Expédition sur la montagne Gwyd

Estel s'arrêtera dans le dit village et donnera ses instruction, son sourire habituel se faisant moins exubérant qu'à son habitude pour laisser place à plus de professionnalisme :

- Visiblement, les rumeurs disaient vrai. Je vous laisse interroger les locaux si vous le souhaitez, vous reposer avant l'ascension et préparer ce que vous avez à préparer. Nous repartirons quand vous serez prêt.

Kantz trouvera aisément la taverne, il s'agissait du plus gros bâtiment de la ville, prenant la taille de deux bicoques, mais conservant l'aspect délabré de ses consœurs. Il fallait dire qu'au vu du peu de gens dans les rues du village, cette dernière ne devait pas avoir l'opportunité de faire du chiffre. En entrant à la taverne, cette impression se confirmera, en tout et pour tout deux clients devaient être présents, deux hommes aux mains épaisses et calleuses, semblant tenir une belle forme malgré leur âge, et un tavernier plus jeune aux cernes épaisses entrain de  leur tenir la conversation. Quand ce dernier apercevra Kantz arriver, il l'accueillera d'un léger sourire fatigué avant de lui présenter un siège et de lui demander avec un très fort accent montagnard :  

- Msieur, preniez vous un verre ? Quelle chèvre vus fait vnir dans lcoing, voit pas beaucup d'gens du vuyage vous dans lcoing.

Dans la taverne à l'image même du village, il salua à son tour les personnes présentes puis au tavernier il commandera un pichet de bière avant de s'asseoir et de remarquer que les deux jeunes filles l'avaient suivi. Non pas que cela ne le dérange, mais d'ordinaire il n'était pas le genre que l'on suivait, bien que dans ce trou à rats, il n'y avait pas grand chose d'autre à faire finalement.

-"La montagne là-haut." Désigna Kantz de la main.

Le mont Gwyd était suffisamment massif pour que les trois paysans sachent ce que l'adolescent leur montrait.

-"Il parait qu'il y a des choses à y faire."

Les deux doyens accueillirent l'arrivée de la jeune aveugle et de son assistante avec une certaine suspicion, si ce n'est un fond d'hostilité.  Déjà trois personnes venaient d'arriver dans leurs visages, dont une qui avait visiblement avoir perdu l'usage de la vue. Ces derniers détournèrent leur regard de l'aveugle, préférant regarder la jeune servante avant de l'invectiver :

- Par Murgan, Zêtes qui vu, zêtes sor qu'elle va pas nus purter l'muvais oeil l'aute drulesse.  N'a déjà pein dprublème cumme ça on veut pas dmudit chez nu.  

Le tavernier se contentera d'hocher la tête de droite à gauche, soupirant profondément avant de récupérer la bierre commandée par Kantz et de la poser sur le comptoir, une bierre particulièrement amère qui n'aurait sans aucun doute jamais eu sa place dans une taverne de la cité de Cintra. Suivant la main de Kantz, le jeune homme répondra par la négative d'une voix où se mêlait la crainte et le respect :

- Non, fu rien y faire là hut. Pas un pégu y va depois ben longtemps, pvrai papy ?

Le concerné se retournera avant de répondre avec véhémance :

- Qu'est squi dti disait, vont nus perdre jtle dis gamin. Vus, ya rien à voir, fut pa monter là hut,  même les bêtes volent pas y bruter. jme soviens j'vais 20 printemps ptête, li vieux raimon vulait yaller, voir l'chatu là hut, on l'a jmais revo. Par Murgan jvus jor yura rien d'bon à aller là hut.

Aine avait vécu toute sa vie dans sa petite bulle bien protégée. Elle n'avait jamais été confrontée à la haine, la colère, le mépris, ou encore la peur que pouvaient éprouver les vrais gens face à quelqu'un dans son genre. Ces gens là, elle les comprenait à peine, leur accent paysan lui faisait presque mal aux oreilles. Néanmoins, elle compris en quelques fractions de secondes qu'elle n'était pas la bienvenue. Elle baissa la tête et se prépara à sortir de l'établissement quand sa domestique, d'habitude si discrète et silencieuse, prit sa défense.

"-Messieurs, nous ne sommes que les compagnes de voyage du garçon assis ici, et nous sommes là pour résoudre vos problèmes ! Et la petite dont vous parlez n'est victime d'aucune malédiction. Alors un peu de respect s'il vous plaît, et de gentillesse au passage."

Agacée, elle s'assit sur le siège à côté de celui de Kantz et commanda deux verres d'eau. L'aveugle tourna timidement le regard vers elle, demandant avec une toute petite voix.

-Tu es sûre qu'on peut rester ..?

Ce à quoi Emilia répondit par un hochement de tête assuré, accompagné d'un sourire que son amie ne pouvait de toute évidence pas percevoir.

Kantz n'aurait pas mieux dit après la tirade de l'aide de la source: effectivement ils étaient ici pour résoudre les problèmes des paysans du coin, pas pour leur apporter d'autre malheur en plus. Mais malheureusement tout ceci n'était dû qu'à leur croyance et leur crédulité, l'adolescent ne pouvait rien y faire. Il hocha donc la tête pour confirmer les dires d'Emilia et sans doute aussi rassurer les locaux, il ne leur voulait pas de mal.

-"Il n'est jamais revenu le vieux Raymond vous dîtes ?"

Ce récit pouvait se montrer intéressant, si seulement il ne datait pas d'il y a plusieurs décennies maintenant. Mais dans le doute le nilfgaardien demanda en suivant.

-"Que s'est-il passé ?"

Bien sûr il eut remercié le tavernier pour le produit de haute qualité servi, déjà que d'ordinaire il n'aimait pas la bière, mais boire de celle-ci était un coup à lui faire détester cette boisson.

Les deux vieillards se décaleront pour s'éloigner des jeunes filles qui venaient s'installer, se signant rapidement en joignant indexe et majeur et en le portant rapidement sur leur front pour éloigner le mauvais sort. Une aveugle ne ferait pas long feu à la montagne dans un village comme le leur, souvent les enfants naissants avec de tels handicapes à la naissance étaient noyés pour leur éviter de vivre une vie d'enfer et d'avoir une bouche inutile à nourrir. Les superstitions grandissaient alors rapidement à leurs sujets, peu importe les paroles d'une jeune fille de la ville. Décidant finalement que la meilleur attitude à prendre était de faire comme si elle n'existait pas, ce qui la fera peut être disparaître ou du moins ne la liera pas à eux, le doyen se contentera de répondre à Kantz :

- Non, jamais reveno. L'est ptêtre crevé, u il sert Murgan la hut. Persune a vulo l'chercher, il savait ben squ'il arriverait. Ya pein d'histoire cumme ça depois ben longtemps. Mais vu les étrangers vu volaient rien entendre. Zallez nus attirer des ennois.

le serveur, plus jeune et sans doute plus perméable servira un verre d'eau à chaque magicienne sans rien dire, prenant tout de même soin de ne pas trop s'approcher d'elles. Il ajoutera alors d'une voix fatiguée, réprimandant le grand père :

- Arrête papi, avec tes histuir. Si stroc contino là hut on va tus casser la pipe ou lvillage existera plo.

Il se retournera alors vers kantz:

- Persune va plo dans lcoin depois ben longtemps. Mais ya un troc pas bon la hut c'est sor, lvillage est entrain dcrever et si yavait pas papi et les utres, je srais parti d'ici depois ben longtemps, mais ces têtes de mole voulent ren entendre. Les biquettes doivent bruter tout en bas et on peu po les sorveiller, yen a qui crève et sfont buffer par les curbu, alur qui yavait dla bune herbe dans lcoin vla vingt ans, bentût, va falluir changer dvallé si ça continois.

Il était évident que l'accent local n'aidait pas du tout Kantz dans sa compréhension et qu'il devait faire un travail significatif de concentration supplémentaire afin de traduire chaque mot énoncé par le vieillard et le serveur. Et après quelques secondes de battement nécessaires, le natif de Dûn Dare reprit son petit interrogatoire au sujet du vieux Raymond, sans doute décédé mais dans quelle circonstance exactement ?

-"Murgan ?"

Loin de lui l'idée de se gausser, Kantz n'avait tout simplement pas compris ce point.

-"Justement, nous sommes là pour résoudre ce mystère, vous comprenez ?"

Décidant d'ignorer la bassesse des hommes, Aine portera sa vision plus loin qu'aucune des personnes présente en ces lieux ne pourra jamais voir, balayant l'obscurité pour plonger dans le plan qu'avait créé la conjoncture qui avait frappé ce monde. Mais ce plan familier avait changé, lui paraissant étranger. Elle avait put le sentir durant leur périple, elle avait ressentie une légère gène alors qu'elle approchait de la montagne, mais maintenant qu'elle se retrouvait immergée dans la magie, tout autour d'elle semblait baigner dans un pâle lueur violacée attaquant les formes de vie les plus faibles et sapant lentement mais sûrement l'énergie des grands mammifères. La présence flamboyante de Kantz était rassurante, la jeune source brillait comme à son habitude, pulsant avec une force et une régularité tranquile lui hottant tout doute quand à des possibles disfonctionnements de sa vision. Son assistante était présente également, une lumière plus ténue, mais familière, pleine de chaleur et d'affection. Mais c'est au loin que son attention fut attirée par une lumière violette brillant d'un éclat plus intense que ce qu'elle n'avait pu percevoir jusque là, une lueur bien trop lointaine et bien trop haute pour qu'elle puisse la toucher.  Si elle avait un jour possédé la capacité de voir, elle aurait pu croire qu'il s'agissait du soleil.
 
Kantz pourra sentir son médaillon vibrer alors qu'Aine se lançait dans sa recherche. Pendant ce temps, le doyen répondra avec un certain agacement au jeune homme :

- Oui, Murgan, la déesse là hut. Elle veille sur lmontagne dpuis pus longtemps qu'ucain hume purrait jamais suvenir. Fut pas lgêner.

Le tavernier quant à lui enchaînera :

- Ce sont dvieilles histuires d'ci, jdis si un truc là haut, c'est pas one déesse.

Ayant terminée son repérage des lieux, Aine laissera s'échapper un léger soupir. Ce n'était pas pour elle un exercice particulièrement fatiguant mais "voir" aussi loin lui demandait quand même une bonne dose de concentration. Elle fini rapidement son verre d'eau. Elle murmurait d'une toute petite voix que Kantz pouvait sûrement entendre.

-J'aime pas cet endroit, je ne sais pas comment les gens font pour habiter ici. C'est comme si tout ici se faisait lentement sucer son énergie vitale par quelque chose que je n'arrive pas à voir ... On ne devrait pas s'attarder ici, pour notre bien et pour celui de tous les autres êtres vivants. Peut être qu'à force de vénérer leur déesse païenne le Grand Soleil a voulu les punir ... mais ça m'étonnerais, c'est beaucoup trop malveillant pour venir de Lui.

En attendant, elle restait là campée sur son siège, son verre vide entre les mains. Emilia la regardait, l'air inquiète.

Son médaillon vibrant fit qu'il n'écouta pas ou peu le jeune serveur et la réponse qu'il lui donna. D'instinct, il porta une nouvelle fois la main sur son torse pour le sentir et son visage pivota vers Aine et sa domestique, les deux seules capables de pouvoir le faire vibrer de la sorte en ces lieux.

-"Hmm ..."

Sans doute pensait-il le rassurer, mais Kantz se senti obligé de lui dire que ce n'était pas leur but, de le déranger, enfin peut-être un peu, si tant était que l'on partait du principe que cette divinité existait.

-"Bien sûr, bien sûr."

Les mots de la petite ne furent pas oubliés, et le nilfgaardien se força à boire l'immonde boisson d'une traite avant de poser la chope comme le ferait un pilier de bar puis sortit quelques florins de sa poche pour payer les deux verres d'eau et "sa bière".

-"Nous verrons bien cela de toute manière. Bonne journée messieurs."

Avant de se lever en adressant un regard à Emilia, qui comprendrait sans doute qu'il était temps de partir.

- J'vus urez prévenos, vont jmais redescendre dlà hut mui jte dis. Choi prêt à parier 1 flurins là dessus.

Marmonnera le vieillard avant de se retourner vers son compère, commençant à parier sur les chances qu'avaient le petit groupe de s'en tirer en un seul morceau. A défaut que leur visite soit un bon présage, ils avaient amenés un semblant d'animation dans le village.

En quittant la taverne, Aine ne pourra que difficilement se départir de la vision qu'elle avait eut, elle pouvait sentir cette lumière la caresser, une caresse qui n'avait rien d'affectueuse bien au contraire, elle pouvait sentir une légère sensation de malaise presque épidermique alors que le vent frais de la montagne soufflait sur sa peau. Et au loin, au loin toujours cette même lueur qui refusait de s'éteindre, continuant de briller faiblement, obsédante. Une lueur qui l'attirait tel un insecte captivé par la lueur d'une lampe à huile en pleine nuit.

Estel était toujours présent à l'extérieur de l'auberge, entrain de discuter avec une dame d'âge mur. Quand il apercevra les jeunes sorceleurs sortir, il rompra poliment la conversation avant de se diriger vers eux d'un pas rapide. Visiblement soucieux, il prendra l'initiative de la conversation :

- Nous sommes sur un phénomène bien plus complexe et inquiétant que ce à quoi je me serais attendu. ça n'en sera que plus intéressant, mais je ne suis pas sûr que vous êtes tous prêts ici pour faire face à ce genre de manifestations magiques, de sales surprises pourraient bien nous attendre. Vous souhaitez tout de même voir de quoi il en retourne ? Apparemment la colline est reconnue depuis des générations comme un endroit maudit, et personne n'y a mis les pieds depuis aussi loin qu'est capable de se souvenir la femme que j'étais entrain d'interroger. D'après les histoires locales, la corruption avait tendance à s'étendre, mais restait toujours plutôt marginale, mais son extension s'est particulièrement accélérée ces dernières décennies.

Terminera t'il, laissant aux jeune sorciers le temps de s'exprimer, et de faire leurs choix.

Les deux jeunes filles accompagnèrent donc Kantz vers la sortie, saluant d'un simple geste de la tête les personnes présentes qui ne leur étaient pas bien sympathiques. Aine s'emmitoufla dans sa cape comme pour se protéger des caresses éthériques. Il était facile pour ses compagnons de voir qu'elle n'avait pas du tout l'air à l'aise. Elle écouta le petit discours d'Estel avant d'enchaîner, toujours avec sa petite voix timide.

-Elle est déjà ici monsieur, elle est partout ... Elle nous entoure tous. Je n'ai pas très envie d'aller voir, mais je sais qu'il le faut. Vous aurez peut être du mal à trouver sans moi. Je préfèrerais partir rapidement, je voudrais y aller tout de suite.

Dormir ici, dans une de ces auberges ? Hors de question. La domestique comprenait la petite et lança à Estel un petit regard, l'implorant de ne pas rallonger pour rien le séjour d'Aine en ces lieux.

Au point où ils en étaient ... Kantz pensa qu'il serait sans doute mieux de continuer d'avancer, de ne pas perdre plus de temps que nécessaire en ces lieux et de trouver directement la source de cette malédiction. Pour ensuite en faire quoi ? Sans doute la neutraliser, la purifier, peu importe le terme employé.

-"On continue ? Mieux vaut la trouver et la ... "neutraliser" ?"

Estel passera la main sur son menton, réfléchissant intensément aux propos de la jeune femme. Son talent était précieux, et il ne pouvait pas se le permettre de le négliger. Il finiera pas concéder :

- Très bien. Tu nous accompagneras donc, mais sois prudente. Les puissantes malédictions ont une fâcheuse proportion à attirer les monstres. Heureusement, nous sommes accompagné par deux sorceleurs de talents.

Terminera t'il d'un léger sourire qui se voulait rassurant avant d'acquiescer aux paroles de Kantz et de suivre la route vers le mont Gwyn.

La décision fut prise de reprendre rapidement la route, rien ne semblait plus les retenir dans ce village au bord de l’asphyxie. Ils empruntèrent la large route qui menait à la montagne Gwen, témoin d’une époque passée où les caravanes étaient nombreuses à emprunter ces routes, approvisionnant le château en marchandises de toute sorte. Le temps s’étant cependant montré impitoyable, et alors qu’ils progressaient jusqu’au pied de la montagne, le sentier se muera en une sente recouverte de roches. Ajoutant à leur peine, le cheval commençait à se montrer nerveux, il s’agissait pourtant qu’un étalon docile, formé pour obéir au doigt et à l’œil de son propriétaire. Il était bien bâti, mais placide, se déplaçant d’un pas régulier sur les routes de montagne qu’ils avaient parcourus jusque-là. Mais dorénavant, ce dernier ne cessait de renâcler, observant les alentours comme un animal traqué, sa peur s’amplifiant au fur et à mesure de leur progression.

Le spectacle de cinq humains et d’un cheval arpentant les routes maudites de la montagne Qwen ne passera pas inaperçu aux yeux des quelques créatures qui subsistaient dans ces montagnes qui paraissaient pourtant jusque-là désertes. Alors qu’ils commençaient leurs ascension cinq corbeaux vinrent se poser sur un arbre non loin d’eux, fixant de leurs yeux d’un noir profond pestant les voyageurs qui approchaient dans un silence. Les porteurs de mauvais augures resteront presque immobiles, ne se mouvant que par légers à-coups successifs tandis que la troupe ne tardera pas à les rejoindre, passant non loin de leur perchoir.  
Soudainement, leurs ailes s’agitèrent furieusement dans un chaos de plumes noires alors que leurs becs s’ouvrirent, laissant échapper une cacophonie de voix roques et croassâtes qui n’avaient rien d’humaines où se mêlaient divers langues et dialectes pour certains inconnus. Le sombre avertissement n’en restait pas moins sans équivoque.  

- Partez, va vort, leave, Prtez, Pasquez, vasala

 

Estel sera resté silencieux, encourageant le groupe à continuer sa progression malgré les avertissements des corbeaux qui les observeront poursuivre leur route sans décolérer.

Guidant ses compagnons là où ces derniers étaient aveugles, Aine portera une fois de plus sa magie au-delà du plan physique, replongeant dans cet environnement nimbé de parme. Ce rayonnement se faisait de plus en plus intense alors qu’ils approchaient du château dont la lumière ne faisait que gagner en intensité.
Emprunter la route pouvait être dangereux, manier un couteau pouvait être dangereux, être un sorceleur était dangereux. Et le danger engendrait souvent la crainte. La question n’était pas de quoi Kantz devait-il avoir peur, mais de quoi avait-il peur ? Quels dangers pouvait-il considéré comme suffisamment oppressant pour qu’il ne le craigne. Au sein de ces lieux souillés par une malédiction séculaire, se soucier d’un aspect aussi terre à terre que l’état de la piste, ou du vide, pourrait paraitre presque anecdotique ?

Le cheval d’Aine s’activera soudainement, menaçant de ruer et d’envoyer sa cavalière à terre. Pris d’une soudaine folie, ses hennissements de paniques résonneront dans le silence. A la panique du cheval, ne tardera pas à se succéder le bruit mat de pierres qui roulaient au loin, un vrombissement qui gagnait en intensité jusqu’à provoquer un vacarme assourdissant effaçant les cris du cheval. Une longue trainée de roche et de poussières fondait sur les mages à une vitesse dévastatrice, se renforçant à chaque mètre parcouru.

A quelques dizaines de mètres du corps expéditionnaire, une alcôve se dessinait dans la roche. Une alcôve qui semblait bien frêle devant le déferlement de puissance auquel elle faisait face, mais seule protection visible contre l’éboulement qui s’était formé, du moins, s’ils arrivaient à temps.

Estel de Riv, couvert de poussière se laissera tomber au sol, visiblement essoufflé. Au bout de quelques secondes il finiera par se relever légèrement chancelant puis de reprendre confiance en ses appuis et de déclarer avec un léger sourire se voulant rassurant :

- Plus de peine que de mal finalement, j'aurais préféré tomber sur des monstres. Cela faisait longtemps que je n'avais pas eu à mobiliser autant de magie aussi rapidement...

Emilia reposa donc Aine au sol, en lieux sûrs. La domestique était essoufflée et encore sous le choc. Elle remercia dans un murmure le dieu solaire nilfgaardien avant de jeter un coup d'oeil à sa blessure. Ca piquait un peu, mais rien de bien grave visiblement, elle fera avec. Elle inspecta ensuite rapidement sa jeune amie, afin d'être sûre qu'elle n'a pas la moindre égratignure. L'aveugle reprit elle aussi sa respiration peu à peu. Elle avait eu la peur de sa vie, mais elle n'avait en soit aucune idée de ce qui venait exactement de leur arriver.

-Qu'est ce qui s'est passé ?! On s'est fait attaquer ?! J'ai rien vu, promis, je vous aurais prévenu sinon !

Ils s'en étaient donc sortis et comme il l'avait pensé, le cheval lui n'avait malheureusement pas survécu à la coulée de roches et de pierres. Le voyage pour sa camarade allait donc s'annoncer bien plus compliqué maintenant qu'elle n'avait pas sa monture pour elle.

-"Un éboulement ?"

C'était la première chose à laquelle il pensa. Et d'ailleurs cette hypothèse pouvait rejoindre ce que venait de dire Aine si elle n'avait rien vu de magique, cela pouvait être tout à fait un éboulement.