Re: Expédition sur la montagne Gwyd

Meruem incantera un quenn qui se fissura sous l'attaque de la Harpie, mais ne rompra pas. L'épée de Meruem s'abattra alors impitoyablement sur la créature qui s'effondrera, une plais béante au niveau de la jugulaire.
Kantz quant à lui embrochera sans grandes difficultés la créature à l'agonie en face de lui, sortant légèrement de son abris. En se faisant il pour constater que les harpies restées en retrait commençaient à fuir en poussant des cries chaotiques, emportant avec elles des morceaux de chair de cheval découpés. Elles furent rejoints par les trois autres harpies qui se raviseront finalement, décidant que les sorceleurs n'étaient pas des proies qu'il était envisageable de chasser.

Le sorceleur dégagea son épée du cadavre de la créature et observa les alentours. Le pauvre cheval se retrouver fort logiquement déchiqueté et cible des nécrophages ce qui était peut-être leur chance de s'éloigner d'ici le temps qu'elles soient occupées.

-"Je crois que la voie est libre ... les autres ne sont plus concentrées sur nous ..." "Elles préfèrent manger du cheval." Mais bien sûr cela resta à l'état de pensée. Quoi qu'il en soit Kantz attendit de voir ce que les autres voulaient faire, mais il garda tout de même son épée en main, dans le doute.

- ... Si tout le monde va bien, allons-y.

Il jetta un œil à la jeune fille blessée, avait-elle besoin de soins pour marcher ?

Aine et Emilia se relevèrent donc, cette dernière plutôt impressionnée par le déroulé du combat. Les sorceleurs étaient fidèles à leur réputation. Par procuration, l'aveugle était tout autant admirative. Regardant autour d'elle, elle déclara tout de même à ses camarades.

-Les pulsations se sont arrêtées ... Je ne sais pas ce que ça veut dire mais nous ferions mieux d'être prudents.

Emilia jeta un coup d'oeil à sa blessure, peu profonde, et jugea qu'elle était apte à marcher sans aide. Aine, gênée, avait définitivement besoin d'assistance.

-Il faudrait que quelqu'un se dévoue pour me porter ... Je pourrais marcher toute seule mais dans cette montagne, je ne ferais que vous ralentir, on risquerait de se faire attaquer à nouveau. Désolé ...

Sur le moment, elle avait l'impression d'être un poids.

L'adolescent rangea son épée après l'avoir nettoyé du sang de harpie dans son fourreau. Ce même fourreau qu'il ne rangea pas dans son dos de suite car il restait une question en suspens qu'Aine venait de soulever. Kantz regarda Aine, puis Meruem, puis de nouveau Aine et une dernière fois Meruem.

-"Meruem est le plus solide et le plus fort, il peut se dévouer ?"

Meruem papillonna des yeux un très bref instant, Kantz n'avait pas changé. Au delà de cela, le visage impassible, il opina du chef et s'approcha de la jeune fille tout en changeant de place son fourreau pour ne pas la gêner alors qu'il lui présentait son dos en se mettant sur un genou.

- Mademoiselle.

Ils étaient prêts à reprendre le voyage.

Aine rougit légèrement. C'était si gentiment proposé ... A vrai dire, elle n'avait pas pu capter la gêne provoquée chez le jeune Kantz qui visiblement était trop timide pour prendre une fillette de treize ans sur son dos. Elle grimpa avec l'aide de sa domestique sur le dos du sorceleur aux cheveux blancs, s'agrippant comme elle pouvait autour de son cou. Elle n'était pas bien lourde, il n'aurait aucun mal à la porter.

-Merci beaucoup messire ...

Dit-elle tout bas à l'intention de son sauveur. Bien installée, elle recommença alors à sonder l'Ether.

Estel aura contemplé le massacre avec un intérêt dissimulé seulement par la concentration qu'il avait déployée pour pouvoir lancer un sort rapide et efficace au cas où le combat venait à dégénérer. Mais les sorceleurs s'étaient occupés des bestes avec brio. Avec un sourire non dissimulé, il se relèvera avant de les complimenter :

- je vois que j'ai bien fait de vous convoquer pour cette expédition, c'était une belle démonstration. Espérons qu'aucune autre bête ne nous attends là où. Si les perturbations ce sont stabilisées, ce ne peut être que bon signe.

Répondra t'il avant de mettre son sac sur le dos, prêt à repartir. Il ajoutera d'ailleurs à l'attention de Meruem qui semblait avoir pris l'initiative de porter la jeune fille :

- Si jamais vous êtes las au cour de l'ascension qui nous attend, je pourrais bien entendu vous soulager de Madame Erlenwald pendant quelques temps.

Aine portée par Meruem, les sorciers reprendront leur ascension de la montagne Gwen, suivant l'ancienne route qui reliait le château à Cintra. L'ascension fut longue et particulièrement difficile pour Meruem qui ressentait malgré toute sa délicatesse le poids d'Aine sur ses épaules, ralentissant sa marche et perturbant son équilibre. Plus ils approchaient du sommet, plus l'air se faisait froid et la pression exercée par la malédiction perceptible, à tel point que Meruem, Kantz et Emilia pourront sentir physiquement cette caresse malsaine parcourant leur échine. Pour Aine qui était particulièrement sensible aux effets du fait de son lien accru au plan ésotérique, cette sensation avait gagné en intensité jusqu'à la rendre nauséeuse. La source du mal ne faisait plus de doute alors qu'il s'approchaient du château, chacun pouvant percevoir avec leur vision éthérée la flamme violette qui brûlait dans les ruines de pierre noire. Pas un signe de vie n'était perceptible dans ces ruines, seul semblaient y habiter le cadavre d'un arbre centenaire dont certaines branches mortes semblaient s'extraire au dessus de la pierre.
La route quant à elle témoignait de l'exil soudain des habitants de la région, on y retrouvait des caisses abandonnées, des babioles en tout genre, une casserole, de l'argenterie, une épée, quelques rares bijoux ravagés par le temps, chacun était partie en urgence, cherchant à emporter ce qui avait de la valeur pour eux, où à défaut ce qui était à porté de leurs mains lors de l'incident.

L’ascension reprit alors, Kantz avait replacé ses deux fourreaux dans son dos avant de reprendre la marche en haut. L'air devenait plus froid à mesure qu'ils montaient et tout sorceleur qu'il était, il ne pouvait s'empêcher de frissonner. Ceci plus le spectacle lunaire que tous avait sous leur yeux rendait ce voyage très étrange vers quelque chose d'inconnue à la fois effrayante mais attirante. Les objets abandonnés au bord du chemin, le froid mordant et piquant et surtout l'étrange poids que semblait exercer cette malédiction sur les corps de chacun, suffisamment éprouvé par les éléments. Où allaient-ils mettre les pieds ?

Il remercia Estel d'un mouvement de tête mais ne quémandera pas son aide. En revanche, il dira à Aine à peu près ces mots : "Soyez prête à descendre en urgence si nécessité se fait." Arrivés à peu près au bout du chemin, Meruem contemplera les ruines en déréliction, touché par l'hideuse beauté du parallèle entre ce qui était ressenti, et ce qui se voyait.

- Maître, personne n'a jamais atteint ce lieu depuis ce triste événement ?

Car s'ils savaient que c'était ainsi, ce semblait particulièrement tordu d'y envoyer une enfant comme Aine. Elle risquait hélas d'être un fardeau, aussi bien qu'elle pouvait être la clé pour résoudre le mystère de ces lieux.

Mots auxquels Aine aura répondu par un très simple "C'est d'accord, je ferais tout ce que je peux pour ne pas trop vous gêner ...". Son ascension à elle fut beaucoup plus agréable que pour ses camarades. Perchée sur les dos du musculeux sorceleur, elle n'avait pas à se plaindre. La sensation désagréable qu'elle ressentait depuis son arrivée ici ne faisait cependant que de s'intensifier. Elle finirait sûrement par frôler les limites de l'insupportable. Elle en avait presque envie de vomir, mais un tel geste n'était pas l'apanage d'une vraie dame, et elle n'avait pas envie de salir le pauvre Meruem qui s'efforçait de l'aider. Risquant une nouvelle fois un terrible mal de tête, elle se concentra intensément sur sa vision éthérée afin d'analyser la source pourpre maintenant bien plus proche. Elle était à la recherche de ces filaments dorés qu'elle avait pu observer dans l'alcôve.

Plongé dans sa vision éthérée, tentant de trouver une explication au mystère qui les entourait, Estel répondra distraitement à Meruem :

- Je ne peux en avoir la certitude, mais après avoir compulsé une bonne dizaine d'ouvrage sur la région, aucun ne faisait référence à une quelconque expédition sur cette montagne, ou de personnes en étant revenues. Du moins, aucun témoignage auquel l'on pourrait porter la moindre crédibilité.

Se plongeant dans l'éther, Aine observera l'intense source d'énergie qui lui faisait face, à la recherche de ces filaments. Alors qu'ils s'approchaient, ces derniers se faisaient plus précis, formant un fin maillage dorée irrégulier autour de ce qui semblait être la source de l'énergie qui emplissait ces lieux. Masqué par la force violette par endroit, recouverte à d'autres, il émanait de ces filins une grande puissance, bien que surpassée par celle de l'entité qui s'en parrait. Aine ne pourra maintenir longtemps son observation, tout comme un voyant qui observait le soleil, la vue de la source de magie lui fut bientôt insupportable, réveillant en elle une profonde migraine plus terrible encore que la précédente. La seule source de pouvoir aussi vive qu'elle avait put observer par le passé était celle du lieu de pouvoir de Loc Grim, mais cette dernière était bien différente, plus calme, plus stable. Elle ne ressemblait pas à cette forme en mouvement constant répandant ses miasmes autour d'elle.

Continuant leur avancé dans ce terrain hostile, les mages pourront apercevoir l'entrée du château au loin. Pas de douves ou de pont levis, ce château n'avait pas dût connaître le moindre assaut, ou peut être sa position surélevée avait été considérés comme bien suffisante pour établir des défenses efficace sans se soucier de ce genre de défenses bien peu esthétique. Les murs quant à eux pour ceux encore en suffisamment bon état étaient parés de meurtrière et quelques créneaux se détachaient des murs frappés par les ravages du temps. Alors qu'ils s'approchaient de l'imposant portail qui marquait l'entrée du domaine, des bruissements d'ailes se firent entendre, un corbeau prenait place dans le ciel, suivit par une dizaine de ses congénères, puis par une centaine de ces oiseaux à la robe noire, observant avec attention ces nouveaux venus avant de se poser devant le portique, formant une longue haie d'honneur. Leur yeux noirs ébonites fixaient leur invités sans qu'à aucun moment leur bec ne s'ouvre laissant échapper le moindre croissement.

Et enfin, ils y étaient enfin arrivés. Devant leur yeux, la source de la malédiction, ce château était probablement leur but à atteindre. Personne n'était revenu après avoir atteint ces lieux, que donc leur était-il arrivé ? Qu'y avait-il à l'intérieur du château ? Beaucoup de questions de ce genre fusaient dans l'esprit de l'adolescent qui devait bien avouer être quelque peu effrayé par l'endroit, intimidant à souhait. Il sursauta d'ailleurs et se tourna derrière lui ... mais ce n'était que des corbeaux ... beaucoup de corbeaux même, un drôle de comité d'accueil se tenant maintenant devant eux, marquant l'entrée du domaine.

-"Que fait-on ? On entre ?"

Kantz n'était pas très rassuré à cette idée, surtout avec la centaine de rapace au-dessus d'eux les fixant bizarrement. C'était presque si ils ressemblaient à des êtres vidés de leur âme, n'existant simplement que pour obéir. Mais obéir à quoi ?

Il secoue doucement son dos pour repositionner l'enfant et commence à avancer.

- On est là pour ça après tout.

À l'adresse d'Aine, Meruem dira "Faites moi signe si vous remarquez quelque chose de dangereux." Lui même sera à l'affût du moindre danger.

Aine commença donc à geindre légèrement, atteinte par une violente migraine qui l'empêchait de se concentrer d'avantage sur la source magique. Elle prit un instant de répit, faisant le vide dans son esprit, cherchant à s'isoler pendant un court instant du monde éthérique. Elle avait l'impression que son crâne allait imploser. Elle dit avec une voix perturbée par la douleur.

-Ca me fait penser à ce qu'on peut voir à Loc Grim ... mais dans une forme bien plus dégénérée. Il y a comme une ... une sorte de filet qui englobe la source, comme pour la contenir. Mais sa puissance est trop mince, je pense que c'est pour ça que l'aura s'est autant répandue. Voyez vous la même chose que moi Monsieur ?

"C'est d'accord", voilà ce que répondit la jeune fille à Meruem. Elle reprit ses observations, bien moins approfondies que la dernière, dès lors qu'elle fut en mesure de pouvoir aligner une penser devant l'autre sans peine.

Estel continuera sa route vers l'entrée, suivant la route tracée par les corbeau, sa baguette blanche à la main prêt à incanter une barrière télékinésique au moindre signe d'agressivité des volatiles. Ses traits étaient crispés et ses yeux plissés, ayant visiblement subit les mêmes désagréments que son élève. Il lui répondra d'une voix fatiguée tout en passant sa main sur son front :

- Oui, mais tout cela ne fait pas de sens. Un lieu de pouvoir ne devrait pas pouvoir s'agiter ainsi. Et si jamais un lieu de pouvoir avait dégénéré, peu de mages auraient été capables de contenir sa puissance. Pourtant certains signes ne trompent pas. Le domaine ésotérique est plus accessible, la puissance contenue est similaire voire supérieur à un lieu de pouvoir.... La malédiction qui a dût être lancé devait être d'une puissance rare, sans doute lancée par un mage expérimenté ou issue d'un acte d'une félonie rare.

Le groupe sera invité à continuer sa route, traversant l'allée de corbeau dans un silence de plomb, jugé par ces derniers qui les observaient en s'inclinant légèrement. L'épaisse porte de chêne qui marquait l'entrée du manoir sera ouverte par le professeur dans un grincement sinistre, les invitant dans un grand hall abandonné marquant l'entrée du domaine. Ce dernier était recouvert de poussière, le temps et l'abandon ayant fait leurs offices, cependant les proportions des quelques sculpture que l'on pouvait trouver et le soin accordé aux bas reliefs témoignait d'une certaine richesse de l'ancien propriétaire, d'autant plus étonnant dans cette région reculée qui ne semblait posséder que de peu de richesses à mettre à disposition. Devant eux, surplombant une porte frappée du symbole d'un chêne au feuillage sublimé par la colle de feuilles d'or, de dressait un immense tableau représentant une femme seule en plein recueillement, couteau à la main, se tenant devant un arbre aux proportions colossale dépassant même la hauteur de ce qui semblait être la cour du château.

Aine, qui n'eut pas l'occasion de profiter de ce décor, pourra remarquer au loin deux légères auras se détachant de la source d'énergie violette. Les silhouettes semblaient légèrement humanoïdes, mais l'énergie qui circulaient dans leurs veines était la même que celle qui avait plongé cette région de la ruine, si l'on exceptait un coeur d'une énergie autre, semblable à celle d'un homme, bien que manquant d'éclat.

Tout cela n'était guère rassurant, la malédiction en place était-elle seulement arrêtable ? Kantz en doutait sérieusement, du moins, il doutait qu'un groupe composé d'un mage expérimenté et de quatre élèves puisse le faire. Même ce qui s'avérait être la tâche de base de leur mission, collecter le plus de renseignements possible sur cette singularité magique, serait rendu ardue ... Alors il pénétra à la suite des autres dans l'étrange demeure, toujours sur ses gardes, observant les oiseaux de malheur au-dessus de sa tête, des démons venus d'un autre monde, avant d'entrer dans le bâtiment. Celui-ci, comme attendu finalement, avait prit la poussière et les décoration l'illuminant, vieillissantes à souhait. Qu'était-il arrivé au propriétaire des lieux ? La malédiction régnant ici à sa place était-elle de son cru ? Encore des questions l'accablant à mesure qu'ils avancèrent en direction du puits magique. Toujours sur ses gardes, il observait les alentours avec méfiance, ne se contentant de jeter de petits coups d’œil aux tableaux et autres sculptures peuplant l'intérieur.

La jeune aveugle sursauta légèrement. Ce petit mouvement brusque que Meruem a pu ressentir n'annonçait rien de bon. Elle chercha un moment ses mots, toujours aussi incertaine de la manière avec laquelle elle était censée décrire les choses qu'elle voyait sans avoir de références d'engravées dans sa mémoire.

-Deux hommes ..! Ou deux choses qui ressemblent à des hommes dans tous les cas. Ils sont comme plongés dans l'aura qui nous entourent, c'est comme si elle leur coulait dans les veines. Et ... Ils se rapprochent ..!

Voilà pourquoi on l'avait emmené en ces lieux malgré son âge et son handicap. Malgré le chaos éthéré ambiant, elle parvenait grâce à ses capacités hors norme à distinguer chacune des petites nuances du plan magique. Qui sait ce qu'elle serait à même de voir une fois adulte. Peut être découvrirait elle nombre de nouveaux phénomènes, de nouvelles manifestions propres au Chaos que personne d'autre n'eut jamais eu la chance d'observer. Peut être finirait elle par se créer un lien unique au monde avec la magie elle même.

Alors qu'il observait les lieux, les différentes ouvertures s'il y en avait, la porte, le tableau surtout, Aine sursauta.

- Hmpf.

Meruem fronça les sourcils.

- Au moins l'on ne sera pas surprit, le château n'est pas habité que par des corbeaux.

Il plia un genou et dît simplement "Aine." C'était compréhensible qu'elle devait descendre, il laissera donc Emilia s'occuper d'elle, quant à lui, il dégaina son épée.

- Par où viennent-ils ?

Ils allaient devoir beaucoup se fier aux sens surdéveloppés de la fillette, car leurs médaillons qui ne faisaient que vrombir en permanence comme à Loc Grim, n'allaient pas être très utiles.

Meruem constatera bien évidemment que le grand hall communiquait vers d'autres pièces, permettant d'évoluer dans le château.
La présence ne tardera pas à se manifester, deux silhouettes spectrales traversèrent la porte marquée du sceau de l'arbre, faisant face aux jeunes mages.
Légèrement luisants, les fantômes se ressemblaient étrangement, il s'agissait de deux femmes, l'une d'âge mur aux traits plissés par la peine et vêtue des lambeaux d'une longue robe blanche. Le second spectre portait la même robe que son ainé, une robe similaire à celle que la jouvencelle représentée sur le tableau portait, on devinait une certaine bienveillance dans ses traits malgré la douleur qu'avait dût être pour elle le passage dans l'outre tombe. Leur réincarnation leur avait laissé un corps décharné et seul leur visage avait été épargné par les ravages du temps, si ce n'est leurs yeux qui semblaient dépourvus de toute vie. Ces yeux morts se plongèrent dans ceux des mages semblant les juger, avant que la plus vieille des revenantes ne finisse par prendre la parole, sifflant d'une voix roque :

- Partez étrangers, partez. Les hommes ne sont plus les bienvenus en ces lieux.

Suivi par la complainte plus aigue de la jeune fille qui ajoutera d'une voix craintive montant dans les aiguë :

- Partez, avant qu'elle ne se réveille. Laissez là, laissez nous. Vous ne savez pas ce que vous faîtes. Je vous en supplie.

L'apparition spectrales des deux fantômes acheva de glacer le sang de Kantz. Pourtant prêt à dégainer son autre épée, mais lorsque celle-ci prirent la parole, l'avertissement envoyé à leur encontre ne sonnait pas comme une menace directe, enfin pas de la part des fantômes au contraire. La réelle menace était cette ... "elle", mais que voulaient-elle désigner par ce "elle" ? Le petit adolescent, d'une petite voix, dira alors.

-"Qui ça ... ? Qui ne doit pas se réveiller ... ?"

La source de la malédiction ? Ou bien la malédiction en elle-même ?

Aine bégayait légèrement, pas sûre de savoir ce qu'elle avait maintenant en face d'elle. Mais que viendraient faire de simples humains ici ? Elle ne put cependant s'empêcher de faire remarquer quelque chose aux créatures inconnues.

-Nous ne sommes pas de simples humains ..! Nous sommes là pour vous aider, vous et les habitants du village à côté, nous ne vous voulons aucun mal.

Elle parla un peu plus bas, pour son groupe, fouillant sa mémoire, se remémorant la petite scène qui s'était déroulée dans l'auberge.

-Ils parlent peut être de la déesse dont les deux hommes de la taverne nous ont parlé. Celle qu'ils nous on dit de ne pas déranger ...

Tout d'un coup, son sang ne faisait qu'un tour. Elle avait peur à nouveau.

Voyant qu'il n'y avait pour le moment pas de danger, il baissa sa lame d'argent avant qu'elle n'irrite les fantômes. Impassible, il zyeuta Kantz puis la jeune Aine tandis qu'ils s'exprimaient.

- ...

Il regarda ensuite Estel, comment ce dernier réagissait à cela, les traits de son visage... Au delà de cela, il attendait évidemment surtout les réponses des fantômes, ayant lui même des questions à poser.

Estel fera un pas en arrière en voyant les spectres traverser le mur. Il avait bien vécu, et il avait vu plus d'un de leurs semblables. Il avait acquis un certaine méfiance vis à vis de ces créatures. Il se retournera vers ses élèves, les enjoignant à la prudence :

- Faites attention, elles n'ont pas l'air agressives, mais les spectres peuvent recouvrir à de multiples formes pour tromper les hommes. Nous devons nous montrer prudent.

Déclara t'il avant de se retourner vers les fantômes, écoutant leurs recommandations, avant de leur demander :

- Vous êtes les gardiens de ces lieux ? Qui étiez vous de votre vivants ?

Les spectres semblèrent s'agiter à l'énonciation de celle qu'il devaient protéger, leurs longues robes blanche flottant sous l'effet du souffle d'un vent qu'ils étaient incapables de ressentir. Les corps décharnés de balancèrent lentement à de gauche à droite avant que la doyenne ne réponde d'une voix grinçante :

- Morrigan, elle ne doit pas être dérangée, elle doit continuer de veiller sur son peuple, partez, ou vous subirez son courroux.

La plus jeune renchérira d'une voix de crécelle animée par une peur viscérale :

- Morrigan, elle ne doit pas être réveillée, elle doit continuer de reposer dans l'arbre sacré, fuyez, ou vous subirez son courroux.

Toutes deux se retournèrent alors vers le professeur de magie avant d'ajouter de concert :

- Nous avons protégé Morrigan, nous protégeons Morrigan, nous protégerons Morrigan, maintenant partez !

- Hélas prêtresses, le courroux de "Morrigan" ruisselle déjà sur la province. Ou est-ce l'oeuvre d'autrui ?... Nous sommes ici pour l'apaiser, pas pour troubler son repos.

Quelque chose clochait, ces spectres n'avaient elles pas conscience de ce qu'il se tramait en ces lieux ? Meruem songea qu'ils devaient avec les autres, réfléchir sur la situation dans sa globalité mais ne dira rien pour le moment.

La déesse Morrigan ... les spectres gardaient le lieu intact contre les visiteurs, cela voulait dire que sa sépulture était dans le château ? Probablement était-elle la source même de la malédiction ? Kantz desserra la prise sur la garde de son épée, toujours rangée dans son fourreau. Difficile de savoir comment pourraient-ils y accéder, car ils n'allaient pas attaquer les deux fantômes, ceux-ci n'ayant jusqu'alors pas manifesté de velléités offensives. Le natif de Dûn Dare opina du chef en hochant volontairement la tête, avant d'interroger Estel du regard, que devait-il faire alors ?

Aine ne dit rien de plus, perturbée. Ils avaient donc affaire à des spectres, et elle avait entendu parler d'à quel point ces êtres étaient dangereux. Elle avait envie de lâcher la main d'Emilia, de partir en courant très loin, chez elle, pour prendre un bain. Mais elle savait qu'elle finirait par tomber dans un fossé, se cogner contre un arbre et s'évanouir, et à terme, qu'elle terminerait sa vie morte sur le bord du chemin, pathétique. Même en partant toutes les deux, elles n'avaient aucune chance. Elle resta donc bien campée sur ses appuis, sondant l'éther à la recherche de changements.