Caserne de l’entrée Nord

Arriva alors un homme qui regardait partout: il était vigilant, du moins autant qu'un bon citoyen se devait de l'être. Approchant à pas lents du garde, il arriva finalement devant lui, détaillant son armure en quête du moindre signe suspect.

- Bonjour.

Il était à l'heure, pile à l'heure, pour ne pas paraître suspect, à moins que le fait qu'il ne veuille pas paraître suspect ne le rendre plus suspect encore?

C'est vrai ca, que faisait il si il ne travaillait pas? Cela devenait de plus en plus bizarre. Le citoyen soutint le regard du garde, regard qu'il ne pouvait d'ailleurs pas voir.

- Je suis pile à l'heure, l'heure c'est l'heure, et quand c'est plus l'heure c'est plus l'heure. Vous m'attendiez à une autre heure que celle à laquelle vous m'aviez dit de venir? Ou peut être pensiez vous que je viendrais pas?

Désignant du coin de l’œil l'arme à la ceinture du garde à la fin de sa phrase.

Le citoyen croisa les bras.

- Il est onze heures, l'heure qui vient après les dix coups du clocher, qui est aussi le moment que j'ai pris comme repère pour venir ici

En effet, les villes comportaient généralement un clocher afin d'indiquer l'heure aux habitants, puisque les montres étaient en effet chères.

- Je suis toujours à l'aise car je n'ai rien à me reprocher. Pourquoi avez vous l'impression qu'être à l'aise est étrange? Vous n'êtes pas à l'aise vous?

- Je ne crois pas être en train de lire. D'ailleurs je ne peux pas me préparer à vous répondre car je ne sais pas ce que vous allez me dire

Le citoyen plissa les yeux.

- Et les gamins louches de l'autre fois, vous avez réussi à les rejoindre? J'espère que vos magouilles se sont bien passées

- Pas aussi balot que le fait que vous trifouillez votre arme en présence d'un vieil homme. Vous pensez que j'en sais trop?

Le garde était des plus suspect aux yeux du citoyen vigilent

- Et vous semblez bien pressé d'en changer. De plus, c'est aussi curieux que vous soyez pile à l'heure à la caserne, vous n'avez pas du travail dans la basse ville? Ca grouille de brigands. A moins que vous ne vous montriez complaisant avec eux pour d'obscures raisons?

- Ce qui m'arrangerait ce serait que vous arrêtiez de tripoter votre arme qui si c'était la cuisse d'une gourgandine. Que risquez vous au milieu de cette caserne hm? Au moins je saurais que vous êtes digne de confiance.

Peut être une ouverture de la part du citoyen afin de sortir de l'impasse dans laquelle ils se trouvaient actuellement?

- Autant qu'un citoyen averti doit l'être. Les gardes ne sont pas avertis? Ou peut être fermez vous l’œil pour qu'on charge vos poches?

Le citoyen retenu un rire.

- Il a bon dos le travail.

- Alors?! Êtes vous un honnête citoyen? Êtes vous un fol jouvenceau?

La question qui tue, et que le garde ne laisserait peut être pas passer.

- Je m'y connais à force de constater que des crapules comme vous font leur beurre sur le dos des habitants de Seig Lyn et de leur sécurité

- Vous en posez beaucoup, des questions.

Ou bien n'était il pas influent du tout.

- Honnête c'est mon deuxième prénom. Et vous, pouvez vous en dire autant?

Probablement pas aux yeux du citoyen.

- Eh bien oui, puisque vous ne parlez que de moi. Mais si cela vous dérange parlons de vous: qui sont vos complices? Ces gamins que vous avez rejoint à cheval il y a deux jours, c'est bien cela? Peut être même vous attendent ils actuellement

Les deux hommes peuvent entendre des bruits de pas s'approcher. En levant les yeux, le garde sera le premier à le voir :

- Euh, bonjour, excusez moi monsieur le garde. Je viens d'arriver en ville, et j'ai du mal à trouver la banque, pourriez-vous m'indiquer ?

Un homme aux apparences tout à fait innocentes.

- Sûrement moins que vous

Lui s'en fichait, ou ne réagissait pas à la moquerie.

- Vous ne répondez pas à ma question, vous éveillez les soupçons.

Lui, corrompre des sorceleurs.

- A vous de me dire, c'est vous qui êtes allé les rejoindre au grand galop, il y a des témoins.

Arriva un homme très louche aux yeux vigilants du citoyen.

- Ah tiens, j'allais vous dire la même chose. Il s'adressa ensuite à l'homme. La banque? Vous avez un gros virement à faire? Un peu suspect si vous voulez mon avis.

L'Homme d'un âge certain, sans être d'un certain âge, observe ses désormais deux interlocuteurs à tour de rôle, légèrement hébété.

- Je vous demande pardon ?

- Bah tiens

Il plissa les yeux, à la question du garde.

- Les miens

Il fut ensuite surprit, visiblement en tout cas...

- Tuer? Ca prouve bien qu'ils étaient dans une affaire louche, et que c'était vos collègues!

Il hoqueta ensuite d'un rire suite à la phrase du garde.

- Sûrement! J'allais le dire! Déjà un type qui vient à la caserne alors qu'il veut aller à la banque...

- M-mais... Mais non enfin ! Je me suis simplement perdu, la ville est grande, je suis venu vous demander... Oubliez donc, je ne vous importune pas plus longtemps...

Il tourne déjà les talons pour partir, apparemment chamboulé par cette interaction.

- Vous donner des preuves de votre culpabilité? J'en ai à foison!

Lui aussi partit à rire, ce garde ne savait pas à qui il avait affaire!

- Tout le monde peut avoir des soupçons, en l'occurrence j'en ai une pelletée vous concernant. Concernant ma montre c'est une élucubration de votre part! A moins qu'il ne s'agisse d'une fausse accusation volontaire?

Il montra ses poignets au garde: il ne portait aucune montre.

- Et vous allez ou? Vous savez pas ou est la banque!

C'est vrai ca: ou allait il si il ne savait pas ou il devait aller? Et pourquoi était il si pressé? Le garde avait soulevé un point intéressant.

- Mais...

S'insurge timidement l'inconnu, tout en retirant son bras au moment même où le garde tente de s'en saisir. Le bonhomme était étrangement plutôt agile, mais pas de quoi éveiller les soupçons des hommes vigilants, les vraies bizarreries étaient ailleurs, n'est-ce pas.

- Vous êtes tous fous ! À la banque, je vais à la banque, et je vais demander mon chemin à des hommes compétents ! Allez, au revoir messieurs.

Ne prenant pas les élucubrations de ces hommes au sérieux, pensant peut-être même que c'était une étrange blague, l'homme s'éloigne, petit à petit, à reculons...

-

-

-

-

-

- Tout comme vous aimez inventer de fausses accusations !

L'homme remonta encore plus ses manches.

- Jeter? Vous voyez des marques de montre sur mon poignet? Non! Ca veut dire que je n'en porte pas!

Une preuve par A+B. Le citoyen était curieux de savoir ce que le garde trouverait à y redire.

- Suivons le.  

Déclara t-il simplement au garde.

- Eh bien, vous lui avez donné un ordre, voyons d'abord si il vous obéit. Ainsi nous serons fixés.

Non loin d'eux, un enfant à la tête étrange les regardait d'un air circonspect.

Spoiler: