Une rue fréquentée

La novice perdit son sourire, et regarda tour à tout Eadwacer et l’homme. Ils ne faisaient que discuter, le garde prenait-il leur parole injurieusement ? N’avaient-ils pas droit de se défendre et d’expliquer leur venue ?

Son bras toucha celui d’Eadwacer. Elle ne répondit rien, songeant que cet envoi en prison allait être levé si elle se taisait.

Elle attrapa sa main. C’était lui, le garde, l’arrogant, lui qui les méprisaient..Eadwacer était coincé, si il discutait avec l’empereur pour être de la garde, si il considérait qu’il devait pour cela être gracié du statut de sorceleur, il serait perçu d’autant plus comme un monstre. Or les monstres font fuir les gens, mais pas la garde, se rendait seule adepte de les chasser pour sauver les citoyens.. Pas, les sorceleurs.. et Violette n’avait sauvé aucun citoyen la dernière fois; elle n’avait pas récupéré la dague pour sauver l’honneur de l’un d’eux.

Voilà qu'il parlait de les enfermer ... Il ne savait pas vraiment de quoi il était capable, comparé à un homme entraîné, mais pas sorceleur.

"Tant pis.", fit-il sans même le saluer, se retournant et s'en allant tranquillement.

Tournant la tête vers Violette, il lui dit, haut et fort, assez pour que l'ingrat l'entendre.

"J'aurais peut-être dû laisser les Haakis se déchaîner sur la ville. J'aurais gardé ma jambe, et qui sait ce que ces sauvages auraient fait à sa femme, ou sa fille..."

"L'ingrat" ne fut pas le seul à entendre les paroles outrancières du jeune sorceleur. Plusieurs personnes se retournèrent vers Eadwacer et Violette, choqués. C'en était d'ailleurs trop pour le vieux garde, qui commença à s'avancer en leur direction, tout en faisant signe à ses camarades plus loin de rappliquer savait-on jamais. Les gens s'écartèrent pour laisser place aux soldats.

- Mon garçon, tu sauras que là où tu as perdu une jambe, mes fils ont perdus la vie, et que même en offrant ta vie, il n'y a que le grand soleil au dessus des lois... Au demeurant... Il n'y a eu parmi les jeunes de Kaer Morhen, que deux héros, et tu n'es pas l'un d'entre eux.

Il remplit ses poumons, et tape le sol avec le bout de son hallebarde, alors que ses pairs entouraient le duo.

- Outrage à gardien de la paix de Seig Lyn, je vous enjoints au nom du seigneur, à verser la somme de 50 florins pour laver votre affront, et ceux au milieu de la hauteville.

S'il ne voulait comprendre de lui même, c'est par l'humiliation que le jeune effronté apprendrait. Il n'était rien, et ne risquait pas de devenir quelqu'un par la sorte.

Violette recula d'un pas effrayée, elle regarda avec peur Eadwacer qui avait prononcé les paroles de trop, blasphématoires.. et le garde. Son cœur cognait fort lorsque d'autre approchèrent. Elle balaya de son regard violacé les personnes de la haute ville qui s'étaient amassés.

Son regard retomba, elle n'arriverait pas à relever la tête pour regarder le garde ou Eadwacer sous ses paroles. Elle eut beau serrer la main d'Eadwacer, l'affront était là, et les autres pouvaient les voir de toute part. Malgré la force qu'elle avait employé dans ses paroles pour parler de ces gens plus puissant, elle n'eu pas le courage de garder sa main dans celle du jeune homme au final.

Sous l'urgence, Violette lâcha alors la main d'Ead pour plonger celle ci dans ses poches en cherchant les florins. Des florins.. qu'elle n'avait pas.

- C'était 50. La demoiselle n'est pas responsable de votre idiotie. Allez, hors de la hauteville désormais.

Ainsi, ils furent sortis des lieux comme des malpropres, détériorant un peu davantage la réputation des sorceleurs à Seig Lyn.

Au bout de quelques secondes une porte s'ouvrira, il fut accueillit par une vieille dame qui lui sourira à pleine dents enfin... avec les dents qui lui restaient :

- C'est pour quoi jeune homme ?

Il prendrait un teint jovial ainsi qu'un ton sympathique face à la vieille femme qui lui faisait face.

"Bonjour, madame. Je suis désolé de vous déranger, mais savez-vous si le propriétaire de cette maison y vit toujours ?", demanda-t-il en pointant la maison de Tayling.

La vieille femme lui répondra avec un sourire désolé :

- Je ne pense pas, ça fait déjà quelque mois qu'il est partie mon petit...vous voulez un gâteau ?

Abandonnant sans le vouloir son masque, son visage montra enfin le mauvais pressentiment qui l'habitait depuis quelques minutes.

"Excusez-moi, je dois partir, merci pour votre aide, madame."

Il se dirigerait alors en courant vers l'Étalon Fringuant.