Un sentier coupant le bois

Alban chevauche aux côtés de Jeanne, faisant attention aux bruits alentours, parce qu'on sait jamais. Il rapproche son cheval de celui de la jeune femme de façon à ce que cette promenade sois un peu plus intime. Il jette des petits regards et sourires à sa compagne, ne sachant pas trop quoi dire. Après un petit instant de solitude, il se lance.

-Ça me fait plaisir d'être avec vous, j'aimerais vous voir plus souvent.

Un peu gêné, il détourne le regard quelques secondes.

Elle regarde devant elle, parfois sur les côtés, appréciant la paisible nature.

- Vous ne venez pas plus d'une fois par mois, comment feriez-vous pour que l'on se voit plus souvent ?

Il hausse doucement les épaules.

-J'en sais rien ... C'est juste un souhait ! Je pourrais essayer de trouver un génie pour qu'il me l’exhausse. J'ai déjà fait ça une fois.

- Ha-ha !

Fait-elle de façon théâtrale, sans le regarder, les yeux fixant semblait-il la cime des arbres...

Il tourne la tête vers la jeune femme, souriant.

-Je rigole pas ! C'est pour ça que j'ai plus de médaillon, je l'ai donné au génie en échange de mon vœux !

Elle le regarde, perplexe.

- Tu as toujours une histoire comme celle là à sortir de ta besace ?

Elle prend un air désabusée, et se détourne.

- Et c'était quoi ce vœu alors.

Ils sont à bientôt mi-chemin de la fin de la forêt.

Il réfléchit quelques instants.

-Les sorceleurs ont toujours beaucoup d'histoires à raconter ! Après, c'est rare d'en avoir d'aussi exotiques, j'ai été quelqu'un de chanceux disons.

Il sourit.

-Pouvoir respirer en toute circonstance ! On pourrait me pendre à un arbre ou me faire plonger au fond de la mer, je pourrais toujours respirer comme je le fais maintenant. Je pourrais t'expliquer comment j'en suis venu à choisir ce voeux là, mais c'est une longue histoire, je craint que l'on manque de temps. Une prochaine fois peut être ?

Elle le regarde, toujours avec cet air curieux, mi-circonspect, mi-moqueur, longuement.

- Tsss... tu ne manques pas d'air, pour essayer de m'embobiner avec tes contes !

Elle pouffe ensuite de rire, amusée par sa propre blague, puis, se rapproche du garçon avec son cheval, après avoir observé un peu les alentours.

- Je crois ce que je vois.

Sa monture ralentit, doucement, et elle commence à tendre sa main vers Alban, dans une position pour lui pincer le nez.

- Si tu tiens 3 minutes, ce sera déjà un exploit. Alors ?

Avec goguenardise.

Il rigole, la blague de Jeanne n'est pas très drôle en soit, mais elle fût lancée au bon moment. Il lui tend se penche vers elle, lui tendant son nez.

-Je peux tenir des heures mais bon, si trois minutes t'impressionnent ! Pince fort, histoire d'être sûr que je ne triche pas.

La jeune fille compte les secondes patiemment, mais au bout de la première minute, fronce les sourcils.

- 64, 65, 66, 67... On aurait dû faire un pari, je te sens céder, quel dommage !

Puis reprend...

- Arrête de sourire.

Dit-elle en arrêtant de compter, alors qu'elle comptait déjà lentement - 2 minutes étaient largement passées.

- Ce n'est peut-être qu'une capacité supplémentaire des mutants !

Elle serre son nez plus fort.

- 141... 142... 143...

- 178... 179... 179,1... 179,2... 179,3...

Grimaçant.

- ... 180...

Elle le relâche brusquement, en poussant même son visage.

- Tsss. Vraiment quelle perte de temps. Tu ne pouvais pas me dire que c'était vraiment vrai cette histoire ?

L'air boudeuse, elle s'écarte légèrement.

Il pouffe finalement de rire, très content d'avoir eu raison. Il n'est même pas essoufflé.

-Parce que tu me prends pour un menteur ? Je pipote jamais moi !

Il se rapproche d'elle.

-Aller, fais pas la tête comme ça !

Son cheval reprend le trot lentement.

- Eh bien je te félicite, tu as une vie palpitante !

Lance-t-elle sans s'arrêter.

Il se calque sur son allure, la rattrapant rapidement.

-Ça a un prix ! Je risque ma vie souvent et ça me rapporte un tas de cicatrices pas belles à voir.

Il sourit.

-Si tu veux, je t'emmènerais vivre des choses comme ça !

- Pauvre de toi.

Avec dédain avant de lui jeter un regard goguenard, puis hausse les sourcils et se tourne de nouveau vers le devant.

- Il te reste combien d'années à Kaer Morhen ?

Il soupire doucement.

-Trois ans, je sais que c'est un peu long mais avec un peu de patience, ça peut le faire ! Après ça je serais capable de te protéger si tu acceptes de m'accompagner un moment sur la Voie.

- 3 ans...

Elle regarde en l'air quelques instants.

- Si je ne suis pas mariée à un garçon de la ville d'ici là. Ça peut être considéré.

Dit-elle légèrement triste.

Il fronce légèrement les sourcils, regardant Jeanne.

-Personne ne t'oblige à te marier d'ici là ! Si ..?

Elle se tourne vers lui, un sourcil fortement haussé.

- Pas encore. Mais j'ai déjà 16 ans...

Il hausse les épaules.

-Oh ... Et bien tu n'as qu'à refuser dans tout les cas, t'es libre, non ?

- On n'est pas tous des orphelins mutants magiques.

Elle soupire et accélère le trot, ils sont bientôt à la lisière.

Elle fait mouche. Soudain, une idée lumineuse lui vient à l'esprit.

-Arrête toi ! Arrête toi ! J'ai une idée, une idée brillante !

Il se rapproche d'elle.

-On invente une histoire dans laquelle je te sauve la vie, en guise te paiement je te demande ta main, et tout est bien qui finit bien.