Les rues de la ville basse.

Puisqu'il avait fui, et que l'agitation avait sûrement créé du grabuge, Thorvir se ravisa. Il avait déjà réussit à en tuer deux sans trop de dégâts, il fallait s'avoir s'arrêter.

- C'est vous qui avez commencés, ça vous apprendra a me prendre pour un gamin faible.

Dit-il au pouilleux agonisant avant de l'achever en lui plantant son épée dans le dos une seconde fois. Il se dépêchera ensuite de fouiller les deux macchabées en cherchant le moindre objet susceptible d'éveiller son intérêt. Bijoux, florins, vêtements de valeur, sacoches, sans oublier les deux dagues.

Après plus d'un mois d'attente, plus d'un mois d'attente infructueux pendant lequel les sorceleurs semblaient se complaire dans la dissimulation de leur incompétence et de leur ignorance, un mois pendant lesquels aucune espèce de progrès ou de piste dans la recherche de Caseï n'avaient put arriver à ses oreilles, le jeune homme avait finalement décidé de se mettre en action. Les mages et les sorceleurs avaient prouvés leur ridicule et maintenant ce sera lui qui allait trouver la solution à ce problème. Il n'était pas particulièrement intéligent, ni rompu à cet exercice, ni même détenteur d'un grand savoir sur tout ce qui pouvait toucher à la magie, mais il saurait faire preuve de résilience et actuellement, il avait une idée en tête et n'en démordrait pour rien au monde. Le pas rapide, il arpentait les rues de la basse ville, les sourcils froncés et son regard vif se portant vers chaque coin de la ruelle, créant difficilement de multiples analogies avec l'environnement de son enfance. Une tâche qui était assez ardue, puisque celle ci remontait à bien 5 ans, mais il n'en restait pas moins qu'il avait gardé un certain lien avec cette période révolue, que ce soit sa conception de l'ordre naturel des choses, où quelques réflexes singuliers comme sa manie de toujours cacher ses richesses et une certaine méfiance envers les personnes qu'il croisait.

Ainsi avait il prit soin de cacher dans son manteau son épée en argent, bien trop prompt à attirer la convoitise, et avait séparé ses richesses en quatre bourses, chacun placé en différents endroits, donc une seule, la moins remplie, était clairement apparente, un trompe l'oeil des plus classiques en cas d'urgence. Pour le reste, il ne se cachait pas, regardant droit dans les yeux les personnes qui venaient à croiser son regard, affirmant haut et fort son statut de mutant et brandissant ainsi l'étendard de la peur, dissuadant les personnes pouvant avoir l'envie de lui passer sur le corps. Après tout c'était seulement comme ça qu'il pourrait éspérer traverser la ville sans encombre, où alors il pourrait également paraître comme un homme minable n'ayant rien pour attirer la convoitise, tout juste bon à prendre des coups. Mais il ne voulait plus jouer ce rôle, l'attitude à adopter s'imposait donc d'elle même et il s'étonna même à ressentir un plaisir pervers quand de temps à autre un badaud un peu qui semblait s'intéresser à lui détournait les yeux quand il apercevait l'iris orangé qui habitait les siens. On aurait put croire que du haut de ses 1m65 il n'aurait rien d'impressionnant mais son visage fermé accompagné d'une cicatrice qui agrémentait son coup et le bas de sa mâchoire, laissant une trainée vierge au milieu de sa barbe, dénotait sur le ridicule que celle ci pouvait apporter, et il en était de même pour sa musculature qui loin d'être aussi fine, sèche, efficace et puissante que bien des sorceleurs, semblait prendre en volume comme une extension de sa volonté de les exhiber aux yeux de tout à chacun.

Alors qu'il parcourait ces rues miteuses, il tentait de repérer les signes de la société du crime, la présence d'arme, de petites bandes, de personnes parlant bas, de subtiles détails quand aux maisons des honnêtes gens semblant plus… fermés, manifestant leur peur de voir un jour leurs maigres bien disparaître. Finalement, quand tout les critères furent enfin réunis, son regard finit par errer à la recherche d'une personne en particulier, un personne qui aurait put être lui, il y a bien longtemps, un petit garçon, un garçon à l'allure minable, la tenue en aillons, courant dans les rues dépourvue de garde de la ville. Il l'interpellera alors d'une voix sèche et clairement audible :

- Et toi ! Viens !

Un coup sour, puis deux, suivit de gémissement, rarement des cris en vérités. Criait ne servait à rien si ce n'est exacerber la joie malsaine de ceux qui se nourrissaient de la souffrance des autres. Mieux valaient souffrir en faisant un minimum de bruit, ployant en silence sur l'injustice de la lois du plus fort. Mais même en étant passer de l'autre côté de la barrière le jeune homme n'en oubliait pas ses racines, et son regard s'embrasera à l'entente de ces gémissements du gamin. Sans prendre plus de précaution, le jeune sorceleur coupera net sa trajectoire, se dirigeant avec fermeté en direction du groupe d'assaillant pour déclamer d'une voix claire sans s'embourber dans d'inutiles préliminaires :

- Arrêtez tout dsuite ou vous finissez dans lcaniveaux bande de creuvards !

Il continuera alors à avancer jusqu'à se trouver à trois mètres de l'attroupement, de quoi lui offrir l'occasion de dégainer si l'occasion le demandait, il n'était pas fou au point de penser qu'il s'en tirerait sans au moins une escarmouche, et surtout que ceux qui lui faisaient face n'avaient pas au moins un surin au milieu de leur vêtements miteux.

- Heiinn fils de pute ?!

Se retourna un des mecs, puis les autres tout en tenant toujours le garçon contre le mur. Puis leurs visages se décomposèrent en voyant le bonhomme balafré et aux yeux de félins...

- Heu, non, pardon m'sieur...

Commençaient-ils à bégayer, emplie d'une certaine peur panique. Depuis une récente affaire, avec deux hommes du coin tués par un sorceleur, les petits vilains ne préféraient pas trop faire les malins... En l'occurrence, les trois hommes étaient plutôt jeunes, environ la vingtaine.

- I-il nous a volé un truc m'sieur !

En dit un autre, cherchant à justifier, et ne pas se laisser complètement écraser injustement.

L'effet avait été bien plus violent qu'escompté, lui qui attendait une forme de résistance ne trouvera que soumission chez les badauds qui lui faisaient face. Il savait que les sorceleurs disposaient d'un certain prestige mais de là à être si craints… enfin cela arrangeait ses affaires et il répondra tout aussi sèchement, son regard fusillant celui qui avait prit la parole :

- Tpenses que j'en ai queque chose à foutre ? Maintenant dégage jveux parler au mioche.

De quoi régler le problème rapidement, il ne donnera pas un copek aux minables qui lui faisaient face, et bien conscient de la soudaine peur qui agitait ceux qui lui faisaient face il comptait en tirer pleinement partie. Son accent revenait par ailleurs avec un vitesse insoupçonné, une autre pensée qui agrémentera son visage d'un sourire, à croire qu'il ne fera jamais partit des "civilisés", une désignation bien vide de sens.

Ils hochèrent la tête, pratiquement tétanisés.

- Au'r'voir m'sieur.

Et partirent en courant. Le garçon quant à lui, remit doucement son col, le regard noir tourné vers les garçons qui fuyaient, la mine noircie par la saleté mais surtout renfrognée, il ne remercia même pas Poddrick, se tapota les épaules, puis commença à partir.

Poddrick accordera un dernier regard aux voyou, simplement de quoi s'assurer qu'ils filent bien loin de son champ de vision, avant de finalement s'avancer vers le jeune homme dont il comprenait bien la peine. A force de répétition tout cela en devenait presque… banale, et pourtant la colère grandissait à chaque fois, on ne s'habituait jamais vraiment à ce genre de traitement, le regard qu'il venait de lancer en disait long. Il ne s'offusquera pas non plus du manque de répondant du jeune homme, qui ne le remerciera même pas pour son aide, il n'attendait rien de cela et il se doutait d'à quelle point ce geste pourrait lui être couteux, ainsi se contentera t'il seulement de le rattraper en quelques enjambés avant de lui demander d'un air intransigeant, comme si rien de tout cela ne s'était déroulé :

- Hé, toi, Tu peux mdire ou je peux trouver quelqu'un qui sait beaucoup dchose, donc des trucs qu'on n'a pas ldroit de savoir ?

Pas un bonjour, pas un comment tu t'appelles, le garçon n'avait pas envie d'avoir de la pitié en ce moment, il avait juste envie de rester seul et de lécher ses plaids. Mais Poddrick lui voulait quelque chose, et ainsi il ne lui demandera comme la suite logique des évènements, sans condescendance, ni fausse compassion, à égale à égale. Le garçon sera surement récompensé de quelques pièces si il savait, c'était là la plus grande récompense qu'il puisse lui accorder, une transaction en somme, il gagnerait son argent par ses actions et non pas par sa condition d'enfant battue. Encore faudrait il qu'il connaisse la réponse, en tout cas Poddrick l'espérait, quand il était jeune il avait déjà dut transmettre quelques messages douteux, rien de bien glorieux, il ne comprenait bien souvent rien à ce qu'il faisait, mais ça lui faisait gagner quelques pièces, c'était déjà ça. Et amener des personnes intéressantes, ça aussi ça pouvait faire gagner quelques pièces… pour autant il n'avait jamais été protégé pour ses services, ni apprécié, après tout il y avait tellement d'outil de rechange que c'est été lui ou quelqu'un d'autre, le résultat aurait été le même. Toujours est il qu'il espérait que le souffre douleur qu'il venait d'extirper connaisse lui aussi l'emplacement d'une personne fleurtant avec l'inégalité, que ce soi car il avait travaillé pour lui, ou par simple rumeur, il y avait toujours des endroits vers lesquels il ne faisait pas bon se promener, et peut être que le jeune homme en savait quelque chose. C'est tout ouïe que Poddrick tendra son oreille, dans l'expectative de sa réponse.

Le garçon aux cheveux bruns noircis par la poussière, ou plutôt grisés ? s'arrêta de marcher, il piétina le sol avec le bout de cuir lui servant de chaussure, son pied droit le démangeait. Ensuite il se pinça les lèvres, son regard était vide désormais. Quelques instants, peut-être des secondes passèrent, et l'enfant tourna sa tête vers Poddrick.

- Des trucs, comme quoi ?

Une voix proche du fluet, mais pas totalement, car assez enrouée pour sembler être dotée d'une certaine maturité. Il déglutit, puis se racle la gorge :

- Pff!

Crache sur le côté, assez mal, c'est presque du postillon. Ensuite sa senestre vient gratter le haut de son bras droit. Un étrange personnage, dont les yeux étaient braqués semblait-il sans craintes sur Poddrick.

Décidément le sort était quelque chose, la couleur des cheveux grisés du garçon faisaient douloureusement écho à ceux poussière de Poddrick, comme si la crasse dans laquelle il vivait avait finit par s'incruster dans leur être, les marquant indélébilement. Mais l'heure n'était pas à la contemplation et c'est toujours avec concision qu'il répondra :

- J'ai besoin de trouver un pote qui scache tu vois, donc j'ai besoin dquelqu'un pour le trouver. Tu connais ça non ?

Il soutiendra alors le regard de l'adolescent qui l'entement se formait, en témoignait sa démarche légèrement maladroite et sa voie qui muait.

Il observa le visage de Poddrick pendant quelques instants supplémentaires.

- Y a combien là-dedans ?

L'index pointant sur la bourse apparente du sorceleur, l'air de dire qu'il savait peut-être, ce peut-être étant lié au montant de la bourse.

On y venait, rien d'étonnant à cette question, et c'est avec un léger sourire qu'il pris la bourse forte d'environ 150 florins qu'il fera rebondir dans le creux de sa main, un somme que le jeune homme n'avait sans aucun doute jamais touché de sa vie, et qu'il ne touchera peut être jamais. Il répondra alors à l'intention du marmot :

- Yen a trop pour qutu puisse les compter, stu me dis sque je veux je peux te filer 40 florins, tu seras tranquille un ptit moment avec ça tpenses pas ?

Un pris sans doute bien trop élevé, il l'aurait fait pour moins que ça, mais la situation lui permettait aisément de faire ses dépenses sans trop de regret, et derrière ces florin se cachait une dotation pour les malheurs que subissait l'enfant.

Le garçon jeta quelques regards autour, le tintement des pièces avait attiré quelques regards. Il y répondit avec nonchalance, ou peut-être était-ce une sorte de dépit...

- Cinquante m'sieur, et vous saurez tout ce que vous voulez.

Son regard longuement posé sur la bourse, revenait vers Poddrick, toujours avec indolence.

Poddrick fera mine d'hésiter avant de répondre avec un air entendu :

- Cinquante, ça me va, t'auras peut être un quequechose en plus si tu me roules pas. J'te le file sur place j'imagine que ça te vas.

Si il la lui filait maintenant il n'allait pas aller bien loin le petit avant de se faire arrêter au vu de la foule qui l'épiait, et puis ça lui fera une petite marge pour lui. Il rangera sa bourse dans sa ceinture avant de demander au petit :

- Bon ty vas ?

Le garçon répondit d'un hochement de tête, ainsi il lui faisait confiance.

- Suis moi.

Chuchote-t-il avant de commencer à trottiner, puis à accélérer très vite. Notamment pour semer les yeux s'étant déposés sur eux. Il emprunte une rue étroite, puis tourne à droite, puis plus loin à gauche, tout en jetant quelques regards en arrière de temps en temps.

D'un coup, il s'arrête. Il n'y avait personne aux alentours. Il se retourne vers Poddrick :

- Restez ici s'il vous plaît.

Une fois sa réponse obtenue, il s'éloignera vers une autre ruelle.

De longues minutes s'écoulent, une dizaine, une quinzaine peut-être même. Et Poddrick entend des pas arriver, le sortant sans doute de sa torpeur, il n'en n'avait pas entendu d'aussi proches depuis qu'il avait suivit le garçon dans ces ruelles. En parlant du loup, c'était effectivement lui qui revenait, le nez saignant, ou plutôt ayant saigné, puisqu'il semblait désormais sec, et la joue rouge :

- Par ici m'sieur.

Il se retourna assez vite, la mine basse, et reprit les devants.

La réponse fut quelque peu longuette, cependant quand vint enfin le moment pour le garçon de revenir ce fut dans un état qu'il n'aurait pas imaginé. Le nez en sang, la joue rouge comme après un violent coup, Poddrick mordra férocement la lèvre inférieure pour se retenir d'exploser. Il se doutait bien de ce qui était arrivé, le chef n'avait pas dut apprécié la venu d'un intrut, et avait corrigé comme il le fallait le gosse, maintenant il n'y avait plus qu'à espérer que les choses se passent bien, ou qu'ils n'aient pas comploté dans son dos. Si la négociation terminait mal, le gosse risquait bien plus qu'un bleu. Alors que le demi nain suivait le jeune homme, il lui prit le bras tout en plongeant sa main dans sa bourse pour y retirer 30 couronnes qu'il déposera dans la main du gamin tout en murmurant :

- prends déjà ça, le reste après, comme ça t'es sur dpas partir broucouille…

Il n'avait même pas prit la peine de garder son air impassible qu'il avait maintenu jusque là, ne pouvait réprimer son indignation devant le traitement qui avait été infligé à son intermédiaire, sans doute une erreur, une erreur qui sera bien vite pardonnée quand viendra les pièces. Quand les pièces auront finit de transiter, il reprit sa marche d'un pas contenu pour ne pas dépasser le jeune homme et les sens aux aguets.

- Merci m'sieur.

Souffla sans émotion la voix enrouée, avant de ranger l'argent quelque part sur lui où les pièces ne tinteraient pas trop... Ensuite la marche reprit, et ils traversèrent nombre de rues, discrètement, parfois en rencontrant des gens, parfois non. Au bout du compte, ils arrivèrent derrière une maison en bois. Le garçon observa de nouveau autour, personne, puis il se baissa pour glisser sa main sous une partie des planches. Il tira ensuite, et la trappe verticale se souleva, dévoilant une entrée.

- J'peux pas v'nir m'sieur, j'dois retrouver mon frère m'sieur.

Tendant sa main vers le sorceleur pour lui demander le reste de son dû, prêt à détaler. Entre temps il avait refermé la trappe, mais Poddrick savait désormais comment y entrer.

Poddrick lui donner 25 florins supplémentaires avant de lui répondre d'une voix grave :

- Tiens, file lui ça de plus dma part. T'as bien bossé.

Poddrick ne fera pas plus de remarque, laissant le jeune garçon s'évanouir dans la nature avant de sonder la rentrée, autant grâce au sens de la vue que de l'ouïe, tentant de déterminer si quelqu'un l'attendait à la sortie même de l'échelle, si il ne perçoit rien de trop proche de l'échelle, il se contentera d'incanter un sort pour créer une légère lumière l'histoire de voir quelque chose, puis il descendra l'échelle prudemment, prêt à quenn au moindre projectile ou signe d'agressivité de la part de ceux qui l'attendaient là bas. Après tout il s'apprêtait à rentrer dans une cave sombre, ici rien ni personne ne pourrait l'apercevoir, l'idéal pour se débarrasser rapidement de quelqu'un… Il n'était pas trouillard, ni claustrophobe, mais il fallait être inconscient pour ne pas appréhender cette descente en toute vulnérabilité dans l'inconnu où l'attendait des hors là loi, peut être même des assassins. Mais cette appréhension il l'enfermera à triple tour et la confinât dans un coin de son esprit, la convertissant en vigilance et en fermeté alors qu'il s'enfonçait dans les boyaux de la ville, décidé à obtenir ce pourquoi il était venus.

Il finit par tomber sur une petite échoppe vendant de la nourriture à bas prix. Le marchand est un halfelin.

- Hé, vous ! Oui vous !