Re: Le réfectoire

Le regard las, semblant somnolent, il observe Poddrick sortir de sa ceinture un long couteau de cuisine et le poser devant lui. Daska ne semble pas ému.

”C’est au cuisinier que tu dois donner ça. Pas à moi...”

En effet, s’armer n’était pas chose difficile ici, Daska pouvait en être le premier témoin. Il haussa ensuite les épaules.

”Libre comme l’air.”

Il pris le couteau de cuisine dans sa sénestre et le fit rouler entre ses doigts, distrait.

”Le bonheur peut s’exprimer sous plusieurs formes.”

Il observe alors Alban se diriger vers l’âtre d’un regard ennuyé: quelle connerie il allait encore faire? Il était curieux de le découvrir.

- Le cuisinier le récupèrera quand il voudra.

Répondrait t'il avec un sourire amusé. Cependant quand Saska jouera avec le couteau il ressentira comme une forme de répulsion, il s'était manifestement trop attaché à ce simple couteau qui l'avait accompagné depuis bien longtemps. Sa lâme était pourtant bien émoussé à force d'être projeté contre la palissade du poulailler et la poignée montrait des traces d'usure qui n'échapperont certainement pas à Daska. Ce dernier offrira d'ailleurs à Poddrick une réponse des plus sibyllines à sa question des plus simples, ce qui était loin de lui convenir sans la moindre surprise. Au moins il avait appris que l'homme masqué était heureux, ou tout du moins disait être heureux, ou alors il n'avait rien compris… Il décidera alors de reformuler sa question pour dissiper tout sous entendus, et surtout pour assouvir sa curiosité :

- Et qu'est ce qui te rends heureux ici ? Moi dès que je peux me taille d'ici jpars loin…

Quand il verra Alban se diriger d'un pas pressé vers le feu il s'interrompit de même, le regardant avec curiosité plonger sa main dans les flammes. Il ne put alors s'empêcher de déclarer de manière parfaitement intelligible :

- Mais qu'est ce qu'il fou encore ce con, il veut se brûler ou quoi ?

Le médaillon se réchauffa après quelques minutes sous le feu, d'une manière des plus naturelles.

C'était bien trop normal pour être intéressant ... Il soupire mais laisse tout de même chauffer le médaillon un peu plus longtemps, au cas où. Il répond à Poddrick.

-J'expérimente ! J'ai trouvé un truc dans la forêt, j'essaye de déceler ses mystères.

Normal, pas bien longtemps, puisqu'après quelques minutes au feu, le médaillon se met à vibrer, et Alban est assailli par une sensation de terreur intense et incontrôlée. Le plus terrifiant était sûrement le caractère soudain de la chose, et le fait qu'il n'y ait apparemment aucune raison d'avoir peur. Pourtant, il avait l'impression que quelqu'un en voulait à sa vie, il avait l'impression d'avoir la Mort elle même face à lui, prête à la saisir.

Il ne le remarquera peut être pas, mais les yeux du médaillons s'allument discrètement d'un bleu pâle.

Daska remarquera aisément l’air de répulsion de Poddrick lorsqu’il se saisit du couteau, et remarqua évidemment l’usure de la lame et du manche. Il tendit le couteau à Poddrick.

”Il ne voudra pas d’un couteau aussi usé tu sais...”

C’était sûrement son arme fétiche ou une sorte de grigri pour le nain selon Daska, et puis, des couteaux, il y en avait plein. Des couteaux que l’on aime, moins.

La réponse qu’avait donné Daska n’était ni farfelue ni profonde: un simple fait. Il existait des larmes de joie, des cris de joie... On célébrait la joie, on la recherchait ou on la haïssait. Nous ne sommes pas simplement joyeux, il y a quelque chose de plus, propre à l’humain. Mais ça, Poddrick n’y songeait sûrement pas.

”Partir où?”

Il fit ensuite un geste de la main à Poddrick comme pour dire: laisse tomber. Il voulait voir ce qu’avait en tête Alban.

Alban se fige donc sur place. Il tente de ne pas se laisser submerger par ses instincts primaires lui ordonnant de fuir. Il ferme les yeux pour essayer de se calmer, il ne peut donc pas voir les yeux du médaillon s'illuminer. Il garde toujours la chaîne dans sa main et le médaillon près du feu malgré son envie violente d'envoyer cet objet de malheur le plus loin possible de sa personne.

Poddrick récupèrera le couteau rapidement avant de se figer, et de répondre à cette gênante réaction avec un "merci" anormalement timide venant du demi-nain. Il rangera finalement le couteau là d'où il venait avant de répondre au sorceleur :

- Je ne sais pas, nul part plutôt qu'ici ? Peut être en Téméria ? Parrait que c'est bien par là…

Et surtout loin de Kaer et du centre du Nilfgard. Il continuera son observation d'Alban qui semblait tétanisé. Il se lèvera légèrement avant de demander à son aîné :

- A ton avis il lui arrive quelque chose ?

Cette sensation très réaliste s'arrête après après de longues secondes, Alban a eu du mal à garder son calme et a bien cru mourir. Rien de plus n'est à remarquer cependant: l'étrange phénomène semble avoir prit fin, et il est le seul à avoir ressenti cela. En revanche Poddrick et Daska auront pu apercevoir brièvement l'étrange scintillement des yeux du médaillon si ils y avaient fait attention, ce qui avait manifestement fait défaut à Poddrick.

Daska hocha simplement la tête: ils s’étaient compris.

”C’est loin la Témérie... Aller si loin pour ne rien faire de différent de ce que tu fais déjà ici...”

Il fronce ensuite les sourcils à la question de Poddrick, surpris par l’objet de cette question.

”Je ne sais pas.”

Daska se leva, la main sur le pommeau de son épée. Il observe l’évolution de la situation. Il aura évidemment remarqué le scintillement, mais il ne tire aucune conclusions hâtives.

Il reprend donc calmement ses esprits, éloignant le médaillon maintenant brûlant des flammes. Il part rapidement cherche un verre d'eau, de bière, ou peu importe, afin d'y plonger le médaillon. Il se retourne vers les deux autres, légèrement essoufflé.

-Plus jamais, mais alors là plus jamais, vous me verrez approcher ce truc d'un feu !

Poddrick abandonnera la conversation, bien peu inspiré par la série de réponse fade que lui assénait le sorceleur qui était visiblement sujet à la dépression. Discuter de ce genre de choses avec lui ne mènera visiblement à rien.
Quand à Alban visiblement il s'était vraiment passé quelque chose dont Poddrick n'avait pas été témoins, il fallait dire qu'Alban était dans la ligne de vue du médaillon quand il l'avait plongé dans le feu. Poddrick décidera finalement de se lever pour regarder Alban noyer non pas son chagrin mais son médaillon dans l'alcool. Il se rapprochera alors avec une certaine curiosité avant de demander brut de décoffrage :

- Il s'est passé quoi avec ton truc ?

Alban trouva un verre de bière dans lequel plonger l'étrange médaillon, mais contre toute attente, il n'y eut pas de fumée s'échappant de ce dernier comme on aurait pu s'y attendre. Le médaillon avait beau être resté chaud, il semblait avoir considérablement refroidi suite à l'étrange phénomène vécu par Alban.

Daska se rasseya, mais tends l’oreille pour entendre la conversation entre Poddrick et Alban: ce château était étrange.

Il jette un coup d'oeil au vieux médaillon avant de revenir vers Poddrick.

-C'est assez dur à décrire, c'est comme si d'un coup, sans prevenir, j'avais eu la plus grosse peur de ma vie ! C'était infâme, la pire sensation de terreur que j'ai jamais pu vivre ...

Poddrick jettera un coup d'oeil dans la bierre, sans rien distinguer bien sur sous l'épaisse mousse, avant de finalement répondre en haussant les épaules :

- Bizarre, tu ferais bien de le filer à la sorcière ou de le vendre au marché pour t'en débarrasser rapidement… Enfin en attendant qu'ils autorisent d'aller à Seig Lyn va falloir que tu te le trimballes un petit bout de temps.

Le médaillon avait toujours une sale tête mais était normal.

”Alban?”

-Je comptais pas vraiment le garder toute ma vie hein, peut être que je devrais le faire examiner avant ...

Il tourne la tête vers Daska.

-C'est moi !

Effectivement le jeune homme s'appelait bien Alban. Poddrick répondra rapidement à Alban avant de regarder le vieux sorceleur :

- Ouai plus vite tu seras débarrassé de ce machin mieux ça sera. Tient je pense que Daska veut te l'examiner d'ailleurs…

Daska se leva, lentement.

”Pas moi non. Mais, notre ami Alban ira voir notre amie Esperanzia...”

Il fit le tour de la table, s’arrêtant quand quelque seconde pour regarder Poddrick et Alban, avant de se diriger vers la porte, offrant aux yeux des sorceleurs en devenir son dos.

”Je n’en doute pas.”

Sur ces mots, Daska passa la porte de la grand salle.

Il opine doucement, un peu intrigué.

-Et bien d'accord ... j'y vais hein !

Il se dirige d'un pas rapide vers le bureau de la mage en chef.

Poddrick reviendra à son repas avant de répondre simplement

- Et ben bonne visite… Si elle sait quelque chose… Enfin tu me diras ce qu'elle t'as dit.

Un rescapé de l'indolent Kaer Morhen arrive au sein du bien connu de tous réfectoire. Ses bottes sales, trempées de terre vaseuse viennent tracer un chemin depuis l'entrée à la table où il décida de s'installer. Une fois son postérieur de posé sur le bois craquant du siège, Ichaer retire sans mal et d'un mouvement agile de talon ses deux godasses pour enfin s'étendre de tout son long sur ce qui faisait office de chaise ; chaise d'une piètre qualité datant surement d'une époque où il n'était probablement pas encore né. Son regard rouge ocre se balança sur les différents mets disposés ici et là. Il piocha dans un bol de fruits secs et se servit du jus de groseille jusqu'à ras bord, la prunelle de ses yeux reflétant de la même couleur le liquide contenu dans sa choppe.

Comme chaque jour, depuis la dernière virée à Seig Lyn, Lynos était de corvée de ménage. Aujourd'hui il décida de s'attaquer à un gros morceau : le réfectoire.

Cette punition, qui l’empêchait de pratiquer la magie autant qu'il le souhaiterait, était en réalité une bénédiction. En effet non seulement ces heures de ménage fortifiées son corps, mais elles lui permettaient de pratiquer son art, d'exprimait tous ses talents. Car si ses camarades l'ignoraient, dans son ancienne vie il était connu comme le virtuose du balai, le Jaskier de la serpillière.

En rentrant dans la pièce il faillit avoir un haut de cœur devant l'étendue des dégâts, les sorceleurs étaient décidément pires que les monstres qu'ils combattaient.
Les tables étaient couvertes de plats divers et variés, de la bière et de la sauce avaient commencé à sécher sur les tables, le sol était couvert d'immondices en tous genres, des os de poulets jusqu'à ce qui semblait être du vomi.

Ce n'était pas un problème pour le rouquin qui avait vu bien pire durant son esclavage sur Skellige. Il se remonta les manches, s'attacha les cheveux dans le dos et commença son oeuvre.
Il maniait son balai aussi bien que Geralt son épée, il virevoltait entre les tables et les bancs comme un danseur en représentation.

Il travaillait avec une vitesse tout bonnement ahurissante, jeta les détritus, racla les tables et le sol pour finalement venir a bout de son heure réglementaire. Le réfectoire n'avait jamais été aussi impeccable, il brillait comme un diamant sur la bague d'une jeune mariée, comme le regard d'un père voyant pour la première fois son enfant.

Pas peu fier de son chef-d'oeuvre Lynos s'en alla, fourbu, tout courbaturé et crasseux, mais le sourire aux lèvres, en direction de la salle de bain. En espérant ne pas rencontrer Kantz qui, disait on, pratiquer sa propre forme d'art en ce lieu.

Alban est tranquillement assit à une table, il mange son petit déjeuner dans son coin.

Salazar arrive également avec sa portion de petit déjeuner en main. Il s'approche directement de la table de Alban, jetant des regards a droite a gauche pour voir les personnes présentes, Poddrick , Lucius et Isidir ainsi que le "blond" dont Salazar ne connais toujours pas le nom sont t'ils la ?

Il regarde Alban l'air de rien puis engage avec un grand sourire.

-Salut !

Il lève les yeux vers le jeune garçon, le saluant d'un signe de la main.

-Salut !

Eadwacer, le fameux blond, se tenait assis, à table, mangeant son habituel pain et fromage, les mains et la figure encore étonnamment propres. Ses cheveux couleur blé n'étaient pas encore noircis par plusieurs heures de travail à la forge, où il passait une bonne partie de sa journée à perfectionner son art. Il leva les yeux quand il entendit l'invective sûrement pas dirigée vers lui, histoire de vérifier.
Le jeune Salazar pourrait alors remarquer les yeux bleus dirigés vers lui, se déplaçant du haut de sa tête à ses pieds.

Isidir n'était pas là.