Un triste jour d'Avril de l'an 1380

La frondaison épineuse des conifères empêchaient mal la lumière du soleil, de pénétrer dans le bois, et les yeux de mutants n'eurent alors aucun mal à découper dans le paysage enneigé, la silhouette d'une jeune femme à la crinière flamboyante. Un grand manteau pourpre enrobait celle qui était de toute évidence une magicienne, comme en attestait l'halo dansant autour de sa main droite, dressée en direction du garçon, tandis que la gauche était posée sur sa poitrine. Elle était positionné de façon à ce que l'on ne puisse douter qu'elle venait du Nord, soit de derrière la montagne d'où le dragon s'était envolé.

- Tu peux ranger cette arme, sorceleur.

Dit-elle avec assurance, après que le contact oculaire fut établi, ses iris dans lesquels baignait l'océan, reconnaissant sans mal les yeux d'un mutant, elle en avait si longtemps côtoyé. Cela dit, son souffle, son regard, et même une partie de sa voix, trahissaient son éreintement : elle était ou épuisée, ou blessée, voire les deux, bien qu'aucune trace de sang ne soit visible. Puis, ses yeux bifurquèrent un instant sur le torse du mutant, et y voyant un médaillon en forme de loup, elle baissa sa main droite. Soulagée pour le moment, mais peut-être à tort...

- Tu n'étais pas de l'expédition ?...

Ajoute-t-elle ensuite, assez vite, et sans briser davantage la distance les séparant, tout en restant proche d'un arbre.

Une certaine douceur émanait de l'inconnue, comme si elle tentait de ne pas brusquer le jeune homme, et de comprendre la situation. Warin ne pouvait le deviner, mais elle était pour l'heure pas bien différente d'une femme ordinaire, presque incapable de magie...

Ainsi ses yeux cernèrent à travers pins et sapins la silhouette d'une femme rousse d'apparence jeune. Avant que celle ci ne prononce mot, Warin d'abord resserre son emprise sur le pommeau de son épée, cela pouvait être une vampire ou une succube qui allait abuser de ses charmes pour s'en prendre à lui. Très vite cette pensée tomba à l'eau, la magie entourant la main de la femme lui faisant comprendre qu'il s'agissait d'une sorcière et non pas d'une de ces créatures perfides. Vraisemblablement celle ci ne cherchait pas les problèmes, au contraire son attitude était pacifique à moins que tout ceci soit ne soit que de la comédie ?

Warin était pour le moment dans une phase d'observation, ou il détaillait les faits et gestes de l'inconnu, il put donc apercevoir via son regard et ses expressions l'épuisement de la mage. Le sorceleur qui n'avait pas rangé son arme, l'abaisse lorsque celle ci rétracte sa main.

- Non... Se contente t-il de dire, il n'allait pas lui expliquer le pourquoi du comment. Et toi ? Il y avait plusieurs mages.

Cela pouvait expliquer son éreintement. Le jeune sorceleur restait méfiant, cela ne faisait pas si longtemps qu'il avait démarré son périple, il se devait de l'être afin d'éviter les mauvaises surprises.
Une surprise, cette rencontre en était une, à voir si elle allait se transformer en bonne ou mauvaise. Son apparente délicatesse le fit penser à celle d'Iphia, ce qui ne pouvait que le rassurer.

Ne voyant pas d'agressivité de la part du sorceleur, Triss souffle.

- Donc tu ne sais pas ce qu'il s'est passé...

Murmure-t-elle presque pour elle même, mais tout de même de façon largement audible pour Warin. Elle retire sa senestre de sa poitrine, et range dans une sacoche ce que Warin put supposer être une sorte de xenovox de luxe, ou quelque chose y ressemblant fortement. Ensuite, la "jeune" sorcière se hâte péniblement vers les rebords de la "falaise", voir si tout allait bien en bas.

- Et que fais-tu là alors, une chasse, ou de la curiosité mal placée ?

Demande la mage, alors qu'elle défilait à travers les arbres, à plusieurs mètres du banni. La question semblait être posée avec une étonnante naïveté, ou alors était-ce parce qu'elle était inquiète, et préoccupée par autre chose que le sorceleur. ?

Aucune agressivité des deux côtés, c'était un bon point. Warin depuis son départ était devenu peut être un peu trop méfiant, il avait toujours peur de croiser quelqu'un envoyé par l'empire pour lui régler ses comptes. C'était peut être bête de penser cela, Valaar s'il avait voulu vraiment lui faire quelque chose ne l'aurait pas laissé partir de la forteresse, à moins qu'il possédait un esprit pervers et qu'il éprouvait du plaisir à imaginer Warin se faire chasser dans le Continent. Non c'était n'importe quoi, il n'avait plus rien à se reprocher, Warin avait déjà payé, il ne risquait rien. Par la réponse de la rousse il eut donc la confirmation qu'elle aussi n'avait pas pris part à cette exploration. Il eut brièvement l'idée de lui faire payer le peu d'informations qu'il avait, il avait besoin d'argents pour se payer un cheval après tout, mais il oublia rapidement cette pensée, quel genre de sorceleur faisait ça ?

- Pas vraiment non, un dragon doré s'est envolé et des personnes sont mortes. Mais si tu veux en savoir plus il suffit de te rendre à Kaer ou dans la grotte...

Si Triss était là depuis le début ou est arrivée juste à la fin peut être est-elle déjà au courant, ainsi Warin ne lui aura rien appris. Continuant de scruter les faits et gestes de la sorcière, il se décale légèrement lorsqu'elle décide de regarder en contrebas. La sorcière semblait très inquiète, quelque chose de plus grave était-il arrivé ? Warin n'arrivait pas à saisir l'enjeux de tous ces événements, un dragon avait quitté son cocon, rien de plus. Il lui manquait énormément d'informations pour pouvoir imaginer et dresser un scénario.

- Je devais y participer mais je me suis abstenu, vu les événements j'ai sans doute bien fait, je ne sais pas si j'aurai pu être d'une grande aide. Il y a un problème ? Je suis sorceleur c'est mon job de régler des problèmes...

Il restait évasif sur sa réponse, il n'allait pas dire qu'il voulait simplement savoir comment ses anciens camarades s'en étaient sortis.

Un silence vogua dans l'air, tandis que Triss se concentrait et observait la situation en bas. Difficile de voir une explication à ce qu'il s'y tramait maintenant, il semblait y avoir une agitation désorganisée, presque une panique... C'était à peu près le seul constat que ses yeux d'humaine pouvaient faire, en plus de voir la neige maculée de sang par endroit... Elle hésita à crier, et demander où était Anselt, mais se ravisa, jeta un regard à Warin et dit avec un sourire :

- Tu sais ce qui est plus difficile à manquer, qu'un fiellon dans un magasin de porcelaine ?... Un dragon doré volant au dessus de soi.

Elle ne reste pas longtemps aux abords, et entreprend de descendre par le bois - elle n'avait assez d'énergie pour amortir un saut de cette hauteur avec magie, tout en répondant à Warin.

- Des problèmes, il y en a plusieurs. Mais c'est hors de ta portée, jeune homme. Elle dépasse le garçon, et commence à trottiner, rien n'empêche Warin de la suivre. J'en reviens de la... "grotte". Et il n'est pas question d'y retourner maintenant, on a sous estimé les effets de la dimérite !

Une pointe d'amertume dans la voix, et elle semblait s'adresser à moitié à elle même. En tous les cas, cela donnait des indices à Warin quant à la situation, car si ses premières conjectures quant à la participation de la magicienne dans l'expédition, étaient compréhensibles, elles étaient loin d'être vraies.

- Quant à Kaer !...

Elle eut un soufflement de nez. Même si elle écoutait le garçon d'une oreille, sa façon d'évoquer la forteresse comme un endroit banal que quiconque pouvait visiter à sa guise l'amusa.

- On va commencer par se rendre au campement. Enfin "on"...

Elle s'arrête un instant. Hésite à lui dire de reprendre son chemin, qu'il n'y a rien qu'il puisse faire, et puis...

- Oui, on. Tu viens avec moi. On pourrait avoir besoin de ta lame.

Qu'il ait déjà commencé à la suivre ou non. Elle repense à l'insectoïde magique qu'elle a eu à affronter à l'intérieur... Et se remet donc en route.

Lui ne bougeait pas ou que très peu, simplement pour suivre la silhouette de cette femme et pour ranger son épée, il en avait plus besoin pour le moment. C'était s'encombrer pour rien. La situation en bas il ne s'y intéressait plus vraiment, il l'avait déjà fait durant plusieurs et longues heures. Sa petite dose d'humour qui contrastait avec le tragique de cette situation fut bien accueilli, il sourit en retour. Warin a 17 ans avait déjà aperçu deux dragons, un normal et un doré, s'il le voulait il pouvait déjà mourir tranquillement.

- Tous n'ont pas le réflexe de lever les yeux...

Il sourit davantage, se moquant un peu de sa propre situation, il était resté là des heures, au dessus de ses camarades sorceleurs sans que personne ne puisse le voir. Toujours à l'arrêt il écoute ce que cette mystérieuse sorcière lui rétorque, Warin s'était trompé à son sujet, elle avait bien pris par à l'exploration donc, elle en savait considérablement plus que Warin qui a observé la situation d'une hauteur. Il veut bien la croire sur la portée de ces problèmes et Warin ne cherche pas à en savoir plus pour le moment, peut être que plus tard il allait en apprendre un peu plus. Et puis il avait déjà essayé de résoudre des problèmes en dehors de sa portée, on a vu ou ça l'a mené.

- Qu'y avait-il dans la grotte ?

Rien que pour la dimérite il était bien content de ne pas être qu'un simple sorcier. Lui ne serait jamais affecté autant que ces magiciens. Le jeune sorceleur se mit en marche pour suivre la sorcière, ça ne veut pas dire qu'il souhaitait la suivre, il voulait surtout entendre la réponse à sa question.

Lorsqu'elle s'arrête, il s'arrête, il voulait en apprendre bien plus sur cette histoire, sa curiosité avait besoin d'être alimentée. Ainsi un sourire se dessine lorsqu'elle l'invite à la suivre, il ne regrette vraiment pas d'être venu, cela lui changeait de ses journées emplies de solitude.

- Une lame n'est rien sans son porteur.

Une façon de transformer son "On pourrait avoir besoin de ta lame" en " On pourrait avoir besoin de toi" ce qui satisfaisait beaucoup plus son égo.

- Vous devriez vous les sorciers apprendre à maîtriser une épée, ce n'est pas difficile et ça coûte beaucoup moins de ressources que la magie.

dit-il sur le chemin, la magie pouvait faire faux bon, pas une lame...

Un trait d'esprit qu'elle ne relèvera pas, ne saisissant évidemment pas à quoi il faisait référence. Elle n'y répondit d'ailleurs simplement pas, laissant l'idée à la suspension par laquelle Warin la ponctua. Elle répondit en revanche à sa question, mais pas tout à fait comme il l'eut souhaité :

- Je ne sais pas si c'est judicieux d'en parler à un inconnu. Tu pourrais être un espion à la solde de mages renégats... Elle sourit sans le regarder. J'en dis déjà trop en supposant que c'est un problème, que des mages mal intentionnés soient au courant !...

Elle émet un rire en réponse à la réplique bien avisée du jeune homme, et souffle de nouveau du nez, lorsqu'il conseille les mages...

- Les plus jeunes n'ont pas le temps, et les plus vieux n'en voient plus l'utilité, il y en a tout de même beaucoup qui apprennent. Mais c'est vrai, ce que tu as dit. Comment t'appelles-tu ?

Elle respirait un peu mieux qu'avant, l'air frais semblait lui faire du bien.

Même si Triss souhaitait ne rien dire et divulguer le moindre détail, au final il arrivait tout de même à dénicher quelques réponses. Derrière elle il sourit également face à l'évocation de mages renégats, Ailen pouvait-il faire parti de ces mages ? Lui ne l'avait jamais vu comme une menace, mais ce n'était pas le cas de tout le Continent.

-Peut être bien que oui, peut être bien que non... Cependant je ne pense pas être bon comédien et mentir me va mal . Les fois ou il avait menti il s'était fait sévèrement punir, quoique s'il devait dresser un bilan, certains de ses mensonges tenaient toujours aujourd'hui, ce n'était pas si mal. Petit à petit il commençait à saisir l'ampleur des événements, il y avait quelque chose là dedans qui pouvait attirer la convoitise de certains mages. Hmm hmm, ce n'est pas étonnant alors si les galeries sont remplis de dimérite.

En voulant fouiller et découvrir, tous ont certainement fait une bêtise. Ce lieux à l'écart a été construit de façon à éviter que les entités magiques s'en approchent, la source le il ne sait quoi à l'intérieur devait être très prisé et rare.

- Un stage à Kaer leur ferait du bien, certains sorceleurs maintenant envisagent avant de se lancer dans le Continent d'approfondir leurs connaissances à Ban Ard, pourquoi pas l'inverse ?

Imaginer un partenariat entre les écoles de sorceleurs et de sorcellerie, c'était plutôt ambitieux, voire utopique. Le jeune sorceleur laissa un silence s'installer, il ne savait pas s'il devait dévoiler son identité...Mais normalement son histoire ne s'était pas répandue alors il n'y a aucun risque.

- Warin actuellement. Warin de Poviss quand mes histoires seront contées. Car c'était toujours mieux de s'ajouter un nom. Et toi alors ?

Warin, naturellement, ne comprenait pas, et était sur une mauvaise piste, "tant mieux" pensa Triss, qui n'allait certainement pas le corriger. Elle se contentera d'ailleurs de répondre :

- C'est exactement ce qu'un menteur dirait, non ?

Bien qu'elle ne pense pas qu'il soit un menteur, elle était juste prudente, c'était sans doute mieux pour tout le monde.

- Ces sorceleurs ont plus de chance d'y parvenir sous Alduin, ils tombent à la bonne époque. Quant à Kaer pour les mages... Tu devrais savoir que vous y êtes trop nombreux, et qu'Eskel ou Lambert n'ont pas le temps de s'occuper de mollassons aux gênes normaux !

Oula, elle semblait en connaître des choses...

- Enchanté Warin Actuellement, hâte d'entendre tes futures épopées, tu as prévu un barde en témoin ? Elle rit, alors que les soupçons de Warin doivent être à leur apothéose. Puis, elle tourne la tête vers lui, souriante et si belle, je m'appelle Triss Merigold !

Ha ! De quoi faire tomber Warin à la renverse ? Peut-être bien... et peut-être pas. Certes Triss est une figure connue dans la communauté des Mages, et son nom est même cité dans pas mal de ballades, mais ce n'en fait pas une légende au même titre que Geralt de Riv, ou Yennefer de Vengerberg... En tous les cas, pas pour le commun des Hommes, et si l'on n'est pas un mage, il faut être un enfant ayant grandit en lisant les centaines de poèmes de Jaskier sur le boucher de Blaviken, pour connaître Triss Merigold. Ce qu'était effectivement Warin, contrairement à la majorité de ses camarades de Kaer Morhen, qui eux, n'auraient sans doute pas sourcillé en entendant le nom de la magicienne, dont ils auraient au mieux une vague réminiscence liée à un cours de magie, et encore.

Continuant sa marche derrière la sorcière, celle ci ne lui offre pas de réponses concernant sa supposition. Ca ne fait rien il en savait déjà plus que lorsqu'il s'est levé ce matin, c'étai déjà une réussite.

- Je ne sais pas, il faudrait leur demander.

Mais lui n'en connaissait pas ou ceux qu'ils connaissaient ils ne les portaient pas dans son coeur. Enfin tous les mensonges n'étaient pas pour autant mauvais. Le sorceleur fronce les sourcils ensuite, cette sorcière semblait en savoir des choses, ou plutôt elle en savait des choses, Lambert n'étant plus à la forteresse.

- C'est vrai qu'Alduin a l'air d'apprécier les sorceleurs. dit-il pas que pour lui même. L'empereur n'avait pas hésité à leur rendre visite à la forteresse, il s'entourait également de sorceleurs. Mais tout cela était-il sincère ? Vu comme ça oui, ils prennent déjà un temps considérable pour nous éduquer. Tant mieux finalement, jamais l'on risque d'être remplacé.

C'était tout bénéf pour eux. Dans le monde actuel ils étaient essentiels et pour l'instant ce n'était pas prêt de changer. Cette sorcière rousse aux yeux bleus semblait connaître Lambert et Eskel, en plus de ça son discours laissait penser qu'elle avait vécu à plusieurs époques. Se pouvait-il que ?  Il souffle du nez face à la remarque de la plus si inconnue sorcière, l'idée ne lui déplaisait pas, un sourire se dessine en l'imaginant. Cela aussi ne faisait qu'augmenter ses doutes quant à l'identité de la personne.

Lorsque la sorcière se retourne, dévoilant à Warin une nouvelle fois son délicat et charmant visage mais aussi son identité, le jeune homme stoppe sa marche et se fige un instant oubliant ce qu'il s'apprêtait à dire. Elle était bien évidemment connue de Warin, il avait lu son nom dans plusieurs poèmes, il connaissait donc une partie de son histoire, en plus de ça si sa tutrice avait choisi de vivre à Poviss il y a de nombreuses années c'était grâce aux actions de cette Triss Merigold qui par ses actes avaient fait de cette région un lieu rassurant pour les mages. Il l'observe attentivement, sa chevelure ardente, ses yeux cobalt, sa bienveillance et sa sympathie, ajouté à cela les informations sur la forteresse qu'elle semblait connaître. Après plusieurs secondes d'absence, Warin hausse les épaules puis reprend sa marche, contenant difficilement son sourire. C'était finalement une bonne surprise.  

- Triss Merigold donc... Tu n'es pas la première sorcière que je croise et la dernière que je croiserai... dit-il indifférent bien que sa précédente réaction trahisse ce caractère qu'il essayait de se donner.

- Pour que Triss Merigold s'y rende, c'est qu' il y a quelque chose de très important  à l'intérieur de ces galeries.

Warin ne perdait pas le Nord, ce qui serait un comble pour un nordique. S'il pouvait encore avoir des informations supplémentaires il ne se priverait pas.

- Il n'y a pas une faction "les sorceleurs". Commente Triss, offrant sa sagesse au garçon. Il n'y pas d'union, et chacun vit pour sa pomme... Elle semblait presque le déplorer. Mais il est vrai que l'empereur, contrairement à son père, ne vous hais pas...

Répondra-t-elle sans plus épiloguer, après avoir rit au "jamais l'on risque d'être remplacé". Quelle drôle de façon de penser ! Et puis, elle s'arrêta, elle aussi, en voyant que Warin s'était figé.

- Hm?

Fit-elle, devinant que son nom n'était pas étranger au garçon, et puis vit sa réaction, très faussement stoïque... Elle reprit sa course, sans rien dire sinon "Tu as croisé, et comptes croiser du beau monde alors !", mais intérieurement, Triss était profondément amusée par le jeune homme.

- On n'apprend pas que la curiosité est un vilain défaut, à Kaer Morhen ? Avec goguenardise.

Ils étaient bientôt en bas.

La plupart des sorciers était sage, maintenant qu'il savait que son interlocutrice était Triss Merigold, ses mots avaient comme par magie un peu plus de sens. Elle avait beaucoup plus de vécu et d'expériences que Warin, il ne pouvait que l'écouter. Il est vrai que les sorceleurs ne formaient pas qu'un et tous étaient différents, il n'y avait aucune obligations pour chacun de revenir l'hiver ni donner des nouvelles, c'est juste une coutume qu'ils ont prise mais qu'ils n'étaient pas tenus de respecter.

- Je l'espère. Une fois sur la Voie c'est toujours plaisant de croiser autre chose que des créatures. Enfin ça dépend sur qui l'on tombe.

Ecoutez le... Le sorceleur de 17 ans qui venait à peine de commencer son périple et qui faisait déjà l'ancien. Ils se rapprochaient bientôt du campement, sauter aurait été bien plus rapide mais ils n'auraient pas pu beaucoup discuter.

- Certainement, mais je ne suis pas à Kaer actuellement. Durant sa marche rythmée il fait mine de regarder derrière lui. Et ni Eskel, Lambert et Valaar ne sont là pour me tirer les oreilles.

Finalement la conversation était plutôt décontractée, loin de ce qu'il avait pu imaginer au premier contact.

Triss acquiesça, en lui soulignant qu'il avait du temps, s'il vivait assez. Puis la discussion eut le sens qu'elle eut, jusqu'aux "révélations" sur l'identité de la sorcière.

- Ahahaha, c'est vrai, mais alors, il faudra retourner à Kaer pour assouvir ta curiosité, parce que ce n'est pas moi qui vais te révéler les secrets de ces mines !

Warin comprendrait peut-être qu'elle faisait référence à ce que le garçon lui avait dit au début, comme quoi elle devrait aller à Kaer Morhen pour en savoir plus sur ce qu'il s'était passé ici.

Ils ont enfin le campement en vue, l'agitation est encore présente chez tous ces jeunes mages dont le maître venait de mourir. Triss continue d'avancer.

Et toc, s'il questionnait autant la sorcière c'est que justement il ne risquait pas de recevoir d'informations venant de Kaer Mohren. Cela faisait 5 mois qu'il avait quitté la forteresse un peu malgré lui, il regrettait encore ainsi il n'accueille la remarque de Triss que par un simple haussement d'épaules.

- Tant pis alors... Il me faudra attendre le prochain hiver. Il était un peu déçu, pas par le fait qu'elle ne veuille rien lui dire, il le comprend très bien, surtout par le fait qu'il ne sera certainement jamais au courant. Enfin la vie est faite de surprise, sa situation actuelle n'était pas éternelle, les choses pouvaient peut être changées.

Arrivant vers le camps, il continue de suivre la mage, certainement qu'elle allait tenir des mots au groupe de mage ou bien tout simplement préparer leur départ voire les deux. Mais elle lui avait dit que sa lame pouvait être utile, enfin il verra.

- Ce sont des élèves ?

La questionne t-il avant de rejoindre définitivement le campement.

- Plus ou moins...

Répond Triss, car ils n'étaient pas forcément des élèves au sens communément admit, mais elle n'avait pas tout à fait le temps d'expliquer... Alors qu'ils se rapprochaient, ils pouvaient distinguer un groupe de jeunes mages tout juste sortis de la grotte avec dans leurs bras une sorte de grand baluchon ensanglanté. Certains tremblaient, toussaient, d'autres vomissaient, s'approchaient du groupe, puis s'en allaient, tandis qu'un certain nombre restaient stoïques, ou s'isolaient; mais une chose était sûre : la grande majorité pleurait... Ne tenant plus, un des porteurs s'écroula, fondant en larmes qui gelaient sous les vents hivernaux, et un bloc gelé, un bout de chair avec de longs poils rouges de sang, tomba au sol... Triss a un haut le cœur d'abord, et toutes ses expressions se muent...

- Anselt...

Elle eut envie de se précipiter en direction du... "corps"... Mais se retint, et resta figée sur place. Que pouvait-elle faire, sinon les laisser faire leur deuil en paix ?... Elle commença tout de même à s'avancer dans le campement, l'air triste, observant le malheur sur les visages.

Triss et Warin pouvaient voir bien des visages en traversant le campement, cela allait des apprentis endeuillés, vomissant leurs tripes, pleurant sans retenue, ou effectivement s'isolant pour les plus pudiques... À l'écart, il y avait aussi les mineurs, dont certains avaient servis de guides. Eux aussi portaient des airs maussades, bien qu'ils ne prenaient pas part aux pleurs, se contentant d'observer la situation. Situation qui partait peut-être pour devenir plus triste encore... Des rares sorceleurs adultes présents, certains avaient déjà prit leurs chevaux et reprit la route, mais d'autres, qui avaient vagabondé en vain dans les mines, sans sous gagnés, ni même de découvertes intéressantes, refusaient de partir. Si un dragon doré s'était trouvé à l'intérieur, c'est qu'il y avait quelque chose digne d'intérêt, forcément, et sinon pourquoi voudrait-on les empêcher d'entrer ? Car c'était effectivement ce qu'il se passait... Deux sorceleurs, ayant environ la quarantaine d'années en âge physique, se dirigeaient vers l'entrée, tandis que quelques jeunes mags leurs intimaient de ne pas s'y rendre.

- Maîtres sorceleurs, vous ne devez pas entrer, c'est dangereux, et...
- Hors de mon chemin, gamin, ou tu vas rejoindre ton maître dans la mort. D'un ton implacable.

Le jeune homme tremble à s'en voir les jambes s'effondrer, et pourtant... court devant le mutant, et :

- CELA N-NE VOUS REGARDE PAS ! VOUS N'AVEZ PAS LE DR...

Un violent coup de poing écrase le visage du blondinet, éclatant son nez, et l'envoyant valser en arrière.

- Le prochain, c'est à ma lame qu'il goûtera.

Dit le mutant, en s'adressant à la compagnie de jeunes sorciers s'étant amassée autour. Quant au deuxième sorceleur, il ne dit rien, et suit pour entrer. La plupart des mages semblent trop épuisés pour tenter quoi que ce soit de magique... Mais d'autres, en sont peut-être capables, et Warin remarque sans mal avec ses sens, plusieurs jeunes mages avancer en direction des deux sorceleurs aux dos tournés, en murmurant des mots qu'il ne comprend pas... La situation pouvait salement dégénérer.

Que font-ils ?

Ils étaient donc enfin arrivés au campement, un campement ou toutes les émotions régnaient, il y avait des visages meurtris, frustrés, fatigués et d'autres énervés. D'abord ce qui le frappa ou plutôt ce qu'il put apercevoir, c'était la tristesse des nombreux jeunes mages puis celle de Triss, souriante jusqu'à maintenant. C'est un paysage macabre, il ne pouvait pas réellement comprendre autant qu'eux la douleur que causait la perte d'un proche ou d'une connaissance, mais il savait que c'était une étape difficile. Warin ne se sentait pas à sa place, il se sentait de trop oui, il ne savait que dire, que faire, c'était la vie. Ce Anselt avant de mourir a certainement assisté à l'une des choses les plus éblouissante que le Continent n'ait jamais vu : l'éveil d'un dragon doré.

Alors que la plupart était attristée par ce qu'il venait de se passer, dans une autre partie du campement régnait une autre ambiance, il y avait semble t-il des échauffourées, de la colère. Deux sorceleurs bien plus expérimentés que lui voulaient entrer dans la grotte et visiblement ils ne souhaitaient rien entendre. Le coup de poing de l'un d'eux envers un mage en était la preuve parfaite. Il fallait certainement faire quelque chose oui avant que la situation dégénère. Au  fond de lui il comprenait ces sorceleurs, lui aussi aimerait savoir la vérité, lui aussi ne dirait pas non à une petite trouvaille lui permettant de gagner de l'argent, mais il venait de rencontrer Triss Merigold, une sorcière qui a longtemps lutté pour de bonnes causes, même si ça le frustrait aussi de ne pas pouvoir en savoir plus, il était convaincu qu'elle avait de bonnes raisons de cacher la vérité sur cet endroit si mystérieux, ainsi le secret à son sens devait être préservé.

Il fallait calmer la situation, Warin s'avance, il retire sa capuche dévoilant de longs cheveux blonds attachés de façon à ce que sa vue ne soit pas entravée , son visage lui est marqué par deux cicatrices symétriques aux extrémités de ses yeux. Les mains en évidence il voulait paraître le plus amicale possible et inoffensif. Il prend la parole peut être connaissait-il de vue les sorceleurs présents.

- Camarades sorciers et sorceleurs ! Beaucoup de sang a déjà coulé. Inutile de tâcher encore plus la si belle neige de Velhad.

Il s'adressait donc autant à ses "camarades" et aux sorciers qui prévoyaient de riposter en douce.

- Sorceleurs, n'entrez pas. J'ai vu Josef Sutcliff sortir de ces galeries avec une dizaine d'autres de sorceleurs  tous exténués et blessés, vous êtes en train de vous diriger vers votre mort.

Allaient-ils écouter un sorceleur plus jeune qu'eux ? Peut être sera-t-il royalement ignoré, c'était fort probable, tous ne savent pas entendre raison.

- Il faut qu'on les arrête Warin !...

Avait dit Triss en accélérant le pas. Elle mit une main dans sa sacoche, et se préparait au pire. Elle ne fit néanmoins rien pour le moment, et laissa le jeune sorceleur prendre la parole, tout en s'écartant assez de lui.

Le sorceleur le plus virulent, un homme bien bâtit, avec une longue chevelure noire grisonnante, coiffée en queue de cheval, se retourna, tout comme le deuxième, dont les cheveu étaient d'un brun clair, presque blonds, mais courts, légèrement gras et décoiffés. Ce dernier avait un air impassible, et observait Warin avec le minimum de curiosité, il ne parlait pas, et se contentait de jeter quelques regards autour, notamment vers les mages qui s'approchaient, tout en jouant avec la brindille qu'il avait en bouche. Le premier quant à lui, dévisagea avec dédain Warin.

- C'est quoi ce bordel, un regroupement de jeunes tapettes ? J'sais pas qui est ton Josef, et j'en ai rien à foutre. Ma vie m'appartient, et les vôtres aussi si vous vous montrez plus téméraires que nécessaire.

Il crache au sol, puis se frotte le nez. Un soupir souffle derrière le désagréable personnage, et l'autre mutant, après avoir jeté la brindille, prend la parole :

- Ecoute petit, on a fait plusieurs bornes, pour protéger gratuitement ces gars, personne de raisonnable accepterait de partir les mains vides, alors que y a eu apparemment des découvertes intéressantes. Le dragon est parti, on sait qu'il n'y a pas de dangers insurmontables, et combien même, on est des sorceleurs.

Le premier fait un "humpf!". Tandis que le second regarde autour en désignant du regard les jeunes sorciers ayant apparemment encore des réserves magiques.

- Si on se bat maintenant, les futurs mages de l'empire vont périr pour rien, et si tu les suis, on se retiendra pas parce que t'es un brave garçon... Mais on n'est pas des criminels, on n'a envie de tuer personne, on veut juste voir ce qu'il y a là dedans, et on part. Tu peux même venir avec nous, t'as bien envie de voir ce que l'on essaye de nous cacher, non ?

L'Homme était charmant, une voix agréable, et semblait en somme bienveillant. Un silence morbide résonnait sur le campement après sa prise de parole...

Que font-ils ?

Le jeune sorceleur bientôt adulte soupire. Avec la réaction de ses "camarades" il pouvait constater les dires de Triss, il n'y avait pas de communauté de sorceleurs, plus il y avait de sorceleurs moins ceux ci étaient soudés comme cela avait pu l'être auparavant lorsque la forteresse n'abritait que quatres sorceleurs, à partir de là les avis de chacun pouvaient diverger, ils étaient même prêt à le tuer, ce que lui n'avait jamais imaginé. Warin s'il ne connaissait pas le niveau de ces sorceleurs connaissait le sien, et il savait qu'il ne pouvait pas les combattre. Il était vu comme un moins que rien et ça lui déplaisait, mais ce n'était pas le moment de faire parler son égo. Il allait devoir se montrer malin.

Il écoutait avec attention tout le monde, partagé entre les convictions de Triss et la tentation de suivre ces sorceleurs pour en savoir plus. Il écoute Triss avant que celle ci ne s'éloigne Alzur sait ou, elle avait certainement prévu quelque chose, Warin devait certainement gagner du temps et les empêcher de rentrer. Le jeune sorceleur ne bougea pas, il devait maintenir le dialogue, il s'adresse une nouvelle fois aux deux. L'un avait l'air plus amical que l'autre mais c'était certainement pour l'amadouer.

- Je comprends parfaitement mais les affiches étaient clairs, il n'y avait aucun prix, aucune rémunérations quelles qu'elles soient. Vous êtes des sorceleurs pas des bandits. Si c'est de l'argent que vous cherchez je peux vous payer et vous partez de là. J'ai 4000 florins caché dans mon taudis à Cridam. Je vous y mènerai.

Warin était-il sincère ? Dans tous les cas c'était une somme assez grosse. Se partager 4000 florins sans rien faire c'était à son sens une offre à ne pas refuser.

- Si vous entrez, vous ne pourrez pas sortir... Pourquoi croyez vous que je ne me précipite pas avec vous dans ces galeries ? Il laissait planer un mystère, comme s'il était au courant de quelque chose de primordial, quelque chose qu'ils ne pouvaient pas ignorer.

Il souffle du nez, apparemment amusé.

- C'est pour ça qu'on ne demande rien à personne. On ne compte rien voler, pas même un bout de cette dimérite au prix inestimable. Maintenant, 4000 florins... Ou tu mens, ou le savoir à l'intérieur vaut bien plus.

Son sourire s'étire, mais l'autre prend la parole.

- AHAHAHA !! Il en revient, et ne veut pas partager avec ses frères sorceleurs, j'y crois pas ! Allez viens Bjorn, avant que les soldats rappliquent.

Ils ne pouvaient pas deviner que le manque d'intérêt d'un sorceleur, soit lié à la confiance aveugle qu'il mettait dans une personne dont il avait lu l'histoire dans des poèmes... Et supposaient donc que Warin savait déjà, ou bien alors qu'il mentait, pour une quelconque raison. Bjorn se contente de fixer Warin sans rien dire.

- EH ! Le premier puceau qui lance un sort, verra tous ses camarades décapités, vous êtes prévenus !!!

S'adressant au comité de mages en herbes, serrant la mâchoire et grinçant des dents... Le premier se retourne et commence à marcher vers l'entrée en ayant dégainé son épée...

- Mouais. Il n'a pas été dedans. Et oublie qu'on vient de voir les apprentis revenir de là-bas avec les restes de leur maître... Pas terrible garçon, pas terrible, tu es un très mauvais menteur. Il émet un soupir, fronce les sourcils, déçu, puis se retourne. Il semblerait que la fraternité des sorceleurs ne soit plus d'actualité chez les jeunes générations...

Une main posée sur le pommeau de son épée à la ceinture, il reprend sa marche vers l'entrée, Warin ne sut pas être convaincant.

- On fait quoi s'ils s'en prennent à nos chevaux ?!
- Qu'ils osent.

...

Ces satanés sorceleurs, qu'avaient fait Eskel et Lambert pour former des types aussi sur d'eux et minables. Les différents arguments qu'il fit usage ne firent pas mouche, leur curiosité était infiniment supérieur à celle de Warin, même la somme qu'il proposa ne les attirait pas. Ils voulaient à tout prix percer le mystère de ces galeries et découvrir ce que les sorciers s'efforçaient tant de cacher. Il fronce les sourcils, ces deux là commençaient à l'agacer, et Warin n'était pas connu pour avoir un sang froid à tout épreuve.

- Bande d'abrutis... Pourquoi croyez vous qu'ils sont rentrés et sortis avec un mage ? Mais allez y tentez l'expérience, je me ferai un plaisir de vous piller vos florins et récupérer vos chevaux une fois que vous serez mort.

Il devait se montrer encore plus convaincant ou peut être menaçant.

- Vous entrez, je récupère vos chevaux, les soldats n'auront plus qu'à vous cueillir. Alors Bjorn ? Qu'est ce que tu en penses ?

Il pouvait davantage les énerver pour qu'ils aient envie de lui régler son compte. De son sac Warin sort également son xenovox, en espérant qu'il attise également la curiosité de ces deux "sorceleurs".

Les deux hommes s'arrêtent.

- C'est qui que tu traites d'abruti, sale petit con. Ton grand-père n'était pas dans les couilles de son père, que j'égorgeais déjà des vampires, et tu oses m'insulter, et me menacer ?!...
- Te laisse pas provoquer par un enfant, Daryl.

Daryl s'était retourné, pas Bjorn.

- Il y a des dizaines de chevaux, va trouver les nôtres, si tant est qu'ils soient attachés dans le coin. Quant au soldat, ils n'auront aucune raison de nous "cueillir", tant que les enfants se mêlent de ce qui les regardent.
- Bjorn, il essaye d'appeler quelqu'un... sale petit merdeux.

Bjorn jette un oeil, et remarque donc le xenovox auquel son acolyte faisait référence.

- Son papa peut-être. Se moque Bjorn, avant de continuer sa route, sûr de lui.
- Ahahaha ! Tu peux même appeler Eskel, on est dans notre droit, ahahaha !

Se moquant allègrement du jeune sorceleur, qui n'aura pas fait beaucoup mieux que gratter quelques secondes pour le moment. C'était peut-être déjà pas mal, car au moins, cette tension redirigée entre les trois mutants, avait permit aux jeunes mages zélés de retrouver leurs lucidités, et ne pas faire quelque chose qu'ils pouvaient amèrement regretter. Triss reste non-vue, et les deux sorceleurs ne sont plus qu'à quelques mètres de l'entrée, avec personne les empêchant d'avancer.

Le jeune homme voulait sourire face aux différentes insultes dont il était la cible, mais le fait est qu'il était dans une totale improvisation, il faisait confiance en cette Triss, en espérant qu'il ait fait le bon choix... Ainsi il ne maîtrisait pas grand chose.

- Tu tues les vampires alors que ce sont les seuls femmes qui ont envie de toi ? Regarde toi tu es plus déformé que les moires ne l'étaient.

Un semblait très colérique il pouvait essayer d'appuyer sur ce point.

- Et bien je les libérerai tous, ça ne me pose aucun problème. Je sais parfaitement reconnaître les chevaux d'un sorceleur, pour toi Bjorn j'aurai peut être un peu de mal. Mais toi Daryl j'arrive à te sentir d'ici, pauvre cheval il doit empester également...

Il continuait son petit jeu, même si cela semblait difficile de les retenir sans agir. Il se mit également à rire.

- Ahahahahahaha, Eskel vraiment ? Je vous assure que vous ne souhaiteriez pas rencontrer la personne à qui je pense. Ailen Emrawlin, ça vous dit quelque chose ? Un grand brun à capuche, les yeux étrangement vert.

Désolé Ailen, il ne savait pas s'il avait eu raison de prononcer son nom devant autant de jeunes mages mais Warin n'était pas dans une situation idéale. Peut être bluffait-il ? Les sorceleurs pensaient-ils réellement que Warin un jeune de leur race de 17 ans, beaucoup moins fort qu'eux, osait les défier sans certitude, sans garantie, sans une roue de secours ?

C'est surtout qu'ils n'avaient pas l'impression d'être défiés. Warin agissait comme un enfant, et ne leur inspirait alors aucune crainte. Il aurait put faire plus sérieux... Croyait-il vraiment mettre à mal des hommes dont les avertissements étaient ornés de menaces de décapitations, en leur disant qu'ils étaient laids, ou qu'ils ne sentaient pas bons ?...

- Allez va jouer, pauvre tâche, si t'as pas les couilles d'agir, arrête de faire semblant.

Seule réponse, venant de Daryl. Bjorn se contentant de souffler du nez, face aux insultes ridicules de Warin. Ils ne réagirent pas non plus à ce qui était supposé être un argument d'autorité. Ailen Emralwin, n'était connu que dans les hautes instances Nilfgaardiennes, et encore.

C'était mission difficile de les retenir, il avait essayé un peu tout, d'abord de proposer de l'argent, puis il les avait mis en garde sur le fait de rentrer seul sans mage à leurs côtés, ils semblaient bien trop motivés. Au vu de leur caractère, ils pensaient que leur balancer des insultes futiles pouvaient les énerver et leur faire perdre plus de temps mais encore une fois il s'était fourvoyé. La vérité était que Warin n'avait pas d'arguments pour les retenir, il était jeune, moins forts, et la plupart de ses menaces n'étaient que du bluff il ne pouvait contacter personne. Etait-il prêt à se battre ? Peut être que Triss s'était simplement barrée, non les histoires ne la décrivaient pas comme ça, enfin peut être qu'en vieillissant elle avait changé.

- T'as raison je vais aller jouer avec les chevaux.

S'occuper des canassons était finalement sa seule chance, il se retourne et commence à partir en gardant ses sens en éveil pour savoir si les deux sorceleurs continuaient leur chemin auquel cas il se retournera pour agir.

Loin des oreilles de Warin, Daryl s'adresse à Bjorn.

- Il risque de le faire, cet attardé !...
- ... Si tu n'avais pas frappé le petit, c'eut été tranquille...
- C'qui est fait, est fait ! T'crois pas on a le temps de tous les tuer, et se barrer avant que les noirs débarquent ?
- ... On ne va pas tuer des gosses, pour peut-être quelque chose d'inutile.
- Ce serait inutile, ils se seraient pas autant acharnés !!
- ...

Bjorn s'arrête. Daryl fait de même ensuite.

- Alors ?
- Chhht... Bjorn d'abord, puis Daryl, se retourne, la mâchoire serrée.

Warin sentait son médaillon vrombir de plus en plus fort, alors qu'il entendait des pas rapides dans la neige courir dans la direction des deux sorceleurs.