Cuisines de la Fosse

Après des jours de captivité sans recevoir des portions de nourritures convenables, arriver dans un tel lieu c'était de la provocation ! Si l'encapuchonné n'avait guère était là à surveiller ses moindres faits et gestes, Carmia se serait déjà délectée de la plupart des mets que l'on pouvait trouver ici. Les miasmes culinaires lui donnaient l'eau à la bouche, mais son intuition lui soufflait qu'ils n'étaient guère là pour manger.. Elle se retournera vers le Fauve, le regard plongeant dans les fentes du masque :

- " Qu'est-ce qu'on fout là ? "

Ils débarquerons donc par un passage qui les mène directement dans l'arrière Cuisine la ou le "stock" des produits qui ne sont ni l'alcool ni la viande se regroupent principalement dans des étagères et armoires. Le Fauve place sa main droite sur la bouche de Carmia avant même que elle puisse finir proprement sa phrase. Ayant détruit sa torche avant de prendre le passage il à désormais les deux mains libres. Quelques instants après cela une belle femme d'une trentaine d'années , brune et aux yeux d'amande viendra dans l'arrière Cuisine, faisant mine de chercher des choses dans un armoire alors que en réalité elle balade son regard sur les environs..

Le Fauve sortira de sa cachette en faisant signe a Carmia de le suivre. Déposant sa main sur la bouche de la jeune femme au moment ou elle se retourne prête à hurler de surprise l'empêchant donc elle aussi de faire du bruit.

-J'ai dit d'être discret.

Dira t'il d'un ton aussi bas que clair et compréhensible, marquant un certains agacement, bien qu'il regarde la femme difficile de savoir à qui il s'adresse.

La jeune femme reprenant son calme, tourne son regard vers Carmia, prise de surprise visiblement tout autant par sa présence que par l'approche de l'homme.

-Vous êtes une de ses amies?

Demande t'elle naïvement d'un ton bas avec un sourire qui s'efforce la politesse .

Si les circonstances n'avaient guère étaient ardues, la sorceleuse aurait sans doute mordu dans sa main. Peut-être par réflexe, peut-être par vengeance, qui sait... Les intentions de la Pianienne étaient souvent nébuleuses et impossibles à sonder. Ses prunelles en revanche viendront tout de suite traduire la colère que ne pouvait exprimer sa bouche. Puis, alors qu'elle s'apprêtait à faire savoir son exaspération, une troisième personne se joindra à la pièce. Elle était d'une beauté certaine, et singulièrement, c'est ce dernier point qui convaincra la sorceleuse qu'il s'agissait de celle qui allait l'épauler durant sa mission. Suivant le Fauve, elle lui marmonnera, les dents serrées pour souligner son désaccord :

- " T'as jamais dit ça "

La mutante se tournera ensuite vers la jeune femme, lui répondant sans la moindre ironie ou sarcasme :

- " Il a des amis lui ? "

-C'était évident pour toi.

Se contente t'il de répondre avec un dédain presque chaleureux vu son manque de considération en général. Il se concentre ensuite sur la femme , allant droit au but inutile de politesse inutiles dans cette situation.

-Ta l'objet ?

Demande t'il le ton sec, ne voulant pas s'éternisé.

Voyant que sa blague ( ? ) avait fait mouche, la sorceleuse ne tergiversera pas sur la reproche qui lui fit l'ex sorceleur, qu'elle occultera aussitôt au profit de la clé. A quoi servait-elle ? Carmia se le demandait bien, elle ira donc interroger la personne concernée ;

- " Elle sert à quoi ? "

Elle ne souhaitait pas débuter sa mission sans requérir de toutes les informations nécessaires.

-C'est pour votre ami..hum votre partenaire. Se corrige t'elle, n'étant pas certaine si c'était de la très bonne comédie ou une vrai question le coup des"il a des amis", surtout que l'attitude rude  de Carmia fait peur. - Pour que votre partenaire puisse  ouvrir la salle des gardes.

Le Fauve jette un regard froid en direction de la femme mais ne l'empêche pas de dire ce qu"elle viens de dire. Il va dans le vif du sujet ensuite avec un ton rude toujours en murmures , pas question de perdre du temps.

-J'ai besoin que tu t'arrange pour que elle soit prise pour une des jeunes filles des rues qui sont "offertes" au service du chef de cet endroit.   Tu pense que c'est possible ?  Elle me remplacera sur la seconde partie du plan.

La Femme observe l'air confus le Fauve puis la rousse ne sachant que trop dire dans un premier temps, ne comprenant visiblement pas le revirement en question.

-Oui oui c'est possible. Affirme t'elle en regardant particulièrement Carmia l'air presque désolé pour elle, mais après tout c'est sans doute une habituée des missions dangereuses sans doute. Que veux tu que je fasse exactement ? Demande elle en se frottant le gauche visiblement stressé par le regard de Carmia de qui elle détourne les yeux finalement.

-Arrange toi seulement pour introduire le contenu du sac que elle porte dans la pièce et l'offrir a ma partenaire. Il marque une pause et observe Carmia puis il lui dira d'un ton ferme.
Dans le cas ou c'est impossible il va te falloir désarmer un des gardes et agir de toi même d'ici la en attendant ma venue.

En remarquant l'incertitude et les presque balbutiements de la femme, la sorceleuse crut alors que son stratagème eût fonctionné. Elle laissera un rictus fleurir sur ses lèvres, jusqu'à ce que les paroles de la demoiselle parviennent à ses tympans. Là, son sourire apparent viendra disparaître sous une mine de déception, pour sûr elle venait de déchanter. Et malgré le fait que celle à l'origine de sa perte d'espoir détourne le regard d'elle, Carmia s'acharnera sur cette dernière à travers ses mirettes ocres, elles brûlaient dans un brasier ardent de colère et d'appréhension.
Ce même brasier faillit même d'être éteint par des larmes de stress ; il y avait donc une possibilité que la sacoche et la dague ne parviennent jamais à elle ? La mutante serait donc livrée à elle-même sans arme, démunie donc et dans un environnement austère ? Pas besoin de sonder son esprit et ses pensées pour savoir qu'elles tremblaient :

- " Y'a intérêt à c'qu'elle parvienne à moi "

Maugréa-t-elle à l'encontre de la jeune femme, à qui elle donna sa sacoche.

-Oui. Je vais le faire !

Jure t'elle avec détermination, augmentant son ton de voix plus que voulu ce qui lui vaudra un regard terrifiant du Fauve.


-Je veux que ce bâtard meurt, et je veux voir mon fils libre.. même s'il me faut mourir.

Affirme t'elle au bord des larmes avant de tourner son regard vers Carmia, en voyant l'expression de la jeune fille, quelque chose la prend de doute. Elle jette un regard cherchant des réponses envers la personne du Fauve pendant un instant mais elle se décide finalement a balayer ses incertitudes et s'adresse donc a Carmia.

-Je suis en charger d'apporter les drogues et autres alcools aux fils de putes pendant que il profite de femmes et jeunes filles dans l'estrade avant les combats. J'ai réussi à avoir cette position après bien des années de servitudes, et il me pense docile désormais..

Dira t'elle en baissant les yeux l'air soudainement abattue et tremblante, Carmia remarquera que malgré la fatigue qui se dessine sur son visage c'est en effet une très belle jeune femme, pas difficile de comprendre que des monstres du genre en font usage.

-Ils sont une douzaine de gardes en permanence avec les hommes qui sont présents dans la pièce, en tout ils sont environs une vingtaine. Mais les invités du père n'ont pas le droit d'avoir des armes, seulement les gardes sont armés.

Bon, la femme à déjà offert toutes les informations de premier choix. Visiblement , il se devra donc de mettre au clair les détails qui restent.

-Quand tu entendra le signal, c'est a dire que quand des hommes déboulerons dans la pièce en annonçant une attaque tu saura que il faut agir. Utilise les bombes puis la dague, ou alors improvise. La priorité c'est de tuer le Père n'oublie pas, tu le reconnaitra facilement. Je te rejoindrai rapidement.

D'un point de vue extérieur, les coups de pressions mis sur la jeune femme paraissaient cruels et dérisoires, mais la sorceleuse n'avait en quelques sortes pas le choix. Pour évacuer son surplus de craintes, il lui fallait se trouver un défouloir, un bouc émissaire qui pourrait encaisser sa révulsion sans broncher, quand bien même ce bouc émissaire était profondément mal. D'ailleurs, la mutante n'était pas connue pour ses élans de sympathie et empathie, la condition de la demoiselle ne l'émouvait pas du tout. Indifférente au sort de son fils qui pouvait subir les pires sévices, si elle agissait aujourd'hui, ce n'était pas pour son bon plaisir, mais pour sauver sa peau et gagner l'estime du Fauve afin que celui-ci ne la "relâche". C'était un raisonnement abject et nauséabond, mais c'était là la mentalité de la Pianienne : solitaire à la limite de l'asociale, ses tendances dyscoles - due à son éducation sévère et sorceleuse - ne lui laisseront pas vraiment l'occasion de se lier d'amitié avec des semblables.
La description que lui fit la mère, et ensuite le Fauve, gratifieront Carmia d'une vision peu idyllique de l'environnement qu'elle allait devoir fréquenter. Sans doute que cette mission allait plus affecter sa psychologie qu'elle ne le pensait..  

- " Ouais c'est bon, je sais. J'ferai c'que j'peux "

Son regard, après avoir contemplé brièvement la jeune femme, rencontrera le sol ; les informations, trop lourdes de sens, donneront du plomb dans l'aile à ses prunelles.