La tour d'observation

Violette se tenait droite, les mains appuyé contre la rembarre qui entourait la cloche au dessus de sa tête. Ses cheveux roux étaient maintenant détachés, et ses bras portaient ses bleus, symbole de ses entraînements récents aux armes.

À l’entente de ce bruit singulier, l’adolescente aux reflets roux s’activa.
Ses mains lâchèrent ce qui la protégeait du vide pour poser un de ses pieds tout contre. D’une flexion de ses genoux juvéniles, elle se repoussa du sol, retenue par la balustrade. Son dos se posa contre la cloche, assez basse et grosse. Son camouflage pouvait être parfait si celui qui montait ne tournait pas autour de la cloche. Pour l’instant, il ne voyait aucune grosse cloche et rien d’autre.

La demoiselle souriait malicieusement, les mains contre cet instrument qui prenait les chaleurs du midi.

Enfin seul.

Il s'approcha de la cloche, donnant de petits coups du doigt sur celle-ci, la faisant faiblement tinter. Puis, il se rapprocha de la rambarde, en sifflotant les musiques de son enfance douloureuse à Ard Carraigh.
Après quelques minutes, il s'arrêta, pour s'assoir en tailleurs en face du vide. Lâchant un long soupir, il lança un Aard dévastateur dans les airs, pour se défouler.
La bourrasque fit bouger les arbres au loin, alors qu'il se mettait à murmurer, fixant l'horizon.

"Bon, courage, elle n'est pas là.", se dit-il.

"Tu sais ce que je pense de toi, mais ... Non, non. Trop sérieux.", continua-t-il. Il semblait répéter.

Après quelques secondes où il continua de murmurer, il sauta rapidement pour se remettre debout, s'accrochant à la rambarde.

"Je sais !", cria-t-il, comme simple eurêka.

"Violette. Depuis la dernière fois, je ne pense qu'à toi. J'avais eu peur que quelque chose t'arrive, dans cette maison, avec les goules. C'est là que j'ai réalisé ce que je ressentais vraiment pour toi ...", dit-il, faisant semblant de parler à son inclination.

"Oui, voilà. je devrais lui dire ça.", conclut-il, se retournant à nouveau vers la cloche, dos à la rambarde.

Elle ressentit les vibrations de la cloche dans son dos, drôle de sensation. Un peu sonnée au début par le son qui tintait fort à ses oreilles, toutes proches, un petit rire s’empara en suite de sa personne. Elle le refoula sans bien de mal, écoutant le sifflement armoriaux de celui qui se trouvait là, à quelques mètres.

Le Aard la déstabilisa mais son pied s’orienta vers l'intérieur, ses mains s’agrippèrent au métal chauffé qui brûlait légèrement les doigts de l’équilibriste. Elle allait se dévoiler lorsqu’il commença à parler, et le sujet ne pouvait être qu’elle, du moins, elle en eu la certitudes quelques instants plus tard. Le cœur de ce stéréotype coloré de sorcière s’emballait tandis-ce que son regard essayait de trouver Eadwacer, dans l’impossibilité du champ, doré de la cloche.

La fleur se laissa porter par la pesanteur et fit glisser ses doigts de la cloche pour ne pas qu’ils soient visibles. De son pied elle sauta légèrement pour se tourner, en face juste de la cloche. La tige était visible maintenant certes, et elle entreprit de voltiger en contournant la ruche qu’était la grandeur de l’objet scintillant. La porte, il fallait gagner la porte et faire comme si elle venait juste d’entrer. Un but qui la brûlait de l’intérieur et de l'extérieur, pour enfin arriver vers lui. Son visage était d’ors et déjà rosé et sa respiration provoquait de la buée son reflet doré.

Il entendit un corbeau crier au loin.
Ce fut suffisant pour que la jeune fille puisse mettre son plan en oeuvre.

Quand il tourna à nouveau la tête vers la cloche, celle-ci paraissait être en train de sortir des escaliers. Elle était toute rouge, comme si l'ascension l'avait épuisée, ce qui l'étonnerait puisqu'elle était, après tout, une sorceleuse.

Lui qui venait à peine de répéter ce qu'il comptait lui révéler, fut surpris par son arrivée. Bien que son discours soit prêt, il ne l'était clairement pas, mentalement. C'est ainsi qu'il se mit à rougir, lui aussi, balbutiant un salut.

"Violette ... Ça ... va ?"

Son manège avait marché et elle n’en était pas si fière au fond. Ses mains se frottèrent l’une à l’autre l’air enjouée, ce qu’elle était un peu plus avant tout cela. Résultat un signe de Igni sembla lui parcourir les paumes. Un sourire plutôt crispé en découla.

- Ead !.. Je me suis râpé un peu les mains contre la rampe en métal de l’escalier en courant, je.. j’étais pressée de te voir.. et toi alors ?

Comment savait-elle qu'il serait là ? Le garçon ne se posa même pas la question, obnubilé par la présence de sa bien-aimée...

"Qu'est-ce que... Qu'est-ce que tu fais là ? Je croyais être le seul à monter ici ...", dit-il, hésitant. Il avait encore sa déclaration en tête, et lui parler comme si de rien n'était était un peu ... déstabilisant.

Il s'approcha de la jeune fille, lui prenant la main pour l'examiner. Il était habitué à ce genre de blessures à ce genre d'endroit, étant forgeron. Il acquiesça en constatant la faible gravité de ses plaies, puis plongea ses yeux dans les siens.

"Je monte parfois, pour imaginer de nouvelles pièces de forge. Et puis, on ne sait jamais, si quelqu'un voulait nous attaquer, je le saurais avant tout le monde...", blagua-t-il, souriant.

Violette s’approcha du bord, s’approchant de lui. Elle pointa en bas même si elle ne pouvait pas précisément marquer cette position.

- Je te vois de la cours, le parcours où je m’entraine toujours avec ta double dague, avec le mannequin qui était trop grand pour moi.
La jeune fille savait qu’il avait sa déclaration, elle parlait du passer pour consolider leur présent.

- Toi, la tête dans les nuages même si tu y voit du forage.. c’est marrent on dirait moi, un peu.

Les yeux dans les yeux elle laisse son maître forgeron constater ses blessures comme un maître d’école examinerait celles de ces élèves pour ne pas qu’ils soient salis, à la différence que, dans le métier de forgeron, comme de sorceleur, plus tu avais de mains cailleuses, plus ça prouvait que tu avais travaillé et non flâner à dessiner à l’encre, ou bien encore l’écouler sur ta main.

- C’est pour ça, tu me surveilles depuis là haut, n’est-ce pas ? On se surveille mutuellement, dans l’état de trans que tu doit être, si j’attaquais ou quelqu’un d’autres, tu ne verrais rien..

Elle ria légèrement, taquine. La « pré adolescente » en était devenue une adolescente affirmée, plus confiante, moins dispersée, plus concentrée.

Son coeur se mit à battre plus fort alors qu'elle s'approchait. Sa première remarque le rassura un peu. Il reprit son sourire habituel.

"Ah, j'imagine qu'on me voit ... Il faudra que tu me montre ce dont tu es capable !", la défia-t-il, joueur.

Elle était plus belle chaque jour, et le garçon avait l'impression de retomber amoureux quand il la voyait de nouveau. Cela contribuait plus à retarder sa déclaration qu'à lui accorder plus d'assurance ...

"Oui, on se ressemble sur ce point... Tu vois quoi, dans les nuages, toi ?", lui demanda-t-il, légèrement intrigué.

Le lilas de ses yeux ressortait dans le ciel bleu, qui lui-même tranchait avec sa chevelure ardente. Le cœur d'Eadwacer sembla s'enfoncer dans sa cage thoracique devant cette vision presque divine
Sa taquinerie, et son rire le sortirent de sa rêverie, de la plus douce des manière. Il avait envie de tout lui dire, maintenant. Et peu importait la réponse.

"Violette, j'avais quelque chose à te dire ... En ce moment, je ne pense qu'à une chose ...", commença-t-il.

Elle, s’assurait à mesure qu’elle s’approchait de lui. Après tout, c’était bien lui qui l’avait éviter de finir brûlée.

- Si tu baissais les yeux tu pourrais voir, mais je préfèrerais que tu ne sois pas que spectateur, cher entraîneur..

Il avait les cheveux scintillant comme le soleil qu’il incarnait, un sourire ornait son visage comme si les nuages étaient chassés par sa présence seule. Paradoxalement, elle devait détourner son attention pour devoir contempler les nuages, mais si c’était pour lui, elle le fit bien volontiers.

- Je vois.. des bébés moutons, comme j’en avait dans ma ferme, je revois le coton qui est si doux et si utile.. qui peu apaiser bien des tracas..

C’était plutôt simpliste comme analyse, mais son regard s’était bien vite retourné sur Ead, ses mains dans les siennes représentaient se coton, une partie pour un tout et ce n’était pas juste cela.. mais c’était la première chose qu’elle avait vu ce jour là, ça restait gravé dans sa mémoire, et elle lui caressa les mains en retour suite à ses paroles, attendant la suite le cœur battant et les cheveux rougeoyant, comme son visage, au vent.

Il était obnubilé par l'instant. Laissant tomber toute discussion précédente, il serra un peu plus fort les mains de la jeune fille, sans lui faire mal ni même provoquer un inconfort, juste assez pour montrer sa présence et l'importance que ce contact avait pour lui. Son entraînement disparut face au moment.

"Je ne pense qu'à toi, Violette. L'idée de te risquer de te perdre, comme la dernière fois à Seig Lyn... Je ne supporte pas ça. Je t'aime, Violette."

Alors qui concluait sa déclaration, il s'était rapproché, lentement, évitant de l'intimider par des mouvements brusques.

Elle se laissait faire et elle exerçait la même étreinte.. C’est dire si elle ne pensait qu’à lui, oui, bien sûre. Pourquoi ses cheveux s’étaient détachés, pourquoi était-elle montée ? Pour lui. Rien que pour lui.

- Tu me donnes tant de force Eadwacer.. tout mes entraînements, ils sont tous pour que jamais nous soyons perdus après tout ça..Après..tout ce que l’on a supporté..Je suis amoureuse de.. de toi Ead, oui.., oui..

Elle se l’avouait enfin, elle lui avouait, son cœur s’emballait et il ralentissait et elle bagayait mais aussi, elle souriait à l’approche, à leur confidence mutuelle.

Son cœur tambourinait fort dans sa poitrine qui commençait à apparaître. Elle avait aussi commis des erreurs avec lui, notamment au puit. Une réaction excessive face à une incompréhension.. mais les tords peuvent disparaître au au vent de nouveaux bienfaits, comme ceux ci.

La fleur resta tout à fait immobile, la tige tendue, les pétales au vent, face à la réaction impossible et impassible de son aimé, d'extérieur peut être, mais pas d’intérieur. Son regard violacé suivit le mouvement de déglutition de sa pomme d’adam qui lui provoqua le même mouvement avant de rire à son tour la joie se confondant en un tout qui fit ployer le corps de tige de la demoiselle et sa tête qui s’avança, les yeux bien ouverts et les lèvres tressaillantes qui allaient gagner celles de ce valeureux chevalier, remontant une de ses mains à son poignet porcelaine, le cœur en alerte.