Le bureau du Capitaine Embonpoint

Askeladd s'approche donc de quelques pas silencieux... il observe l'homme d'un air presque curieux l'espace d'un instant avant de prendre la parole/

-Monsieur Embonpoint ?

Demande t'il d'un ton sérieux.

-Nous savons tout les deux que cette mission...est plus dangereuse qu'elle ne pourrait le sembler aux yeux de certains. Pourquoi ne m'expliqueriez vous pas qui sont vraiment nos potentiels ennemis et ce que l'on risque d'affronter sur la route ?

Demande t'il d'un ton courtois et tout a fait respectueux, mais pas pour autant des moins sérieux. Les sourcils du mercenaire viennent affirmer un visage fermé et très attentif, cherchant a découvrir la vérité de cette histoire.

- Les bonnes manière, ça vous dit rien?

L’homme souffla avec force, tel un taureau, avant de se retourner, posant ses yeux bleus sur Askeladd, scrutateur, lui accordant un regard plein de jugements.

- On dit bonjour avant d’haranguer quelqu’un de questions.

Le matelot se passa une main dans son imposante barbe fuligineuse, pensif, puis, d’un geste exagérément lent, inhala une bouffée de fumée, semblant la savourer, son regard perdu Alzur-savait-où, puis exhala, ses yeux reprenant leur air morbidement sérieux, comme si quelque chose dérangeait sa tranquilité...

- Quel goéland vous a chié dessus mon pauvre? lança-t-il ironique, de façon théâtrale, prenant un air faussement précieux, qui allons nous devoir affronter? La mer vraisemblablement! La brume! Et les incompétents qu’on m’a fourni!

Parlait-il de ses marins à lui, ou lançait-il une pique à Askeladd? Impossible de le savoir avec certitude, les deux interprétations semblant justes.

- Prenez votre argent, et foutez-moi la paix. Vous allez salir le parquet.

Il pesta ensuite dans sa barbe, mais Askeladd n’entendit pas ce qui s’était dit: peut-être valait ce-t-il mieux ainsi?

Un petit rictus puant un sorte de frustration plaisante et un air d'appréciation viens sur les lèvres de Askeladd avant que celui-ci réponde calmement.

-Très bien je vois. Puis je demander ce qu'il est advenu de l'état splendide de votre voile de misaine ? Qu'est t'il arriver ? Vous savez j'ai des hommes très compétents dans la gérance du matériel qui pourrait vous aider.

Propose t'il d'un ton a peine vraiment provocateur avant de reprendre.


-Nous voulons tout les deux que notre voyage se déroule sans encombres mon bon monsieur.  Seriez vous en garde contre vos propres mercenaires employés ? Vous pouvez nous faire parfaitement confiance.  Qu'importe le sujet véritable.

Affirme t'il , n'en démordant pas.

Un sourire en coin imperceptible, qu’Askeladd ne remarqua pas, naquit sur les lèvres du barbu: ces petits jeunes, incompétents, arrogant, inconscient, stupides et mal élevés... Aaaah... Qui assurerait la relève? Sûrement pas ces bouffons de la Siffleuse: son équipage lui était au moins discipliné, méprisant les mercenaires, qui s’étaient rués vers la taverne. En effet, il avait entendu ses hommes parler -bien qu’il souhaite qu’ils se taisent en toute circonstance- du comportement honteux de ceux qui leur collaient aux basques: de vrais fripons, et même pas rusés.

- Une langue comme la votre ne devrait pouvoir écorcher notre si belle langue, lâcha-t-il, dédaigneux.

Le capitaine éclata ensuite d’un rire gras et vilain: il avait trouver la parole assurément amusante.

- Je n’y crois pas pour un sou! Vos hommes vont revenir chancelant, ou vont s’écrouler dans les rues, ivres morts, comme des sauvages Haakis!

En effet, même ici, et, pour un homme voyageant, la nouvelle des attaques Haakis il y a quelques années déjà ne lui était pas inconnue, et avec la haine des Haakis qui accompagnait.

- M’enfin, s’ils montaient sur la voile et s’écraseraient par terre, ivres comme ils vont être, cela ferait de la pitance pour les requins, et, ma foi, c’est pas plus mal comme ça.

L’homme souffla, sa langue coincée entre ses dents, de façon sec et stridente, sévèrement, coupant Askeladd sans faire preuve d’une once de respect.

- Je n’ai engagé personne moi: ”Conditions de sécurité imposées par l’armateur.” Alors, cassez-vous, prenez votre argent, je prends le mien, et qu’on ne se recroise plus jamais si le Soleil le veut bien.

Askeladd affiche un sourire noir avant de faire une courbette respectueuse envers l'homme.

-Très bien Monsieur. Nous remplirons donc notre contrat et vous protégerons envers et contre tout, puis vous nous paierez en bonne et due forme et si le ciel est juste nous nous reverrons autour d'une belle boisson.

Ironise t'il le sourire aux lèvres avant de tourner le dos et de partir.