La Guinguette

Située dans l’une des rues les plus fréquentées de la ville haute, la Guinguette était une luxueuse salle de bal faisant office de restaurant ou de taverne: c’était un lieu apprécié par les plus riches pour sa bonne nourriture, son bon alcool, sa bonne ambiance de par de nombreux bardes, poètes et artistes souvent présents et son propriétaire populaire: Jesus de Chipiona. La demeure de ce dernier était d’ailleurs voisine de la Guinguette: étrange qu’il ne tienne pas ses bals directement chez lui, mais, il n’empêchait que, chaque soir, la Guinguette était bondée, le troisième samedi de chaque mois étant jour de bal sans compter les nombreuses fêtes culturelles au cours de l’année.

La Guinguette était située sur l’une des rues les plus vivante de la Haute-Ville: la rue de l’Empereur. On y entrait par une double porte en bois de chêne haute de quatre mètres, finement damasquinée de fils d’argent et d’or. Aucune poignée ni heurtoir: tous savaient que cette porte seule s’ouvrait de l’intérieur, et qu’elle ne restait jamais ouverte après la fermeture de l’établissement. Ce-dit établissement était ouvert au public généralement de midi à quatorze heure et de vingt heure jusque une heure du matin, les jours de fête faisant exception à la règle.

Les portes donnent sur une immense salle où une quarantaine de tables étaient éparpillées: des centaines de personnes pouvaient manger ici. Le parquet en bois était resplendissant et les semelles flottaient sur les nombreux tapis et peaux de bêtes au sol. Sur les murs, de nombreuses tête d’animaux empaillées: ours, loups, cerfs... Au plafond trônaient trois immenses candélabres qui éclairaient le lieu le soir, de nombreuses fenêtres jouant ce rôle durant la journée. La salle était de forme rectangulaire: perpendiculaires à l’entrée de la taverne, une porte menant à des lieux d’aisances et le foyer d’un feu dans un coin, autour duquel s’organisaient un demi-cercle de fauteuils en cuirs et d’armoires remplies de volumes de philosophie, littérature, histoire, poésie... à gauche, à droite se trouvant un zinc sans nul pareil: deux serveurs y étaient constamment présents, proposant une variété affolante d’alcools venant de tout l’Empire, plus rarement d’Ophir ou de Zerrikanie. Lorsque l’endroit était plein et lors des jours de fête, c’était un euphémisme de dire qu’une armée de serveurs et de cuisiniers se battaient ici pour assurer à la clientèle le meilleur des accueils: il fallait dire que cet endroit était une véritable mine d’or, tant pour ses propriétaires que pour les gens y travaillant. Au milieu de la salle, une espèce d’estrade trônait. Parallèle au mur donnant sur l’entrée, une autre double porte en chêne, elle aussi dépourvue de heurtoir ou de poignée du côté extérieur, s’ouvrant elle aussi du côté intérieur. Derrière ces portes, une salle encore plus grande, pourvue de plus de soixante tables, de confortables sofas et éclairés tantôt par la douce lumière d’Hélios, tantôt par la lueur d’une flamme vacillant sur son socle de cire suspendu au plafond. Cette salle donnait également sur une autre double porte et un grand escalier en marbre où cascadait un tapis rouge.

À l’étage se trouvait une énorme salle de bal: un buffet, une grande estrade où de nombreux musiciens divertissaient la clientèle et une ambiance légère. Si ici on s’adonnait aux conciliabules propres aux puissants, les jeunes premiers et premières s’adonnaient bien souvent aux drames et comédies de l’amour en ces lieux. Quant aux dernières portes, derrière se trouvait une grande cour où trônaient de magnifiques arbres estivaux. Ici, amourettes et discussions volages étaient de la partie: autour d’un petit lac s’organisaient un réseau de chênes et de bancs. L’herbe était humide d’un pétrichor abondant, une légère brise rafraichissant le lieu, tandis que les bras de l’astre solaire s’immisçaient dans la frondaison pour éclairer ce petit coin de paradis d’une lumière tamisée et bariolée.

Carte

• Miche de pain = 2 florins
  
• Carafe d’eau = 5 florins
  

VINS, ALCOOLS

• Vin de Toussaint (Vegas) = 20 florins
  
• Vin de Toussaint (Polut) = 35 florins
  
• Vin de Toussaint (Dacquier) = 50 florins
  
• Vin local = 8 florins
  
• Champagne de Toussaint (Delfart) = 23 florins
  
• Champagne de Toussaint (Dacquier) = 60 florins
  

ENTRÉES

• 6 fauteuils au saumon de la Iaruga = 18 florins
  
• 6 agresseurs verts = 30 florins
  
• 6 demi-lunes = 24 florins
  
• 30g de fille de la terre = 14 florins
  
• 2 huîtres = 30 florins
  

PLATS

• Beauté d’Ofir = 50 florins
  
• Pavé tendre de perdreau sur son lit de larmes feuilletées= 30 florins
  
• Dugundapat = 40 florins
  
• Thon embelli = 20 florins
  
• Spécialité du Chef = 50 florins
  
• Fin met de Zerrikanie = 35 florins
  
• Montagne = 25 florins
  
• Virilité de buffle = 40 florins
  
• Violence et Douceur =  35 florins
  
• Onde-Luxe sur son lit de pommes dauphines = 60 florins
  

DESSERTS

• Nuage idyllique = 10 florins
  
• Merveille d’Ofir = 25 florins
  
• Crème des Bois = 15 florins
  
• Tendre Nocturnale = 10 florins
  
• Magie de la Nature = 20 florins
  
• Journée ensoleillée = 20 florins
  

Le jeune sorceleur s'approche donc de l'entrée de la Ginguette avec sa compagne. Il tire son cheval par la bride.

-Nous y voilà !

- Faut-il encore pouvoir entrer...

S'inquiète-t-il, ne sachant apparemment pas le fonctionnement du lieu. Elle suit son compagnon jusqu'à l'entrée. Que s'y trouve-t-il ?

Alors que les deux précieux s’approchaient de l’établissement, leurs tenues relativement sobres ectopiques dans ces rues oppulentes, ils purent commencer à entendre des rires, des bruits de discussion et d’argenterie alors qu’ils approchaient de l’immense porte ouverte. Au dessus de celle-ci on pouvait lire, en grandes lettres, ”La Guinguette”. Alban aura d’ailleurs pu reconnaître l’endroit, ayant déjà foulé ces pavés par le passé: à gauche de l’établissement, une demeure, restée inchangée, celle des de Chipiona.

Une fois l’encadrement de la porte passé, après un simple pas, si simple, mais pourtant dôté d’une dimension encore inconnue pour eux: ils étaient libérés de leur insouciance, impécunieux qu’ils étaient; ici, les discussions étaient axées affaires et commérages, et, si l’on trouvait bien quelques godelureaux charmant quelque jeune demoiselle, pour un œil extérieur, il était aidé de saisir la nature profondément malsaine de cette cour, ces relations. On ne parlait pas à l’humain, ou encore l’âme, non: les aspirations d’un chacun n’importaient guère, en ces lieux on ne jurait que par le statut, les titres, l’argent, et la pugnacité dans l'opportunisme.

À peine purent-ils expirer l’air entreposé dans leurs poumons qu’ils furent abordés par un homme: plutôt grand, propre sur lui, ses fins cheveux gris étaient coupés court, et ses joues privées de barbe. Il était vêtu comme on aurait pu s’imaginer un serveur dans une enseigne de ce statut: chaussures parfaitement cirées, vêtements sans la moidre trace de plis, parfaitement symétriques, le costume lui séyait à merveille. Sa voix sembla couler de façon automatisée et mielleuse de sa bouche, pour venir plaire à ses interlocuteurs: il donnait l’impression de presque faire sans penser, c’était à la fois effrayant et impressionnant.

- Monsieur, madame, souhaitez-vous vous accomoder de caquetoires?

Dans ce monde si étrange, aux expressions et manières totalement absconses, arriveront-ils même à comprendre les premiers mots qu’on leur adresse?

Alban ouvre grand les yeux, peu habitué à une atmosphère respirant autant l'opulence que celle ci. Il se doute d'une certaine manière que Jeanne est elle aussi légèrement bouleversée. Il jette un coup d'oeil aux convives discutant à l'intérieur de l'établissement, humant l'air probablement saturé de parfums en tout genre. Afin d'éviter d'avoir la nausée, il tente de ne plus se concentrer sur son odorat surdéveloppé. Il jette un coup d'oeil rapide au serveur dont la seule tenue devait valoir plus que ce qu'il avait dans sa bourse, son épée et leurs deux chevaux réunis.

-Bonjour... On voudrait simplement manger ...

Il le regarde dans les yeux, scrutant son regard de ses pupilles de prédateur. Bien que ne portant pas de médaillon, son épée à sa ceinture et ses iris félines lui permettent sans doute facilement de deviner ce dont à quoi il a affaire.

-Nous sommes venus à cheval, quelqu'un pourrait il s'occuper d'eux ou bien faut-il qu'on le fasse nous même ?

Dans un lieu d'un tel standing, il se doute qu'un serveur devrait pouvoir s'en charger à leur place. Il lance un sourire à sa compagnonne.

- Ripailler? Évidemment mes bons messieurs, si vous me faisiez l’honneur de me suivre...

Alors qu’il se retournait, l’homme laissa s’échapper un petit ”o” de surprise. Lentement, il viendra leur refaire face. dévoilant sa blanche dentition dans un grand sourire, les plis de sa bouche laissaient cependant entendre à un sourire forcé...

- Il va de soit que vos destriers soient pris en charge: allez donc vous installer, servantes seront dépêchées.

Ainsi, s’ils adhéraient à la proposition, il se retournerait, les guiderait jusque une table pour deux, avant de partir, les priant d’attendre quelques instants... Sinon, et bien, problème il y aurait, peut-être même conflit. Son arme lui aura évidemment été prise, mesure de sécurité...

-Ouais c'est ça, ripailler comme vous dîtes.

Il suit donc l'homme au sourire faux sans faire de vagues, ne craignant pas pour la sécurité des chevaux. Il s'installe à la table qui leur est attribuée tout en s'assurant que Jeanne fait de même.

-L'endroit vous plait ?

Jeanne aura discrètement montré une grimace sardonique à Alban, au sujet de leur charmant garçon... Cela dit, elle ne fera pas non plus de vagues, et avec la manière qui va, suivra Alban jusqu'à la table en question. Sur le chemin, elle n'aura pas manqué d'apprécier les lieux, que l'on pourrait pas décrire avec un adjectif plus faible que "sublime", ou plutôt devrait-on dire "sublimement impressionnant", car c'était impressionnant, et sans doute sublime aussi, mais Jeanne restait quelqu'un de son monde, et n'avait par conséquent pas, nécessairement le goût à tout cela. Enfin, si elle était vraiment de "son" monde, elle serait sans doute plus à même de tomber à la renverse, c'était plutôt le fait qu'elle vienne de ce monde, mais avec une certaine éducation, qui lui octroya la faculté à sobriété, lorsqu'en face de telles démonstrations de luxes...

Elle s'assied donc en opinant du chef pour remercier le "serveur", et sans répondre de suite à la question d'Alban, lui en pose une, rhétorique :

- J'ai apprit qu'il était de rigueur qu'un homme fasse s'asseoir la femme. Vous ne l'avez pas non plus appris à Kaer Morhen ?

Manifestement le serveur ne s'était pas donné la peine de le faire, peut-être imaginant que c'était le rôle du compagnon ? Jeanne avait eu à tirer elle même sa chaise, pour pouvoir s'asseoir. Pas que ça la chamboulait, mais elle voulait tourmenter un peu le jeune sorceleur.

En effet, les lieux sont somptueux, bien que toutes ces couleurs et toutes ces odeurs font un peu trop pour les sens aiguisé d'Alban. Il remarque facilement les nombreux regards posé sur lui. Après tout, les clients réguliers de cet établissement n'ont certainement pas l'habitude de voir débarquer un jeune mutant aux cheveux longs vêtu d'une simple chemise blanche. Il hausse un sourcil face à la remarque de Jeanne, avant de bégayer légèrement, pensant avoir fait une faute grave.

-Non ... en effet ..! Je suis désolé ! Vous voulez qu'on recommence ?

Il était visiblement prêt à se lever pour asseoir sa dame convenablement.

Elle se retient d'exploser de rire, mais ne peut s'empêcher de glousser.

- Vraiment... Je ne pense pas que ce soit bienvenu de le faire. Une autre fois, s'il y a...

Elle regarde discrètement autour d'elle.

- Eh bien... C'est vous qu'ils regardaient tous, ou c'est moi ?

Ce pouvait bien être les deux, et même si Jeanne semblait avoir une grande assurance, quelques craintes intérieures subsistaient, et s'il avait l’œil, Alban ressentirait son angoisse.

Il rigole légèrement, se détendant rapidement.

-Comme vous voulez. C'est quelque chose que je n'oublierais pas !

Il hausse légèrement les épaules, tentant de la rassurer quelque peu.

-Je pense qu'ils vous regardent autant que moi. Un sorceleur dans cet endroit ça ne doit pas être très commun. Surtout un sorceleur aussi bien accompagné. C'est normal que l'on attire l'attention.

Il se concentre néanmoins sur son ouïe de mutant pour tenter de capter les conversations des clients aux regards les plus insistants.

Alors que le serveur de tout à l’heure s’approchait des jeunes gens, Alban captera quelques conversations: certains étaient soulagés de voir une telle brute désarmée, d’autres, surtout des jeunes filles, semblaient profiter de la vue que donnait la chemise du garçon sur ses muscles, gloussant. S’il avait besoin de booster son égo face à cette Jeanne, qui le perturbait tant, peut-être que cela allait l’aider? Suite à quoi, le serveur revint, haltant la rêverie du garçon de Kaedwen: en ses mains, deux cartes, qu’il leur tendit.

- Hm.

Cela voulait dire ce que cela voulait dire, il semblait mécontent. D’un ton doucereux, joignant ses mains derrière son dos, l’homme fournira des explications avant que questions soient posées.

- Choisissez avec clairvoyance, on ne fait guère mieux en cette cité.

Dans le menu, des plats aux noms extravagants ”Pavé tendre de perdreau sur son lit de larmes feuilletées” ”Beauté d’Ofir” aux prix exorbitants, allant de vingt à soixante florins: Alban n’était pas sûr de vider sa conscience, mais, en bon chevalier, il était sûr de vider ses bourses... d’argent.

- Vous me flattez beaucoup trop, Alban. D'autant que les sorceleurs n'ont pas la réputation de ne pas plaire aux femmes...

Elle roule des yeux et sourit en regardant une décoration du mur, pour reprendre doucement contenance. Et avant qu'Alban réponde, le serveur était déjà de retour avec les cartes. Jeanne tenta de faire comme si elle était habituée, et ne posa pas grandes questions, un simple "merci" en prenant de quoi lire, et voir ses entrailles fondre au vu des prix exorbitants... 20 florins la bouteille la moins chère de vin de Toussaint ? Elle hésita à demander au serveur s'il avait quelque chose de différent du vin de toussaint du Montagnard, à 4 florins la bouteille... Mais bien sûr, ne dit rien, et continua de lire, légèrement angoissée. Elle attendait le départ du serveur, pour pouvoir demander à Alban s'il pouvait vraiment se payer tout ça... Elle lui jetait d'ailleurs des coups d’œil, cherchant à voir sa réaction.

Il jette un léger coup d'oeil aux curieuses gloussantes, juste par curiosité, avant de répondre à Jeanne.

-Peut être bien, mais à mon humble avis, vous le méritez.

Il ne fait pas de remarque sur le succès des sorceleurs auprès des femmes, ce serait légèrement déplacé. Il se fend d'un "merci" au serveur avant d'explorer la carte. C'était cher, très cher. Cependant, les nombreux contrats qu'il avait effectué lui permettent sans mal de s'offrir les mets servis dans cette maison. Il adresse un sourire rassurant à Jeanne, histoire de lui faire comprendre que ce n'était pas réellement un problème. Il attend que le serveur s'en aille avant de dire, souriant, à sa compagne.

-Choisissez ce qui vous plaît, l'important c'est que ça vous fasse plaisir ! Je vous invite de toute façon.

Jeanne n'avait aucune idée des troubles intérieurs d'Alban, et répondit à voix basse :

- Vraiment ? Je ne suis pas excessivement fière, mais cela me paraît si...

La belle semblait tiraillée.

Il tente d'effacer toutes les images du laideron qui pourraient persister dans son esprit en se noyant dans le regard de Jeanne pour qui il opine simplement.

-Oui, vraiment. Je ne dis pas être capable de vous inviter ici tout les jours mais aujourd'hui c'est le cas, donc laissez libre cours à vos envies.

- ... Bien...

Elle n'insista pas, et quelque part, elle avait envie de laisser parler sa curiosité... Ce n'était pas être vénale, elle n'avait rien demandé, et même si elle était, ce n'était pas un grand mal, ainsi était le monde, non ?... Elle parcourra la carte, lisant un peu de tout, et finit par faire son choix, mais puisqu'ils avaient probablement du temps devant eux avant le retour du serveur, elle leva la tête et demanda à Alban :

- Que comptez-vous prendre ?

Les noms des plats sont tout sauf très descriptifs ... Il hésite quelques instants.

-Et bien ... pourquoi pas commencer par des fauteuils de saumon ... et puis j'hésite entre un "Pavé tendre de perdreau sur son lit de larmes feuilletées" et le "Violence et Douceur".

Il relève son regard de la carte.

-Et vous ? D'ailleurs, vous voulez du vin ?

- Je vois.

Fit-elle en se pinçant les lèvres. Puis redéposa ses yeux sur la carte, et en la parcourant de son index droit, retrouva les différentes choses choisies :

- Ces "agresseurs verts" éveillent ma curiosité, ensuite "Violence et Douceur"...

Elle glousse doucement sans relever la tête. Alban pouvait la voir sourire alors qu'elle était penchée, dévoilant aussi ainsi une vue plongeante sur sa poitrine. Puis sans commenter son choix, elle reprend :

- Et la "Merveille d'Ophir", car c'est peut-être la seule fois que j'aurais l'occasion de goûter quelque chose venant de cette contrée, dit-on onirique !

Elle avait levé la tête, avec enthousiasme. La belle de petite naissance, cachait son embarras, pour ne pas faire s'insinuer de gêne. Et tous pouvaient se détendre, petit à petit.

- Vous saurez peut-être mieux choisir que moi... Une carafe d'eau peut aussi faire l'affaire hein, j'ai le gosier sensible !

II opine doucement face aux choix de Jeanne qui visiblement n'avait pas envie de le ruiner.

-Le nom de ce plat est réellement intrigant, je n'ai cependant absolument aucune idée ce que dont il peut bien être composé.

Il sourit tout en profitant discrètement de la vue qui il est offerte. Il revient cependant rapidement à ses esprits.

-Très bon choix ! Je pense que j'en prendrais une aussi. Ce pays m'intrigue ...

L'enthousiasme de Jeanne ne peut que le faire sourire un peu plus. Il regarde rapidement la carte des vins.

-Je ne suis pas le gourmet le plus fin mais je pense que l'eau n'est clairement pas le meilleur breuvage pour accompagner un repas comme celui là ! Un vin de Toussaint de Vegas me parait plus adapté, même si je n'y connais absolument rien ... C'est sans aucun doute meilleur que le vin qu'on nous sert à la table de Kaer Morhen. Ça vous convient ?

Ainsi, après leur courte conversation, le temps marqua le retour du serveur. Arborant un fin sourire, l’homme se tenait patiemment droit.

- Quels mets vos lèvres auront-elles l’honneur de déguster?

- La surprise n'en sera que plus belle !

Ou tout le contraire... Elle eut ensuite à peine le temps d'acquiescer, que le serveur était là. Elle lui dira donc ses choix, à savoir : es agresseurs verts, la violente douceur et la merveille d'Ophir.

Elle haussa les sourcils en voyant son entrée. Avant que le serveur ne s'en aille, elle demanda :

- Excusez-moi, mais qu'est-ce ?

Ce qu'avait choisit Alban semblait meilleur.

En enfournant un fauteuil dans sa bouche, une explosion de saveurs enivrantes envahit le palais du jeune homme. Ses cils frétillèrent, ses yeux papillonèrent, ses poils s’hérissèrent de plaisir, ses sens améliorés ne rendant l’expérience que plus incroyable: c’était un rêve gustatif. D’abord s’offrirent à ses dents le pain, qui s’effrita onctueusement tout en gardant sa consistance, tout en se mêlant à un doux fromage au goût... romantique. Par dessus le tout, ce fut le saumon qui vint se marier à ce mélange de couleur, ajoutant une infime saveur salée pour venir affirmer le goût du tout: c’était exquis.

Quant au serveur, il souria suite à la question de Jeanne.

- Ce sont des plantes qui ont pour mère les terres fertiles de Zerrikanie.

S’il n’était pas retenu, il irait voir d’autres clients.

- Je vois... merci...

Elle goûtera donc après avoir découpé un bout. Peu enthousiaste.