Le pont

Voyant que leur client était sur le départ et que la nuit n'allait pas tarder à pointer le bout de son nez, le jeune gabier, toujours accompagné de la charmante Lisa, se dirigea vers l'échelle de corde qui permettrait à la jeune femme de quitter le navire.

-Il est temps de nous quitter douce Lisa, j'espère que vous avez apprécié la visite ? Quand vous verrez battre notre pavillon à nouveau, d'ici quelques mois ou quelques années, n'hésitez pas à venir nous saluer. Surtout prenez garde à vous, la nuit va bientôt tomber et le port n'est qu'un repaire de crapules et d'ivrognes tels que nous ! Dit-il dans un sourire mi-figue mi-raisin, à la fois impatient de reprendre la mer mais aussi peiné d'abandonner ainsi la belle.

Askeladd attrape à plein bras un gros tonneau qu'il place au milieu du pont pour simplement bondir dessus  habilement sans grande difficulté, après tout malgré sa stature loin d'avoir l'air grandement  acrobatique c'était un homme versatile lui aussi, pas une simple brute bon qu'a la force physique.

Il commença donc tout en tapant des mains et du pied gauche sur l'épais tonneau  pour attirer l'attention de l'équipage. Commençant son discours d'une voix haute et fière.


-Un jour un chevalier de la marine de l'empire a dit à mon ancien Capitaine: Vous autres  pirates ,mercenaires et corsaires vous  êtes tous les mêmes .Vous,  vous vous battez pour de l'argent. Et nous, hommes d'armées régulières nous nous battons pour l'honneur.

Il fixa alors l'ensemble de l'équipage, miraculeusement ne remarquant pas la femme.  Et continua d'un air supérieur et plein de confiance.


-Et vous savez ce que  le Capitaine lui à répond ?! Chacun se bat pour ce qui lui manque le plus !


Il sortira une petite bouteille d'eau de joie qu'il dégoupille habilement d'une seule main avant de continuer, d'un ton d'un véritable général militaire ou peut-être même un Roi qui motive ses troupes.

-L'honneur c'est pas de suivre les règles d'un royaume ou encore moins celle de ce putain d'empire ! L'honneur c'est de se conduire comme un homme, un homme mais un HOMME LIBRE !  Et je vous promet que très bientôt tous autant que vous êtes ici pourront profiter de cette liberté  plus que jamais,nous seront le piller d'une nouvelle ère ! Une nouvelle ère pour les hommes de mers ! Cette mission sera la dernière avant la première étape vers note ascension ! Et Barbe Noir en personne tremblera devant le nom des Siffleurs ! Je ne peux pas encore vous parler concrètement des plans futurs , mais sachez que très bientôt nous taillerons de nos sabres nos premières traces de légendes !

Dit t'il en serrant du poing d'un regard plein de hargne et détermination, brandissant le poing droit comme s'il envoyer un coup de poing au ciel.

-Et que les diables des mers me maudissent si je mens !

Lyna se fige alors sur place, profondément circonspecte, ne comprenant absolument pas à quoi le jeune homme jouait. Elle le regarde avec étonnement d'abord, et fronce les sourcils, perdant sa fragilité face à l'incongru de la situation, elle exulte.

- Vous moquez vous ? Que vous fait donc rire là dedans ?

Bien qu'il ne semblait pas blaguer. Il semblerait qu'elle soit éconduit d'une façon pour le moins rustre... C'était peut-être pour le mieux. Mais sa sortie attendrait car Brashen se dirigea seul vers la corde, l'arrivée d'un charismatique personnage bousculant l'acceptation qu'elle se faisait pour ce départ précipité. L'atmosphère changea du tout au tout sur le navire, et Lyna vibra de ce dont elle pensait rêver jusque là. Comme une vulgaire traître à sa caste, elle rit sans parvenir à se retenir lorsque le capitaine tourna via son anecdote, en dérision tous ces jeunes hommes qu'elle dépréciait tant. Elle était dans l'âge d'être sotte après tout...

Maintenant, elle voulait plus que tout et contre vents et marées, rester ici, et voir où les étoiles la mènent. Mais pour cela, elle aurait sans doute besoin de la protection d'un garçon osant la faire rester ici, dissimulée au moins jusqu'au départ du château. Alors pour le trouver dans la foule dans laquelle elle était "cachée", elle jeta regards par ci et par là, aussi discret que se peut...

À l’unisson, les matelots brandirent leur poing droit au ciel, éxaltés, leurs yeux mornes cernés de poches de fatigue ardents: ils allaient enfin revoir la mer, et reviendrait sur terre avec une montagne d’or; que demander de plus? Ainsi, d’une même voix, comme un seul homme, tous, s’éructèrent, comme une foule déchaînée répondrait à son gourou.

- TOUS AVEC TOI CAPITAINE!

La foule commencera à se dissiper, afin de lever l’ancre et entamer la route: une grande aventure les attendaient...

Des nuages dans le regard, la lumière du capitaine y passait au travers, captant toute l'attention de Kamilė. Un mince sourire étriqué, que peu pouvaient percevoir et qui pourtant était bien là, renforçait en son sens ce premier lien de pirate à mercenaire. L'argent bel et bon, d'un moyen sûr avec lequel l'on vous forge un honneur certains bien qu'hypocrite. Tel que les armures des chevaliers qui ne vont pas en mers, c'est qu'ils ne sont ni sorceleurs, ni pirate, ni marin et rouilleraient. Leur jalousie remplit les bouteilles d'une eau de joie, alors que ceux là en avaient trop peur, la insurmontable. Là était hypocrite le résonnement du jaloux chevalier. A quoi bon être régulier et connaître les mêmes épreuves ? Ils ne se mouillaient pas, et admiraient finalement ceux qui osaient et le proclamaient ici bas. Surplombant la ville, la Siffleuse se riait de leur port dont ils allaient une fois de plus se détacher.

Le poing de Kamilė se leva en renfermant un tissus pour ne pas se brûler les doigts au cordage. Comme tant d'autres marins, l'engagement dans cette liberté humaine au côté de leur capitaine ne faisait aucun doute, et ravissait les troupes bien mieux que les autres rois.

Galvanisé alors, le bras retombant comme le calme après la tempête, l'éclaircie dans son œil avare de quitter ces terres se dirigea vers les cordages. Qu'elle ne fut pas sa surprise de voir toujours la riche pauvresse, qui semblait se faire chasser par le gabier. L'albatros avait tourné autour, et maintenant il voulait s'acquitter, après repérage. La fille semblait chercher quelque chose, et leur regards se croisèrent. Indiquant les calles distraitement, son foulard pourpre était facilement attrapable.

- Il est grand temps de remonter le cordage, que les diables de ces mers ne montent plus à la Siffleuse, ne croyez vous pas ?

Plein de bonhommie superflue, Kamilė interrogea en suite Brashen, le poing haut. Son sourire un peu plus exprimé. C'est pourtant d'autres marins qu'ils remontèrent le pont de cordes, ne laissant pas d'échappatoire.

Brashen avait le cœur à vif, les yeux en marée haute, pendant qu'il lui disait une nouvelle fois adieu. Quand il se retourna pour voir l'effet de ses mots sur sa future conquête, il en resta pantois. Était-elle tombée en pâmoison devant son éblouissante éloquence ? S'accrocherait-elle à lui telle une moule à son rocher ? La réalité était bien plus amère pour le gabier, Lisa ne l'avait pas suivi, l'avait-elle seulement écouté ? Son seul auditoire semblait être un ivrogne qui le regardait, depuis le port, avec des yeux de merlan frit et un sourire goguenard.

Déconcerté par la situation, sa tête faisant des allers-retours entre le pont, ou ne se trouvait pas la jeune femme, et le soûlard

Après quelques instants, les connexions se firent dans sa petite tête d’Albatros. Il fit, enfin, le rapprochement entre la demoiselle apprêtée la valise à la main, et la curieuse facilité avec laquelle il avait réussi à l'aborder. Elle s'était joué de lui pour grimper à bord !

-Ah la peste, éructa-t-il vexé d'avoir été trompé de la sorte. Les gars, hurla-t-il, y a une demoiselle à trousser sur le navire ! Le premier qui la trouve pourra lui passer dessus le premier !

Un tonneau près de Brashen s'ouvrit, et la tête masquée de Drake en sortit, une tête aussi énervante que déconcertante.

- Ahah elle t'as bien eu l'abruti!

Il commença alors à gigoter.

- Eh tu peux m'aider à sortir? Pas que j'ai besoin de toi hein, mais Askeladd t'engueulera sûrement moins si tu lui dis que t'as aidé le Divin Drake à sortir d'un tonneau hein?

Une affirmation dont la véracité restait encore à être démontrée.

La colère laissa la place à la surprise quand la tête de Drake surgit du tonneau. Si chaque village possédait son simplet, son idiot du village, c'était aussi le cas de la Siffleuse.
En dépit de son immaturité flagrante, Drake avait au moins le mérite de détendre l’atmosphère par ses singeries.

Les larmes aux yeux, conséquence de sa déconvenue comme de son éclat de rire, Brashen tapota amicalement la tête du fou avant de lui répondre " Bien sur que je vais t'aider camarade ! ".
Suite à cela le garçon referma le couvercle du tonneau, le fit tomber puis rouler le plus loin possible sur le pont.

Izak qui n'avait pas vraiment été très emporté par le discours du capitaine commençait légèrement à piquer du nez. Il n'en fallait pas moins que l'intervention de ce bon vieux Brashen pour le remettre en forme.

-QUOI ?! La brune là ?!

Il saute sur ses jambes, prêt à décamper.

-J'espère que tu vas tenir parole mon gars, elle ira pas bien loin !

Sur ce, souriant un grand coup, il file comme le vent à la recherche de la fugitive.

Ainsi, il se fit envoyer balader, littéralement, jusqu'à l'autre côté du bateau, hurlant du départ jusqu'à l'arrivée.

- FILS DE PUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUTE

Dans un claquement, le tonneau se brisa à l'arrivée, laissant son ancien pilote respirer.

- J't'ai vu pleurer 'spèce de tapette !

Cria t-il de l'autre bout du bateau avant de rejoindre la cale.

À la remarque de Brashen, quelques canailles se mirent à gueuler et à sauter. Un d’entre eux se rua sur la pauvre fille, tentant de la plaquer contre le mât, l’étranglant légèrement, et lui dévoilant sa face hideuse et édentée aux cheveux longs et graisseux.

- Elle est à moi, mouhéhéhé!!

S’exclama-t-il d’une voix rêche, avant de s’adresser à Lyna, d’un ton mielleux.

- Alors, c’est quoi ton nom ma poule?

Il soupire, se lamentant sur un ton presque théâtral.

-Mais bordeeeeeeel ... T'as vu ta gueule ? J'srais étonné qu'elle vomisse pas en sentant ton haleine.

Il soupire longuement.

-Laisse donc ta place à la jeunesse ! Tu vois pas qu'elle est encore pucelle ? Brashen il l'a travaillé pendant des plombes et t'es prêt à ruiner tout ses efforts ? J'sais pas si j'pourrais t'appeler camarade après ça.

Il jette un regard compatissant au pauvre gabier.

-Au pire, on te la passe plus tard mais laisse le au moins taper dedans en premier !

Aux paroles écœurantes de l’albatros et des réactions pirates, de leur pires attraits, Kamilė s’avança vers Lisa. Son poing renfermait un foulard rouge où des pierres étaient disposés. Pour préserver de la perversité d’un marin, le foulard et les petites pierres claquèrent au devant de l’élégante, a la main qui s’avançait à son cou. Ce fut pour l’attraper elle par le poignet - sans plus de délicatesse, l’amenant derrière soi pour ne pas qu’elle se retrouve plus que c’la « dos au mur » qui la décalerait si elle voulut bien suivre.

Lyna n’aurait eut aucun mal à esquiver l’attaque maladroit, mais c’était sans compter sur le manche de hache qui frappa avec une violence inouïe le dos du malotru: c’était mal visé, mais la puissance était là. Le pauvre homme tomba en arrière, se tenant le dos et se roulant par terre.

- AAAAAH PUTAIN!!!! BABORD TRIBORD J’AI MAL PARTOUT AAAAH!!!

Kamilė aura mit quelques secondes pour s’approcher: jugeait-elle toujours son action nécessaire, le forban neutralisé?

Kamilė se sera tout de même mis devant Lisa, le regard rivé sur le marin qui s’était fait châtié. Son foulard restera en place où son avant bras restait relevé et contracté, et les pierres imprégnaient ses formes dans sa main. Son air se voulait détaché et focalisé sur les gémissements de l’autre, mais sa main gauche était légèrement en retrait, sa paume orientée vers le bas supposant un signe de protection.

Askeladd ramasse donc sa hachette sans un mot. Il la range puis regarde l'homme dénommer "crapaud" dans l'équipage à cause de son visage . Il lui parle d'un ton très froid et direct , c'était clairement un avertissement et il y'en aura pas deux.

-Recommence pas.


Puis  il se tourne vers la femme la regardant de haut en bas d'un air des plus contrarié, mais toujours en gardant une mine froide et directe. Puis il s'adresse directement à L'albatros, déviant son regard de la jeune femme comme si elle n'était rien.



-Explications tout de suite.

Le capitaine avait son regard des mauvais jours, le contrarier c'était prendre le risque de tâter du manche de sa hachette.

-Captain y a un malentendu la, j'ai juste voulu faire visiter le navire à la donzelle mais elle ma filé entre les doigts juste avant le départ et j'sais bien qu'une femme en pleine mer ça plairait pas aux matelots alors fallait que j'la trouve avant qu'on large les amarres, j'ai rien trouvé de mieux pour la retrouver ! dit-il dans un sourire innocent.

Askeladd s'approche de L'Albatros...un pas, deux pas, trois pas, quatre pas. Puis il se retrouve littéralement nez à nez avec lui, ou pour être plus exact devant lui imposant sa supériorité de taille et de corpulence sur le jeune.

Si les 20 kilos de plus ainsi que l'équipement venant renforcer cette imposition pouvait déjà être impressionnant avec le facteur essentiel des 18 cm d'écart, ce qui marquera sans doute le plus les membres de l'équipage c'est le regard noir du Capitaine droit dans les yeux de son protéger. Askeladd n'était pas connu pour user de la violence envers ses hommes, il n'a d'ailleurs jamais fait Tanqueray user du fouet sur quiconque ayant banni cette punition de son bâtiment. Mais en revanche même sans jamais l'avoir vu à l'oeuvre tout les hardis mercenaires pouvaient se douter qu'il ne fallait pas pousser dans les profondes cales du navire appeler "patience" d' Askeladd.


Une voix claire et limpide frappera aussi sec qu'un coup de fouet envers le protéger de Askeladd.

-La moitié de ta part sera pour Roddin qui lui sait reconnaître sa putain de place et les limites qui vont avec.

Puis sans un mot de plus pour le blond il se place devant la jeune femme.

-Vous êtes ?

Demande t'il en la fixant d'un air imposant et supérieur.

-En quel honneur captain ? J'ai fait rien d'autre que de m'amuser avec une petite bourgeoise, jsuis un marin pas un foutu chevalier, lui répondit Brashen en essayant de conserver son calme, lui qui maîtrisait si mal ses émotions.

Il savait qu'Askeladd était un homme pragmatique mais que sous le coup de la colère il était capable de trancher un homme du crâne à l'entrejambe. L'Albatros ne souhaitait en aucun cas s'opposer à son capitaine, qu'il respectait plus que tout, mais il ne pouvait supporter une telle injustice.

-Jmen fou de donner la moitié de ma solde au doc, il en fera certainement meilleur usage que moi, mais jveux comprendre la raison, reprit le jeune gabier, serrant les dents se préparant à encaisser une taloche.

Askeladd ne fut jamais du genre à punir ses hommes loin de là,  et encore moins sur leurs salaires, qui est la part  dû  aux efforts et parfois aux blessures que ses braves subissent en mission. Tous ici pouvait clairement deviner que cette sanction viens du fait que L'albatros à clairement fait quelque chose de très grave du moins au yeux du Capitaine.  Il pointe d'un doigt sévère la jeune femme tout en fixant Brashen qui air de fureur. 

- La raison ?! La raison ?!! Tu amène une noble sur mon putain de bâtiment JUSTE AU MOMENT DU FOUTU DÉPART.  Tu imagine les conséquences si jamais la garde ou pire, sa famille l'apprend ?  Sombre idiot je t'ai appris à  user de ton cerveau avant ta foutue queue.

Il se tourne vers la femme en la dévisageant l'air de réfléchir à son sort, puis après quelques secondes de réflexion demande une simple question d'un ton moins brutale.
-Si votre père ou peu importe qui est le patriarche ou responsable de votre famille l'apprenait que nous arriverai t'il ?

Demande t'il en la regardant dans les yeux sur les traces d'une moindre entourloupe.
Vu le toupet de la femme  malgré la situation c'était clairement pas la fille d'un  simple bourgeois.