La bibliothèque

Lynos quitta le réfectoire et prit la direction de la bibliothèque, en chemin il repensa à ce que lui avait dit son imposant camarade « Tu dois savoir lire, non ? Certes il avait appris à lire mais cela remontait à bien longtemps, avant de porter les chaînes de l’esclavage. Savait-il toujours lire ?

Son père lui avait dit autrefois que le savoir était la plus grande des forces et que la plume pouvait être plus forte que l'épée. Il était décidé, même s'il devait réapprendre à lire, il deviendrait le plus érudit des sorceleurs.

Il ne sera peut-être pas aussi doué en combat que le puissant Eskel ou que le légendaire boucher de Blaviken mais il deviendra plus sage encore que Vesimir.

Il avait appris, durant les quelques cours auxquels il avait assisté, que la magie et l'alchimie, bien que boudé par la plupart de ses compagnons au profit du combat à l'épée ou à l'arbalète, était au centre de la vie des chasseurs de monstres.
La magie pouvait non seulement anéantir les plus puissantes créatures mais elle pourrait aussi soigner ses camarades, ou encore être à l'origine de puissants médaillons qui permettaient de se sortir d'un mauvais pas. De même avec l'alchimie il était possible de créer de puissantes décoctions pouvant altérer les sens et améliorer la condition physique.

Il mit fin à ses divagations quand il arriva devant une porte massive, celle de la bibliothèque.

La porte grinça lourdement et soudain il eut le souffle coupé, jamais il n'avait vu tant de beauté réunit en un seul lieu. Devant ses yeux s'étendaient des milliers de livres sur des dizaines et des dizaines de rayonnages en ébènes, sculptés et ornés de sublimes dorures. La pièce maîtresse de cette œuvre était son majestueux escalier en colimaçon qui permettait de rejoindre l'étage supérieur et sa sublime alcôve.

Après quelques minutes il parvient à reprendre ses esprits, la salle était vide, il se dirigea instinctivement vers un manuscrit et essaya de déchiffrer son titre

-Les Grelots..non les Genaudes aqualistes...euh aquatique plutôt. Il dut s'y reprendre à plusieurs fois mais parvient à lire « Les Genaudes aquatiques comment éviter leur prolifération? ». Il savait donc encore lire, certes il manquait de pratique mais en travaillant avec assiduité il pourrait remédier à ses lacunes.

Il prit l'ouvrage sous son bras et essaya de trouver des livres traitant de la magie. Il trouva des textes sur des sujets divers et variés comme, les lieux de ponte des wyverrns, un autre sur une potion permettant de respirer sous l'eau ou encore un recueil sur la faune et la flore en Temeria, quelques œuvres théoriques sur les principes de la conjuration, de l'altération, ou encore de la création, mais aucun livres ne contenant des sortilèges ! Vindmt !!
.
Comme cela était curieux, les mages se gardaient-ils le privilège de partager les savoirs magiques les plus approfondis ?

Il devrait trouver un autre moyen d'apprendre de nouveaux sorts, peut-être en allant directement questionner l'un des deux mages présents dans la forteresse, Valaar Morvid ou Esperanzia de Vicovaro ?  

Dans tous les cas il récupéra encore quelques manuscrits et décida de lire dès qu'il aurait du temps libre, il prit la direction de l'imposante porte en espérant ne pas se faire repérer avec autant de livres en sa possession.

Une terre inconnue à laquelle Carmia pensait très rarement. Pour tout dire, elle en avait occulté son existence, privilégiant les entraînements physique plutôt que ceux intellectuels. Ces ruelles pavées de livres et manuscrits en tout genre, elle fut rebutée par cette vue qui se profilait devant elle dès son entrée dans les lieux. Cependant, après quelques secondes de réflexion, sa décision se fit sentir dans ses actions ; elle décida de rester quelques temps. Elle même ne savait pourquoi elle avait délibérément franchi le seuil de la porte, et prit l'initiative de déambuler nonchalamment entre les recueils de connaissances... Peut-être une soudaine envie de briser son quotidien inlassablement identique avec ceux déjà achevés. Ses mirettes voguant de droite à gauche, elles vinrent se poser avec délicatesse sur un de ses camarades. Du fait de sa mise à l'écart volontaire, elle avait fini par oublier le prénom de ce compagnon d'armes. Bien décider à tuer le temps qui lui restait devant elle, la Pianienne se dirigea vers le bureau auquel il était attablé, elle lui souffla durant sa marche :

- " C'est donc toi le fameux rat de bibliothèque ? "

Elle n'en savait rien dans tous les cas, mais ce sobriquet semblait approprié pour un garçon qu'elle ne croise que trop peu et qui à cette heure veillait entre les murs de ce château, plus particulièrement ceux remplis de savoirs.

Le rat de la bibliothèque, le seul, l'unique, présentement, se découvrant petit à petit sous les yeux de la jeune femme, mais alors à quoi pouvait bien ressembler cette étrange et curieux animal ? Semblable à un adolescent cette espèce particulière et particulièrement rare était en tout points humain à la différence peut être des modifications subies et données par d'étranges herbes et incantations à son arrivée à Kaer Morhen. Hormis cette information que seul le peuple de la forteresse connaissait, rien ne laissait envisager autre chose du brin d'homme se tenant sous ses yeux. Son bandana servant de garrot à l'épaisse touffe hirsute qu'était ses cheveux à peine sous ses yeux qui se relevèrent bougea en même temps que le minois empli de puérilité juvénile se dévoilant alors sous la lumière de quelques torches, qui à son grand regret ne fonctionnait pas magiquement.

-Oui c'est moi. Qu'est ce que tu veux ?

Qu'il était loin le temps de sa timidité maladive en face d'une simple conversation avec un "inconnu", maintenant le temps avait fait son œuvre et il parlait avec une certaine assurance. Enfin le mot était relatif puisqu'il fallait le prendre sur l'échelle Regenhalt.

Depuis son arrivée à Kaer Morhen, le natif de Skellige avait passé plus de temps à la bibliothèque qu'à tout autre endroit de la forteresse. La journée d'aujourd'hui ne ferait pas exception.

Cependant, et contrairement à son habitude, Lynos ne comptait pas dévorer tout ce qui lui tombait sous la main mais avait une recherche bien spécifique en tête.

Il souhaitait en apprendre davantage sur les filaments ésotériques qui avaient perturbé le calme de l'antre des sorceleurs. Les recherches du garçon seront-elles fructueuses ?

De son côté, l'adolescente avait cherché des livres en lien avec les feus-follets où ce qui pourrait référer de prêt à ces filaments magiques éthérés.. Elle partait du principe qu'ils avaient une conscience. Tout en cherchant, elle demanda à son compagnon ce qu'il cherchait.

- Qu'elle est ton idée ? Je vais me concentrer sur les filaments, des "feus follets".. dis, tu voudrais bien m'énumérer les êtres/ monstres que tu connais ? Bien sûr, nous n'y figurons pas.

"Je me renseigne juste sur le fonctionnement de l'Empire. Tu crois que des sorceleurs comme nous pouvons accéder à des positions de pouvoir au sein de l'empire ?", demanda-t-il, se grattant le menton.

Il cherchait un historique des rois de Kaedwen, et du fonctionnement de la région depuis son annexion à Nilfgaard. Il souhaitait en apprendre plus sur le territoire dont il originait, connaître plus de villes que seulement Ard Carraigh. Il s'y rendrait après avoir quitté Kaer Morhen.

- Que ne te disais-je pas: tu vas devenir forgeron de l'Empire ! Même mieux ! C'est trop compliqué pour moi en tout cas. Les gens de la cour de l'Empire, l'on me disait qu'il n'y avait que des bruits par chez eux, du superficiel. Mais ça changerait avec toi, tu as une belle âme, je suis sûre que tu as de meilleurs chances en te renseignant comme c'la qu'les autres.. tares qui nous traitaient comme tel, du point de vue des paysans, pour eux, pour nous les sorceleurs.

Répondait-elle à sa question ? Elle laissa ses livres pour lui prendre le bras.

- Tu n'as pas la tête à te remémorer tout les monstres que tu as combattu hormis les Ghoules et les Haaki ?

"Mais Violette, je ne veux pas devenir forgeron impérial. Je ne veux pas que des enfants deviennent orphelins comme moi à cause de nobles qu'ils n'ont jamais vu. Pourquoi les royaumes du Nord devraient-ils être soumis à une force qui se situe à des semaines de trajet ? C'est injuste.", se plaint-il alors qu'elle attrapait son bras et qu'il resserrait sa dextre sur la main de Violette, en chassant le sang, alors que ses chairs blanchissaient sous l'effet de l'emportement.

Il fixait un point sur le visage de Violette, pensif.

"Parfois, les monstres sont les hommes, tu sais.", lui donna-t-il pour seul réponse.

- Ead.. tu me fais mal à la main..

Elle ne savait pas quoi répondre.. elle cherchait, sa main pressée ne lui fit sortir que deux mots.

- Tu es juste.

Puis, elle regarda le sol, honteuse d'avoir dit ça, de l'avoir heurté, instaurant un silence à la suite.