Le réfectoire

La voyant jeter son dévolu sur le pain, il lui tendit le couteau et le fromage, un bout de pain sortant à moitié de sa bouche. Sans même prendre le temps d'avaler pour parler, il engagea la conversation :

"Alors, comment vas-tu, Carmia ? Qu'est-ce que tu fais encore ici, je te croyais plus vieille que moi..."

Alors que son festin s'offrait à elle, un benêt s'immisçait entre elle et son pain rassi. Ce qu'il lui présenta d'un geste de la main, elle le refusa d'un signe du bras, elle n'était pas venue ici quérir la pitié et charité d'autrui. Son regard ne se leva pas du bois fêlé longeant la table, pourtant, elle prit la peine de répondre au jeune homme :

- " Toujours ici, malheureusement... Enfin, c'est ma dernière année entre les murs de ce bagne. Et toi, hâte de te casser d'ici ? T'as des projets pour l'extérieur ? "

Elle ne répondit pas à la première question de l'éphèbe, en effet, sa mine parlait d'elle-même.

Elle n'avait pas l'air très enchantée de le voir ... Pourtant il n'avait rien fait pour cela, et le fait qu'elle se soit assise à sa table montrait bien qu'elle voulait parler, non ? Reprenant le fromage, il se resservit.

"Ah, toi aussi tu en as marre ? Je peux plus supporter Valaar et son air supérieur. Je passe la plupart de mon temps à taper de pauvres mannequins en bois ou à battre l'acier dans la forge. Au bout d'un moment, tu fais le tour. T'as de la chance, tu sais. Il me reste encore un an ... Ce que je veux faire ? Je sais pas trop, je compte pas trop m'éloigner, pour attendre Violette, je pense. Peut-être que je pourrais retourner à Ard Carraigh, ma ville natale, et aider ses habitants ...", lui répondit-il, marquant des pauses pour avaler une partie de sa pitance.

A la manière d'une tenancière, sa main vint pourfendre l'air jusqu'à embrasser la table avec force. Malgré l'infime douleur qui endoloris sa main un bref instant, elle arborait fièrement un sourire narquois. Entre ses dents magnifiquement dévoilées, une brèche était visible, un morceau de pain s'était fait à moitié éviscérer et permettait à la voix de Carmia de se propager :

- " Bienvenue dans l'club ! Honnêtement, personne ne peut le saquer, si tu trouves une personne capable d'un tel exploit, tu m'appelles et je te lègue toute ma fortune. Même ses larbins font ça par intérêt, on peut citer Kantz le lèche-bottes... "

La suite en revanche, la mit de moins bonne humeur, et elle lui fit savoir :

- " Un sorceleur au grand coeur... C'est courageux de ta part. Néanmoins, ne pense pas aux autres tout le temps, c'est une terrible erreur que beaucoup font "

Il lui sourit en retour. Valaar était un ... con. Et tout le monde avait l'air d'accord.

"Tu vas garder ta fortune longtemps, je crois ... je n'ai pas grand chose contre Kantz, je ne lui ai jamais trop parlé.", lui répondit-il, attrapant son gobelet d'eau.

Sa réponse semblait typique d'une grande part des effectifs de l'armée de mutants de l'empereur ...

"Si un sorceleur n'avait pas pris la peine de me sauver, cette nuit-là, je ne serais pas en train de te parler, mais six pieds sous terres, ouvert en deux par des goules, tu sais. L'argent n'est pas la seule motivation du sorceleur. L'altruisme non plus.", répondit-il avec beaucoup de sagesse.

Attrapant en plein vol de sa main un verre vide, elle le remplira et s'abreuvera avec celui-ci telle une chope contenant un spiritueux délectant, sauf que là, il s'agissait seulement d'eau...

- " Surtout que ma fortune comme tu dis, j'en ai pas... J'en ai jamais rien eu. Enfin si, des emmerdes ça je les collectionne, ça n'a pas la même valeur qu'un écu, mais ça fait passer le temps... "

Songeant à l'immortalité qu'elle avait effleuré du bout des doigts suite à sa mutation, la Pianienne fit resurgir des mémorielles acides et ragoutantes, qu'elle balayera d'un revers de main avant d'enchaîner, tantôt vaseuse, tantôt exaltée :

- " J'en aurais à tuer, du temps... Enfin, passons. Dis-moi, notre cher Don Juan a eu une touche ? Qui est cette Violette dont tu me parles ? "

Ce sourire vicieux et inquisiteur qui trônait il y a peu au coin de sa bouche refit surface.

Salazar finira donc par remarquer Alban qui était déjà la. Il s'approche de lui et fait tomber exactement 27 florins  de sa bourse sur la table ou il se trouve bien en face de lui.

-Voilà ton argent. J'ai qu'une parole.

Déclare t'il d'un ton calme assez fier d'avoir pu le remboursé aussi "vite"

Il arque un sourcil, surpris, ramassant ses pièces.

-Tu les as trouvé où ? J'veux dire, t'as fais vachement vite !

-Disons que je me suis assez démener dans ma première chasse aux monstres pour avoir la moitié de la somme promise pour une seul tête.

Lui explique Salazar en s'asseyant a son tour avec une légère douleur du au fait que ses blessures sont en fin de guérison.

-Et bien ... bien joué ! Alors ce premier contrat ? Qu'est ce que t'as chassé ?

Il range sa bourse.

-C'était des crechevins ! Si je me souviens bien du nom. Quand j'y pense avec la panique du combat j'ai pas essayer d'utiliser de magie peut-être que j'aurais du ? Mais Poddrick nous la déconseiller. Tu pense que contre des bandits ou des monstres pas très forts les signes sont efficaces ? A mon niveau je veux dire.

Il se demande par exemple si un Aard aurait de l'effet sur un homme adulte dans une situation de combat.

-J'ai jamais rencontré ces bestioles.

Il opine vivement.

-Un Yrden m'a sauvé la vie lors de mon premier contrat, les signes c'est extrêmement important, mais il ne faut pas non plus se reposer à cent pour cent dessus.

-Je vois. On pourrait essayer de faire un contrat tout les quatres ? Je veux dire moi Magnus toi et Poddrick. Si jamais un gros contrat se présente a notre retour a Seig Lyn.

Il hausse les épaules.

-Je ne sais pas qui est Magnus mais pourquoi pas oui. Je doute qu'on puisse faire quelque chose de très gros cependant ... S'il n'y avait que moi et Poddrick, pourquoi pas, mais avec vous, on ne peut pas prendre autant de risques ...

-Tu pense que une équipe de quatre avec deux novices comme nous serait plus efficaces contre des bandits ou contre des monstres ? Pour les malfrats je pourrais peut-être essayer d'avoir des informations sur des criminels notoires des bas-quartiers. Comme je t'ai dit l'autre fois je connais des garçons qui y vivent.

Il soupire.

-Salazar ... Je crois qu'il y a un truc que tu n'as pas vraiment compris. On est sorceleurs bordel ! Pas hommes de loi ou gardes de la ville ! Les sorceleurs ça tue des monstres, les bandits, c'est pas notre boulot. On. Ne. S'occupe. Pas. Des. Humains.

Salazar se gratte le cuir chevelu .

-Donc. Si jamais il y'a une prime pour des brigands ou autre on a pas le droit de se les faire ? Histoire de savoir si j'ai bien compris le message. C'est interdit qu'on agisse a la place d'hommes de lois ou d'hommes d'armes en bref ?

Il soupire.

-Il n'y a pas de contrats demandant la capture ou l'assassinat de bandits, car c'est illégal. Nous n'avons pas le droit de rendre la justice. A la limite, si un officiel nous donnait une autorisation écrite et signée nous demandant d'effectuer une telle tache, on pourrait. Mais quand bien même, t'as vraiment envie de tuer quelqu'un ? Un humain j'veux dire ! Moi non !

Salazar affiche une mine qui est un mélange de tristesse et de frustration avant de répondre.

-Non pas vraiment. Mais les monstres et les êtres qu'on tue c'est pas toujours des trucs abominables comme ceux que j'ai affronter pas vrai  ? Il t'es jamais arriver de sentir de l'empathie pour une créature que tu a occis ?

Il passe un main dans ses cheveux.

-Dans mon cas je n'ai jamais rien tué qui n'étais pas horrible ou abominable.

Il fait non de la tête.

-Bah non, jamais, pas une seule fois.

-Je sais que les nains existent, mais tu à déjà croisé d'autres créatures humanoïdes ?

Il opine.

-Et bien ... Des goules, si ça compte. J'ai aussi croisé un génie, une génie peut être ? Mais elle ne faisait que prendre forme humaine, ça ne compte peut être pas. C'est tout.

Il fait des gros yeux quand Alban mentionne le Griffon comme créature humanoïde  mais il n'en dira rien. Salazar fini par se lever en s'étirant avant de déclarer.

-Bon, on se revois donc probablement pour le voyage à Seig lyn. Bonne soirée Alban.

Dira Salazar , Salazar partira après la réponse de Alban.

Carmia a écrit:Attrapant en plein vol de sa main un verre vide, elle le remplira et s'abreuvera avec celui-ci telle une chope contenant un spiritueux délectant, sauf que là, il s'agissait seulement d'eau...

- " Surtout que ma fortune comme tu dis, j'en ai pas... J'en ai jamais rien eu. Enfin si, des emmerdes ça je les collectionne, ça n'a pas la même valeur qu'un écu, mais ça fait passer le temps... "

Songeant à l'immortalité qu'elle avait effleuré du bout des doigts suite à sa mutation, la Pianienne fit resurgir des mémorielles acides et ragoutantes, qu'elle balayera d'un revers de main avant d'enchaîner, tantôt vaseuse, tantôt exaltée :

- " J'en aurais à tuer, du temps... Enfin, passons. Dis-moi, notre cher Don Juan a eu une touche ? Qui est cette Violette dont tu me parles ? "

Ce sourire vicieux et inquisiteur qui trônait il y a peu au coin de sa bouche refit surface.

"Difficile de se faire un quelconque pécule, quand on est apprenti sorceleur. C'est en partie pour cela que j'ai appris à travailler à la forge... Si tu savais ce que ça m'a apporté, tu baverais de jalousie !", fit-il, riant jovialement, comme il en avait l'habitude.

Ayant terminé son repas, il se leva et alla poser le pain et le fromage sur la table principale. Se retournant vers la Pianienne, il rougit un peu face à l'interrogation ...

"Une touche ? Euh, on est ... ensemble, je crois. C'est la première fois que ça m'arrive, donc je sais pas vraiment. C'est une élève, elle est là depuis deux ans ... Tu ne peux pas la rater, vraiment, elle a des cheveux de feux et des yeux de lilas. Elle est jolie ...", termina-t-il, rêvassant avec un sourire béat.