La place principale

Il hausse les épaules.

-Le temps que ça prend dépend des personnes, ça m'a pris deux ans à moi ! Et disons que je me souviendrais toute ma vie de cette soirée.

Il repousse un peu les cheveux qui tombent sur sa tempe pour montrer sa grosse cicatrice à son cadet.

Salazar fait les gros yeux rond l'espace de quelques instants, accompagnant cela d'une bouche ouverte et d'un "ah"

-J'espère ne pas finir défigurer quand j'aurais éveille le miens !

-Dis pas ça ! On m'a dit que ça se voyait presque pas avec les cheveux ! Et puis c'est même pas ma faute si un attardé mental demi nain a décidé ce soir là de me défoncer la gueule à coup d'épée en bois !

Satané Poddrick et sa force surhumaine ...

Salazar cligne plusieurs fois des yeux complètement abasourdi

-Tu m'aurais dit demi-géant et.. Mais demi-nain ? Ils ont une force surhumaine les nains ? Mais sinon t’inquiète pas j'avais même pas remarquer ta cicatrice avant.

Il opine.

-Celui là est certainement l'homme le plus fort que j'ai jamais vu, c'est une vraie machine !

Il s'enfonce dans la rue plus fréquentée, gardant toujours un oeil sur son compère.

Une jeune rouquine avec ses cheveux détachés était penchée sur un chevale imposant, à la robe Isabelle. De cette hauteur, elle dû attraper la selle sur le côté droit pour se retenir en descendant à bâbord. Durant la chute, le médaillon caractéristique de la forteresse de Kaer Morhen s'extirpa de sa poche avant et pendait par une chaîne. Les éclats des minces rayons du soleil faisaient autant rougoyer les rubis du collier que les cheveux écarlate.

- De retour..

Murmura-t-elle d'une voix presque nostalgique en plissant ses iris violettes pour tenter de repérer, encore et toujours, un certain nain.
La jeune fille qui se tenait près de l'encolure de sa monture était habillée tel les hommes environnant par un pantalon. A ses côté se trouvait une épée, et de l'autre se trouvait deux dagues, à peu de choses près.

Ce n'est pas un petit homme au caractère bien trempé que la mutante rencontrera à la merci des ruelles maintes fois fréquentées par les marchands, mais une de ses comparses. La crinière de feu également, bien que celle-ci eût un mal fou à l'admettre de son plein gré. Des chandails rapiécés et un pantalon de piètre qualité faisaient office d'habits pour Carmia, qui n'était pas gênée plus que ça de serpenter entre les échoppes ainsi vêtue. Les cheveux détachés, ceux-ci vacillaient de gauche à droite, masquant de temps à autre son minois austère. Pour couronner cet air et la rendre encore plus fagotée, sa posture faisait l'affaire ; les mains dans les poches, la nuque souhaitant rejoindre le sol, la mine fermée... Celle-ci d'ailleurs changera du tout au tout lorsqu'elle perçu dans son champ de vision une personne qui attira son attention. Une jeune demoiselle à la tignasse flamboyante et pourvue d'un médaillon semblable au sien qui trônait au même moment sur sa poitrine. Avançant à grande enjambée vers cet individu, elle réfléchissait déjà à une phrase d'amorçe pour lancer une discussion avec cette jeune inconnue, et elle ne trouva rien de plus intelligent à dire que ceci :

- " Jolie épée camarade, tu l'as eu où ? "

Stupéfaite, et ne pouvant le cacher, Violette écarta ses grands yeux de même couleur. Ces derniers n'arrivaient guère à quitter la chevelure tintée pareillement quoi que moins exposé. Quand sa comparse l'interloqua, elle resta interdite et béa, idiotement. Un silence passa avant que la voix de la sorceleuse ne monte à son cerveau. D'un air se voulant naturel, sa dextre se leva pour que son pouce pointe hasardeusement l'endroit d'où elle venait et donc: Kaer Morhen.

- La forge..

Se contenta-t-elle de répondre sans regarder plus bas pour remarquer le médaillon. Le soleil tapant bien où les reflets discrets de cette jeune femme pouvaient ressortir.

- Et vous, toi ?

Remarquant la stupeur de sa camarade suite à son imprévisible arrivée, Carmia sentie son égo prendre de l'ampleur. Elle avait tout bonnement l'impression d'être une personnalité tant attendue qu'on avait imploré durant des jours. Ce n'est d'ailleurs pas la seule chose qu'elle décela en elle ; son air badin et naïf la fit jubiler, et soudain une idée germa dans sa caboche. Elle ne put s'empêcher de glousser fébrilement, pensant au méfait dans lequel elle allait entraîner cette élève qui semblait bien polie, bien peignée et très assidue. Mais avant cela, elle préféra d'abord tâter du terrain avec sa nouvelle "protégée" et ainsi définir si oui ou non, ses suppositions quant à son comportement étaient véridiques ou infondées. Sortant sa main droite de sa poche pour venir enlacer de son bras droit la nuque de la jeune rousse, Carmia ajouta :

- " Vous ? Elle est bonne celle-là ! " Un son moqueur vint s'inviter au dialogue " Écoutes moi bien, entre-nous, pas de cérémonie : tutoies moi. "

Elle commença à reprendre la cadence et à emmener la pauvre Violette avec elle.

- " Moi, comme tu peux le voir, j'ai pas d'armes. Par contre avec la tienne, ou plutôt les tiennes, on risque rien, vraiment.... Ça te dit de continuer cette discussion et les présentations dans la ville basse ? J'aime pas cette partie de la cité, y'a trop de passages, et les gens d'ici nous regarde du coin de l'oeil... "

Violette tiqua quand au gloussement de sa comparse, et récupéra son médaillon qui pendait pour l'insérer dans sa poche, y laissant sa main avant qu'elle ne soit prise en étaux par la jeune femme. Elle fit claquer sa mâchoire en fermant sa bouche tout en observant d'un air suspicieux celle qui l'embrassait de la sorte sans qu'elle ne la connaisse.

- Dans ce cas..

Elle tenta de dégager le bras qui s'était resserrer sur elle en sortant son épée de son fourreau pour mettre une distance et baisser sa tête pour sortir de la prise.

- Ne veux-tu pas seulement posséder cette épée ?

Demanda sur ses gardes la jeune fille en mettant entre elles cette arme, si elle avait réussi à se dégager, elle se sera immobilisée.

Revenant de sa soirée ratée, Alban tombe alors sur Violette et Carmia en train de se chamailler pour une raison qui lui est pour le moment inconnue. Son épée pendant le long de son flanc il croise les bras et toise les deux jeunes filles, un peu blasé.

-J'peux savoir pourquoi tu kidnappes cette pauvre jeune fille Carmia ? Vous allez où comme ça ? Causer encore plus d'ennuis que vous ne le devriez ?

Il suit d'un pas tranquille ses deux collègues, l'air complètement détaché.

Finalement, son pronostique sur la prétendue naïveté de Violette s'était révélé faux. Bien plus maligne et à l'affût des coups espiègles, elle allait devoir changer de tactique afin de l'amadouer et l'enliser. Cela n'allait pas être une tâche aisée, mais il fallait qu'elle tente cette technique. Elle allait user d'un coup de bluff à l'encontre de sa cadette qui en cet instant demeurait froide envers sa proposition - ce qui pour une personne normalement constituée était tout à fait normal - :

- " Tu... Tu penses que je souhaite t'extorquer de tes biens ? Moi ? Une camarade faisant partie du même château que toi ? "

Elle prit un air de personnage écrit par un dramaturge, afin de renforcer au mieux la tension qui palpitait entre elles.

- " Je suis vraiment outrée par tes réticences... Je pensais que nous pouvions débuter sur de bonnes bases, je crois m'être trompée... "

Et comme si la situation bien que problématique ne lui suffisait pas, un autre protagoniste venait faire son apparition, et ce n'était pas pour être en sa faveur qu'il était ici.

- " J't'ai sonné toi ? Non, alors au lieu de dire de la merde, dégage et va jouer ailleurs "

La jeune fille tourna son attention vers Alban et ouvrit la bouche comme pour répondre, avant que Carmila ne vienne retenir toute son attention. Ignorant royalement Alban par la suite, elle retient quand même une information qui pourrait calmer l'esprit négatif qui ressortait chez la jeune femme, prenant tout d'abord le soin de bien observer sa tenue et son médaillon.

- Carmia, c'est cela alors ? Il faut bien avouer que je n'ai pourtant pas vu ton médaillon à travers toute cette fourrure, et c'est bien mal habile de ma part mais.. je crois que je suis resté la tête trop longtemps proche du soleil tu vois ? ainsi elle montra le soleil puis Alaban de son pouce - Lui pourrait te le dire, à chaque fois que je viens ici, je trouve le moyen de me perdre.. les seuls ennuis que je subis sont causés par mon sens de la déduction et de l'orientation: ça me fait arriver très en retard en ville. Pour autant..

Un petit rire nerveux s'extirpa de la gorge de Violette qui tendit son épée à Carmia d'un regard complice.

- Je dois bien avouer que tu joue bien la comédie ! C'est comme cela qu'il faut réagir quand on nous prend nos bien, ravie de te connaître, et je te rend ton épée, attention la prochaine fois qu'elle tombe.. et heureusement que j'ai baissé la tête à cause du soleil.

Elle garda la main tendue avec l'épée, soutenant son regard avec un sourire amical.

Il rigole doucement et silencieusement, gardant la bouche fermée. Le jeu d'acteur de Carmia était tout bonnement risible. Il hausse les épaules, au fond, il s'en fiche complètement de tout ce qu'elles racontent, il a juste envie de faire quelque chose. S'il ne peut pas aller se saouler entouré de demoiselles, il ira trucider du monstre ou tabasser du bandit. Il regarde l'échange se faire.

-Non, je ne crois pas que tu m'aies sonné, mais je m'en fiche. Je viens avec vous de toute façon. J'ai aucune idée de ce que vous allez bien pouvoir faire mais visiblement va y avoir un peu d'action. De toute façon t'as pas le choix, si tu me laisses pas venir j'inventerais un truc que je raconterais à Eskel histoire que tu sois punie. Aller, à l'aventure compagnons !

Concernant Salazar, il est plus que probable que celui-ci entende la voix gutturale de Carmia, tant son écho et sa tonalité étaient perçants. Partagée entre le fait de répondre à la rouquine ou au dadais qui venait lui chercher des poux, elle fut saisie par le fin stratagème de Violette, visiblement un mince filet de confiance régnait entre elles, ou bien elle s'était laissée bernée et charmée par ses belles paroles vides de sens et d'honnêteté. Répondant à la demande de la jeune sorceleuse d'un geste de la main, celle-ci plongera dans les rabats de ses habits, en sortant le médaillon tant prisé. Ainsi fait, elle attrapera l'épée que Violette était sensée lui avoir "dérobé", afin de renforcer l'immersion et troubler Alban.

- " Merci, et je suis désolée de m'être énervée pour rien... "

Pivotant le haut de son corps vers le gringalet qui venait chanter sa présence à base de menaces ridicules, elle lui répondit dédaigneusement :

- " C'est ça, cours chialer dans les jupes d'Eskel, les punitions j'en ai rien à foutre. Y'a pas d'aventures ni rien, on souhaite juste discuter entre filles "

Les mains libre, Violette mit ses mains dans ses poches, et se tourna de trois quart vers Alban, lui montrant les dagues jumelles qu'elle portait déjà auparavant, un sourcil en l'air, elle sortit des paroles douces et innocentes.

- Il y a une tour avec un clocher à la forteresse, tu savais qu'il y en avait une ? Moi je ne l'ai remarqué que lorsque le soleil a tapé dessus et m'a ébloui.

Puis elle lança un hochement de tête envers Carmia pour signifier qu'il n'y avait aucun problème.

- C'est que c'est rare à la forteresse.

Il soupire, il n'a pas envie de passer pour un gars chiant et autoritaire. Il regarde Violette un instant. S'il savait de source sûres que Carmia était une garce manipulatrice et menteuse, pour Violette c'était plus compliqué que ça. Il hausse alors les épaules.

-Bon, d'accord. Si y'a aucun problèmes, je m'en vais. Je vous laisse à vos ragots !

Il fera mine de s'en aller mais restera tout de même à bonne distance des deux filles, au cas où, histoire de pouvoir écouter ce qu'elles avaient à dire.

Visiblement, sa détermination n'était pas si coriace, et à son plus grand étonnement Alban avait lâché l'affaire, du moins de son point de vue. En effet, tournant le dos à celui-ci, elle n'avait pas perçu sa présence à quelques pas d'elles, toisant et se délectant des paroles qu'il pouvait attraper à l'envolée. Satisfaite de la concrétisation de son entreprise, elle plaça le glaive sur son épaule droite, évitant bien évidemment de poser le côté tranchant et aiguisé sur sa chair. Laissant un rictus triomphal fleurir sur ses lèvres, elle lui souffla donc avec entrain :

- " Tu vois, je te l'avais dis. Beaucoup d'oreilles indiscrètes et de regards trop insistant ici... Allons ailleurs, dans un endroit plus tranquille et que je connais bien "

Bien était un grand mot, pour tout dire, elle n'avait fréquenté les tréfonds de la cité qu'une fois, et elle avait failli y perdre la vie. Quoiqu'il en soit, si Violette décidait de faire aveuglément confiance à cette jeune fille dont elle ignorait tout, elles se retrouveraient là-bas https://continentem.forumactif.com/t372-les-rues-de-la-ville-basse

Puisque cette inconnue possédait maintenant son épée et ne comptait sans doute pas la lui laisser avant de partir, sachant perfidement que la plus jeune allait la suivre, c'est ce qu'elle fit. Finalement, son entreprise à elle avait réussi se mettre "d'accord" avec la jeune femme, fixant son épée tandis-ce qu'elle marchait, ne pouvant plus faire scandale et récupérer l'arme car il est vrai, il y avait beaucoup trop d'oreilles indiscrètes.

- Je suis..

Poddrick arrivera bien tard au panneau d’affichage, le jeune garçon ayant passé une bonne partie de la journée à flâner, parler un peu avec des gosses dans la rue (non il n’avait pas de gros imperméables et non il n’était pas pédophile) et bien sur boire un petit coup à la taverne. Mais après une matinée bien chargée l’ennuie se faisait ressentir, et la soirée arrivant peut être que des petites attractions seront disponibles à Seig Lyn, ou un contrat à la limite pour se faire quelques piécettes, quelque chose d’exceptionnelle qu’il ne pouvait pas faire dans la prison luxueuse qu’était Kaer Morren.
Le dernier moi qu’il y avait passé avait été long, bien trop long… Il avait eu l’impression que des années s’étaient écoulées pendant ces derniers mois, quoi que puisse être l’origine de cette distorsion temporelle il comptait bien y mettre fin, même si il devait y laisser quelques florins.