La salle de bain

"Qui ... qui est là ?", fit-il, la voix emplie de surprise et d'effroi, dans son plus simple appareil, la main droite parcourant toujours la peau de la jeune fille.

Aux bruits de pas rapide, l'adolescente prit peur, dénudée, celle-ci avait tourné rapidement la tête, au point de se faire un torticolis, pour voir les habits qui volaient. Cependant, sa vue était toujours éthérée, du moins qu'elle croyait. Abasourdie, surprise et assez apeurée, déconnectée de la réalité; la rousse récupéra sa tunique au sol en allant dans un des box, dos au centre de la pièce faisant front à l'angle du mur. Elle s'accroupit pour passer plus inaperçue et batailla maladroitement pour essayer de remettre son habits, l'adrénaline à son paroxysme tout comme l'appréhension d'Eadwacer.

- Il.. il n'y avait personne quand tu es arrivé.. Le château est de nouveau possédé ?! Utilise te.. ta vision éthérée E-Ead !

L'angoisse plus que le malaise, bien que le changement d'ambiance subit se fasse ressentir, la jeune fille sauta en suite en arrière loin du mur, croyant se faire écraser par ceux ci si la magie avait de nouveau prit contrôle de leur forteresse. Son cœur battait fort et ses mains tremblaient.

"Kantz ?! Mais qu'est-ce que ...", s'écran-t-il, sans pouvoir terminer sa phrase. Il s'était en effet rendu compte que sa virilité était plus voyante que d'habitude, provoquant un rougissement de ses joues déjà chauffées par le début de leurs ébats. Portant ses mains à son entrejambe, il tenta de se cacher quelque part, rougissant encore plus de honte.

Réfugiée dans son coin avant même de voir quoi que ce soit. Elle avait bataillé pour remettre sa tunique par dessus son corps, tandis qu’au pieds d’Eadwacer se trouvait son pantalon et son débardeur en laine blanche. Le fait qu’elle ai essayer de maintenir sa vision éthérée inutile était le fruit d’une certaine timidité juvénile, qui de toute façon s’était relâché de soi même, pour s’apaiser.

- Kantz, Kantz.. tout.. tout ceci n’a jamais existé d’a..ccord ? C’était.. invisible.

La fuite était ce qui lui trottait dans la tête. La salle d’eau devant aussi oppressante que le puit et Violette glissa pour aller chercher les vêtements de son amoureux, les lui lançant un peu au hasard d’une main. Dans la foulée, sa main droite ouvrit la porte, ignorant le dénudé proche d’elle, trop stressée. D’un coup d’œil dans le couloir, la jeune fille vérifia s’il n’y avait personne. Quand bien même, les garçons discuteraient entre eux. La cadette rouquine sortira si personne ne lui en empêchait.

Déglutissant de dégout, de peur et de plein d'autres choses mélangeant ses ressentis personnels à l'encontre de ce qu'il venait de voir, Kantz détourna ses yeux de deux autres comparses. D'autant que, lui aussi venait de se retrouver dénudé puisque sortant de ses lavements hygiéniques de la journée. Heureusement par rapport à ses congénères, il avait pu porter instantanément ses affaires devant son intimité bien plus rapidement évitant ainsi un malaise de plus. La porte juste à ses côtés, Violette n'eut pas le temps de l'ouvrir pour partir puisque ce fut Kantz le premier qui le fit, en marchant rapidement, puis peut être en courant en dehors des couloirs, toujours nu donc. Avant de se faire il n'aura pas manqué de lâcher très rapidement presque en mâchant les syllabes.

-Je ... je n' ... n'ai rien vu, faites co ... cmme si je n'avais jamais ... été là.

Finalement Kantz était partit avant elle, elle ferma donc la porte avec son dos, les bras écartés comme tétanisée. Elle entendait une voix fluette et les pas rapide du garçon.. ceci.. faisait l’effet papillon. Ceux qu’elle avait dans le ventre étaient maintenant mal digérés et elle fixait le mur derrière l’oreille d’Eadwacer, la lèvre tremblante, visiblement choquée. Ses joues étaient aussi rouge et elle avait des images en tête qu’elle n’aurait préféré ne pas avoir. En fait, la vision éthérée avait été là aussi pour ça, faire fit de l’apparence.

- Je.. je.. je peux avoir mon pantalon et mon.. haut ?

Ce n'était clairement pas ce qu'il avait imaginé... A présent poisseux de sueur, il s'approcha de la jeune femme, ramassant au passage ses habits, et les lui tendit, n'osant même plus la regarder.

Une fois reculé, il décida de se replacer dans le box de la douche pour cacher son trouble intense ... A haute voix, il s'excusa.

"Violette, je suis désolé. Je pensais qu'on était seuls ..."

Sa main gauchère et tremblante se détacha de la porte pour agripper les textiles froissés et poissant. Avec des mouvements propres à sa latéralité, la fille sautilla pour replacer une jambe, puis l’autre, les emplacements prévus.. Une sensation dégoûtante d’humidité morbide léchait ses jambes rougis par la condensation de l’eau.. ces molécules ne la rendait pas plus vives ou pure, bien que rhabillée. D’ailleurs, elle essora son petit haut en par dessous de sa tunique, laissant plus de place à sa poitrine, palpitante.

Elle fixa ses pieds nus recourbés vers l’intérieur, ouvrant et fermant la bouche.

- C’est la.. c’est la douche des garçons.. et ici on est à Kaer,.. pas.. n’importe où. Cer..taines personnes ont des aptitudes et.. et j’avais oublié.. les dons.. alors..il nous a fixé.. juste là, en étant invisible ! Son index pointa dans toute les directions par à-coups. et maintenant ?

La fillette déglutit, visiblement cantonnée à des consèquences malvenues et toujours plus imprévues..

- Je l’ai rencontré une fois.. il.. donne des claques mentales et il n’est pas commode.. tu crois qu’il va  raconter ? Tu crois.. qu’il m’a reconnu ? Tu crois.. qu’on va être.. puni ?

En détresse, son visage se redressa brusquement en cherchant Eadwacer. Son oreille était pressée contre la porte, de sorte à prendre connaissance de la progression du nudiste dans les couloirs. Avec ça, la jouvencelle se disait que c’était mal ce qu’ils avaient fait ou du moins essayé, parce.. que peut être qu’elle pensait trop à autrui et à la situation dans laquelle elle avait mi Ead et l’épieur qui se connaissaient. Quand elle disait « on », elle se sentait pourtant plus coupable, c’était sa faute. Elle remonta son tissus au niveau de son visage, les larmes aux yeux.

Il ne se priva certes pas de la regarder, malgré la honte. Elle se tortillait, penaude, dans ses vêtements mouillés, tentant de les remettre. Elle dégoulinait, tout comme lui. Dans un autre contexte, la situation aurait pu être risible, mais la honte et l'embarras prenaient trop de place dans la salle et les étouffait, comme une buée trop épaisse, qui cette fois ne passait pas inaperçue.

"On aurait dû voir qu'il était là? Ou au moins l'entendre ... Mais on était occupés à autre chose ...", dit-il, tentant de rationaliser la situation. Il serra le poing gauche.

"Mais pourquoi est-ce qu'il n'a rien dit ? On faisait du bruit, non ? Il voulait peut-être regarder ... Le dégueulasse ...", fit-il, la colère commençant à pointer le bout de son nez dans son esprit embué.

Il serra les dents.

"C'est un petit faiblard, ça ne m'étonnerait pas que ça l'excite de faire ça ... Le détraqué, il a pas intérêt à en parler, sinon je dis tout sur ses penchants, on verra ce qui lui arrivera !", aboya-t-il. Apercevant son regard, il redescendit rapidement, s'approchant d'elle et la prenant aux hanches...

"Voyons, Violette ... Ce n'est pas SI grave ...", fit-il, tentant de la rassurer.

Les dents de l’intruse se serrent, et sa main se déplia pour fendre l’air, comme si elle pensait y trouver un autre être se faisant fantôme. En se serrant contre la porte, il paressait que tout l’air ambiant l’oppressait comme un amas d’êtres invisible voulant la chasser et dont ne pouvait pas mieux exprimer cela qu’en tentant de le repousser avec ce mouvement tranchant.

- J’ai regardé ! J’ai ouvert la porte pour voir s’il y avait âme qui vive. Je.. je ne suis pas moins.. pernicieuse.

Là aussi, c’était un constat raisonné. La jeune fille se détachait du « on », car il lui avait laissé le choix, et le jeu de loi auquel elle avait consentit à participer avait débuté en ouvrant cette porte.

- Du.. bruit ? Une grimace de dégoût se profilait sur son visage et Violette ne voulu pas en savoir plus sur ces dits « penchants »

Quand les mains vinrent se poser sur ses hanches, celle ci, ne se sentant plus à sa place se tortilla pour se retourner, pour faire front à la porte.

- Je veux partir.. je..crois qu’ils sont toujours dans le couloir..

Eadwacer le voyait bien, sa chérie n’était pas tranquille et avait envie de fuir. Elle proposa quelque chose, puisque pour lui ce n’était pas « si grave ».

- Tu peux sortir en premier et monopoliser l’espace pour que je file derrière toi ?..

"Il était dans une des douches ... On ne pouvait pas savoir !", répondit-il. Elle semblait s'en vouloir pour quelque chose dont elle n'était pas fautive ...

"Oui, du bruit ...", fit-il, ne comprenant pas son expression... Il avait beau être plus vieux, il n'était pas non plus très expérimenté en relations, et ne savait pas vraiment comment réagir.

La tendresse qu'il lui avait tendue en la prenant aux hanches avait été rejetée, alors qu'elle partait d'une volonté noble de la rassurer par son contact, ce qui n'était pas la bonne démarche ...

"D'accord, cache-toi derrière fois si tu veux ...", céda-t-il en se dirigeant vers la porte ...

- Merci..

Sa main gauche se posa rapidement sur celle qui aurait voulu se poser sur sa hanche, reculant d’un pas mal assuré mais déterminée pour le laisser sortir, sans plus de cérémonie.

Elle noua aussi ses cheveux d’une main frêle, par un noeud roux et contenu. La native de Toussaint posa par dessus son chandail.