Re: La taverne du Montagnard

Stauss-Kahn le remercia silencieusement.

- J’en sais rien... Il s’appelait Auguste... Il habitait à Ard Carraigh avant, tout comme moi... Seul le Soleil sait où il est maintenant, ça fait des s’maines que j’le cherche... Putain!

Il déglutit avant de se saisir d’une autre pinte et de la vider cul-sec: et de quatre. Strauss-Kahn ne semblait pas plus bourré qu’il ne l’était avant: peut-être avait-il atteint la limite humainement possible du taux d’alcoolémie?

Une cinquième choppe apparut dans les mains de Poddrick qui commençait à fatiguer, son sens de l'équilibre commençait à être affectée par une si grand consommation de brune, sans doute devrait il abandonner ici, mais les ondes déprimantes qui émanaient de Strauss Kjan continuaient de le bercer dans les méandres de l'alcoolisme. Lui ne pourra pas être trompé, mais en même temps il n'aura jamais de femme, sans doute personne pour l'aimer non plus… Quelle vie de merde il était condamner à vivre… Il boira cul sec sa cinquième chope avant de dire :

- Tous dpute...
- Mais T'as dla chance tsais, nous peut même pas voir dgosse… T'es un gars bien toé tu trouvra ben un bout dfemme à toi.

Un accent horrible émergeait lentement mais sûrement de Poddrick, autant sous l'effet de l'alcool que du naturel enfuit qui lentement mais sûrement refaisait surface. Son visage n'avait plus grand chose de jovial en ce moment.

Les pintes se vidaient une à une, et, Strauss-Kahn avait arrêté de compter: le duo buvait tellement que quelques curieux se mirent à les regarder et à parier des pièces sur qui tiendrait le plus longtemps: profiter de la peine de deux hommes pour se faire de la maille... Certains hommes étaient sans scrupules.

L’homme ria tristement, hochant la tête.

- Bien dit!

Sa tête pendait de ses épaules: il semblait bien amoché, et commençait à bégayer et bafouiller...

- Tpeux pas avoir de gosses?

L’homme au nez proéminent soupira.

- Jte plains... J’avais trois filles moi...

Poddrick s'arrêtera un moment alors que l'homme parlait de sa fille, s'attendant au pire il lui demandera alors, son regard se plongeant dans une des pintes pour ne pas avoir à affronter la réalité du regard de cet homme en pleine souffrance :

- Et… Kesk'elles deviennent ?

Il baissa les yeux, honteusement, s’enfilant une autre pinte de bière.

- La cadette est morte pendant l’accouchement...

Il était presque allongé sur le zinc, quelques larmes timides finissant leur course dans sa bière.

- L’aîné s’est faite violée et tuée par des bandits quand elle avait seize ans...

Il hocha la tête de façon abattue, soufflant de façon désespérée, alors que sa main tenant sa pinte était transie de tremblements et qu’elle portait le liquide brunâtre difficilement aux lèvres de l’Ass, imprégnant par mégarde ses vêtements d’alcool.

- La benjamine est morte il y a quelques mois, le jour de son mariage... L’homme a qui j’ai accordé la main de ma fille était embourbé dans de sales affaires apparemment, et ses créanciers s’en sont pris à ma fille...

Il bégayait, ses phrases rythmées de spasmes et de sanglots.

- Ma femme m’a quitté quelques semaines après: elle disait que c’était de ma faute, que j’étais un vaurien, que j’avais failli à ma tâche d’homme: protéger ma famille.

Il ”souffla” du nez de façon dédaigneuse, laissant ressortir sa frustration.

- Et regarde moi... Peut-être qu’elle a eu raison de me quitter à bien y réfléchir...

Sur ces paroles, il s’enfila une énième pinte de bière, cul-sec: une bonne descente était un des effets secondaires de la dépression.

Un silence de plomb s'abattra tout d'un coup dans la taverne. Poddrick baissera les yeux, contemplant longuement son énième choppe et la boira sans piper mot… Laissant les méandres de la dépression totalement prendre contrôle de lui, plus vite l'alcool l'assommera moins longtemps il aura à subir la douce envie de se tailler les veines que le vieil homme lui inspirait.

Il s’enfila une autre pinte de bière: la note allait être salée...

- Tu ferais quoi à ma place toi?

Il ne regardait pas Poddrick, préférant fixer un point invisible devant lui.

Poddrick faisait de même, trouvant un intérêt rare pour une bouteille de rouge qui trônait sur l'étagère, les doigts tripotant la choppe qui se trouvaient devant lui, ne sachant trop quoi répondre à son compagnon de beuverie :

- Jrakassrais la gole au mec, puis… jme cass'rais loin jpense… jsais po…

Voici un conseil d'une rare qualité qui sera procuré par Poddrick, digne des plus grands ivrogne.

Il s’enfila une autre pinte de bière: dix? Quinze? Seul Alzur savait.

- Pour ça... Faudrait l’retrouver hein... Puis, je n’ai pas réussi à protéger mes filles, comment pourrais-je venger mon honneur? Je suis une honte, un abruti...

Il se tapa le front contre le zinc.

- Me casser loin, hein... Sans florins... Sans avenir, vieux et tourmenté... Autant monter sur un tabouret... Je ne sais pas ce que jvais faire...

Poddrick avait beau être bien sec, il ne restera pas indifférent à cet appel de détresse provenant de son nouvel amis. Il placera un main sur son épaule et lui dira en essayant d'articuler un minimum distinctement :

- Mais non t'es un chic type toi, t'es bien. tu d'vrais pas tfaire ça jveux dire t'en trouvra d'aute des femmes yen a partout, pis t'pourra avoir plein d'aute gosses, djolie filles bien portantes bonne à marier qui s'occuprons bien dleur p'pa

Au contact, "Strauss-Kahn" est parcouru par un étrange frisson et une sensation de vertige profonde. Ce n'était pas l'alcool et il est seul à en connaître la raison. Le médaillon de Poddrick, d'ailleurs, aura vibré assez subtilement, mais il n'était pas tout à fait en état pour le remarquer...

Au contact de la main de Poddrick sur son épaule, Strauss-Kahn grinça des dents, pris soudainement de cette migraine suivie d’un flash blanc qu’il connaissait si bien. Il se reprit au bout de quelques secondes, finissant une autre pinte.

- Un poivrot minable qui entraîne avec lui un sorceleur qui pourrait défendre des gens, contrairement à moi? Tu trouves ça chic?

Il souffla, dépité.

- Aucune femme ne remplacera Célestine... Elle était la seule à m’accepter comme je suis: moche et couard. Quelle fille voudrait d’un homme avec un si gros nez? On ne couche pas avec son nez... Si ça avait été le cas j’aurai eu toutes les femmes à mes pieds.

Il resta silencieux, l’espace de quelques secondes.

- Je suis content... tu as donné pour moi de ton temps alors que tu me connaissais pas... J’ai un grand respect pour les sorceleurs et les types comme toi: vous défendez les gens, vous.

Il fourra alors sa main gauche dans une poche de sa veste, semblant trifouiller dedans, à la recherche de quelque chose.

Poddrick secouera la tête, faisant de son mieux pour essayer de trouver au milieu de sa semi léthargie les mots justes pour rassurer le vieil homme :

- Vsavez les gars bien c'est vous hein. Tvois quand jtai mioch j'tais dans lrue fallait sbattre tout les jours hein. Moi dans lchâteau jmanque de rien et jvie tranquile. Vouzête pas comme ça. Puis quand jbatrais les monstres lo ben ça sera car jsrais ren fair d'autre et pour sconnard du nilfgard ça srait pas parsque jsrai un héro tvoi. Alors toi vas y, fais sque tdois faire, t'es libre ! va ch'cher ta célestine jte jure elle t'aime 'core. Si elle tvois arriver elle v'ra bien qutes pas un minable, puis pète lo gueule à l'autcon pour moé.

C'était un discour confus, pataud et carrément niais quand on y pensait mais au moins il avait essayé, il avait vraiment envie que le vieil homme aille mieux ainsi essayera t'il de mettre toute sa conviction dans ces quelques mots.

Il hocha la tête négativement.

- Alalala... T’es encore jeune, hein? Les femmes sont rancunières: elle m’en voudra jusqu’à la tombe. À raison. J’aurai du donner la main de ma fille à un meilleur homme, je n’aurai pas du laisser ma fille traîner tard le soir, j’aurai du trouver l’argent pour payer de meilleures soigneuses pour aider ma femme à accoucher... Tout est de ma faute.

Alors que sa main commençait à sortir de sa poche, il souria légèrement, un sourire timide et mélancolique.

- Ce connard de Nilfgaard? Que t’as fait Nilfgaard mon ami?

Il sorti alors totalement sa main de sa veste, dévoilant à Poddrick une petite chaîne tenant au bout un anneau en bronze rouillé en tout points semblable à celui que le Rouge lui avait volé quand il l’avait laminé.

- Tiens mon ami. C’est mon cadeau, le mieux que je puisse t’offrir. Il appartenait à ma benjamine, je te le donne, pour que jamais tu ne commettes les mêmes erreurs que moi.

L'homme en face de lui avait un talent certain pour voir les choses du pire côté possible. Poddrick désespérait de trouver quelque chose de rassurant à dire quand la question arrivera, l'incitant au parjure qu'il commit sans hésiter, peu conscient dans son état que ce genre de déclaration public pouvait lui couter bien chère :

- Ils m'prennent pour un chien d'guerre, toujours m'envoyer mbattre, quça soit les hackis ou des monstres… J'ai pas envie d'être juste squi attendent d'moi, être le clebs d'un gard que jconnais pas sur un trône, j'veux êtes moi !

Termineras t'il en frappant son torse du poing avant de s'enfiler une autre bierre. Il reprit alors plus bas:

- Puis m'ont enlevé tout mzamis, ma vie dmerde, mes ptits rêve et ma liberté. J'tais rien just'une merde sur l'pavé, maintnant j'suis un grand sirceleur tu t'rend compte, fort et tout mais j'sais ren fair et j'sais pas sque j'dois faire… Alors j'attends jsais pas quoi… J'sais même pas sque jferais et où j'rais quand jdevrais quitter lchâteau. Si ça strouve jvais clamser dès qujvais sortir, j'ai dja bien faillit crver 5 fois Prquoi jmen sortirai ? L'est beau bien beau lsorceleur… l'héros de sieg mon cul…

Plongé dans une lourde catharise le jeune finit enfin par lâcher tout ce qu'il pouvait avoir sur le coeur, entraîné par l'alcool et les confessions débridés de hontes ou de jugement moral de Strauss-Khan. ça faisait tellement longtemps qu'il avait eu envie d'exprimer son malaise, de le confesser à quelqu'un, mais à qui ? Un autre sorceleur se serait moqué de lui, il serait passé pour quelqu'un de faible et lâche, et les sorceleurs étaient les seuls personnes qui lui étaient donnés de connaître et de fréquenter. Ce fut donc un ivrogne dépressif qui lui servit d'exutoire à ses propres idées noires qui déferlaient confusément dans la taverne alors qu'une larme roulera sur sa joue.
Son compagnon de beuverie choisis ce moment pour lui transmettre son anneau, un trésor dont il connaissait que trop bien la valeur. Son visage prit une expression confuse et il se mit à bégayer tout en agitant les mains devant lui.

- Non non jpeux pas… je, c'est ton truc tu dois lgarder, pour tsouvenir d'eux c'est bien. Tu peux pas mle donner tu lregrettra toujours… T'comprends ? J'peux pas tpriver dça…

Strauss-Kahn fit tourner sa pinte de verre dans sa dextre, semblant ailleurs: pauvre Sorceleur, hein? Pauvre Poddrick, qui avait sur lui le poids de responsabilités qu’il n’avait jamais voulues. Il aurait peut-être voulu une vie plus calme, plus simple? Se contenter du minimum, ne pas avoir à se soucier de choses dépassant l’entendement du plus banal des gonzes. Une femme, des enfants, une ferme, dépendre de plus fort... C’était l’option de facilité, et, peut-être, la meilleure.

- L’important, c’est que tu fasses ce qu’il te semble juste, en toutes circonstances. La cause des sorceleurs est juste, peu importe ce que tu penses de Nilfgaard, ne laisse pas tes opinions entâcher ce pour quoi tu existes...

Il porta sa pinte à ses lèvres, et la bu cul-sec.

- Tu n’es plus un simple homme, et tu n’es pas non plus un sorceleur... Tu es autre chose, comme tout le monde, mais, toi, tu as quelque chose en plus: des opportunités... Si tu as le cran de les saisir, une opportunité de changer la vie des gens, ce que peu de gens ont vraiment réussi à faire.

L’Ass semblait étrangement clairvoyant pour un homme bourré... Ou bien avait-il ouvert son troisième œil grâce à l’alcool? Ce qui était le plus probable, c’est que l’esprit inhibé du demi-nain était trop volatile pour qu’il puisse bien saisir ces informations et les analyser.

- Personne ne t’as enlevé tes rêves, c’est toi qui a accepté de les perdre, qui les a étouffés... Mais, au fond de toi, si tu cherches vraiment, tu pourras te rappellera l’objet de tes rêves et tes objectifs les plus sincères.

Il héla le serveur, lui ordonnant de remplir leurs pintes: il y avait bien une dizaine de pintes devant les deux hommes, et ils avaient bien vidé chacune de ces pintes plusieurs fois...

- Il faut chercher à s’améliorer mon ami, pas à réussir, c’est ça la clé. Tu es encore jeune, tu as l’équivalent d’au moins quatre vies humaines devant toi... Moi, vu comme je bois comme un trou, et vu la gueule qu’aura ma bourse dans quelques minutes... Je me donne pas plus d’un an... Au moins je n’aurai plus de regrets...

Il vida une autre pinte, avant d’accueillir le refus de Poddrick de façon presque outrée. Il fourra le collier de fortune dans les mains de Poddrick.

- Prends-le, j’insiste. Je ne vais pas le regretter bien longtemps, et je veux faire au moins une bonne action avant de mourir... Si ça ne rattrapera pas mes erreurs passées, je passerai l’arme à gauche peut-être avec un sourire moins mélancolique...

Le jeune sorceleur ne semblera pas réagir aux paroles du bien sage ivrogne, pourtant il retiendra longtemps la bienveillance de cet homme qui contrairement à lui avait su trouver les mots justes quand il s'était mis à nu. Il remuera légèrement la tête et répondra après une légère hésitation :

- T'as ben raison va… Merci t'es vrment un bon gars jvois pas comment ta femme à pu… enfin oublie…

Poddrick se laissera guider par les explication de l'As et finalement tendra la main et acceptera le collier. Il hésitera un moment avant de finalement lui répondre :

- Merci, j'en prendrais soin jte jure…

Puis il se tournera vers le tavernier, sa bourse contenant tout son argent dans sa main qu'il laissera tomber sur le comptoir :

- Allez jpaye, dtoute façon comme t'as dit jtrouverais bien un truc qui fra dmoi un homme riche yaura toujours des mstres à buter.

Nul doute qu'il regrettera sa décision une fois la gueule de bois passée. Un léger silence s'installera alors que le jeune homme essayait de déterminer quelle conduite adopter envers ce présent si singulier. Il optera finalement pour le passer autour de son cou, l'enfilant avec un sourire gêné. La chaîne s'adaptait étrangement parfaitement à son coup, il passera un moment son doigt au niveau de la bague, un réflexe qu'il avait toujours eux, l'anneau semblait encore avoir rétrécit. Il en sourira un peu bêtement. Avant qu'une idée surréaliste ne perce son esprit embrumé, se pourrait il ? Non c'était impossible… Il devait s'en assurer, il reprendra la grossière bague de bronze entre ses doigts et la fera tourner, cherchant la signature caractéristique.

- De rien. Tu m’as écouté, je te devais bien ça mon pote.

Il resta silencieux très longtemps, buvant plusieurs pintes, avant de chuchoter un subreptice ”De rien” que Poddrick n’aurait pu entendre s’il n’était pas un sorceleur. Les quelques clients qui pariaient semblaient déçus qu’aucun des deux hommes ne se soit évanoui, et un homme qui avait parié sur égalité se mit gueuler.

- J’AI GAGNÉ AHAHAHAH!!

- T’AS DI EUL DEUX TOMBRÉ PAR TUR EN MUM TEMP!!!

- MENTEUR!!!

Alors que Poddrick s’apprêtait à payer, Strauss-Kahn bloqua son mouvement avec sa main.

- Non. Je suis un homme de parole, je ne peux pas me permettre d’encore faillir, il s’adressa alors au tenancier, ce sera combien mon ami?

- 89 florins et 7 argentins.

Strauss-Kahn se mit à fouiller dans sa veste, alors que Poddrick mettait le médaillon à son cou, puis, pris d’une idée folle, se mit à chercher une inscription dessus... Et, à sa grande stupeur, il reconnaissait l’inscription: c’était les vœux de mariage de ses parents ; comment Strauss-Kahn s’était-il procuré ce collier?..

Poddrick bloquera sur ce médaillon tel un ivrogne devant une facture bien trop salé. Comment, c'était, c'était bien le sien ? Comment était ce possible ? Il l'avait perdu il y a bien longtemps, après s'être fait dépouillé de tout ses biens. Au milieu de ce brouillard alcoolisé il restait un certitude, celle qu'on lui avait mentit, celle que l'homme avec qui il était entrain de discuter, celui à qui il s'était ouvert s'était joué de lui depuis le début, comment osait il faire ça ?

- Comment t'as eu ça ? COMMENT T'AS EU CA JTE DIS ?

Commencera à dire le jeune homme avant de se mettre à beugler comme seul un homme ivre le peu, agitant son pendentif à quelques centimètre des yeux de Strauss Khan :

- C'EST LMIEN, YA LNOM DMA FAMILLE COMMENT T'AS EU CA ?

Il descendra maladroitement du tabouret pour se rapprocher de Strauss Khan, ses intensions étaient claires.

Alors que Strauss-Kahn était en train de payer l’addition, et que Poddrick commençait à voir rouge, ce dernier tenta alors maladroitement de descendre de son tabouret et se vautra lamentablement au sol: son esprit était engourdi, et le sol si confortable... Sans même pouvoir lutter, il s’endormit la bouche ouverte, bavant sur le sol et se vomissant dessus.

- WOUUUUUUHOUUUUUUUU J’AI GAGNÉ ABOULE EUL 100 FLORINS AGAGAGA!!! JVAIS EUM PAYER UNE PUTE DE LUXE AHAHAHAHAH!!!

Strauss-Kahn renifla, se passant une main sur le visage: il n’avait plus toute sa tête le nain. Pendant qu’une bagarre s’annonçait dans la taverne au sujet de qui pariait quoi, Strauss-Kahn posa deux pieds à terre, semblant lui aussi bien éméché... Ou pas? Quoiqu’il en soit, il se saisira d’un Poddrick inconscient par les aisselles et le traina en dehors de la taverne... Personne ne semblait avoir quoique ce soit à dire par rapport à cela...

C'est un poddrick légèrement moins alcoolisé mais toujours bien maturé qui arrivera en ces lieux. Sa démarche n'était pas totalement sereine quand il arrivera au comptoir et qu'il demandera pour la énième fois Après sa tournée des bars :

- Et dis toi jsuis vnu ici ou po ? Y t'as pa vu quelqu'un avec un gros pif 'vec moi ?

L’homme était en train de servir quelques clients, quand Poddrick fit irruption dans l’auberge.

- Toi j’t’ai vu, ouais... Mais t’té tô seul!

Le petit poddrick agacé par son long trajet à pieds se fera plus pressant, et franchement désagréable alors qu'il commençait à vagir :

- Et lo jmen souvient yavait quelqu'un 'vec moi ! Jpas pu boire tout ca tseul j'ai encore tout mnargent alors mracompte pas dsornettes ! Tvas mdire tout dsuite qui c'est l'homme au gros nez !

Finira t'il dans une tentative d'intimidation aussi intimidante que pouvait l'être un petit homme bourré, mais petit homme bourré avec.une épée et.une hallebarde bien visibles.

La tentative d’intimidation de Poddrick ne sembla pas effrayer le tenancier, mais les clients, eux, semblaient plus tendus. Bon nombre d’eux se crispèrent sur leurs chaises, empoignant leurs tables à rendre leurs phalanges toutes blanches. Un petit homme obèse suait une cascade.

- Hé côlm tô lsorleur ô j’apel lô gard!

Il se rapprocha du nain, de quelques pas uniquement, appelant ses autres employés.

- T’té tô sôl jtô dit t’é bré t’rapel rien! Lor s’tu veu dprobèm casse-tô. Tô l’air bré, casse-tô ou chète d’la biére!

Sa seul démonstration d'ébriété ne devait pas être l'unique raison de l'inconfort des clients au vu de l oeuvre résiduelle d'égouts qui émanait de Poddrick. Voyant que son interlocuteur ne cédait pas il rajoutera de plus en plus énervé, ne voyant pas vraiment la garde comme un problème à l'instant présent :

- tu dis que jmens ! Jmens pas moi ! Jparis qya plein d'aute gens klon vu lgars au gros nez hein ?

Diras t'il en se tournant vers les clients. Puis il rajoutera alors en sortant sa bourse dont on ne l'avait étonnamment pas dépouillé :

- Jte paye un bière ksi t'y mdis qui étais vec moi ! M a balancé dans les égouts dla ville lgars au gros nez.

En se tournant vers les clients, Poddrick verra soit des gens apeurés, soit des gens hochant la tête négativement. Un client s’exclama.

- CÔSS TÔ EUL NAIN TÉ BORÉ TÉ FOU TÉTÉ TÔ SUL VÔ TON!!!

Les amis du citoyen énervé lui incombèrent de se calmer, alors que le tenancier, entouré de deux de ses employés, tendait ses mains devant lui pour apaiser la situation.

- Écôte jsé kité tô sôvé eul ville jsé t un bon gô mé t bré jtô di y’avé prson ‘vec toi. Assi tô jvô t’offrir un biére côdô dlô môzon.

Poddrick regardera le tavernier un long moment, il en avait presque les larmes aux yeux, de quoi ? Il n'en savait trop rien. Peut être de frustration ou d'incompréhension, ou peut être était ce juste l'alcool qui lui faisait perdre contrôle de ses nerfs. Toujours est il qu'il partira sans pipper mot, le visage déconfit.

Ainsi Ichaer arriva à la taverne du montagnard pour s'abreuver d'une douce liqueur alcoolisé après ce contrat achevé. Cependant il n'était pas seulement là que pour ça, il se posait des questions quant au sujet de Zdenek et des conséquences qu'avaient eu sa mort et la nouvelle après tout ce temps, peut être que des incidents avaient été reportés à Kaedwen.

Dès qu’il entra, d’énormes cris de contestations retentirent dans la taverne.

- FILS DE PUTE!!!

- ASSASSIN!!!!

- LÔ GAR TON PRÔTÉG CAR TU SORLEUR!!!

- VÔ RONDO JOSTICE À NOT AMI!!!!

Le tenancier et quelques autres employés se mirent entre les clients enragés et Ichaer: ils étaient bien décidés à le laminer.

- CASSES TÔ D’ICI EUL MEURTRIER!!! JVÔ PÔ DTOI DAN MI TAVERNE!!! pesta le tenancier, postillonnant au visage d’Ichaer, le pointa agressivement du doigt... Apparemment, si la garde ne l’avait pas embêté, ici, on était persuadés qu’Ichaer était un meurtrier...

- Vos gueules.

Il fusille l'assemblée d'un regard morne et froid, pestant car le bruit lui faisait mal à la tête. Il éveilla ses sens pour être plus persuasif et à la fois intransigeant avec les plus imprudent.