Re: Une taverne proche du port principal

Le barman ne fait pas attention à Amralt, il y a trop de monde ici, c'est lui qui va devoir aller le voir. S'il le fait, il lui versera ce qu'il veut, puis répondra un peu interloqué :

- Des vampires, des monstres ? T'es un ptit con ou un sorceleur, rahahaha !?

Ou les deux. Les sorceleurs savaient où chercher leurs monstres. Il attend une réponse avant d'enchaîner.

Amralt qui n'avait pas l'air amusé répondra avec la même tête qu'il avait sur sa photo de profil.

- Un sorceleur.

Il boit à nouveau cul sec ce qui lui a été servit et reprends

- Alors ? Tu peux répondre à ma question non ?

Le barman bien que costaud, eut un frisson dans la nuque. Bzzz. Et c'était pas parce qu'Amralt était beau.

- Il y a beaucoup de choses à gérer, dans la plus grande ville du monde mon brave sorceleur. On n'a pas fini de récolter toutes les informations et rumeurs. Si tu veux casser du monstres, y a les panneaux d'affichages, et les bandits y sont inscrits aussi sur certains. Va voir la garde de la ville si tu veux aider à chopper les criminels, ça fait parfois gagner bien plus que les monstres il paraît.

Il se gratte le crâne et fait :

- Si j'peux te donner un conseil, c'est de pas braver la mer, elle est peu clémente ces derniers mois, et plusieurs navires ont disparus sans jamais revenir.

Le barman qui pouvait voir le médaillon loup d'amralt assez aisément avait réussit à le faire sourire, voilà enfin ce qu'il était venu chercher !

- Merci du conseil l'ami, mais dis m'en un peu plus sur ces navires qui disparaissent, ne penses tu pas que ce sont simplement des pirates ?

Même si le principe d'un navire qui disparaissait c'était qu'il ne reste aucune trace de l'équipage et donc par conséquent aucune information, c'était décidé, il irait au port juste après, histoire de partir à la pêche aux informations ha ha

- Et ce sont très sûrement des pirates oui. Mais pas n'importe quels pirates mon ami... Tu as déjà entendu parler de barbe noire ?...

Sa voix frétillait rien qu'en prononçant ce nom.

- Barbe noir ?! C'est quoi ce nom sérieusement

S'exclamera-t-il, amusé

- Vois-tu c'est la première fois que j'arpente le monde exterieur depuis 10 ans donc non...

- Cela explique certaines choses... Mais c'est un nom très connu des marins, mon ami. Et eux, ça les fait pas rire, du tout.

Il secoue la tête, avec une forme de dépit au visage.

- Hmm très bien, je crois que j'ai enfin trouvé un adversaire à ma hauteur

Dit il en se levant

- Merci l'ami ! Si je le trouve j'essaierais de t'en ramener un souvenir que tu pourras acroccher sur le mur ! T'as une préférence ? Sa tête par exemple ?

Il éclate de rire.

- Tu ferais mieux de rapporter la tête aux autorités, c'est un sacré pactole qu'elle vaut, rahahaha ! Ceci dit, y a plus de chances que je ne te recroise jamais si tu prends part à une telle chasse !!

- Et bien je garderai la tête et te donnerai le reste

Dira-t-il de bonne humeur

- A la prochaine papi

Si on ne l'interpelle pas il s'en ira sans faire plus de vagues

- Rahahahaha, on fait comme ça !

Le tavernier le laisse partir.

Un endroit ordinaire pour une activité qui ne l'était pas moins. C'était à une table quelconque, une sorceleuse ô combien banale rédigeait dans un français peu évolué une lettre. On voyait à ses cernes et à ses traits tirés que cette missive lui donnait du fil à retordre. La plume dans sa main, elle valsait dans les airs à certains moments, sa main se détachant de la feuille, ne désirant plus puiser dans l'inspiration maigre qu'elle possédait. Quant à la place qu'elle avait choisi, elle était quelque peu surprenante. Pour ceux connaissant la Pianienne, ils pouvaient s'interroger de pourquoi cette table en plein milieu de la taverne, et non celle près des murs, à l'abri des regards. Tout simplement parce-que cette dernière avait déjà été prise lorsque Carmia parût dans ce bistrot.
Elle eût appris des erreurs de Loredo, et ne fera pas trop de vagues et ne portera pas trop l'attention sur sa personne ; la quiétude était une chose qui lui avait manqué. Après tout, en ayant écumé tant d'événements despotiques, la demoiselle avait besoin de souffler, mais surtout de s'occuper l'esprit... Alternant entre sa choppe et son papier tâché d'encre, Carmia n'eût depuis bientôt une semaine adressé la parole à personne.

Deux hommes étaient à une table non loin d'elle en train de se bourrer la gueule, des soldats en permission selon toute vraisemblance.

- Quand je pense que les deux autres ont préféré rester avec l'adjudant chef !

L'autre se gaussa.

- Je crois qu'ils ont pour projet de se balader en civil pour chopper du malfrat. Il rigole pas l'adjudant Herewen !

- Faudrait peut être qu'il se repose un peu non ? Il est toujours à battre la campagne pour venir en renfort des gardes dépassés, ou plutôt les types incapables de mettre la main sur des mecs recherchés l'appellent toujours lui.

- Il est sorti major de sa promotion à l'école militaire, tu m'étonnes que ces nigauds veulent un renfort tel que lui. Pis ca lui fera une belle carrière va. Même si c'est un sorceleur il pourrait finir officier d'ici 3-4 ans s'il continue comme ca. Tu penses qu'il est carriériste d'ailleurs ? Ou bien juste dévoué à l'Empire ?

- Je pense que c'est un peu des deux pour rien te cacher.

Ils continuaient ainsi à parler de leur supérieur, Carmia les entendait très bien.

Il n'y avait donc aucun doute sur la véracité de ces faits oraux ; elle avait l'ouïe fine, l'écoute parfaite, une place de choix pour capter les moindres informations, et ces dernières étaient révélatrices.. Un même prénom, cela pouvait arriver, il n'était pas si commun, cependant cela pouvait être une hypothèse exploitable. Mais que la personne portant son prénom ait la même fonction que lui, les mêmes ambitions et le même tempérament ; cela faisait beaucoup, pour ne pas dire que c'était évident. Néanmoins, cela ne changeait rien sur son côté sceptique ; une syllabe avait pu s'emmêler à une autre, et créer une illusion. Quand bien même, la Pianienne ignorait l'endroit exact où il errait. Pour toutes ces raisons, elle fera mine de s'étirer pour se pencher un peu plus vers la conversation, et en capter la suite.

- Les autres t'ont dit ou ils allaient au cas ou ?

- Ils traînent au Lacis apparemment.

- Ils ont pas peur.

- T'as déjà vu l'adjudant chef avoir peur de quelque chose ? Je suis sûr que ce type a un plan au cas ou la Mort en personne viendrait devant nous pendant qu'on est en mission.

- J'ai entendu dire qu'il avait sauvé la vie d'un des héros de Seig Lyn.

- Tu sais ca d'ou ?

- Un mec qui était en garnison là bas me l'a dit. Le type a sauté d'une palissade et l'adjudant à utilisé une de ses bombes là.

- Quand je te dis qu'il a toujours une carte dans sa manche.

Sans même prendre une seconde pour se poser les bonnes questions - elle s'en posait déjà tout le temps, une trêve ça ne faisait pas de mal.. -, la sorceleuse se redressa instantanément à la fin de cette discussion, comme si elle avait été frappé par une épiphanie. Cela était-il raisonnable ? Elle ne s'était même pas interrogée là-dessus. Sans crier gare, sans toucher plus à sa consommation, sans respecter cette missive importante, la sorceleuse sortie des lieux, et se dirigera vers le Lacis.

Il y avait parmi les badauds arpentant hagards, sans doute le fruit d'une consommation aiguë de boisson au goût de pisse de rat dans l'une des tavernes miteuses que l'on trouvait en bordure de quai, les pontons du port de Novigrad un Homme qui s'en démarquait pourtant. Le ciel grisâtre et menaçant de quelques orages potentiels à venir ne semblait nullement l'effrayer, tout comme ses comparses d'ailleurs. Certains meulaient leur tripes par dessus bord, quand d'autres raides morts s'amoncelaient à même le bois pourris par l'érosion et les embruns marins. Des femmes de petite vertus à la recherche de quelques piécettes cherchaient désespérément un client encore capable de tenir debout plus d'une dizaine de secondes mais jamais ne s'approchaient des ballots tirés et striés par du fil pour retenir quelques marchandises en partance pour une autre ville lointaine de l'Empire. Le seul Homme lucide à des kilomètres à la ronde avait élu "domicile" temporaire sur ce perchoir et scrutait la mer au loin sa main droite posée sur son front pour protéger ses yeux des vents marins chargés en sel et de la houle qui parfois l'éclaboussait. Oh oui il était différent à bien des égards, de la populace de ce quartier, et sans doute était-ce la seule tâche d'ombre à cette journée des plus normales aux quais de Novigrad. Une capuche de tissu noir masquait son visage mais pas l'étrange collier argenté avec lequel Kantz jouait de sa main libre. Les flux d'éther qu'il écoutait dans l'autre monde sonnait malheureusement creux et ce n'était somme toute pas aujourd'hui que quelque chose se manifesterait. Alors, avec un dernier soupir lui montant à la bouche, il s'apprêtait déjà à descendre de son bastingage et quitter le port pour rejoindre le centre ville, un peu plus civilisé, comme maintenant une semaine presque.

L'amoncellement des gens, le mouvement constant de la cohue, la jeune sorceleuse s'y était faite à la longue. Voilà bientôt un an qu'elle séjournait dans les parages. Non pas que la bourgade et ses infrastructures lui plaisaient - au contraire, ils lui rappelaient les tragiques évènements qu'elle avait surmonté pour l'armée Nilfgaardienne - mais Novigrad regorgeait de contrats en tout genre, qui permettaient de vivre convenablement. Lorsqu'elle demeurait plus jeune, elle rêvait d'émancipation, d'aventures, d'explorer de multiples contrées. Aujourd'hui la routine l'avait rattrapée, et la retenait à des rituels bien néfastes pour sa santé - comme embrasser l'ivresse dans de nombreux bars et tavernes.. - On pourrait même dire que ces endroits grouillant d'ivrognes étaient la seule chose qui la retenait dans cette cité. Voilà plus de trois heures qu'elle enchaînait les pubs, et la rouquine ne comptait pas s'arrêter là, elle tenait à tester tous les spiritueux de la ville avant l'aube, une entreprise insensée.. Pourtant, bien que son objectif soit inatteignable, la mutante comptait bien l'atteindre, mais ça, c'était avant de croiser la route d'un mystérieux inconnu. Ce dernier était encapuchonné, comme beaucoup ici, il pouvait aisément passer inaperçu. Néanmoins, un autre élément trahira sa discrétion ; un pendentif lourd symboliquement. Inconnu au bataillon pour la plèbe, il était reconnaissable uniquement par ses détenteurs, et Carmia n'eût aucun mal à le reconnaître.
D'un pas à la fois frivole mais lourd - due au poids de l'alcool sur ses membres - elle s'approchera de cet individu dont elle ignorait l'identité, pour le dévisager, d'un air sarcastique mais amical ;

- " Un concurrent dans les parages ! Putain c'est bien ma veine ça.. Moi qui croyais pouvoir garder tous ces contrats pour moi "

Son collier de sorceleuse était bien en évidence.

Les jambes prêtes à descendre de leur perchoir, les deux bras en appuis sur l'un des ballots de lins, Kantz venaient de prendre son élan avant de s'interrompre aussi subitement qu'un de ses camarades d'apparaître. Le collier, signe distinctif de leur race au commun des mortels, était revenu à la base de sa nuque mais toujours visible. Longtemps l'adolescent -qui avait tout de même grandi depuis leur entrée sur la Voie- toisa Carmia ne sachant trop comment réagir en face de cela. Il fallait le dire et l'apprenti mage était bien le premier à le reconnaître, sa subite comparse venait de le surprendre. Une mauvaise chose ? Pas forcément, mais le natif de Dûn Dare n'avait su ou pu jusqu'à alors sentir son approche, même dans son monde éthéré, un manque d'attention et ou de concentration certain. Dubitatif, il grimaça à cette pensée, son professeur ne devrait nullement savoir ce qu'il venait d'arriver à cet instant.

-"Ne t'inquiètes pas Carmia, je ne suis nullement ici pour te faire concurrence."

Conscient aussi que sa capuche pourrait gêner la pianienne dans son exercice de reconnaissance après ces politesses du moins complices, le sorceleur l'abaissa dévoilant un visage juvénile et qui n'avait pas foncièrement changer par rapport aux années antérieurs, du moins si Carmia se souvenait encore de lui.

-"Combien de temps déjà depuis ce jour là ... ?"

Une introduction ... des plus banales, mais n'ayant jamais été un spécialiste des relations sociales, il ne fallait pas y attendre quelque chose de grandiloquent venant de lui.