Une rue fréquentée

C'est un regard noir, plus noir qu'une nuit sans lune qui s'abat sur Salazar. Il sort donc 24 florins de sa bourse et les trois florins qu'il avait reçu pour sa visite en ville et tend le tout aux gardes.

-On peut y aller ?

Il ne répond pas à la promesse de Salazar, son regard voulait tout dire, il avait bien intérêt à tout lui rendre.

Ils récupèrent l'argent, puis font un signe de la tête en direction du bout de la rue.

- En dehors de la hauteville.

Salazar baisse toujours la tête honteux au bord des larmes. Comment avait pu t'il être aussi irresponsable ? Mérite t'il même d'avoir survécu a l'opération qui a fait de lui un sorceleur ?

-Je suis désolé Alban...Je suis désolé..

Il le regarde, désabusé.

-Au moins ça te servira de leçon ... T'as juste intérêt à me rembourser ce que tu me dois, je veux bien payer ton entrée pour une soirée, mais payer pour tes conneries c'est hors de question. C'est pas que je sois radin ou quoi, mais cet argent, j'en ai vraiment besoin.

Sur ce, il partira de son côté, traînant des pieds.

-Je..Je vais tout te payer, je te donnerai tout l'argent que je gagnerai jusqu’à ce que la dette soit payer tu a ma parole.

Il essuie ses larmes d'un revers de manche droite tandis qu’Alban s'en va.

-S'il te plait on peut garder ça entre nous ? Si jamais on l'apprend a la forteresse je serait la risée de tous et la honte de la promotion pendant dieu sait combien de temps.

Demande t'il tandis que Alban part de son côter. Il commence lui aussi d'ailleurs a lentement partir en attendant la réponse de Alban.

Une jeune fleur portait sur cette rue de la haute ville, une vision éthérée. Une méfiance décuplée, celle-ci se trouvait dans une rue ennemie. Sa main était à son épée, respirant par la bouche grandement pour se garder calme. Elle inspectait chaque recoin de peur de voir une manifestation petite et fourbe nommée nain.

Juste à côté, se tenait son amant, bien plus relaxé qu'elle. Contrairement à Violette, il n'avait jamais eu de mésaventures dans cet endroit, et se contentait de la suivre tranquillement, son épée à deux mains dans le dos, dont le pommeau brillait de milles-feux.

- Pourquoi sommes-nous ici déjà ?

Demanda anxieuse l'adolescente en pressant le pas.

"Je cherche quelqu'un, je me disais qu'il serait peut-être ici, vu son statut ...", lui répondit-il calmement.

Il continuait de marcher en regardant autour de lui.

- Qui donc ? Décrit le moi !

Elle partait du principe que c'était un homme mais fixait avec intensité chaque protagonistes haut placés. Depuis leur discussion sur la classe sociale élevée et les rires - même gentillets des damoiseaux et moiselles de leur escapade d'il y a un ans, elle ne les tenait toujours pas en haute estime.

"Je cherche le responsables des gens d'armes de la ville. Il doit sûrement être du type à traîner ici, à protéger les riches. Je voudrais ... travailler avec eux, en attendant que tu en aies fini à Kaer Morhen.", lui répondit-il.

Il cherchait donc quelqu'un qui ressemblait à un garde, mais de plus haut standard.

- Oh.. si nous ne trouvons pas ici, il y avait.. des gardes à l'orée de la forêt la dernière fois, vers les murs.

Elle regarda alors avec attention les personnes pour déceler un chef de garde parmi eux, ou, méfiante, elle songeait que les hauts gardes pouvaient l'être aussi et se dissimulaient dans la foule. Violette cherchera tout signe distinctif de les représentants de l'armée chez chaque hommes ou femme, sait-on jamais.

- Protéger les riche.. et bien, il n'y a pas de garde plus richement gradé ici, il semble.

Lança-t-elle à voix basse ironique vers Eadwacer.

"Bon, il n'a pas l'air d'être ici, je vais aller demander à ses subalternes.", se décida-t-il après avoir cherché durant de longues minutes.

S'approchant d'un groupe de gardes qui ... montaient la garde, il leur tendit un regard amical en ouvrant les bras.

"Bonjour, messieurs. Serait-il possible de me dire où je pourrais trouver votre supérieur ?", fit-il sur un ton plus révérencieux que demandé.

- Hmm, bonjour.

Fait le garde isolé de ses compères.

- T'cherches qui exactement, et pourquoi ?

Devinant bien que l'estropié était un sorceleur.

- Bien le bonjour monsieur.

Violette lança un coup d'œil à l'orateur Eadwacer, un petit rictus qui se transforma en rictus poli pour le garde.

"Votre ... supérieur direct, du moins celui qui me permettrait d'intégrer vos rangs. Voyez-vous, je souhaiterais vous aider à défendre cette ville et ses habitants...", lui dit-il poliment. Lui qui avait connu l'existence vulgaire d'orphelin des quartiers pauvres avait perdu ses mimiques et son bagout de prolétaire. Il tourna les yeux vers Violette quand elle salue l'interlocuteur, se demandant si ça présence allait porter problème.

À travers la visière de l'heaume du soldat, Eadwacer peut voir un sourcil se hausser, signe de la circonspection du bonhomme, qui d'ailleurs devient évidente lorsqu'il prend la parole pour répondre.

- C'est pas comme ça que ça marche fiston, c'est avec tes maîtres que tu dois voir.

Une réponse courte mais claire.

Lâchant un léger soupir, le garçon se redressa.

"D'ici un an, je n'aurais plus de maître. Je souhaiterais rester quelques années à Seig Lyn, tout simplement.", expliqua-t-il calmement.

Il hausse les épaules.

- D'ici là, vous aurez le temps de leur expliquer vos projets. Les sorceleurs n'ont pas vocation à être des gardes.

- Maîtres ? Sachez qu'il est haut placé déjà, il est l'associé du forgeron de notre forteresse et manie parfaitement les armes ! Il est déjà maître de son destin.

Compléta la jeune fille, tiquant quand à l'appellation vulgaire de maître.

"Je n'avais pas vocation à être sorceleur, vous savez. J'ai déjà donné ma jambe pour cette ville, je le mérite, non ?", répliqua-t-il, sa frustration grandissant.

- Je vous trouve bien arrogante demoiselle.

D'autant que ce qu'elle clamait était plus risible qu'autre chose... Sans doute pour cela que le garde ne s'offusqua pas vraiment, se contentant d'en rire.

- Tu peux envoyer une lettre à l'Empereur, il te graciera peut-être de ce fardeau.

Répond le garde peu ému, l'Empereur étant effectivement le seul à en avoir le pouvoir. "Maître de son Destin"... un estropié ? Même les plus grands mages de ce monde sont les esclaves de quelque chose, de choses infiniment plus petites que le Destin, alors...

- Comme il vous plaira, mais je vous transmet simplement de manière juste, les compétences de ce jeune homme.

Violette avait une opinion moins vile du garde que lui d’elle. Malgré celui ci qui était méprisant, elle se disait qu’au fond d’eux ils étaient du côté des forgerons, du moins. Pour elle, les armes qu’ils avaient et qui brandissaient leur honneur et gloire était dû aux forgerons, et si l’homme ne portait pas plus d’attention au contenu de ses paroles et qu’il la critiquait elle, c’était qu’il était conscient de cela, et qu’il avait sûrement passé une mauvaise journée pour être acerbe. Sans la technique, leurs dons de forgeur d’armes et dons -pour certains, ils ne pourraient pas se pavaner comme cela.

- Gracier de ce fardeau ?.. N’est-ce pas plutôt un atout que d’être sorceleur et garde ?

À quoi servirait la grâce de l’empereur ? Violette lança un regard d’incompréhension à Eadwacer, tandis que son sang affluait assez rapidement à ses tempes.

"Peut-être que je lui parlerais de la qualité de la garde de Seig Lyn.", fit-il, agacé.

Il ne se sentait pas vraiment maître de son destin, pour être honnête. Mais il ne partageait pas la résignation de son interlocuteur. Il était évident que les années de servitude pour un seigneur n'ayant que peu de considération pour sa personne l'avaient rendu aigri. Ce même seigneur avait employé un incompétent lors de l'attaque des Haakis, c'était dire.

"Je doute qu'un Sorceleur dépourvu de sa condition ne soit différent d'un monstre quelconque, aux yeux de la population.", continua-t-il. Puis, tournant les yeux vers Violette, il ironisa, un peu avec l'intention de l'énerver à son tour :

"Ne t'inquiète pas. Il est sûrement jaloux du fait qu'un jeune éclopé comme moi vaille autant que lui et trois de ses collègues."

- C'est forger des armes, ou garder des portes qu'il veut faire alors, votre ami ?

Demande-t-il à Violette. Puis il se tapote l'heaume, dépité face à l'immaturité de ses interlocuteurs.

- L'humilité vous fait défaut les enfants, mais l'on peut s'arranger pour vous faire gagner cette qualité.

D'un ton indolent, dissimulant mal sa lassitude.

- Garder des portes.

Répondit seulement la fille en lançant un regard furtif sur Ead, qui montrait clairement son agacement.

- Et les monstres sont bien connu pour faire fuir les personnes mal intentionnées.

Répliqua-t-elle pour appuyer l’argument de son conjoint auprès du garde, sans ironie, se montrant humble, satisfaisant peut être l’homme indolent. Elle risqua néanmoins un sourire à la digression du jeune homme qui s’adressait à elle.

- Plait-il ? « On » ?

Questionna la novice en se rapprochant néanmoins de son homologue.

"J'ai une bonne expérience à la forge, mais faire une pause l'espace de quelques années ne me dérangerait pas, voilà tout.", tenta-t-il d'expliquer, même s'il avait compris que ce garde ne céderait pas.

"De toute façon, une fois sorceleur, je trouverais bien quelque chose à faire.", conclut-il.

L'homme en armure se gratte l'arcade sourcilière à travers la visière son heaume, ne comprenant visiblement pas tout.

- "L'on", moi, vous, et quelques jours en prison.

Voilà qui annonçait le ton à ces jeunes irrévérencieux.

- Il n'y a personne dans la garnison qui puisse décider de cela de toutes les façons.

Répond-il tout de même en soupirant, le bougre n'était pas vraiment affecté par l'immaturité de ses jeunes interlocuteurs.

- Oui, comme chasser des monstres pour sauver les citoyens.