Un petit bois au sud

Il avait une nouvelle fois baratiner le jeune sorcelleur tous le long du voyage mais avec un nouveau sujet cette fois-ci était le poids anormal du garde.

- Bonté divine ! Vous avez vu l'obésité morbide de ce garde ? Cela devrait être interdit par la loi, comment ses jambes peuvent-il le soutenir sans se briser ? C'est une honte d'accepter un tel soldat dans cette caserne... Il faudrait un véritable homme au pouvoir pour nettoyer toute cette pestilence qui commence à contaminer nos belles villes ! Manquerait plus qu'il aime les hommes !

Ce monologue n'avait semblé durer que quelques secondes pour notre barde, beaucoup plus pour notre jeune sorcelleur mais au moins, ils étaient maintenant dans les bois bordant Aldersberg.

- Que faisons-nous maintenant ? Doit-on les attirer ? Voulez-vous que je joue une sérénade pour les distraire ou bien les séduire ?

Après une petite dizaine de minutes de marche qui auront pu faire faire du sport au barde lourdeau, ce dernier et Cadron arrivèrent à la lisière du bois. Le sorceleur s'arrêta sans avoir répondu à la tirade de son "compagnon".

- Les nekkers sont des créatures particulièrement vicieuses. Prévint il. Elles peuvent surgir sous vos pieds à tout moment, et assez rapidement pour que je puisse vous en prémunir. Aussi je vous invite à rester ici et à regarder de loin.

Ce qui lui permettrait de réaliser ses petits tours, mais... il eut bien l'idée de les faire attirer par le garde, mais devant les tuer à l'épée, cela devenait risqué.

- Je vois... Je vais suivre vos conseils, il sera dommage qu'une personne aussi sublime que moi-même se retrouve blessé suite à une attaque de ces immondes créatures... N'hésitez pas à me faire signe si vous avez besoin d'aide, je n'hésiterai pas à courir dans le sens inverse pour aller chercher des gardes.

Il croisa les bras et attendit les prémices du combat.

Il soupira tout en dégainant Zireael. Même quelqu'un n'ayant jamais vu une lame de sa vue pouvait comprendre au premier coup d'oeil que la qualité de cette lame était... exceptionnelle. Gravée de runes elfiques et finement forgée, le barde n'en avait jamais vu de telle.

- Je n'y manquerai pas. Et si par malheur ils venaient vous attaquer eh bien mettez leur un coup de luth sur la tête et criez... En fait criez avant.

Cadron se retourna vers le bois. Lame au clair, il commença à s'enfoncer dans le bois, afin que certains détails échappent à la vue du barde. Une fois que ses jambes ne furent plus en vue de Mom'ho, il se mit à léviter près du sol afin de ne pas attirer les nekkers sous le sol, et préféra regarder en l'air, éclairant les cimes des arbres d'un Luxis afin que rien ne lui tombe dessus.

Il avait certes toujours une petite vision sur le sorcelleur mais il ne voyait pas l'intégralité de la scène... Il leva les épaules en l'air.

- Il ne m'en voudra pas si je viens voir ses exploits de plus prêt, après tout, ces exploits seront narrer par ma personne.... Au contraire, il sera même heureux de voir à quel point je tiens à raconter mon récit de la manière la plus réaliste possible !

Il se mit donc à avancer vers le jeune homme.

Surpris, il tomba au sol, aveugle, une insulte sortit de sa bouche.

- MORDIABLE, QUE SE PASSE T-IL ?!

Il se releva péniblement du sol, la vue trouble. Il s'appuya contre l'arbre le plus proche de lui. Il se rappela des mots de son compagnon et prit son luth en main. Sait-on jamais, au cas où une sale bête s'approche bien trop prêt de lui.

- MESSIRE CHARBON ? Où êtes-vous ? Je n'arrive pas à voir adéquatement !

Le magnifique barde commence petit à petit à retrouver la vue bien qu'elle reste légèrement flou. Sentant et voyant de sa vue flou quelque chose à ses côtés, il pose ses deux mains sur son visage, l'examinant. D'abord, le nez, puis les lèvres et enfin les cheveux.

- Messire Chardon ! Je suis face un être humanoïde ! Est-ce vous ou une de ces étranges créatures du diable ? J'ai besoin de votre réponse dare-dare pour savoir si je dois employé mon luth pour lui altérer le portrait !

- C'est moi ! Ne faites plus rien ! Ne touchez à rien et surtout ne BOUGEZ PAS D'UN POUCE ou vous finirez haché

La tension commençait à monter chez Cadron sous le coup de la pression. Il fait apparaître deux de ses épées personnelles: la sienne et celle de feu son père. D'une main il envoya les deux lames tourbillonner sur leurs flancs de telle façon qu'un nekker voulant passer se faire hacher menu. Pour ceux du devant, une vague d'éclairs devrait suffire.

- Je ne pas si votre aboutissement est le plus convenable dans de telles circonstances... Mais soi, vous êtes le coutumier et je vais vous écouter et rester immobile tel un vilebrequin en période de frimas.

Il leva son luth et les mains en l'air et resta immobile tout en récitant quelques mots.

- Laissez moi continuer d'exister, j'ai encore tellement de chose à accomplir, je ne peux point clamser, encore moins sous de telles auspices.

- Messire, vous pensez vraiment que c'est la clé la plus adéquate à tous ces problèmes ?

Il continua de rester dans une telle position, attendant de nouvelles consignes.

Il resta bouche-bée devant un telle spectacle. C'était donc ça un ensorcelleur ? Un seul mot sortit de sa bouche.

- Époustouflant.

Soufflant un coup, l'air mauvais, il agita son Zireael pour la laver du sang de la vermine avant de faire disparaître celles qu'il n'avait pas à la base. Adressant un regard au barde, il incanta un sort de premiers soins sur sa jambe pour retirer les traces de griffe après avoir vérifié via son médaillon que rien de plus n'arrivait. Restait le cas de l'armure, et de celui du barde.

- Je vous avais expressément dit de rester en arrière, me semble t-il.

L'homme était, on le sentait, passablement énervé.

Il tomba à genoux, commença une prière.

- Merci, Ô grand dieu ! De m'avoir permit d'allonger mon existence !

Il tomba ensuite au sol et embrassa le sol avant de se relever. Il posa ensuite ses deux mains sur les épaules du sorcelleur.

- Merci à vous aussi jeune homme ! Imaginez ce qui aurait pu arriver à ma physionomie si vous étiez pas là pour lutter contre ces suppôts pandémoniaques !

Il lâcha les épaules avant de se tourner.

- Hum hum, il est vrai, en effet que vous m'aviez demandé de rester en retrait... Je comprends la source de votre agacement mais... Voyez-vous... Je suis un barde... Un barde aimant l'authenticité de ses textes, de ses chants ... En restant loin, je n'aurai eu que des brides, des songes de votre exploit et je n'aurai pu les conter sans aspirer une partie de l'âme de votre talent !

Il fit une nouvelle révérence.

- Je vous pris de m'excuser, ne voyez point mal la manière dont j'ai entrepris la chose, voyez le plutôt comme ma dévotion à votre cause !