sous capitaine à par exemple choisis d'être dans les clous de.. l'aspect pirate que nous pourrions donner ?

Roddin continuera donc son posing pour l'artiste du dimanche, il n'était pas quelqu'un d'habitué à de tel exercice mais ça ne lui déplaisait pas pour autant d'être pris pour model. Il répondra au jeune homme:

- On peut dire ça comme ça.

Le manteau était vieux, élimé par les embruns de la mer et le temps, pourtant il continuait à le porter comme héritage d'un temps où il n'avait pas à travailler, pas à se soucier de ce que le lendemain allait lui offrir. Il refit machinalement son col avant de reprendre plus distrait, commandant un autre verre à la tavernière :

- Nous ne cherchons pas à nous donner un aspect pirate, nous sommes des mercenaires. Et pour ce qui est de la rapière, disons que c'est une arme légère et que j'avais quelques notions dans son maniement, donc j'ai préféré la conserver.

entendant le joyeux bordel à l'extérieur de la taverne le mage curieux s'adressera à kamile :

- attends il y a moyen qu'on se fende la poire dehors, on poursuivra ça plus tard.

il se dirigera vers la sortie de la taverne

- Vous ne cherchez pas c'est un fait, nous sommes les meilleurs d'entre eux, pourtant l'second aiguisait sa massue cloutée, qu'ça renvoie un peu à la barbarie des pirates n'est-il paûs ? Avant que notre épopée ne commence, les marins passaient pour tel, pas uniquement par l'aspect décrépi de certains: je suppose que vous comprenez. Du pouce secoué de droite à gauche, le jeune indiqua les bas de la tenancière avec un sourire carnassier.

Malgré le fait qu'une certaine dose d'alcoolémie circulait dans son corps; la curiosité n'allait pas plus loin et avait au moins réussi à garder captif un temps le modèle, du moins ses boutons le temps nécessaire avant qu'il soit attiré au dehors, aux bruits.

- Si ça concerne Brashen, c'est du déjà vu.

Aussi dit, aussitôt debout et le calpin et la craie dans les plis de son habit lagon, le pas ferme dirigé vers le bruit à la suite du doc, dehors.