Cellule de Lynos

Lynos avait été enfermé dans une cellule crasseuse, sans doute l'un des seuls coins qu'il n'avait pas récuré dans cette maudite forteresse. Il était là, à 12 ans, attaché comme un dangereux criminel. Quel était son crime ? Avoir aidé ses compagnons à tuer un monstre ? S'être fait extorquer par cette catin de Vicovaro ? Se faire battre par Valaar ? Voilà ce à quoi les sorceleurs en étaient réduits, pour avoir laissé les mages s'installer ici, à croupir dans un cachot miteux.

Des chiens à la solde de l’empereur du Nilfgaard et de ses mages, voilà ce qu'ils étaient devenus. Depuis quand Eskel, et les autres mutants, étaient-ils devenus si lâche ? Un jour Kaer retrouverait sa grandeur d'antan, mais avant ça il faudrait procéder à une épuration en bonne et due forme. En effet la légendaire forteresse des sorceleurs était devenu un nid à sorciers , ces derniers y faisant la pluie et le beau temps. Les magiciens, tout comme les Nilfgaardien, étaient une véritable gangrène, il faudrait tous les exterminer.

-Patience, se dit-il à lui-même, ton heure viendra.

Il observa attentivement sa cellule mais sa geôle ne semblait avoir aucune faiblesse. Pas d'évasion possible, en tout cas pour le moment.

La fée ? Putscho ? Tu m'entends ?

Ne fais pas l'idiote ! Si tu viens m'aider à sortir d'ici je te promets que je ferai tout pour récupérer ta baguette ! insista Lynos

En attendant que la fée lui réponde, le garçon essayera de déplacer les barreaux de sa cellule. Certains barreaux bougeaient-ils sous l'action du rouquin?

Les barreaux étaient aussi solides qu'ils en avaient l'air, insister plus longtemps ne ferait qu'épuiser ses forces. Quelles options lui restait-il ? Supplier pour qu'on vienne le libérer ? Accepter l'injuste punition sans broncher ? Ça jamais, Lynos était bien trop fier pour ça.

En désespoir de cause, l'enfant se déshabilla, gardant juste son caleçon et ses bottes, et fit une boule de ses vêtements qu'il déposa entre les barreaux de sa cage. Puis il tenta d'enflammer le tas de vêtements grâce au signe Igni. Si besoin il se servirait du seau à excréments comme combustible supplémentaire. Le fer, ainsi chauffé, se trouverait fragilisé et il lui serait alors aisé de le briser à coups de pied.

-Ahhh bordel, s'énerva-t-il en voyant les flammes s'éteindre peu à peu.

Il prit une profonde inspiration avant de tout relâcher dans un hurlement :

-Héééééééééééééééééé Ohhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh, y a quelqu'un venait m'ouvrir ! Je suis enfermé dans les geôles !

Son appel resta sans réponse. La solitude était sa seule amie, une amie dont il se passerait bien.

Tant pis, il ne lui restait plus qu'à attendre qu'un geôlier vienne lui apporter sa pitance. Sa détention promettait d'être pénible, surtout depuis qu'il avait calciné son seau qui faisait office de pot de chambre.

Cela faisait des jours, peut-être même des mois, qu'il n'avait pas vu la lumière du soleil. Pour autant le temps passé dans cette cellule n'était pas du temps perdu, il entretenait son corps comme son esprit. Sa maigre pitance lui avait permis de se débarrasser de son surplus de graisse, et des exercices quotidiens lui avait octroyé une musculature digne d'un vrai sorceleur.

Dans l'ensemble Lynos vivait bien plutôt bien sa détention. Une pensée, pourtant, le chagrinait. Ses nombreux appels de détresse étaient restés sans réponse. Ses amis n’avaient-ils que faire de lui ou alors quelque chose, ou quelqu'un, les empêchait-il de venir à sa rescousse ? Une chose était sure, à sa sortie il aurait des comptes à régler...

-Le roux.


Une voix retentit soudain de la pénombre qui mène du château a la cellule du rouquin, la voix du tristement connu petit Salazar. Celui-ci porte une tenue légère sans doute signe que le soleil brille haut dans le ciel dehors et que en conséquence les exercices physiques en accoutrement léger sont de mise. La voix du petit hérisson n'es ni provocatrice ni chaleureuse, elle se présente comme un fait qui rentre dans un débat, un fait qui rappel Lynos a la réalité, il n'es pas seul dans cette forteresse.

Alors que le jeune prisonnier était en pleine séance de méditation, une voix, qui habituellement avait tendance à l'irriter, vint le sortir de sa transe. Aujourd'hui, après avoir été privé de chaleur humaine pendant une bien trop longue période, les cordes vocales de son camarade lui mirent du baume au cœur. Tout le monde ne l'avait pas oublié.

-Sal ? C'est bien toi mon vieux ? Rapproche-toi, je veux être sûr que ce n'est pas juste mon imagination qui me joue des tours, s’impatienta Lynos qui se colla aux barreaux, cherchant du regard son camarade de promotion.

Se reprenant, des voix venant de la continuité des cachots attira plus son attention que l'excitation d'Alban, et pour cause, elle trouvait un moyen de ne pas le regarder et de trouver une raison à toute cette orchestration.

- Ecoute ça, tu entends ? Tu ne nous aurais peut-être jamais suivi sinon. C'est bien plus grave entends, un des notre a été enfermé ! C'est bien la forteresse qui est en proies aux flammes, mais des flammes qu'on a essayé d'étouffer ici. Venez voir !

Avec un signe de main, elle mena au moins Ead jusqu'à la cellule de Lynos, où Salazar avait trouvé une curieuse pitance.

- Seigneurs impies ! Lynos, qu'est-ce qui t'es arrivé ? Nous sommes bien là.

Eadwacer continuait à se foutre ouvertement de sa gueule, sans malice cependant, il trouvait juste ça drôle.

"Ouais, c'est vrai ... C'était ... pour que tu nous suives ...", dit-il avec difficulté.

Son fou rire le rendait coupable, alors que tout ça était l'oeuvre de Violette ...

"Lynos ? Tu es à ta place, pour une fois ...", dit-il, soudainement moqueur.

Ce n'était pas un mais bien trois invités qui lui firent l'honneur de lui rendre visite. Le premier presque nonchalant, la deuxième paniquée alors que le dernier était clairement goguenard. Une compagnie hétéroclite comme on ne pouvait en trouver qu'à Kaer.

-Ah...Violette, Eadwacer, vous êtes la vous aussi ? Qu'est-ce ce qui vous amène dans mon humble demeure ? demanda-t-il affablement.

-...

IL semble que toute l'équipe a eu la même idée, même Violette, surtout Violette ! Elle à un don incroyable de l’irrité ses derniers temps surtout depuis la dernière aventure, mais bon les fautes sont de partage. Quoi qu'il en soit il se retourne vers le Roux et il répond, ou plutôt il demande l'air nonchalant.

-Bon tu sort quand ?

Alban grimace, agacé qu'on l'ai entourloupé ainsi.

-J'vous aurais jamais suivi ... et puis quoi encore. Si vous m'aviez simplement dit qu'on avait besoin de moi quelque part je vous aurait suivi sans faire d'histoire, vous me connaissez, j'suis pas une enflure ! Mais bon, c'est pas grave hein ...

Il soupire et s'étire un instant en regardant le jeune garçon à la chevelure de feu.

-Qu'est ce qu'il fait là lui ? T'as fait une connerie c'est ça ?

Violette croisa ses bras en écoutant Lynos. Il avait encore de l’humour. Soit il allait bien, soit son appétence au drôle assidue le rendait fou.

- Savoir ce qu’il s’est passé. Et peut être qu’en fonction, Alban aurait pu te libérer ?

Entre Salazar et Violette se trouvait une corde tendue par lui même de non amabilité frigide qui les maintenaient loin, alors que le souvenir d’un rapprochement combattif puis intime les avait amené à être ami il y a deux ans.

Décidément il ne manquait plus qu'un polymorphe à transformation unique pour que la compagnie soit au complet. C'est alors que le rouquin prit conscience qu'il n'était vêtu que d'un simple caleçon, ce qui n'avait pas l'air de surprendre ses camarades outre mesure.

-Une connerie, une connerie, c'est vite dit ça. Disons plutôt que j'ai sauté à pieds joints dans un piège que m'a tendu cette satanée sorcière de Vicovaro, avoua sans aucune honte Lynos. Résultat je me suis fait dépouiller d'un bien qui m'était précieux et je me retrouve dans cette cage pour une durée indéterminée.

Puis se tournant vers Violette :

-Alban me sauver ? J'espère qu'il est capable de prendre la forme de la clef de ma cellule parce que sinon je vois pas vraiment comment il pourrait me tirer de là, ironisa-t-il.

Son rire s'estompa lentement.

"C'était plus drôle de te voir paniquer.", répliqua-t-il en direction d'Alban, un sourire malicieux au visage. Et puis, où était le mal, après tout ?

Il se tourna vers Lynos.

"Et c'était quoi ce bien ? Un truc illégal j'imagine, te connaissant.", demanda-t-il, suspicieux.

Il regarde Ead, un peu blasé.

-Marrant, marrant ... surtout pour vous ouais ! Mais bon, je vous en veux pas.

Il arque un sourcil en direction de Lynos.

-Elle est plutôt gentille elle, à mon avis t'as vraiment dû faire une grosse connerie pour finir ici aux cachots. Et malheureusement pour toi, je ne peux pas me transformer en clef. Rhadamante aurait peut être pu te sauver mais je pense que la porte est enchantée. En bref, t'es foutu.

-Je dois admettre mon bon Lynos que j'attendais autre chose de toi. Ta bien conscience que nous ne serons pas des gosses pour toujours hein ?

Demande t'il en haussant un sourcil les bras croisés, l'air curieux si Lynos en prend vraiment conscience.

-Moi en toute façon la dernière "aventure" ma remis l'esprit en place. Je suis loin d'être aussi fort que j'ai songé l'être, donc si tu veux un conseil Lynos quand tu sortira d'ici viens avec moi t'entraîner et évite les problèmes ! Nos maîtres ne seront pas toujours aussi indulgents avec nous.

Conclu t'il l'air complètement sincère, a vrai dire il parle aussi de lui même. Il a conscience que s'il continue a être irresponsable il va un jour être dans une situation ou l'issue sera inexistante, et il espère que son camarade de promotion en a aussi conscience que lui.

- Bon et bien si Alban ne peut pas utiliser sa force de loup-garou pour ouvrir ta prison.. et comme tout le monde semble conformé, tu vas rester un moment. Mais on peut être te rapporter un truc à manger ?

Elle entendait ce qu'il se disait et le furoncle grossissant que constitua la tête de Salazar durant leur dernière expédition avait dégonflé, ce qui était très surprenant. Il était sûr qu'il essayait de se convaincre de ce qu'il disait, et Violette croisait les bras.

- Si je ne m'abuse Lynos, tu n'avais même pas assez d'argent pour t'acheter de lance, alors quel grand bien puisse être convoité par nos supérieurs ? Tes antécédents seraient plus mystérieux que ça ? Tu as l'air trop calme et serein, tu prévois d'attendre comme ça la fin de ta sentence ? Tu n'as pas l'air d'avoir enterré la hache de guerre..

Enfin, elle haussa les épaules et se tourna vers Alban.

- Tu as des nouvelles à nous faire part ? Quelqu'un à des nouvelles de Putsho ? Si on s'organisait mieux, vous croyez qu'on pourrait lui retrouver sa baguette ou c'est trop tard ?

-Bon puisque vous vous êtes mis d'accord pour me tirer les vers du nez, je vais vous dire la vérité, la stricte vérité. Il est possible que j'aie récupérer un "morceau" de la créature que nous avons occis, il y a peu, et que j'espérais en tirer un bon prix auprès de la magicienne. Cette harpie a accepté notre accord pour ensuite me dépouiller de mon bien, oublier ma compensation et me jeter dans les cachots par la même occasion. Vous êtes satisfait ? leur répondit-il avec un sourire crispé par la colère que lui suscitait ce douloureux souvenir.

Puis Lynos se tourna, tout à tour, vers Salazar et Violette.

-Salazar tu m'attristes beaucoup si tu penses sincèrement qu'il s'agit là d'une bêtise de gosse, je pensais que tu te faisais une meilleure opinion de moi. Saches que cet argent, je le réservai aux pauvres petits orphelins de Seig Lyn à qui la guerre et les monstres ont arraché les parents.

-Merci Violette, une choppe de bière fraîche et un peu de lard sur une tartine de pain ne serait pas de refus, remercia-t-il la jeune sorceleuse qui était la seule à lui proposer un soutien. A défaut de fracturer la porte, peut-être que vous pourriez intercéder en ma faveur auprès d'Eskel ? Lui seul a le pouvoir et la bonté pour me faire sortir de ce trou.  

Il croisa les bras.

"C'était quoi, ce morceau ? T'aurais dû réfléchir un peu plus avant d'aller la voir. C'est pas compliqué d'imaginer la réaction d'un adulte responsable qui voit un enfant se balader avec un objet dangereux dans la main...", dit-il de manière hypocrite, pensant à ce qu'il cachait dans la forge.

Il aurait pu très bien l'aider, du moins si la cellule n'était pas protégée par un quelconque sort, mais il ne prendrait pas le risque. Il était après tout l'un des rares élèves doué avec les métaux, et la déduction se faisait rapidement. Aucun intérêt de risquer l'interdiction de l'accès à la forge.